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Fait partie de Les Etudes classiques. Tome 11. Fascicule 2-3
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LES ÉTUDES CLASSIQUES
REVUE TRIMESTRIELLE

TOME XI - Nos 2 et 3

AVRIL-JUILLET 1942
SOMMAIRE

P. D'HÉROUVILLE, S. J. - Le R. P. Louis Laurand (1873-1941)

É. de STRYCKER, S. J. — Platonica I. L'authenticité du Premier Alcibiade

E. DE SAINT-DENIS. — Une comparaison homérique dans Horace (Od.t 4,
14, 25-32)

W. DEROUAUX, S. J. — L'ordre de marche de Crassus le jour de la bataille
de Carrhes

L. Stinglhamber, S. J.- Bibliographie de l'histoire de la littérature française
A. Ghequiere, S. J. — De l'expressionnisme religieux au XVIe siècle :
Mathias Grùnewald et la crucifixion d'Issenheim
L. Mariscal. — Sur la généralisation des formules du triangle
VARIA SCOLAIRES

P. SUYS, S. J., Recherches sur l'Electre de Sophocle. — P. COLMANT, S. J.,
Pour le vaisseau de Virgile : Horace et J. M. de Heredia. —
M. HONDERMARCQ, S. J., Quelques versions de Columelle.
BIBLIOGRAPHIE DE GÉOGRAPHIE ANCIENNE
REVUE DES REVUES

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de Namur. — Grec et latin : M. L. Laurand, Docteur es Lettres, Profes
seur de philologie classique; P. J. Van Ooteghem, S. J., Fac. de Namur;
M. J. Meunier, Fac. St-Louis, Bruxelles; M. R. Scalais, Ath. de Mons;
M. l'Abbé P. Fécherolle, Sém. de Bastogne. — Français : P. L.
Stinglhamber, S. J., Fac. de Namur; M. Ch. De Trooz, Univ. de
Louvain; M. G. Claude, Ath. de Bruxelles. — Flamand : M. L. Grootaers,
Univ. de Louvain; P. E. Janssen, S. J., Collège Notre-Dame, Anvers. —
Beaux-Arts : M. E. De Bruyne, Univ. de Gand; P. J. Streignart, S. J.,
Fac. de Namur. — Histoire : P. L. Willaert, S. J., Fac. de Namur.
— Géographie : P. A. de Ghellinck, S. J., Fac. de Namur. — Mathéma
tiques : M. E. Dory, Univ. de Louvain; M. J. Belfroid, Ath. d'Arlon. —
Physique : P. D. Lucas, S. J., Fac. de Namur.
Rédaction

et

administration :

J. Van

Ooteghem,

59,

rue de

Bruxelles, Namur. C. C. P. n° 3199.76.

Les Études classiques paraissent tous les trois mois en

fascicules de 112 pages au moins.
Chaque auteur écrit sous sa seule responsabilité.

Les auteurs d'articles de fond ont droit à 25 tirés à part.
Reproduction et traduction réservées pour tous pays.
Prix par an :

pour un abonnement : Belgique, 50 francs; étranger, 13 belgas;
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rature grecque. — Grammaire historique grecque.
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Littérature latine. — Grammaire historique latine.

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Fascicule 7 : Métrique, Sciences complémentaires (Notions sur la paléo-

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graph.e, l'épigraphie, etc. — Renseignements pratiques sur le

travail philologique, les bibliothèques, etc.).
Le fascicule .......

Appendice I : Les Sciences dans l'Antiquité.

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Appendices II-IV : L'art oratoire des Anciens. - L'enseignement du

grec et du latin. - Lectures de littératures grecque et latine.

Appendice VI : Nouvelles tables générales.

Chacun de ces trois appendices

......

■ , .«

Appendice V : Petit Atlas pratique d'histoire grecque et [romaine.
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des instituts d'expression française, ces manuels exposent les règles de la
construction néerlandaise d'une façon complète et détaillée.
16

LES ETUDES CLASSIQUES
TOME XI — N'

2 et 3

AVRIL-JUILLET 1942

LE R. P. LOUIS LAURAND
(1873-1941)

Averti à l'improviste que l'auteur du Manuel des Études grecques et
latines venait de mourir à Laval, M. J. Marouzeau voulut bien m'écrire,
le 16 janvier : « Je suis très ému par la nouvelle que vous m'annoncez.
Le R. P. Laurand tenait une telle place dans la science et la pédagogie
du latin qu'on a peine à se représenter sa disparition. »
Impossible de mieux condenser en deux mots l'éloge complet de
ce vrai maître. Science et pédagogie, n'est-ce pas en bref toute la carrière

du philologue éminent qu'une mort soudaine, mais non imprévue,

enlevait brusquement, durant son sommeil, le 26 décembre dernier,
à l'affection de ses amis et de ses confrères, comme à l'admiration
reconnaissante de professeurs et d'étudiants qui se compteraient bien
par milliers?

Sans doute, depuis dix-huit mois surtout, sa santé, habituellement

mauvaise, déclinait-elle visiblement.

Lui-même,

ainsi

que, d'une

clinique de Rennes, il l'écrivait à un ami, dès juillet 1940, il saluait,
non sans quelque satisfaction intime, les signes avant-coureurs de

« la vision béatifique ». Malgré tout, inviolablement attaché au devoir,
il travailla jusqu'au bout, dans toute la mesure que lui permettaient
encore

des indispositions

croissantes et l'état

de sa vue usée à

collationner les manuscrits anciens. Pour assurer à ses études le
meilleur rendement, il s'astreignait à une promenade quotidienne,
de préférence à travers la campagne. Il n'eut garde de la négliger,

même la veille de sa mort ...

Ce jour de Noël, il put — comme chaque matin, en dépit de la

fatigue — célébrer la messe et, le soir encore, il participait aux céré

monies de la fête. Si, tout en prévoyant la reprise de son cours pour
la semaine suivante, il crut pouvoir faire trêve à ses lectures en train
et laisser un moment de côté le latin médiéval de Loup de Ferrières

ou le grec byzantin de Michel Psellos, ce fut uniquement en raison
de la solennité. Avec un vif intérêt, il parcourut les brillantes pages
postumes du regretté Louis Bertrand (Le maréchal de Saint-Arnaud)

et s'accorda même une excursion en Bretagne, dans les beaux livres

130

LES ÉTUDES CLASSIQUES

de A. Dupouy. Aussi bien professait-il un goût prononcé pour les
gravures finement exécutées l. Le Versailles de Mauclair et Bouchor,
par exemple, faisait ses délices, ou même un ouvrage d'ambition
moindre, comme Iles de Grèce, de Cl. Dervenn. Dès lors qu'ils étaient
soigneusement illustrés, les travaux les plus étrangers, en apparence,

à ses préoccupations coutumières, devenaient dignes de son attention,
fût-ce la riche galerie de portraits hippiques dans un « magnifique

volume » de Lady Wentworth 2, trouvé au British Muséum, voire la
collection de planches, également en couleurs, où la grande Ampélographie de P. Viala présente, comme le ferait une exposition, les raisins
de variétés diverses, avec une perfection de dessin et de nuances
capable de tromper, comme le tableau de Zeuxis, les oiseaux euxmêmes 3. Mais des écrits de ce genre intéressaient en quelque
manière, par comparaison ou par contraste, ses recherches sur la vie
antique. C'était un principe d'Otto Ribbeck que rien n'est étranger

au philologue. Le savant authentique que fut le P. Laurand n'eût
certes pas contredit cette maxime.

