En 1546-47 furent découverts sur le Forum Romain des morceaux de plaques de marbre comportant des listes de magistrats romains. Ces inscriptions, gravées sous Auguste, présentaient d’une part la liste des consuls (et autres magistrats importants) depuis l’instauration de la République (Fasti consulares), d’autre part la liste des généraux qui avaient triomphé depuis la fondation de la Ville (Fasti triumphales). En 1548, elles furent transférées sur le Capitole, où elles sont conservées aujourd’hui encore, ce qui valut à ces documents le nom de Fasti Capitolini. Cette trouvaille sensationnelle marqua un tournant dans la redécouverte du passé romain. Les humanistes se plongèrent dans l’étude de ces fragments qui offraient une nouvelle base pour établir la chronologie de l’histoire républicaine.

L’ouvrage exposé est une des plus anciennes éditions des Fastes. Il fut imprimé à Venise en 1557 aux frais de l’antiquaire Jacopo Strada, qui avait obtenu le droit d’éditer le travail du jeune frère augustin Onofrio Panvinio (celui-ci allait d’ailleurs désavouer cette édition, bâclée et entachée d’erreurs). Panvinio ne se contenta pas de reconstituer les listes de magistrats et empereurs de l’Antiquité, mais entreprit de les compléter jusqu’à… Charles Quint ! Par ce gigantesque arc chronologique, l’érudition humaniste traçait une continuité de pouvoir et de légitimité entre les consuls et empereurs romains et le souverain du Saint-Empire romain germanique.

Pierre Assenmaker

> Le commentaire complet se trouve dans le catalogue papier Tite-Live, une histoire de livres