Ce volume contient une série de 65 apologues (de brefs récits à visée morale), composés en vers latins par Jan Moerman (1556-1621), un professeur de latin, mathématicien et poète anversois, qui fut pendant deux ans (1580-1582) correcteur d’épreuves chez Christophe Plantin. Chaque apologue occupe une double page et est structuré de façon identique. On trouve d’abord un poème narratif mettant en scène un dialogue conflictuel entre des astres, des éléments naturels, des matières, des animaux ou des objets (tous personnifiés) ; en regard de ce poème, une gravure accompagnée de légendes illustre le récit. Ensuite, la morale à tirer de l’histoire est livrée en une sentence en prose. Enfin, cette morale est commentée dans un second poème, qui recourt souvent à des exemples historiques.

Sur la page de titre apparaît le seul nom de Gerard de Jode (1509-1591), graveur et éditeur d’estampes anversois ; celui de Moerman ne figure que dans la préface. La discrète mention de Christophe Plantin dans le colophon à la fin de l’ouvrage nous informe de l’implication de l’imprimerie plantinienne (en fait, Plantin était alors à Leyde et l’officine anversoise était dirigée par ses gendres). Les presses plantiniennes ne réalisèrent que l’impression des textes. Les gravures – attribuées à Marcus Geerhaerts, un des pionniers de la technique de l’eau-forte dans les Pays-Bas – furent imprimées dans l’atelier de Gerard de Jode.

Si on les ouvre à la page 2, les deux exemplaires exposés des « Apologues des créatures » illustrent les problèmes que pouvait poser l’impression en deux temps (sur des presses différentes) du texte et des gravures sur cuivre. Sur la gravure de l’exemplaire colorié, la position de l’étoile polaire et des autres étoiles ne correspond pas à celle des légendes Polus – Stellae. Il s’agit d’une erreur lors de l’impression de la gravure (la plaque de cuivre a été placée dans le mauvais sens sur la feuille), comme le prouve la gravure de l’autre volume, qui est orientée dans le bon sens.