Explication mechanique et physique des fonctions de l'ame sensitive, ou des sens, des passions, et du mouvement volontaire où l'on a ajoûté une Description des organes des Sens. Discours sur la generation du laict. Dissertation contre la nouvelle opinion, qui prétend que tous les animaux sont engrendrez d'un oeuf. Réponse aux raisons par lesquelles le sieur Galatheau prétend établir l'empire de l'homme sur tout l'Univers Avec une addition curieuse / Par M. Lamy, Docteur en Medecine de la Faculté de Paris
Contenu
Parcourir le livre du docteur Lamy est un régal. On se trouve immergé dans le XVIIe siècle, au cœur de polémiques quant au fonctionnement du corps humain, de l’esprit et de l’âme, et on découvre que des connaissances qui nous paraissent à l’heure actuelle des évidences ont fait l’objet de recherches, de réflexions, et d’âpres discussions.
Si l’auteur est fier de ses découvertes au sujet de l’anatomie fine de l’oreille, il ne manque pas d’humour pour railler ses confrères qui se gonflent de leurs découvertes.
« Qui de ceux qui ont vû les moindres ouvrages d’anatomie de Monsieur Mery, pourra se persuader qu’un chien, à la pate de qui on attacheroit un instrument propre pour dissequer, s’en aquiteroit avec plus d’adresse. » (préface)
J’ai sélectionné le chapitre sur « les passions », que nous désignerions plutôt actuellement par le terme « émotions ». Y surgit pour moi un côté poétique, qui résonne avec l’approche psychosomatique contemporaine.
« On donne pourtant à l’ame differens noms, suivant qu’elle est appliquée à diverse parties du corps, où elle a des actions differentes. Ainsi dans l’oeil on l’appelle la veuë, dans le nez l’odorat [...].
Il faut remarquer que l’Ame sensitive apperçoit ses objets, qu’elle panche vers eux, ou s’en détourne, suivant qu’ils sont agréables ou fâcheux, & qu’elle remuë le corps pour s’y unir ou pour s’en éloigner. » (p. 4-5)
L’auteur décrit ce qui se passe lorsque l’homme est saisi de « passion ».
« On y remarque, en y faisant reflexion, un mouvement extraordinaire dans les arteres & dans le coeur, un changement dans les yeux & dans la couleur du visage, & chacun ressent un je ne sçay quoy dans chaque passion, sans pouvoir précisément déterminer où se fait ce sentiment.
Cependant il est vraysemblable que c’est dans le coeur, & mesme dans les Passions violentes les plus idiots le déterminent en montrant l’endroit de la poitrine où ils sentent plus d’agitation ». (p. 136-137)
Il tente ensuite une explication des mécanismes.
« C’est donc par conjecture que je dy que l’ame revestuë de l’idée d’un objet agreable est déterminée à couler dans le cœur qu’elle dilate plus qu’à l’ordinaire, qu’elle rarefie le sang contenu dans ses ventricules, augmente son mouvement, & en exalte la couleur : Ce qui fait que les yeux brillent davantage, et que le teint est plus éclatant.
Au contraire quand l’ame a l’idée d’un objet fâcheux, elle coule moins dans le cœur que dans un estat d’indifference, ce qui fait que le cœur se resserre, & cela cause un sentiment douloureux. » (p. 143)
Nous terminons ce petit voyage par une conclusion en forme de cœur.
« Comme on dit que l’ame voit avec les yeux, flaire avec le nez, gouste avec la langue ; Il faut dire de mesme qu’elle aime, qu’elle haist, qu’elle desire, qu’elle espere, avec le coeur. » (p. 151)
Jacqueline Delville
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