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Dès avant la Première Guerre mondiale, le docteur Antoine Depage figure parmi les plus illustres chirurgiens belges. Diplômé de l’Université Libre de Bruxelles en 1887, il se heurte au modèle hospitalier dominé alors par les congrégations religieuses. En 1905, il crée l’Institut chirurgical Berkendael à Ixelles où les soins ne sont prodigués que par des infirmières laïques. Face à la carence de ce type de personnel, il met sur pied une école spécialisée dont la direction est confiée à son épouse, Marie Picard et à Edith Cavell, une « nurse » anglaise.
Lorsque la Belgique est envahie par les troupes allemandes, dès août 1914, le roi Albert confie au docteur Depage le soin de diriger le principal hôpital militaire du pays. Celui-ci est finalement aménagé dans l’hôtel « L’Océan » à La Panne. Près de 20 000 soldats y seront soignés durant la durée de la guerre. Les équipements les plus modernes y sont installés. Le personnel médical et infirmier est recruté avec minutie. De nouvelles techniques de lutte contre l’infection y sont appliquées comme la méthode Carrel-Dakin à base d’une solution d’hypochlorite. Les transfusions sanguines y sont largement employées et l’établissement est doté d’un service de radiologie. Le taux de mortalité y aurait été le plus bas parmi tous les hôpitaux chirurgicaux militaires de la Grande Guerre.
Plus que dans toutes les armées, le soldat belge est, en effet, précieux. N’ayant pratiquement aucun moyen de recruter de nouveaux combattants dans un pays presque entièrement envahi, le roi Albert ne peut compter que sur les troupes mobilisées en août 1914. Comme l’écrit Depage en 1917 : « Jamais l’utilité de récupérer le capital santé ne s’est manifestée avec autant d’évidence que chez le soldat blessé (…). En temps de guerre, les conséquences économiques du traitement des soldats blessés sont immédiates ». Pour maintenir son armée à un effectif respectable, la Belgique n’a d’autre choix que de remettre rapidement sur pied ses combattants blessés.
Dans ses réflexions de 1917, le docteur Depage insiste donc pour étendre, après la fin de la guerre, les leçons tirées des succès obtenus à La Panne en généralisant ce qu’il nomme « l’industrialisation des hôpitaux [qui] est, malgré ses apparences, plus humanitaire, que leur gestion au nom de la charité, puisque le système que nous proposons guérit un plus grand nombre de malades, les guérit mieux, les guérit plus vite ».
Si le conflit offre, donc, à la Belgique l’opportunité de moderniser considérablement son modèle hospitalier, il coûtera, par contre, au docteur Depage une double perte. Son épouse, Marie Picard, sera une des victimes du torpillage du paquebot Lusitania, en mai 1915, tandis que sa fidèle adjointe, l’infirmière en chef Edith Cavell, sera fusillée par les Allemands, le 12 octobre de la même année.
Axel Tixhon
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