Commentaire largement inspiré de « Pantin I. (1986). Jean-Pierre de Mesmes et ses Institutions astronomiques (1557). Revue de Pau et du Béarn 13. »

Cet ouvrage précieux constitue la première œuvre scientifique du poète et savant Jean-Pierre de Mesmes (1516 - 1578 ?). Il s’agit du premier livre d’astronomie rédigé en langue vulgaire au lieu du grec et du latin. Avec cette publication, l’auteur suivait deux objectifs : vulgariser les connaissances en sciences exactes pour pallier le retard constaté en France et enrichir la langue française pour rehausser sa valeur et son prestige.

À la différence de toutes les sphères latines qui visaient uniquement à transmettre une connaissance théorique de la structure du monde et des mouvements célestes, Les institutions astronomiques procurent en plus une sorte d’introduction à la pratique de l’astronomie : comment prévoir les caractéristiques, l’heure et la durée d’une éclipse à l’aide des tables, comment modifier les données des éphémérides en tenant compte des différentes longitudes… Le livre montre aussi comment réaliser quelques observations simples telles que trouver les étoiles qui marquent l’équateur ou repérer les quatre points cardinaux. L’auteur s’appuie sur des exemples concrets, des figures très claires et des dessins précis. C’est donc un livre utile et complet ouvert à la fois sur l’aspect théorique et l’aspect pratique de l’astronomie.

Avec une reliure en parchemin, c’est un bel ouvrage qui comporte une mise en page soignée et des illustrations originales de qualité. Il contient de nombreuses citations de théologiens, philosophes, historiens et poètes. La liste des astronomes et mathématiciens que cite l’auteur est remarquablement complète de sorte que la quasi-totalité de la matière de l’ouvrage est empruntée.

Ce livre est caractérisé par son audace et sa nouveauté. Il reste un remarquable ouvrage d’initiation à l’astronomie géocentrique et une introduction intelligente à la lecture des grands traités qui ont précédé celui de Copernic.

Florence De Longueville