***
Né à Gien, dans l'Orléanais, pays de sa mère, Louis Laurand devint
bientôt Tourangeau d'adoption et c'est au collège Saint-Grégoire-deTours que le futur latiniste fit, comme externe, ses études secondaires.
Humaniste lui-même, son père, ancien magistrat entravé dans sa
carrière pour sa fidélité à ses convictions, ne pouvait que l'encourager
au travail. Plus tard, M. Laurand jouira sincèrement des succès uni
versitaires et de la réputation croissante de son fils. Charmant les
loisirs de sa retraite par la lecture de Tite-Live, il le consultera même,
à l'occasion, sur les obscurités du texte 4. En classe, le collégien avait
pour émules et amis, Maurice de la Taille, depuis professeur de théo
logie à l'Université Grégorienne, et Jules Lebreton qui, après avoir
partagé son enseignement philologique et ses études cicéroniennes
(jusqu'au doctorat es lettres inclusivement), les quittera pour la
patristique et l'histoire du dogme, à l'Institut catholique de Paris.
1 Lui-même préparait, depuis plusieurs années, la publication d'un album, qui eût
admirablement complété son Manuel. Avec un entier désintéressement, intimement
persuadé que jamais il n'en verrait le succès, il poursuivit le projet jusqu'à ses derniers
jours, encouragé par un supérieur, le R. P. N. de B., dont la clairvoyance l'avait, trente
ans plus tôt, déterminé à faire bénéficier le public de son enseignement privé.
* Lady Wentworth, Thoroughbred racing stock and his ancestors. Londres, Allen, 1938.
' P. Viala [et nombreux collaborateurs], Ampélographie. Paris, Masson, 1901-1910.
1 II était même capable d'apprécier la qualité du style, dans la thèse complémentaire

de son fils. « Je continue, lui écrivait-il un jour, à lire ta thèse latine avec plaisir; j'admire
toujours l'élégance de ton latin et je l'ai fait admirer hier à ta mère ...»

Le R. P. LOUIS LAURAND, S. J.
(1873-1941)

LE R. P. LOUIS LAURAND

131

En janvier 1891, à peine âgé de dix-sept ans et demi, Louis Laurand
entrait dans la Compagnie de Jésus, à Cantorbéry, dans un noviciat

d'exil. C'est dans cette même demeure (Haies Place), que, moins
de six ans après — son service militaire terminé et frais émoulu d'une
licence préparée à l'Université libre d'Angers — il inaugurera sa
carrière de professeur. Commencée en 1896, avec des élèves à peu

près de son âge, elle se poursuivra jusqu'à son dernier jour, sauf de
rares et brèves interruptions. Ce maître, dont l'exemple, la formation,

les conseils, les ouvrages ont rendu — et rendront longtemps encore —
d^inestimables services à l'enseignement secondaire, n'eut pour ainsi
dire jamais l'occasion d'y participer personnellement K Mais, à
Cantorbéry, à Laval, à Jersey, que de licenciés et de professeurs il a

formés à leur rôle futur!

En 1907, la soutenance de ses thèses, préparées de longue main,

le mettait en relations avec des universitaires éminents, en particulier

avec Henri Goelzer (dont il préféra toujours les dictionnaires à tous
leurs rivaux) et surtout avec Frédéric Plessis. Il ne pouvait qu'apprécier
en ce dernier un goût très fin accompagnant une érudition conscien
cieuse, un sens très délicat de la poésie latine, des jugements sur
les poètes formulés par un artiste doublé d'un savant métricien; en
dépit de quelques divergences d'appréciation sur Cicéron, leur rencontre
engendra une sympathie réciproque qui dura aussi longtemps que

leurs vies 2.

Des œuvres du P. Laurand, nous n'avons pas ici à retracer l'histoire.
Lui-même, sous le titre modeste de Petits souvenirs, ne l'a-t-il pas
fait avec beaucoup de charme dans un chapitre (pp. 211-216) de son
dernier volume 3, fort utile « pour mieux comprendre l'antiquité
classique » et indispensable à quiconque veut le mieux connaître, lui.
Il ne se hâta point de publier. Déjà il allait atteindre la quarantaine
et n'avait encore donné au public, outre quelques articles fort remarqués,

que ses deux thèses sur Cicéron et un opuscule, aussi agréable qu'ins
tructif, sur la question homérique. C'est alors qu'on obtint de lui
la publication, à la librairie Aug. Picard, des cours qu'il professait
depuis une quinzaine d'années. En 1912 paraissait le premier fascicule
du Manuel. Comment il fut accueilli, à peine est-il besoin de le rappeler.
Dans des cercles bien divers, les hommes les plus en vue, littérateurs

ou savants, un Camille Jullian, un Léon Daudet, un Antoine Meillet, etc.
1 Sauf un peu à Jersey, vers la fin de la guerre de 1914-1918.
2 Frédéric Plessis est décédé à Paris, le 29 janvier, un mois après le P Laurand

âgé de 91

ans.

'

Pour mieux comprendre l'antiquité classique (Supplément au Manuel), Paris, Picard,

1936-1939.

LES ÉTUDES CLASSIQUES

exprimèrent leur approbation avec un enthousiasme sincère. « On
n'analyse pas un manuel de ce genre, avouait par exemple la Revue des
études anciennes, on le regarde, on l'admire, on le met sur sa table de
travail et on ne cesse de le consulter. »

A l'étranger, les périodiques faisaient écho : « Ganz hervorragende
Leistung », prononça le Literarisches Zentralblatt. « A work of immense
érudition », juge-t-on à Londres. « Modelo di concision, claritad y
exactitud », dit-on en Espagne. Là, on fit mieux encore que de le louer :
on le traduisit K Deux groupes d'étudiants athéniens solliciteront
de l'auteur la permission de publier en grec moderne certains de ses

fascicules. Dans ce concert, l'Italie ne reste pas muette : « Tutti ammirano, tutti rispettano il Laurand, benemerito délia filologia classica ...
per il preziosissimo Manuel ... 2 »

Mais il ne suffisait pas au P. Laurand de présenter en de lumineuses
et denses formules, suivies de bibliographies judicieusement dressées,
l'état actuel de la philologie 3. Merveilleux vulgarisateur, d'une compé
tence universelle et d'un réel charme d'exposition 4, il contribuait

lui-même avec zèle au progrès de cette science. C'est un résultat qu'il
avait à cœur. Lui demandait-on son avis sur un projet d'article ou de
livre, on était sûr de son appui dès là qu'il croyait pouvoir répondre :
« Vous faites avancer la science. » Lui-même a imprimé un élan nouveau
aux études cicéroniennes auxquelles son nom demeure attaché comme

celui d'un maître indiscuté 5. Mais que d'autres points acquis, grâce

à ses travaux, sur l'histoire du cursus, l'utilisation des clausules pour

l'établissement des textes, sur l'histoire de l'art antique et la valeur
de tel buste, de telle statue restaurés mal à propos ou identifiés au
hasard! Autant de problèmes particuliers élucidés souvent de façon

définitive et devenus ottjh<x elç aei, comme eût dit Thucydide, l'un de
ses auteurs préférés. Il ne prenait ordinairement la plume que s'il
avait quelque chose de neuf à exprimer; mais les questions de détail
qu'il traitait prenaient, pour les lecteurs attentifs, une ampleur qu'on
ne soupçonnait pas à première vue. C'est ainsi que la portée de son
1 Manual de los Estudios griegos y latinos ... traducido por Domingo Vaca. Madrid,
D. Jorro,

1920.

a Nuova Itaiia, 1930, p. 426.

