Géomètre, sans formation scientifique, Antoni van Leeuwenhoek (1632-1723) conçoit des microscopes à ses heures perdues, des centaines de loupes avec lesquelles il explore le monde vivant. Dans cet ouvrage publié en 1695, et en l’occurrence réédité en 1722, il rapporte les découvertes qu’il a faites en passant sous ses lentilles le tartre de ses dents, l’eau des mares ou son propre sperme. Arcana Naturae Detecta ou « Les Arcanes de la nature révélés » sont en réalité une compilation de 38 lettres que van Leeuwenhoek a envoyées à la Royal Society de Londres et à d’autres chercheurs – lettres traduites en latin, la langue scientifique de l’époque, le marchand hollandais ne maitrisant pour sa part que le néerlandais. Certaines planches sont d’une précision étonnante, représentant clairement des coques, des streptocoques, des bâtonnets, des vibrions, des spirilles, parfois en mouvement. Sans encore prendre conscience d’un possible caractère pathogène, van Leeuwenhoek décrit en réalité les bactéries qu’il parvient à détecter grâce à ses microscopes simples mais performants et à une méthode d’observation sur fond sombre. Ce savant autodidacte, qui n’a jamais révélé le secret de fabrication de ses lentilles, est incontestablement un des précurseurs de la biologie cellulaire et de la microbiologie.