Contenu
Ce livret, entièrement consacré à la célébration de la fête du Saint-Sacrement et malheureusement lacunaire, ne paie pas de mine et a échappé jusqu’à présent à l’attention des spécialistes. S’il mérite d’être tiré de l’oubli, c’est surtout parce qu’à la suite du Kyrie (farci au f. 1r du trope, assez rare, Rex aeterno posse superno) et de l’office des vêpres pour le Saint-Sacrement (dans la version officielle de l’Église romaine, traditionnellement attribuée à saint Thomas d’Aquin, f. 2r-3v), il contient un poème inédit en ancien français (f. 4r-6v). Celui-ci est composé de 348 vers, répartis en 87 quatrains hétérométriques (trois alexandrins rimés, suivis d’un octosyllabe isolé conclusif, selon le schéma : A12A12A12b8, C12C12C12d8 , etc.). Anonyme et dépourvu de titre, ce texte, qu’on pourrait appeler le Ditey du Saint-Sacrement, n’est ni daté, ni localisé. Un premier examen de la langue et des allusions historiques suggère qu’il a vraisemblablement été composé en Normandie autour de 1318, au lendemain de la publication par le pape Jean XXII des Constitutiones Clementinae qui renouvelèrent l’institution de la solennité de la Fête-Dieu établie par Urbain IV en 1264. Ce poème vise à expliquer aux fidèles l’origine et l’importance de la fête du Corpus Domini, qui, nous dit l’auteur, a récemment été instituée par « notre pape » (str. I). Après une courte introduction portant sur la Genèse et le péché originel (str. III-V), le texte fournit un commentaire narratif de la Première épître de saint Paul apôtre aux Corinthiens, ch. 11, dont la citation des versets 23-29 ponctue le récit et contribue à le structurer. L’auteur raconte d’abord la Cène et l’institution de l’Eucharistie (str. VI-XXI ; 1 Corinth., 11, 23-26), essentiellement d’après les évangiles canoniques ; il transpose ensuite en discours direct les avertissements de saint Paul au sujet du sacrement (str. LXXV-LXXIX ; 1 Corinth., 11, 27-29).
Entre ces deux parties, l’on quitte les « paroles saint Pol » pour relater la passion de Jésus, dont le récit, toujours fondé sur le mélange des quatre évangiles, occupe le centre du poème (str. XXII-LXXIV). Enjolivée par la métaphore traditionnelle de la mer, de la terre et du ciel comme outils d’écriture (respectivement l’encre, la cire et le parchemin) insuffisants pour exprimer les louanges de Dieu (str. LXXXIV), la conclusion de l’œuvre insiste quant à elle sur la suprématie de la foi sur la raison (str. LXXX-LXXXII) et sur les « grans biens » qui attendent ceux qui célébreront la fête du Saint-Sacrement : l’entrée au paradis (str. LXXXIII-LXXXV) et l’indulgence de « chinq cens jours » accordée par « pape Urban », qui « establit ceste solennité » (str. LXXXVI). Le congé invite à prier Jésus « pour nous et pour cely qui escripst cest ditey » (str. LXXXVII). Absent des répertoires spécialisés, ce poème, qui sera bientôt publié, pourrait être un unicum. Il nous offre un témoignage précieux, tant du point de vue littéraire qu’historique, de la réception de la Fête-Dieu au début du XIVe siècle dans le nord-ouest de la France.
Giovanni Palumbo
XIV2/2. France (probablement : Normandie). Parchemin. 6 f. : 16 (lacunaire : il manque au moins le bifeuillet central du cahier). Numérotation moderne :
1 à 6 ; traces d’une numérotation ancienne au f. 2r (« I.I.I.»). Format : ca 325
x 245 mm. Justification [f. 4] : ca 270 x 206 mm ; schéma vertical : 20 | 270
[34 x 7/8 mm] | 35 mm ; schéma horizontal : 8 | 92 | 6 | 8 | 92 mm. Écriture :
littera textualis (au f. 1r : écriture cursive, cf. infra, Contenu, A). Décoration :
lettres cadelées à l’encre noire ou à l’encre rouge (f. 1v, 2r, 3r) ; lettre émanchée
en bleu et en rouge (f. 3r) ; initiale à l’encre rouge occupant trois unités
de réglure et imitant une lettre émanchée (f. 4r) ; lettres fourrées ; lettres nues ; lettres rehaussées. Contenu : A) f. 1r : Kyrie des Anges (en tête du f.1r : « De angelis »), farci du trope Rex aeterno posse superno, avec mélodie.
Transcrit en écriture cursive par une main plus récente, ce texte a vraisemblablement
été ajouté au f. 1r, sans doute laissé à l’origine libre de toute écriture
pour servir de protection en l’absence de reliure, selon une pratique courante
dans les livrets ; B) f. 1v : Kyrie eleyson, avec mélodie ; C) f. 2r-3v : office
de la fête du Corpus domini (« office C », Sacerdos in aeternum ; textes nos
1-22, avec, le cas échéant, notation de la mélodie). En tête du f. 2r : « In festo corporis Christi ad vesperas » (main moderne, sans doute XVIIe s.). À la 1re l. du même f. : « Incipit offitium nove sollempnitatis corporis domini nostri Jhesu Christi celebrande singulis annis. Feria quinta post octavas Penthecostes
Domini. In primis vesperis ». Suite à une lacune, le texte de la Lectio tertia
s’interrompt brusquement à la fin du f. 3v, au beau milieu du mot inte
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Notes : Manuscrit (titre forgé)
Six feuillets en parchemin, la seconde moitié consacrée à un poème inédit en ancien français de 348 vers, composé autour de 1318
Lacunaire : il manque au moins le bifeuillet central du cahier
France (probablement Normandie).
Provenance : Cachet inventaire Centre Doc. Rech. Relig. P.B.M. IHS
MR Rev.mo / Werj. [?] : possible marque d'appartenance, non identifiée.