» Ces bibliographies étaient constamment tenues au courant, grâce à de longues
séances à la Bibliothèque nationale et au British Muséum, sans préjudice de visites
occasionnelles aux bibliothèques de Berlin, Rome, Florence Oxford etc.
' C'est à son propos que la Classical Review écrivait, en 1914 (XXV11I, p. -2»M .

« There are certain French scholars who ... know ail the récent books in ail the languages
and they seem able to carry them in their heads and to give in a brief and lucid treatise
a eeneral view of their contents. »

• Que de témoignages d'outre-Rhin.. d'outre-Manche et d'outre-Atlantique il nous

serait facile d'apporter ici!

LE R. P. LOUIS LAURAND

133

opuscule sur la question homérique ou de ses articles sur les rétrac
tations de la critique, la « loi de Nissen », les « règles sans exception »,
l'utilité de la linguistique, etc., dépassent de beaucoup en conséquences
leur objet immédiat.

Remarquablement judicieux dans ses conclusions, toujours courtois
dans la forme, il garde entière son indépendance. Qu'il se refuse à
parler de 1' « orphisme », un moment à la mode; qu'il renonce, malgré
son admiration pour Meillet, à prendre parti pour le grand linguiste

buté, pour la « nature de l'accent », dans une opinion difficilement
conciliable avec des résultats acquis; qu'il fasse justice de réputations
imméritées comme celle de M. Ferrero l, il ne se prononce pas à la
légère.

Si quelque critique trop pressé ou dépourvu d'expérience

en a douté parfois, le temps a fini par donner raison au P. Laurand
et il fallut reconnaître que ses blâmes étaient légitimes et ses omissions,
parfaitement justifiées.

Du reste, chez lui, nul parti pris, aucun chauvinisme. Il se range
bien du côté de Gaston Boissier contre Drumann, mais c'est qu'il
trouve chez le premier un « sens du réel » qui manquait au second.
Contre Mommsen, il défend le grand Pompée, car son culte de la vérité
en toutes choses souffre de l'injustice et de la partialité. Mais il approuve
résolument les justes critiques de M. Schanz et d'Ed. Norden contre

une malencontreuse tentative de L. Havet et il ne marchande son
admiration ni à Fr. Skutsch, ni à H. Meusel, ni aux métriciens amé
ricains T. D. Goodell et P. Shorey, ni à 1' « admirable édition » d'Héro
dote par R. W. Macan, ni à celle de Strabon par H. L. Jones ...

Sa correspondance ne se borne pas aux savants français, belges ou
canadiens. Elle est grandement facilitée par sa connaissance des langues
modernes. Un célèbre professeur dont les travaux de linguistique,
universellement connus, portaient en particulier sur le latin et l'anglais,
s'était trouvé, de l'autre côté de l'Atlantique, dans l'impossibilité de se

faire comprendre en l'une ou l'autre de ces deux langues 2. Ce n'est
pas le P. Laurand qui eût éprouvé cette gêne! Un séjour prolongé
à Presbourg l'avait rendu assez maître de l'allemand pour prêcher et
rédiger des articles 3. A peine avait-il moins d'aisance en anglais.
1 Voir : Pour mieux comprendre l'antiquité, pp. 28-30.

1 Ce fait piquant fut raconté au P. Laurand par un professeur d'université américaine
qui lui écrivait : « May 16, 1930. ... I met hère recently Professor Meillet ... I cannot
speak French and I addressed him in Latin, but ne modestly disclaimed any ability
to understand that language spoken (perhaps with my accent?) His wife who speaks

English very well acted as interpréter. I mentioned your name and Père Lebreton
and ne was pleased

...

»

1 Nombreuses contributions à la Berliner Philologische Wochensckrift, 7 August 1909,
15 April 1911, 12 April 1913, etc.

134

LES ÉTUDES CLASSIQUES

L'italien ne l'arrêtait pas, lors de ses voyages d'études dans la péninsule
et jusqu'en Sicile. Il s'accommoda de l'espagnol, quand il alla consulter
des manuscrits à Madrid, et même du grec moderne, au cours de
deux excursions scientifiques en Attique, dans le Péloponèse et
l'Archipel. Aussi échangea-t-il des lettres avec des savants de tous pays.
Parmi celles qu'il a conservées comme particulièrement dignes d'intérêt,
je relève la signature de J. K. Schônberger, de Meister, de Sonnenschein,
de M. N. Wetmore \ de P. Shorey, de Rand, de R. G. Austin (Glasgow),
de J.-P. Waltzing (Liège), de J. Van Ooteghem (Namur), de Pighi
(Milan), de C. Buscaroli (Imola), etc.; et, chez nous, Bernard Haus-

soullier, Emile Châtelain, Camille Jullian, Georges Radet, etc., pour
ne mentionner que des morts.

Mais, à côté de ces noms réputés à divers titres, combien de lettres
plus humbles. C'est un professeur de lycée ou de collège libre qui
le consulte pour un sujet de thèse ou de bibliographie, parfois pour
une simple matière de classe. C'est un étudiant de Sorbonne qui

s'adresse à lui : « Je prépare sous la direction de M. M. (ou de M. de L.,

ou de M. B.) un mémoire sur Cicéron ... D'accord avec mon professeur,
je viens vous demander ... » Et la réponse partait bientôt, claire,
complète, encourageante.

Ce n'est pas le moindre titre qu'eut à la reconnaissance de l'enseigne
ment public et privé le maître qui vient de disparaître : par ses relations

personnelles, par ses cours, par ses ouvrages surtout, il s'est mis tout
entier au service de la science, sans doute, mais aussi de ceux qui sont
chargés de la monnayer aux enfants dans les classes secondaires.

Comme l'écrivait naguère M. Alfred Ernout, ce fut « un merveilleux

pédagogue » 2.

P. d'Hérouville, S. J.

1 M. N. Wetmore le remerciait notamment de ses éloges pour l'instrument d'une
rare perfection qu'est l'Index verborum Vergilianus, publié en 1911. « May 26'h 1913.
Your letter of May 4<b has delighted me very much and I wish to thank you for it.
It is good to read that you hâve found the book of value and that you hâve been unable
to discover any errorsin it... I take pleasure in sending you acopy of the Index Catullianus
with my compliments ...» Profitant justement de toutes les circonstances favorables, le

P. Laurand avait peu à peu, en quarante ans, rassemblé une collection probablement
unique de lexiques, index, dictionnaires spéciaux des divers auteurs grecs et latins.
2 Revue de philologie, livraison de juillet-octobre 1941 (parue en janvier 1942), p. 179.
— De cet hommage, qui s'adressait encore à un vivant, nous pouvons rapprocher l'éloge
postume

signé de M.

R.

