Le jésuite Nicolas Trigault (1577-1628) publie ici le récit du voyage du père Matteo Ricci (1552-1610), pionnier de la Mission jésuite en Chine. De son arrivée à Macao en 1582 à son décès à Pékin en 1610, Ricci s’est immergé dans la culture chinoise, s’appropriant la langue, les habitudes et le costume des mandarins. Il met ainsi en pratique le principe de l’inculturation de la foi. Ricci ( Li Matou en chinois) remarque le caractère primordial de l’astronomie en Chine en raison du lien y existant entre les phénomènes célestes et l’organisation de la vie politique, sociale et religieuse. Il a l’opportunité d’admirer les instruments astronomiques géants de l’observatoire de Nankin.

Sollicitant l’envoi d’astronomes jésuites en Chine afin d’assurer la pérennité de la Mission, il tirera lui-même parti de son savoir en mathématique et en géographie afin de susciter la curiosité et gagner la confiance des lettrés chinois. Parmi ses travaux, citons sa mappemonde sino-centrée qui entraînera un changement de paradigme dans la représentation qu’avaient les Chinois de l’organisation du monde, ou encore sa traduction chinoise des Éléments d’Euclide qui initieront la transmission des savoirs entre l’Europe et la Chine. L’ouvrage de Nicolas Trigault, tiré du récit autographe de Ricci, connaîtra un retentissement important. Il contribuera à encourager de nouvelles vocations missionnaires et révèlera la civilisation chinoise à l’Europe lettrée du XVII^e siècle.

Morgane Belin