1610. Galilée (1564-1642) est sur le point de jeter un énorme pavé dans la mare. Galilée, c’est ce savant italien dont on a l’image en tête grâce à ce portrait qui le représente, homme vieillissant, avec une longue barbe grise et une lunette astronomique à la main. Cette lunette justement, c’est une longue-vue qui circulait en Europe au début du 17e siècle, et que Galilée a améliorée. Il a surtout pensé à la tourner vers le ciel. Il en a fait la première lunette astronomique. Avec elle, le physicien est devenu astronome. Galilée observe alors les corps célestes, la Lune et les étoiles. Il se met à écrire et six semaines plus tard déjà, il publie ses résultats en latin.

Le Sidereus Nuncius, que l’on traduit par « Le Messager des étoiles » ou « Le Message des étoiles », est un ouvrage fondateur, un incontournable de l’histoire des sciences, à plus d’un titre. D’abord, c’est le premier traité d’astronomie à évoquer l’existence des satellites de Jupiter (dit alors « Galiléens ») et à représenter concrètement des astres qui gravitent autour d’une autre planète que la Terre. Le Sidereus Nuncius contredit ainsi l’ancienne conception géocentrique selon laquelle la Terre est le seul corps céleste au centre de tous les mouvements de l’Univers. Ensuite, le traité de Galilée est le premier ouvrage scientifique reposant sur l’instrumentation : il assied des observations par l’usage de l’instrument, en l’occurrence, de la lunette astronomique. Il incarne en quelque sorte la naissance de la science moderne. Enfin, cet ouvrage est emblématique tant on sait qu’il amorce l’« affaire Galilée » : en confirmant la théorie de l’héliocentrisme proposé par Copernic 60 ans plus tôt, l’astronome s’oppose à la doctrine catholique en vigueur depuis des siècles. Récidivant 20 ans plus tard avec la publication de son Dialogue sur les deux grands systèmes du monde, Galilée fait l’objet d’un procès devant un tribunal ecclésiastique. Il est condamné en 1633 à l’incarcération (qui est en fait une résidence surveillée) jusqu’à son décès en 1642.

Le Siderus Nuncius, dont la BUMP dispose d’une reproduction anastatique de 1967, est un ouvrage extrêmement rare et précieux. Il ne reste actuellement, à travers le monde, que 82 exemplaires connus des 550 exemplaires de l’édition originale de 1610, ce qui les rends sujets aux vols et aux falsifications.