C[otard]

dans

les Humanités (gramtnaire), février,

1942,

p. 121 : « Son Manuel... qui représente une énorme somme de travail et de connaissances,

est aujourd'hui classique ... ; il avait à peu près tout enseigné : la métrique, la littérature,
la philosophie, l'histoire, la grammaire comparée; il avait dû tout apprendre, avec une
aisance et une sûreté peu communes. Après la publication de son Manuel et de ses

études sur Cicéron, M. L. Laurand a continué d'étudier l'antiquité classique sous tous

ses aspects, et il nous avait fait souvent l'honneur de nous envoyer le résultat de ses
recherches ...»

PLATON ICA I
L'AUTHENTICITÉ DU PREMIER ALCIBIADE
Parmi les œuvres qui portent le nom de Platon, le Premier Alcibiade
est sans doute, avec le Parménide et le Timée, celle que les néo-plato
niciens ont étudiée et commentée avec le plus de zèle. C'est qu'ils y
trouvaient contenus, sous une forme élémentaire et dogmatique, plusieurs
des points principaux de la doctrine du Maître. Pour cette raison
même, il est devenu suspect aux modernes, et, depuis qu'au début du
xixe siècle Schleiermacher le déclara supposé, la discussion n'a plus
cessé à ce sujet.
Le point vient d'être fait par un érudit hollandais, M. C. Vink.

Dans un livre clair et judicieux *, il examine les différents arguments
sur lesquels s'appuient les adversaires de l'authenticité. Sa conclusion

est

qu'aucun

d'entre eux n'est

vraiment décisif et

qu'à

rejeter

VAlcibiade, il faudrait en faire autant du Charmide, du Lysis, du Lâchés

et de l'Ion. J'ai déjà dit, en rendant ici même compte de cet ouvrage 2,
qu'il ne m'avait pas convaincu. La faiblesse du plaidoyer de M. Vink
est qu'il se ramène à une série de discussions séparées sur des difficultés
particulières.

Pour chacune d'elles, l'auteur s'applique à montrer

qu'elle ne surit pas à établir le caractère apocryphe du dialogue.
Dans la plupart des cas, on devra lui donner raison. En réalité cepen
dant, ce qui fait difficulté, ce ne sont pas tant certains points de détail,
que d'ailleurs nous signalerons en passant, mais plutôt le ton, l'atmos
phère, le rythme psychologique. Si chacun des passages, pris isolément,
peut être de Platon, il se fait néanmoins que l'ouvrage entier, pris
précisément comme tout, diffère notablement des autres dialogues.

Au point de vue analytique, l'étude de M. Vink est donc satisfaisante;
mais elle semble reposer sur une connaissance insuffisante de l'œuvre
platonicienne dans son ensemble. L'auteur, à la fin de son introduction,
fait remarquer que le nombre des partisans de l'authenticité égale
pratiquement celui des adversaires. C'est vrai, si l'on se borne aux
monographies. Mais si l'on examine ce qu'en pensent les auteurs
1 Plato's Eerste Alcibiad.es. Een onderzoek naar zijn authenticiteit, Amsterdam, H. J.
Paris,

1939, 154 pp. in-8°.

' Les Études classiques, 11 (1942), p. 116.

I36

LES ÉTUDES CLASSIQUES

d'ouvrages synthétiques sur les écrits et la pensée de Platon, on constate
que presque tous condamnent le Premier Aldbiade soit explicitement
soit par prétention. Je me contenterai de citer ici les noms les plus

connus : Bruns, Hirzel, Raeder, Ritter, Wilamowitz, Stenzel, Burnet,
Taylor, Shorey, Diès. En sens opposé, je ne vois guère à citer que
P. Friedlânder et L. Robin. Ce n'est point que je veuille trancher la
question par un appel à l'autorité; mais il y a là un indice qui mérite
d'être signalé.

Si VAldbiade est authentique, il doit, M. Vink en convient le plus
expressément du monde, appartenir à la jeunesse de Platon. Ce qui
le prouve, c'est l'étude stylistique. Celle-ci prend pour base de compa
raison la dernière des œuvres du grand écrivain, les Lois, et situe les
autres dialogues d'après leur degré d'éloignement. Ce qu'on ignore
trop généralement et que n'a pas, semble-t-il, remarqué M. Vink, c'est
que le développement, sur lequel on s'appuie ainsi, est d'un genre très

spécial. Chez Platon, le style a évolué du naturel à l'artificiel. Alors
qu'au début il employait les mots et les tournures de la langue usuelle,

il a cherché par la suite à relever sa diction par des termes insolites,
par des constructions poétiques, par toute une phraséologie redondante

et un peu creuse, des répétitions, des pléonasmes, des périphrases, et
enfin par des combinaisons métriques, dont l'effet total est de donner

à la phrase un ton solennel et hiératique. Ces procédés, entièrement
absents des premiers dialogues, font leur apparition discrète dans la

période de transition, s'accentuent dans les grandes œuvres de la
maturité et triomphent enfin dans celles de la vieillesse, où ils tournent

parfois au tic et à la manie.
Au point de vue stylistique, F'Aldbiade prend place dans la première

ou la seconde catégorie. Il est bon de remarquer que c'est aussi le cas
d'œuvres certainement apocryphes \ et il n'y a là rien que de normal.
Un plagiaire de Platon devait imiter de préférence le style naturel
de son modèle, celui des œuvres artistiquement les plus réussies, qui
sont aussi celles où Socrate joue le rôle principal et dont les sujets
sont apparentés à celui qu'il traite lui-même. Cette conformité du style

de YAldbiade à celui des premiers dialogues n'est donc nullement un
indice d'authenticité; elle signifie simplement que l'ouvrage n'est pas

écrit dans la langue artificielle dont se servait le maître vieillissant.
Il contient néanmoins quelques particularités qui la rappellent et qui

nous amèneraient donc à le placer, s'il est authentique, dans la seconde
période, celle de transition, plutôt que dans la première.
1 Cf. Vink, op. laud., p. 57.

l'authenticité du premier alcibiade

137

Indépendamment de cette question de chronologie relative, la langue
d'un écrit peut souvent donner des indications sur l'auteur. Pour le cas
qui nous occupe, il faut reconnaître que l'Alcibiade est en général écrit
dans un attique excellent. Il y a pourtant quelques mots qui choquent.
J'ai, pour ma part, noté xqtjyuoç (ni e 1), vocable rare, spécifiquement
poétique, et qui manque même chez Xénophon l, ensuite jtQoôoo^TJ

(114 a 1) et èjuqpdveia (124 c 10), que Platon semble avoir systémati

quement évités, et enfin IXxoç (115 b 9), synonyme poétique de Tp.m5[ia,
qui fait comme tel une fois son apparition dans les Lois 2.

Nous pouvons en venir maintenant à la question essentielle :

VAldbiade s'insère-t-il normalement parmi les œuvres antérieures

aux grands dialogues de la maturité, ou bien s'en distingue-t-il de
telle façon qu'il soit impossible de l'attribuer à la première ou à la
seconde période? Dans cette dernière hypothèse, l'authenticité est
exclue, puisque les critères stylistiques interdisent certainement de
classer VAldbiade dans un des deux derniers groupes qu'il faut
distinguer parmi les écrits de Platon.

