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Juriste de formation, passionné d’histoire, Jules Borgnet (1817-1872) dirige en 1848 le dépôt nouvellement créé des archives de l’État à Namur. Il meurt subitement à 54 ans, au terme d’une vie assombrie par le deuil de plusieurs proches, mais féconde en ouvrages toujours précieux aujourd’hui, dont la série des Cartulaires. Il est le frère cadet d’Adolphe, recteur de l’Université de Liège, qui publie ses Légendes namuroises sous le pseudonyme de Jérôme Pimpurniaux.
L’opuscule de 40 pages présenté ici est le tiré à part, daté de 1851, d’un article publié en avril 1849 dans le Journal de Namur et augmenté d’une préface. L’auteur y annonce avec humour qu’il n’en gardera que 30 exemplaires pour ses amis, cédant le reste à son épicier, car le Namurois porte aux livres qui le concernent la même affection que l’hydrophobe à l’eau !
Cette Promenade annonce les Nouvelles Promenades publiées dans les Annales de la Société Archéologique de Namur de 1851 à 1859, ouvrage monumental, mais inachevé par suite du découragement de l’auteur devant la destruction du Vieux Namur qu’il avait entrepris de raconter. Elle a pour fil conducteur les inscriptions gravées sur les portes, les remparts et divers bâtiments, niveaux d’inondations, chronogrammes ou noms de commanditaires. À la lumière de ses chères archives, Borgnet tente de lever le mystère sur ces ornements souvent obscurs et emmène le lecteur dans quelques épisodes historiques et anecdotiques de l’histoire locale. Avec familiarité, avec humour aussi, comme quand il évoque le mode de vie peu apostolique de l’évêque de Strickland, notre historien lance une diatribe contre le modernisme ambiant, qui détruit sa chère ville. Quand il écrit ces lignes, il ignore que quelques années plus tard, la démolition des remparts et des portes de Namur emportera la plupart de ces souvenirs, dont il n’y aura plus trace que dans sa Promenade… Marc Ronvaux