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J’ai été interpellée et amusée par l’ouvrage du Dr Tissot, publié en février 1770, intitulé Essais sur les maladies des gens du monde, et en plus destiné principalement aux femmes du « grand monde ».
L’auteur commence par motiver l’intérêt de cet essai, en soulignant plusieurs ouvrages ciblés sur la médecine des pauvres (« dont la plupart – dit-il ‘modestement’ – sont d’ailleurs mal faits »), des traités concernant la santé des artisans, des religieuses, des soldats ou encore des gens de mer, mais pas des gens du monde, qui sont d’après l’auteur « ceux dont la santé est la plus délabrée ». L’ouvrage m’a titillée par ses contrastes. Il est d’une part extrêmement moderne car, avant d’aborder les maladies, il démarre en essayant d’identifier les causes d’une bonne santé, la santé « ferme » étant favorisée – dit l’auteur – « quand l’homme est peu exposé à des dérangements et variations ordinaires ». Il pointe déjà l’importance de l’alimentation et des boissons, de la qualité de l’air, du mouvement, de la qualité du repos et du sommeil, de l’absence de tabac (eh oui !) et de la normalité des fonctions de base (sécrétions/excrétions). Les vêtements trop serrés des dames sont aussi évoqués, même si les contraintes imposées par les baleines et les corsets à l’époque sont maintenant remplacées par celles provoquées entre autres par les pantalons slim des jeunes femmes… et jeunes gens. De ce point de vue-là, il annonce une série de recommandations actuellement admises. De manière amusante, les passions fortes, sans excepter les plus agréables – dit l’auteur – « usent constamment et tuent, quelques fois sur le champ » ! Le modèle de santé ferme, avec une « fibre forte » et des « nerfs fermes », garants d’une bonne santé, c’est le laboureur, à la condition qu’il ne soit engagé ni dans des activités d’artisanat ou militaires ! Les gens du monde s’éloignent bien évidemment de cette vie simple avec des plaisirs factices, dont notre société actuelle, il faut bien l’avouer, raffole. L’auteur évoque ensuite plusieurs maladies avec les traitements recommandés à l’époque.
Mais la deuxième partie de l’ouvrage est plus surprenante. Elle s’adresse aux gens de lettres, ce qu’on pourrait traduire par intellectuels et scientifiques, et aux valétudinaires. Et là le constat que fait l’auteur est assez inquiétant ! En effet, il affirme qu’« il y a longtemps qu’on a remarqué que l’étude des sciences était peu favorable à la santé du corps ». Les maladies des gens des lettres ont deux sources principales, les travaux assidus de l’esprit et le continuel repos, ce qu’on pourrait traduire en langage actuel par une sédentarité excessive. De plus, « l’homme qui pense le plus est celui qui digère le plus mal ». L’auteur fournit d’ailleurs de nombreux exemples, dont « un professeur de rhétorique à Paris qui se trouva mal à la lecture des beaux endroits d’Homère » ! Comme pour la première partie de l’ouvrage, l’auteur parle de prévention, via l’activité physique et la qualité de l’alimentation. Ainsi, le chocolat fait partie des nourritures « qui réparent promptement et qui fortifient, mais dont il ne faut cependant point abuser », ce qui reste d’actualité. Pour terminer sur une note globalement positive et rassurante, l’auteur constate aussi fort heureusement que « plusieurs savants sont parvenus à une extrême vieillesse, sains de corps et d’esprit ».
Martine Raes
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Sig. : *8 A-I¹² K4
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Notes
Etat matériel : Reliure déboîtée, coiffes et entre-nerf abimés ; cuir râpé sur la moitié inférieure du dos, lacunaire et décollé sur le bord inférieur du plat avant ; chasse supérieure du plat arrière et coins du plat avant usés ; traces de vers.
Notes : Page de titre imprimée en rouge et noir
Convolute
In fine : Catalogue des ouvrages de Mr. Tissot, qui se trouvent chez B. Vlam, libraire à Amsterdam.
Provenance : Cachet inventaire Bibl. Dom. S.I. Eegenhoven IHS.