Examinons d'abord la forme, particulièrement la technique du
dialogue comme tel. A ce point de vue, l'ouvrage que nous étudions
présente des faiblesses marquées. A part cinq réponses un peu plus
étendues 3, dont l'une se trouve d'ailleurs au début et une autre à la
fin du dialogue, l'interlocuteur secondaire, Alcibiade, n'a jamais que
quelques mots à dire. Son rôle est donc encore plus réduit que celui de
Théétète dans le Sophiste ou de Socrate le Jeune dans le Politique.
L'initiative dans la conduite de l'entretien lui échappe entièrement et,
s'il lui arrive une ou deux fois de présenter une objection ou une
opinion différente de celle de Socrate, jamais il ne la défend par des
arguments positifs. Cette conversation rigoureusement « à sens unique »

a bientôt quelque chose de lassant. Quelle différence avec les dialogues
de jeunesse, où les personnages réagissent chacun selon son caractère,
où on les voit défendre leurs propres idées avec complaisance ou avec
âpreté, passer à l'offensive, s'expliquer, s'enferrer, se fâcher alors ou
au contraire se rendre de bonne grâce, mais en tout cas intervenir avec
1 M. Vink le signale aussi (p. 55), mais ne peut en donner d'explication vraiment

satisfaisante.

2 IX, 877 a 5. On sait que l'emploi de mots poétiques constitue une des caractéris
tiques du dernier style de Platon et qu'ils sont particulièrement nombreux dans les Lois.
' Une de 8 lignes (113 d 1-8), une de 7 (106 a 2-8), une de 6 (104 c 7 -d 5) et deux

de 4 (118 c 3-6, 135 d 7-10).

I38

LES ÉTUDES CLASSIQUES

toute leur personnalité. Le plus souvent, ils sont plusieurs, et, avec

un art souverain, Platon les fait se succéder l'un à l'autre de façon
à provoquer des contrastes et à prévenir la monotonie. On voit à chaque
moment la discussion rebondir. Si, d'une main ferme, Socrate en dirige
l'orientation générale, chacun des méandres est pourtant commandé
par l'attitude toute personnelle et les dispositions psychologiques
momentanées de ses interlocuteurs. Sans doute, dans quelques dialogues,

peu nombreux d'ailleurs et généralement de longueur restreinte »,
il n'y a que deux acteurs sur la scène; mais, même dans ces cas, quelle
vie exubérante, quelle abondance de détails concrets et biographiques

qui réagissent constamment sur la marche même de la discussion
doctrinale ! Dans YAIcibiade, presque rien de pareil. On y respire une
atmosphère abstraite, théorique, tout entière dominée par les problèmes
et non par les personnes. A ce point de vue, il ne diffère pas d'oeuvres
tardives comme le Philèbe et les Lois.

Ajoutons une seconde caractéristique : le jeu même des questions
et des réponses manque souvent de cette grâce souple et ailée à laquelle
nous a habitués le jeune Platon. Assurément, même dans le Charmide
ou le Ménon, la marche du raisonnement est maintes fois ample et
sinueuse, et le lecteur du XXe siècle se dit parfois qu'on pourrait sans
grave inconvénient abréger un peu. Pourtant le développement se
justifie souvent par le caractère paradoxal de la pensée, et, d'autre part,

il y a, jusque dans ces longueurs relatives, tant d'aisance et de variété,
qu'elles ne fatiguent pas. Dans YAIcibiade, le cas est différent. Les
longues enfilades de questions ont quelque chose de mécanique et
d'artificiel. Je me contenterai d'un exerrple. On voudra bien m'excuser

si on le trouve un peu verbeux; c'est cela même que je veux faire sentir.
2Q. "Otov ff&v nzql xîvoç oxonœvTai, tôte où àviCTanEvoç râç <ru|j.p<nAEij0(ov
ÔQÛœç àva<rnï<jT| ; — AA. "Otov heqï twv éatJTWV nçay^àxw, & 2wxgaTËÇ. —
2Q. Twv îieqI vavKi\yîaç léyzu;, ôitoîaç Tivàç XQ'n awrotiç xàç vaûç vavnt\YEiffdm ; — AA. Ovx êywvë, a> 2wxQaTEç. — 2Q. NaumiYËiv yàç ol|iai oùx

éreîfftaaai- tout' aîtiov r| âUo xi; — AA. (Km, àUà tovto. — 2Q. 'AHà
jteçi rtotcov twv éauTcôv Xéveiç 7iQay\iâx(ov ôiav (JoiAetjcovtcii ; — AA. "Otov

itEQt JicAénou, w SwxQaTEÇ, r\ jieqi eiQr\vi]ç, r\ âUou xov twv ttjç jiÔXecoç
jteaynâTwv. — SQ. rAQa Xéyeiq, ÔTav PouXeijwvtou npôç xivaç xqtj elor|vr]v

sioieïcrôai xal tloiv jioXeueîv xai TÎva xpoitov; — AA. Naî. — 2Q. Xqt) ô' ov%
oXç pÉXxiov; — AA. Naî. — 2Q. Kal tôd' ôjiôte PéXtiov; — AA. Ilâvu ye.
— 2Q. Kai tocwûtov xçôvov oaov âfiEivov; — AA. Naî. — 2Q. El ovv
'A*T]vaîoi TÎaiv xqtj nçoanakaiew xai tîoiv dxQOXËiQÎtEoôai xai
1 Criton, Ion, Hippias mineur et majeur, Euthyphron, Ménexène ; ce dernier d'ailleurs
peut à peine être appelé un dialogue

l'authenticité du premier alcibiade

139

tïvol Tpônov, ov aftEivov âv ctuhPouXetjoiç îî ô n:aiôoTQÎpT]ç; — AA. 'O jtaiôotqiPt]ç br\nov. — 2Q. "Exeiç ovv ewtEïv jtpôç tî < âv > fSAincûv ô :rcaiôoTp£pT)ç
olç ôsî jtpoairaXaÎEiv xal olç \ir\, xal ôitoTE xal ôvriva Tpônov;
Se tô toiovÔE" apa toijtoiç ôeî itpoajia^aÎEiv olç pétaiov, r\ ov ; —
AA. Naî.

— 2Q. *Apa xal ToaaÙTa ôaa djiEivov; — AA. ToaaÛTa.



2Q. Oôxovv xal tôte ôte djtEivov; — AA. Ilâvu ye. — 2Q. 'AXkà |iT)v xai

âôovra ôeï xi'&apîÇEiv jiotè îtqôç ti'iv 4>ôr]v xal Paîvsiv; — AA. AeX yàç. —
2Q. Oùxoiiv tote ôjtÔTE pé^xiov; — AA. Naî. — 2Q. Kai Toaaîi*' ôaa
; — AA.

La monotonie de ce passage tient au fait que les schèmes de dévelop
pement sont trop apparents et trop rigides. Platon évite cet inconvénient

par de légères variantes stylistiques qui, tout en dissimulant le procédé,
n'empêchent pas pour autant de percevoir la continuité de la pensée.
Voici un exemple tiré du Charmide et qui fera bien sentir la différence.

