Léopold Lacour (1854-1939) est un homme de lettres français. Il est agrégé, normalien, dramaturge, conférencier… et féministe.

Dans cet ouvrage, il raconte l’histoire de trois femmes – Olympe de Gouge, Théroigne de Méricourt et Rose Lacombe – qui ont marqué de leurs faits, gestes et paroles, la Révolution française. Ces trois « essais biographiques et historiques » ne sont pas simplement l’occasion de rendre compte de trois destins extraordinaires, mais surtout de démontrer, à travers trois parcours de femmes révolutionnaires, que les femmes sont d’ores et déjà en pleine capacité de jouir et d’exercer leurs droits de citoyennes.

En effet, dès la promulgation du Code napoléonien (1804), les droits des femmes avaient connu une telle régression qu’elles en étaient réduites au statut de mineure, les plaçant sous tutelle du père ou du mari et les privant de tous droits civils et politiques.

C’est à travers le vœu d’une démonstration scientifique que Lacour, s’affirmant comme historien critique et désintéressé, insiste sur la pertinence du projet de son « féminisme contemporain » : dépasser la simple affirmation selon laquelle les facultés intellectuelles des femmes égalent celles des hommes afin de les faire entrer dans une véritable émancipation, grâce à l’octroi des « droits de cité » pour toutes les femmes, bourgeoises comme ouvrières.

Déjà auteur d’un essai égalitariste et féministe intitulé « Humanisme intégral : le duel des sexes, la cité future » (1897), Léopold Lacour se positionne pour l’émancipation des femmes à travers le droit et l’éducation, comme ses contemporains Victor Marguerite et Jules Bois, soutenant les mouvements féministes émergeant à cette époque. Cet engagement lui vaudra d’être traité de « vaginard » par ses opposants misogynes et antiféministes.

Nathalie Grandjean