Pierre de Ronsard (1524-1585) appartient à la deuxième génération des poètes du XVI^e siècle – celle qui se désigne comme la « Pléiade » et entre dans l’arène littéraire en proclamant sa volonté de rénover la poésie et d’imiter les grands modèles antiques et modernes (Pétrarque). Ainsi, dès 1550, Ronsard fait paraître quatre livres d’Odes qui l’identifient aussitôt à un « Pindare » français. Deux ans plus tard, il donne – sous le titre Les Amours de Pierre de Ronsard Vandomoys [=Vendomois] – un « Canzoniere » qui décrit les sentiments éprouvés par l’auteur pour une dame plus jeune, Cassandre, idéale et inaccessible : l’ouvrage, contenant 183 sonnets en décasyllabes (catégorie formelle translittérée de l’italien), fait cette fois du poète un « Pétrarque » français.

Dès 1553, Ronsard procure une deuxième édition de son recueil des Amours, avec 39 nouveaux sonnets. Suivent en 1555 La Continuation des Amours (90 pièces) et en 1556 La Nouvelle Continuation des Amours (61 pièces). À partir de 1560, Ronsard reprit Les Amours et les deux Continuations de ce recueil dans les éditions collectives de ses œuvres, qu’il révisa toutes (il en parut six de son vivant).

Plusieurs éditions groupées de cet ensemble parurent dès 1557. Il s’agit, semble-t-il, de contrefaçons, publiées sans l’aveu de l’auteur : ces contrefaçons, qui réunissent Les Amours (dans leur version de 1553), les deux Continuations ainsi que divers autres textes, portent l’adresse de Rouen (Nicolas le Rous), de Bâle (Augustin Godinet) ou de Paris (Sertenas). Les éditions de Rouen et de Bâle ont été réalisées par Christophe Plantin, à l’initiative du libraire parisien Arnoul Langelier (interlocuteur fréquent de Plantin), lequel eut soin cependant de ne pas diffuser d’exemplaires laissant apparaître sa marque. Le livre exposé est l’un des cinq exemplaires connus de l’édition de Rouen : une pièce rarissime !