Charmide a défini la « maîtrise de soi » (cra>qpQO(riivT|) par l'absence de
précipitation, par une certaine lenteur qui fait agir posément.
2Q. Eùiè yâq [loi, ov tcôv xcdwv hévtoi f\ acotpQooijvr) écruv; — IMvu ye,

sq>T] (ô Xao[uÔT]ç). — IIoteoov oîv ndWiorov êv YQannaTiCTOfi T" ô(*oio
YpdnixaTa yoâcpEiv xa%v t) ricruxïi; — Ta/v. — Tl &' àvayiYvœaxEiv; TaxÉcoç
il (5oaôéa>ç; — TaxÉcoç. — Kal (ièv ô-f] xai tô xidapî^Eiv TaxÉcoç xal tô
ô|étoç jtoKi xâkliov zov r\ovxr\ te xai pçaôécoç; — Naî. — Tî Se
te xai jtaYxoaTidÇEiv; oxix waaijTcoç; — Ildvu ye. — ©êîv Ôè xal

xai Ta toi) ocojiaTOç djtavxa ÊQya, ov Ta [ièv ôfécoç xal Taxù YiyvôfiEVa

tùtoi) xaXoîi èariv, Ta ôè nôyiç te xal f|<Tuxï) TÔTOii alaxpoïi; — «taîveTai. —
$aîvETai âpa f|[ûv, E<pT)v eyio, xaïd ye tô aà>\ia ov tô t|otjxiov, &XXà tô Tdxtcrtov
xal ôlwTaTov xdAAiarov 5v. *H yâç ; — Ildvu ys. — 'H ôé yE aœcppoawvr]
xaXov ti fjv; — Naî. — Où toîwv xaïd ye tô arà|j.a f| TicruxiôiTiç âv âXX' r\
Taxurriç awqjpovsoTEpov elr\, èneibi] xaXôvf) ocoippocwii. — "Eoixëv, E(pr) 2.

Je n'ai pas besoin d'insister sur la maîtrise dont témoigne un tel
passage, pourtant pris au hasard et à côté duquel on pourrait en placer

dix autres. Aussi bien M. Vink ne conteste-t-il pas ce défaut de
YAlcibiade. Mais on aurait tort, dit-il, d'appliquer à la jeunesse de Platon
les canons de beauté qui ne valent que pour sa maturité. J'en demande
pardon à M. Vink, mais ici l'on voit qu'il n'est pas assez familiarisé
avec l'ensemble de l'œuvre de Platon. De la maturité datent le Banquet,
le Phédon, la République et le Phèdre. Or le Banquet et le Phèdre, pour
leur plus grande partie, ne sont pas des dialogues, et la République, si
grandiose qu'en soit la conception et si brillantes que soient plusieurs
1 Aie. I, 107 c 4 - 108 a II.
' Charm., 159 c 1 - d 12.

I40

LES ÉTUDES CLASSIQUES

de ses parties, est, au point de vue qui nous occupe \ incontestablement
inférieur aux dialogues des deux premières périodes, dans une des
quelles devrait se placer YAlcibiade. Dans l'usage artistique de la
dialectique, les petits dialogues comme le Lâchés, le Charmide, le Lysis,
n'ont rien à envier au Phédon lui-même. Et il est absolument inopérant
de s'appuyer, comme semble le faire M. Vink, sur l'exemple du
Sophiste et du Politique pour prouver que des imperfections en ce
domaine ne peuvent constituer une objection contre l'authenticité;
c'est que ces deux ouvrages, où d'ailleurs la discussion est menée

selon une méthode toute différente, datent précisément d'une période
à laquelle ne peut appartenir YAlcibiade, s'il est authentique.

Ce n'est pas tout. Au point de vue de l'argumentation, le dialogue
se divise en un certain nombre de parties nettement tranchées; chacune
d'elles est constituée d'une série de questions et de réponses qui, nous

venons de le dire, fatiguent le lecteur par leur nombre et leur unifor
mité. Cette impression défavorable s'aggrave du fait que ces différentes
séries s'enfilent impitoyablement les unes aux autres, sans qu'aucune

diversion vienne raviver l'attention. Telle n'est pas la manière normale
de Platon. Examinons par exemple la structure du Ménon. Les passages
strictement dialectiques, où les réponses de l'interlocuteur secondaire

se réduisent à un oui ou à un non, dépassent rarement une page d'un
tenant; et quand il leur arrive d'être un peu plus longs 2, ils sont suivis
d'un long intermède de genre différent. L'atmosphère se renouvelle
par l'appel fait aux traditions orphiques sur la métempsycose, ensuite
par la si curieuse expérience sur l'esclave auquel Socrate fait découvrir
la solution d'un problème de géométrie; cette partie même, pour
prévenir toute monotonie, est coupée en deux par un aparté avec
Ménon. Après la reprise de la discussion principale, nous voyons

apparaître Anytos, dont les violentes réactions orientent l'entretien
sur des voies nouvelles; on s'y maintient alors jusqu'à la fin, qui n'est
plus éloignée que de cinq pages. Tout le monde connaît la merveilleuse
variété des jeux de scène dans le Lâchés, le Charmide, le Protagoras,
lé Gorgias, le Lysis. Moins célèbre, mais tout aussi caractéristique est

le cas de YEuthydème, où les deux sophistes, Euthydème et Dionysodore,

donnent une exhibition de leur escrime dialectique et éristique. Le sujet
même exigeait ici de longs chasses-croisés de questions et de réponses
également brèves. Or, que se passe-t-il? Nous voyons Socrate inter
venir une première fois pour exposer, dans une conversation avec
1 Et exception faite du livre I, rédigé, semble-t-il, plusieurs années avant les autres.
' P. ex. 77 b 6 - 79 a 2.

l'authenticité du premier alcibiade

141

Clinias, l'utilité de la philosophie. Quand il repasse la parole aux
deux éristiques, ceux-ci discutent avec lui, mais non sans provoquer

à plusieurs reprises les sorties passionnées de Ctésippe. Suit alors la
deuxième partie du « protreptique » de Socrate. Puis on nous fait
assister à de nouvelles passes du jeu dialectique, où d'ailleurs les deux
frères se relaient continuellement pour accabler Socrate et Ctésippe
de leurs sophismes triomphants et ridicules. Le tout s'insère dans un
dialogue entre

Criton et

Socrate, dont la

première

partie ouvre

VEuthydème, la seconde le coupe un peu après le milieu, et la troisième
le conclut.
Il y a sans doute dans YAlcibiade quelque chose qui fait fonction

d'intermède, c'est le long monologue de Socrate sur l'éducation riche
et soignée des rois de Perse et de Sparte 1. Mais son étendue même le
fait contraster violemment avec le caractère haché des passages dialec

tiques voisins; et d'ailleurs, il ne suffit pas à créer de la variété dans
un ouvrage dont la longueur égale celle du Ménon et de VEuthydème 2.
Les adversaires de l'authenticité ont aussi attaqué la peinture des
caractères. On ne peut nier qu'elle ne soit assez pâle. Mais je n'insisterai
pas sur ce point, qui est en réalité lié aux deux précédents. Si nous
ne voyons pas les personnages campés bien vivants devant nous, c'est
précisément parce que le dialogue, tout en brèves questions et réponses
qui concernent presque exclusivement la doctrine traitée, se meut

sur le plan abstrait et ne nous révèle guère de particularités sur les
personnages qui parlent.

