Veterum lucernae sepulcrales, collectae ex cavernis et specubus subterraneis urbis Romae, figuris aeneis expressae ...
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Jacob de Wilde (1645-1721), receveur général de l’Amirauté à Amsterdam, forme un des plus beaux cabinets d’antiquités hollandais, réunissant monnaies et statues grecques, antiquités égyptiennes, livres, manuscrits, instruments mathématiques et astronomiques. Connu en Europe sous le nom de Museum Wildanium, cet ensemble a valeur de musée et de lieu d’étude de l’Antiquité. Ce livre est le dernier d’une série de trois, après Selecta numismata antiqua ex musaeo Jacobi de Wilde, publié à Amsterdam en 1692 et consacré aux monnaies, et Signa antiqua ex museo Jacobi de Wilde veterum poetarum caminibus illustrata et per Mariam filiam aeri inscripta, publié en 1700, traitant des statuettes antiques acquises par Jacob de Wilde. Cette publication de 1703 est illustrée d’un titre gravé allégorique à l’image d’Apollon et Minerve entourés de putti et d’antiquités, d’une vignette au titre à l’effigie d’Hercule, d’après une pièce de la collection de Wilde, et de 50 planches par Adriaan Schoonebeek reproduisant camées et intailles en pierres fines et précieuses, quatre vues par planche (droit et, le cas échéant, le revers), entourant une statuette de dieu ou de déesse. Le texte en est le catalogue descriptif. Publié aux frais du collectionneur, il est distribué aux membres de son entourage et à ses visiteurs de marque. Certains exemplaires comportent un feuillet de dédicace au roi Charles III d’Espagne, soit l’archiduc Charles d’Autriche, et d’autres dédicaces encore, ce qui n’est pas le cas de l’exemplaire de Namur. Le portrait du collectionneur, par Pieter van den Berge, est inséré en tête : de Wilde y est représenté un plateau à intailles à la main, un cabinet et une bibliothèque à l’arrière-plan. Jacob de Wilde tient un registre de ses visiteurs, en forme d’album amicorum : le document reprend quelque 700 noms pour la période 1690-1720. Le plus illustre est sans conteste Pierre Ier de Russie, qui découvre cette collection à deux reprises, le 13 décembre 1697 et le 13 décembre 1716. Une gravure de Maria de Wilde, fille du collectionneur, commémore l’événement ; elle est insérée en tête de Signa antiqua ; elle y a représenté son père en compagnie de Pierre le Grand, assis à une table au sein de son cabinet, le 13 décembre 1697. Après le décès du collectionneur, ses héritiers proposent le cabinet au tsar Pierre le Grand, avec l’appui de Willem de Wilde, fils de Jacob, résidant des Provinces-Unies à Saint-Pétersbourg. Ce projet ne se concrétise pas et le cabinet de curiosités de Jacob de Wilde est conservé intact par ses héritiers pendant vingt ans. Sa bibliothèque est vendue dès 1722. Le cabinet est dispersé en vente publique à Amsterdam en 1741 et le catalogue de 154 pages recense quelque 3643 pièces. Certains objets, 150 gemmes, aboutissent au Cabinet des Médailles de Leyde. En 1768, une autre vente disperse le mobilier, les tableaux et dessins, cartes et instruments mathématiques. Ce livre, à la fois catalogue, traité de référence et sujet d’étude, traduit le caractère ostentatoire et muséologique d’une collection d’antiquités privée au tournant des XVIIe et XVIIIe siècles, ainsi que le statut social atteint par son propriétaire. Le projet de vente au tsar de Russie traduit en outre une image bien précise de l’Antiquité, soit l’origine commune des cultures européennes, dans lesquelles la nouvelle Russie, moderne, voulait précisément s’intégrer sous la direction de Pierre le Grand. L’exemplaire de la Bibliothèque universitaire Moretus Plantin provient de Frédéric Verachter (1797-1870), archiviste de la ville d’Anvers, dont la bibliothèque est vendue en 1864 (lot 1877 du catalogue).
Claude Sorgeloos
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