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Étant la première version française complète du théâtre de Shakespeare, la traduction en prose de Pierre Le Tourneur fut un événement majeur dans l’histoire de la réception internationale de Shakespeare. Elle faisait preuve d’un scrupule philologique bien plus grand que les adaptations théâtrales libres disponibles à l’époque. Son succès provoqua Voltaire, sur ses vieux jours, à se retourner contre Shakespeare en l’accusant d’une ignorance barbare. Le Tourneur permettait aux lecteurs français d’avoir une meilleure connaissance de l’œuvre shakespearienne, qui allait quelques décennies plus tard jouer un rôle important dans la percée du romantisme.
Ayant reçu une bonne formation en latin à la grammar school de Stratford, Shakespeare était fasciné par le monde classique. Il y situe un tiers de ses pièces et deux longs poèmes narratifs, dont un, Le Viol de Lucrèce, était tiré de manière indirecte de Tite- Live. Texte non-dramatique, cette dernière œuvre ne figure pas dans la traduction de Le Tourneur. L’autre texte shakespearien associé à Tite-Live, la tragédie politique Coriolan, se trouve dans le troisième volume. Comme bien souvent dans la fortune littéraire de l’œuvre livienne, c’est l’apologue des membres et de l’estomac qui nous permet de déceler un lien, discret, entre Shakespeare et Tite-Live. Parmi les auteurs classiques, celui-ci reste cependant pour le dramaturge anglais une source d’inspiration bien moins importante que Plutarque ou Ovide.
Nathalie Borrelli
Dirk Delabastita
> Le commentaire complet se trouve dans le catalogue papier Tite-Live, une histoire de livres