Il convient néanmoins d'examiner de plus près l'attitude de Socrate.
On sait suffisamment quelle est celle que lui attribuent constamment
les dialogues de la première période. Il est l'infatigable questionneur,
qui cherche partout la sagesse, et, convaincu de sa propre ignorance,

interroge tous ceux qui croient savoir, dans l'espoir, toujours déçu
mais toujours renaissant, de trouver la solution aux grands problèmes
qui le préoccupent : le bonheur, la vertu et ses parties, la science

du bien, l'idéal de l'homme et du citoyen. Socrate se défend avec
véhémence d'enseigner une doctrine. Quelques points seulement lui
paraissent certains. Encore ne les propose-t-il pas d'une manière
dogmatique, mais il lui paraît que la discussion l'y ramène constamment :
1 121 a 3 - 124 b 6.

• Peut-être me trouvera-t-on bien sévère pour VAlcibiade. En réalité, je ne veux
nullement contester qu'il contienne des passages excellents, ni même que l'œuvre dans son
ensemble puisse, quoique dans un genre différent, soutenir la comparaison avec les
Souvenirs socratiques de Xénophon. Seulement j'insiste ici sur les différences qui le
séparent des dialogues de jeunesse de | Platon, qui se placent à un niveau artistique
nettement supérieur.

142

LES ÉTUDES CLASSIQUES

il n'y a pas de vertu sans connaissance du bien, personne ne fait le
mal sciemment. Sans doute, dans les grands dialogues de la maturité,
la situation n'est plus la même. Là, nous voyons Socrate proposer

lui-même des solutions; encore sont-elles plutôt le résultat de la
recherche en commun que les thèses d'un enseignement ex professo.
Les œuvres de transition nous font passer graduellement de l'une à
l'autre attitude. Dans le Ménon, par exemple, Socrate traite avec assu
rance la question de méthode dans la définition, et il en donne volontiers
un exemple; quand on lui en demande un second, il se borne à mettre
en formule une théorie de Gorgias. Sur le fond de la question, il
s'abstient de proposer une solution personnelle. Sans doute, au cours
de la discussion, on voit apparaître plusieurs points doctrinaux positifs :
l'anamnèse, l'immortalité, la distinction entre science et opinion vraie.
Mais on remarquera avec quelle prudence Socrate s'engage sur cette

voie : il cite des autorités, donne de longues explications et évite
soigneusement d'être amrmatif sur les détails. Aussi bien ne cesse-t-il
de protester de son ignorance, et peu à peu son interlocuteur se sent-il
à son tour gagné par la même indécision. UEuthydème permet éga
lement de constater l'insistance avec laquelle Socrate se défend de
dogmatiser; ce qu'il sait sont des choses tout élémentaires et à la portée
du premier venu 1. Tout comme les autres dialogues de cette période,
celui-ci n'est guère constructif qu'en des matières qui ont été abon
damment traitées dans des ouvrages antérieurs, comme les relations
entre la sagesse et le bonheur, ou le rôle directif de la connaissance
spéculative par rapport à la pratique. Dans le Ménon, les théories
nouvelles sont entièrement dominées par le problème déjà ancien de
l'aptitude de la vertu à être enseignée. Aucun de ces éléments doctrinaux
ne se présente comme complet en lui-même. Ils font partie de recherches
en cours; s'ils constituent un progrès, c'est dans la voie qu'ont frayée
des essais précédents; ils s'appuient implicitement sur leurs résultats
et ne se présentent que comme des esquisses de solution, qui devront
être vérifiées et développées dans la suite. Un des charmes de ces
dialogues de la première, et plus encore de la seconde période, réside
précisément dans ces anticipations, encore incertaines et quelque
peu hésitantes, de thèses qui seront affirmées avec force dans des
œuvres plus tardives. On y sent les tâtonnements d'une pensée vigou
reuse, mais encore insuffisamment sûre d'elle-même.
Le contraste avec VAldbiade est très sensible. Le Socrate que nous

y voyons sur la scène ignore toute hésitation, et ne sent aucun besoin
1 278 d 5 - e 2, 282 d 5-6, 293 b 8.

l'authenticité du premier alcibiade

143

de poursuivre une recherche en commun avec son interlocuteur 1.
Non, il est en possession d'une doctrine toute faite, qu'il veut faire
accepter par son jeune ami. Seulement, par un louable souci pédago
gique, il veut enlever à son exposé tout caractère magistral, et le présente

sous forme de questions qui font appel à l'activité et à la responsa
bilité intellectuelles du répondant2. Il y a dans cette différence fonda
mentale d'attitude, une difficulté très grave. M. Vink en fait mention,

mais il croit pouvoir la résoudre en constatant que Socrate et Alcibiade
jouent respectivement les rôles du maître et de l'élève. Si, dit-il,
dans le Lâchés, Socrate conversait non avec les deux généraux, mais avec
leurs jeunes garçons, la situation serait exactement la même que dans
notre dialogue. Cette explication nous paraît inopérante. D'abord,

Alcibiade n'est plus un enfant. Et surtout, si l'on veut voir comment
Socrate mène une discussion avec de tous jeunes adolescents, il n'est
que de se reporter aux cas de Charmide dans le dialogue qui porte
son nom, de Lysis et de Ménexène dans le Lysis, de Clinias dans
YEuthydème. Socrate y traite ses jeunes amis avec une bonhomie
enjouée et toute paternelle; quand ils hésitent, il les encourage à dire

hardiment leur avis; il prend sur lui toute la responsabilité quand la
discussion a abouti à une impasse. Avec Alcibiade, il le prend de

beaucoup plus haut; il lui fait vertement la leçon 3, d'une manière qui
n'a son pendant dans aucun dialogue platonicien authentique, mais dont
on trouve des parallèles dans Xénophon4. Bref, pour reprendre la formule
très exacte de M. Vink, il se conduit envers lui comme un maître envers

un élève, et encore envers un élève qui ne saisit pas toujours promptement la leçon 5, et qui parfois se fait prendre honteusement en défaut6.
Voilà qui certainement n'est pas acceptable à cette date, et qui le
serait à peine dans la dernière période de Platon.
Nous faisions remarquer tout à l'heure que les discussions menées
par Socrate se développent régulièrement autour de quelques thèmes
centraux, auxquels on revient constamment et qui ne semblent jamais
épuisés. Aussi, aucune des sections entre lesquelles se partage un dialogue
1 II est plusieurs fois question de la xoivtj otéipiç dans VAlcibiade (117 c 2, 119 b 1,
124 b 10, d 9) ; mais ce ne sont là guère que des mots, auxquels ne répond pas la réalité.
' 112 d 10 - 113 b 7.

• 112 d 7-9, e 1, 113 c 5, 118 a 4 - b 8, 123 d 6, 124 a 4.

• P. ex. Mentor., IV, 2, passim, surtout 22-23, 36, 39 (à
comparera entre autres Aie. I,

ce dernier passage, on

127 d 6-8).

6 108 c 8 - d 4.

• Peu conforme à l'usage platonicien me paraît aussi la pointe brutale dirigée contrePériclès (112 b 1-2).

144

LES ÉTUDES CLASSIQUES

ne forme-t-elle au point de vue doctrinal un tout complet et qui se

suffise à lui-même. Dans l'Alcibiade, au contraire, l'argumentation est
comme une chaîne dont les anneaux sans doute se tiennent bout à bout,
mais sont forgés chacun séparément. Les différents moments logiques
sont autonomes et ne se commandent pas l'un l'autre. Ailleurs, si je
puis ainsi parler, le plan est circulaire : on revient constamment à son

point de départ, et parfois les interlocuteurs se plaignent de tourner
en rond; ici, la marche est rectiligne, et ce procédé de structure contribue
à accentuer le caractère nettement dogmatique de toute l'œuvre.

