Georges Cuvier (1769-1832) est un naturaliste, un anatomiste et un géologue français considéré comme le père de la paléontologie. Professeur d’histoire naturelle et directeur du Muséum national d’histoire naturelle de Paris à l’époque où Lamarck formule son hypothèse transformiste, il n’a jamais cédé aux théories évolutionnistes.
Fort de ses convictions religieuses, Cuvier est en effet une sentinelle du fixisme. Son ouvrage Recherches sur les ossemens fossiles de quadrupèdes, publié en 1812, reflète fidèlement ses positions : il y expose les résultats de ses travaux paléontologiques, appuyés sur l’étude des fossiles des bassins de Paris, et explique la disparition des espèces qu’il constate par la thèse du « catastrophisme ». Tout, chez Cuvier, est conciliation catholique. Ainsi y aurait-il eu plusieurs créations divines entrecoupées d’extinctions catastrophiques, lesquelles, outre celle du Déluge, ont des causes géologiques, tectoniques ou astronomiques. Il admet ainsi que les espèces terrestres n’ont pas toujours été celles observées aujourd’hui, sans pour autant accepter l’évolution des espèces. Le liminaire de l’ouvrage qui sera publié à part en 1825 est intitulé, de façon évocatrice, Discours sur les révolutions du globe.
Cuvier est donc un des plus violents détracteurs de Lamarck, à qui il consacre un exécrable éloge funèbre, parlant, à propos du transformisme, de « conceptions fantastiques » et « de vastes édifices [construits] sur des bases imaginaires ». La puissance des arguments de Cuvier et sa réputation ont freiné la diffusion des idées transformistes en France durant des décennies. Ironiquement, certaines de ses observations sur les fossiles vont pourtant être exploitées par Darwin pour argumenter sa théorie évolutionniste dans L’origine des espèces.