Contenu
Membre de l’Académie française, connu surtout pour les livrets qu’il donna pour quelques-uns des plus brillants opéras du début du XIXe siècle, Étienne de Jouy (1764-1846) fut également l’auteur de jeux de cartes éducatifs à succès. Les cartes à valeur édifiante étaient connues depuis le XVIIe siècle mais circulaient dans des cercles étroits et ne se départaient pas fondamentalement du jeu classique à quatre couleurs ; la dimension instructive ou moralisatrice venait se superposer à la finalité ludique sans beaucoup prendre le pas sur elle. Les cartes de de Jouy sont parmi les premières à viser prioritairement un objectif pédagogique tout en obéissant à des règles affranchies du système des couleurs. Chaque jeu est composé de 48 cartes numérotées, portant chacune un texte sobrement illustré d’une gravure sur bois signée Pierre-François Godard (1768-1838). Les jeux les plus anciens ont sans doute été conçus en quelques mois. Dès 1805, six sont en vente chez le libraire lillois Vanackère, et à Paris chez Nicolle et Mérigot ; ils portent sur l’histoire sainte et celle de France, les hauts faits des Grecs et des Romains, la mythologie et la géographie. Dix autres suivront, consacrés au Nouveau Testament, à l’histoire d’Angleterre, à la musique, à la zoologie etc. « Cette collection », salue L’Esprit des journaux français et étrangers dans son numéro d’avril 1810, « renferme assurément tout ce que l’enfant le mieux élevé doit savoir : l’on peut demander maintenant comment l’auteur s’est acquitté de la tâche aussi délicate que pénible qu’il s’est imposée, en prenant l’engagement d’être toujours concis, sans être jamais obscur. ». Une justesse de propos qui séduira longtemps car ces jeux seront régulièrement réédités, et les revendeurs en feront la publicité jusqu’au début des années 1840 au moins.
Antony Smal