Carrés de couleur

Vers l'Avenir

Vers l’Avenir, journaux de guerre et de paix

Le quotidien Vers l’Avenir (rebaptisé depuis 2010 L’Avenir) a été fondé à Namur, le 19 novembre 1918, par l’évêque Mgr Thomas-Louis Heylen. Il succédait à L’Ami de l’Ordre, qui avait continué à paraître durant l’occupation allemande. La numérisation et la mise en ligne d’une partie des collections du journal est le fruit d’une collaboration entre L’Avenir et la Bibliothèque universitaire Moretus Plantin, dans le cadre du centième anniversaire du journal.

Les quelque 500 journaux sélectionnés (1082 pages au total) sont ceux de la fin de la première guerre mondiale, ainsi que du début et la fin de la seconde, et cela en raison de leur haut intérêt historique. Celui-ci ne réside pas seulement dans la relation des opérations militaires ou diplomatiques, mais aussi dans toutes ces petites nouvelles qui montrent la vie quotidienne des Namurois en ces périodes douloureuses : difficultés d’approvisionnement et de transports, compte-rendus des premiers conseils de guerre, etc. Même les pages de petites annonces sont pleines d’enseignements.

En ces temps troublés, la fabrication des journaux est un exploit. Faute de papier, la plupart des numéros se limitent à une simple feuille recto-verso. Les premiers mois de 1945, la pénurie atteint son paroxysme : Vers l’Avenir ne paraît plus que trois fois par semaine. Certains jours, les arrivages de papier sont tellement aléatoires que, brusquement, le format se réduit, ou la couleur de fond passe du jauni au gris.

L’espace manque, et donc l’illustration est rare. Mais dans chaque colonne, on devine ce mélange de sentiments qui caractérise l’époque : haine des Allemands, inquiétude face au retour des prisonniers, élan patriotique autour des combattants, crainte du lendemain.

Cette période est marquée par la difficulté, pour les journalistes, de trouver l’information : les services postaux, télégraphiques, téléphoniques sont aléatoires, la circulation est problématique, la censure est active. Quand, en décembre 1944, l’offensive von Rundstedt traverse l’Ardenne pour atteindre la Meuse dinantaise, les nouvelles ne sont annoncées qu’au compte-goutte et on n’apprend finalement l’ampleur de l’attaque qu’une fois celle-ci stoppée.

La lecture de ces journaux permet de bien comprendre la mentalité du temps. Face à l’adversité, les appels à l’unité autour du drapeau national, à la solidarité des Namurois et des Belges, au civisme sont martelés quotidiennement. La figure du Roi est portée sur le pavois. Les affrontements entre catholiques et socialistes ne sont pas oubliés pour autant. L’allégresse de la victoire est de courte durée : les conflits politiques et sociaux réapparaissent rapidement.

Les numéros de Vers l’Avenir qui sont accessibles en ligne sont ceux des périodes suivantes :

- Du 19 novembre 1918 (date de la fondation du journal) au 30 juin 1919.
- Du 1er mai 1940 au 12 mai 1940, dernier jour de parution, celle-ci étant suspendue durant l’occupation allemande.
- Du 7 septembre 1944 (libération de Namur) au 30 juin 1945.


Jean-François Pacco

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