Essai sur les maladies et les lésions organiques du cœur et des gros vaisseaux ; extrait des leçons cliniques
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Cet ouvrage, dédié à Napoléon Ier, empereur des Français et roi d’Italie, nous offre un bel état des lieux de la médecine au début du XIXe siècle en France.
L’ouvrage rapporte l’expérience d’un grand clinicien en la personne du professeur J.N. Corvisart, professeur honoraire de l’École de médecine de Paris et du Collège impérial de France, et bénéficie des observations cliniques et des autopsies faites par l’auteur à l'hôpital de la Charité.
Dans la préface, le docteur Horeau – élève du professeur J.N. Corvisart – insiste d’abord sur l’originalité des observations cliniques du maître et accuse « les larcins qui ont publié sur ces maladies, sans le citer, des faits, des opinions, des considérations, des fragments de doctrine qui lui sont entièrement propres ».
L’auteur met en évidence l’importance des autopsies, souvent ordonnées par des médecins « qui craignent de ne pas y trouver ce que l’on y suppose et qui redoutent de rencontrer ce qu’ils ne cherchent pas », d’après l’auteur. Le professeur Corvisart supervisait dès lors lui-même ses autopsies. Ainsi, l’observation n° 10 traite d’un patient avec le diagnostic clinique d’une tamponnade péricardique traitée par une approche chirurgicale par quatre (!) chirurgiens alors que l’autopsie réalisée au jour 4 met en évidence un épanchement pleural enkysté. L’auteur garantit l’authenticité des observations – qui font la base de l’ouvrage présent – « bien au-dessus de celles des observations dont beaucoup d’auteurs ont grossi les leurs », allusion non déguisée au plagiat.
Dans le chapitre « discours préliminaire », l’auteur clame que les maladies du cœur sont les plus fréquentes parmi toutes les maladies organiques, hormis la phtisie pulmonaire ; il avance même un facteur 100 sur base des observations à l’hôpital de la Charité et de la ville. La cause de la fréquence des affections cardiaques est mise sur le compte de l’action de l’organe même et des passions des hommes. Il décrit le cœur comme « le grand ressort » de la machine humaine. Déjà dans l’introduction, il affirme qu’ « il est possible de prévenir quelquefois la maladie du cœur et, de la guérir, jamais ».
L’Essai sur les maladies du cœur (484 pages) comporte 5 grands chapitres. L’auteur nous rapporte 76 cas d’autopsie et leurs histoires cliniques. Curieusement, aucun dessin (planches anatomiques) n’illustre ce bel ouvrage – probablement pour des raisons de coûts de production…
Le premier chapitre traite des affections des enveloppes membraneuses du cœur, telles que la péricardite aiguë et chronique. Le deuxième chapitre concerne les affections de la substance musculaire du cœur. On y décrit les anévrysmes du cœur (anévrysme = dilatation d’une structure cardiaque ou vasculaire). L’auteur décrit les conséquences sur les cavités cardiaques suite aux obstacles à l’éjection (sténose aortique calcifiée, sténose mitrale calcifiée par exemple). Le troisième chapitre concerne les affections des parties tendineuses ou fibreuses du cœur. On y trouve une explication physiopathologique des dilatations des cavités cardiaques en fonction de la localisation de l’obstacle valvulaire. Le quatrième chapitre traite des affections qui intéressent divers tissus du cœur (rupture des piliers valvulaires et les communications interauriculaires et interventriculaires entre autres) avec des descriptions physiopathologiques des shunts intracardiaques. Le dernier chapitre concerne les anévrysmes de l’aorte. L’auteur avance l’hypothèse que la dilatation de l’aorte s’explique soit par la force impulsive du cœur, soit par des obstacles en aval. Dans ce chapitre, on nous décrit les traitements de l’époque : cure selon « Valsalva » (amener le patient via des saignées répétées à un état d’exténuation, en espérant que l’anévrysme diminue en fonction de l’affaiblissement du patient). Comme autres traitements, on propose un régime sévère, des exercices modérés, une tranquillité de l’esprit, des saignées fréquentes, des bains des bras, des pédiluves, etc.
Enfin, sous le titre « Corollaires », l’auteur explore les différentes causes des maladies. Il cite l’hérédité, la pathologie congénitale, des causes extérieures et des causes morales. L’origine infectieuse des pathologies cardiaques n’est pas encore connue à cette époque.
L’examen clinique ne comprend pas encore l’auscultation cardiaque, qui va être décrite en 1816 par le docteur Laënnec. Les médecins à l’époque se rendaient compte bien sûr de la faible efficacité des traitements proposés jusque-là. « Que reste-t-il en effet à désirer dans les connaissances des signes et du pronostic de ces maladies (du cœur) ? Certes bien peu de choses. » L’auteur reconnaît dès lors son impuissance thérapeutique et il avoue que « les moyens ne sont propres qu’à retarder ou à rendre plus supportables les derniers instants de la vie ».
Après la lecture contemporaine de ce livre, on réalise les progrès thérapeutiques qui ont été faits durant le dernier demi-siècle dans la prise en charge médicamenteuse, chirurgicale et interventionnelle de la majorité des pathologies cardiaques, jadis grevées d’un très mauvais pronostic. Mais nous sommes confrontés aujourd’hui à de nouveaux défis dans le traitement de certaines pathologies cardiovasculaires, comme le coût de certains médicaments ou de medical devices (dispositifs médicaux) avec le danger réel de ne pas pouvoir garantir l’accessibilité des soins ni la pérennité de notre système de sécurité sociale.
Erwin Schroeder
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