Théodore Galle (1571-1633) est issu d’une célèbre famille de graveurs établie à Anvers. Il est initié à cet art par son père Philippe, alors à la tête d’une maison d’édition familiale. Particulièrement doué, il ira parfaire sa formation en Italie, à Rome notamment. De retour à Anvers, il épouse en 1598 Catherine, fille de Jan Moretus et petite-fille de Christophe Plantin. Un peu plus tard, Théodore prend la direction de l’atelier de gravure familial et travaille en étroite collaboration avec les éditions Moretus : désormais, les gravures illustrant les publications de l’Officina Plantiniana proviennent presque exclusivement de l’atelier des Galle, une collaboration qui se poursuivra pratiquement jusqu’à la fin du XVII^e siècle.

L’ouvrage présenté ici illustre à la fois son long séjour romain et son intérêt pour l’histoire antique : il s’agit d’une « suite » – c’est-à-dire une galerie de portraits – d’hommes (et de femmes !) illustres qui devait permettre aux érudits de l’époque de mettre un visage sur les différents noms qu’ils côtoyaient dans les textes grecs et latins. D’autres recueils de ce type ont déjà paru dans le courant du XVI^e siècle, mais celui de Théodore se signale par le nombre de portraits présentés – pas moins de 151 – et la très grande qualité d’exécution des dessins.

Les modèles proviennent pour l’essentiel – c’est-à-dire pour plus de 120 portraits – de la fabuleuse collection d’œuvres d’art antiques de l’érudit italien Fulvio Orsini. Dans les planches de cet ouvrage se côtoient ainsi des hommes d’État romains (Romulus, César, Auguste) et grecs (Thémistocle, Alcibiade, Alexandre), des poètes (Homère, Alcée, Térence), des philosophes (Antisthène, Sénèque), des orateurs (Eschine, Lysias, Cicéron) et des héros légendaires (Hellen, Hercule). On notera que cette galerie n’oubliait pas non plus les femmes comme, par exemple, la reine Cléopâtre, la poétesse Sappho ou Livie, l’épouse d’Auguste.

Christophe Flament