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En 1674 fut découvert le long de la Via Flaminia un tombeau rupestre à multiples absides et niches, décoré d’un extraordinaire programme de peintures et de stucs, constituant un ensemble unique de scènes mythologiques. L’historien de l’art Giovanni Pietro Bellori en fit la description détaillée en 1680 dans l’ouvrage illustré par le graveur et peintre Pietro Santi Bartoli (1635-1700). La vue pittoresque du dégagement du tombeau des Nasonii en montre la façade aujourd’hui disparue. Les autres gravures reproduisent les multiples scènes figurées et les riches décors de la voûte et entraînent le lecteur dans un paysage d’outre-tombe, peuplé de dieux et déesses, d’animaux réels et fantastiques. Les scènes de chasse, les saisons, les épisodes mythologiques (le jugement de Pâris, le rapt de Proserpine, Orphée et Eurydice) se déroulent dans des paysages bucoliques qui évoquaient pour l’auteur les poèmes d’Ovide, dont on croyait alors que ce monument était le tombeau. Ces gravures ont joué un rôle considérable sur la représentation de l’Art romain en imposant une image renouvelée de la peinture antique, que la Renaissance restituait de manière théorique d’après les sources littéraires. Copiées avec une grande précision dans le dessin d’ensemble des scènes, les gravures s’éloignent de l’exactitude des originaux dans les détails et les expressions, trahissant une volonté de se conformer à une idée théorique du style classique. L’ouvrage sera réimprimé maintes fois dans le courant du XVIIIe siècle, avec des planches en couleur, et ces copies serviront de répertoire aux décorations de palais en Italie (Palazzo del Grado alle Quattro Fontane) et de « country houses » d’Angleterre (par exemple la Syon House près de Londres, décorée par Robert Adam).
Le succès de ces peintures romaines s’imposa ainsi à travers toute l’Europe, avant que ne soient révélés les multiples documents issus des fouilles de Pompéi et Herculanum. Le magnifique tombeau de Quintus Nasonius Ambrosius, qui date du milieu du IIe siècle, peut encore aujourd’hui être visité, mais sa façade fut détruite et les peintures, dont certaines ont été détachées, sont très abîmées.
Claire De Ruyt
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