Après ces remarques sur la forme, nous pouvons passer à l'examen du
contenu. Pris en gros, il est authentiquement platonicien, et ce n'est
pas à tort que l'Alcibiade a joui d'un si grand succès auprès des scolarques de l'antiquité finissante. Certaines particularités pourtant ne
laissent pas de faire difficulté.
La plus saillante sans doute est le caractère de la religiosité qui

s'y fait jour. Ce n'est point ici le lieu de décrire en détail l'évolution
de la théologie de Platon; mais tout le monde m'accordera, je crois,

que l'atmosphère religieuse de l'Apologie et du Phédon diffère nota

blement de celle des Lois. En forçant la note, on pourrait dire que,
pour les œuvres du début, la philosophie est la véritable religion, et

que pour celles de la vieillesse, c'est la religion qui est la véritable
philosophie. Le ton est devenu à la fois plus humble et plus dévot, et
la soumission devant la suprématie divine pourrait même un instant

risquer de compromettre le sérieux de la responsabilité humaine l.
Or, dans l'Alcibiade, l'élément religieux est tout autrement accentué

que dans les premiers dialogues. Le « signe démonique » de Socrate y
reçoit une importance excessive; non seulement on y revient avec une

insistance indiscrète 2, mais encore on lui attribue dans la vie du
philosophe une influence prépondérante. Par la voix intérieure qu'il lui
fait entendre, le Dieu semble avoir pris charge de Socrate; il est son

tuteur, èitiTQOJtoç 3. Aussi Socrate se sent-il dans un état de dépendance
1 Voir le passage célèbre des Lois (VII, 803 c 2-8; cf. I, 644 d 8 et X, 906 a 7) où
l'homme est comparé à un jouet de la divinité; mais comparer aussi X, 903 cl- 904
e 4, d'où il résulte que ce jeu ne supprime pas la liberté morale.
2 103 a 4-6, 105 d 4 - e 5, 124 c 5-10. Je suis, pour ma part, particulièrement choqué
du premier passage, qui annonce ex projesso des explications ultérieures à ce sujet.
Rien ne me paraît moins conciliable avec le caractère tout occasionnel des autres
mentions que Socrate fait chez Platon du signe démonique.
3 124 c 5.

l'authenticité du premier alcibiade

145

totale envers la divinité : au début du dialogue, il annonce qu'il est
seul en état d'amener Alcibiade au but que celui-ci se propose, « seu

lement ce ne sera qu'avec l'aide de Dieu 1 »; et, à la fin, quand son
jeune ami lui déclare qu'il sait la condition à laquelle il pourra échapper

au danger de laisser son âme s'avilir, savoir : si Socrate le veut bien,
il le reprend : « Ta formule n'est pas correcte, Alcibiade. — Alors,
comment faut-il dire ? — II faut dire : Si Dieu le veut2. » Et ce n'est pas
seulement la volonté divine qui régit l'action humaine, c'est aussi sa

perfection qui est la source de toute vérité et la réalisation de la tendance
essentielle de toute chose. Déjà l'on voit poindre la doctrine augustinienne que Dieu est plus intime à l'âme que l'âme elle-même; car si
elle veut se connaître parfaitement, c'est vers Dieu qu'elle doit tourner
ses regards; Dieu est comme un miroir où elle peut contempler l'idéal
de sa propre image 3.

Nos autres remarques concernent plutôt des points de détail. La
première partie de YAlcibiade contient une discussion particulièrement
prolixe sur l'identité du juste et de l'utile. C'est là un heu commun bien
connu de la philosophie socratique. Le lecteur habitué au vocabulaire

des dialogues s'étonne d'y lire constamment to crunxpéoov et <ru(Kpéoeiv
au lieu du terme usuel to œqpéXiuov. Or, chez Platon, o-uuxpeoeiv est
d'emploi assez rare, sauf dans un passage célèbre du Ier livre de la
République, qui traite précisément un sujet parallèle au nôtre. Mais, en
cet endroit comme dans les autres, cru^cpÉpEiv est toujours accompagné
d'un complément, qui se trouve régulièrement au datif, ou, avec le
participe, au génitif *. De l'emploi absolu, il n'y a qu'un seul exemple,
et encore est-il dans les Lois 5. Dans VAlcibiade, il y en a douze «.
1 105 e 5.
2 135 d 3-6.

• 132 d 5 - 133 c 17. Assurément, l'idée que Dieu est l'idéal de l'homme, est éminem

ment platonicienne. Seulement, outre qu'elle n'apparaît que dans la seconde moitié
de l'œuvre de Platon, elle est toujours accompagnée, dans les textes authentiques,
d'une restriction discrète, xaxà ôwaniv, xa&' ôaov Ôuvoaov âvô-peûjw» : Resp II
383 c3-5; VI, 500 c 9- d 1 ; X, 613 b 1; Theaet., 176 b 1-2; Tint., 29 e2- 30 a 3; Legg.,

IV, 716 c 6 - d 1. On sait du reste que les lignes 133 c 8 - 17 manquent dans les manus
crits de Platon et ne nous sont connues que par le témoignage d'Eusèbe confirmé

par Julien et Stobée. Pour ma part, je ne puis y voir une interpolation. Un fait ana
logue se produit encore à deux autres endroits de VAlcibiade (115 c 5 - 7; 128 a 13 -

b 1), où il est impossible de songer à l'intervention d'une main néo-platonicienne. Aussi
bien, les phrases immédiatement précédentes et suivantes, certainement authentiques,
expriment-elles la même pensée, quoique sous une forme moins accusée.

4 P. ex. xô xov xçeÛTTOvoç tnifwpÉçov, Resp., I, 338 c 2. On rencontre aussi une
fois mWéQew nçàç et l'accusatif (Legg., VI, 754 a 7) et oujupéçEiv èxeïoe (Gorg.,
oAj b 2).

• V, 746 c 6.

• 113 e 1, 114 b 1, d 6, e 8, 115 a 2, 116 c 7, 8, d 1, 3, e 1, 117 a 9, 118 a 11.
10

I46

LES ÉTUDES CLASSIQUES

Signalons aussi, dans le même raisonnement, un détail qui nous
paraît suspect. Comme exemple de choses qui seraient belles mais

désavantageuses, on a cité l'aide fournie dans la bataille à un camarade
menacé. Socrate fait remarquer que l'attribut de beauté porte sur le
courage, celui de désavantage sur les coups qu'on peut recevoir, et il

ajoute, pour souligner la différence des deux points de vue : do' ovv
01m âUo M-èv f| âvôgeia, à'Uo ôè ô ■ùdvaxoç *; Sauf erreur de notre part,
cette manière de parler n'est pas platonicienne. Platon n'oppose de
la sorte que des concepts strictement liés entre eux, comme portant

et porté, cause et effet, producteur et produit 2.
Un des passages les plus célèbres de VAlcibiade est la longue
digression de Socrate sur l'éducation des rois de Sparte et de Perse.
Et sans doute, rien ne prouve que Platon ne pouvait posséder dans sa
jeunesse les connaissances qui y sont supposées. Néanmoins, on devra
concéder que l'intérêt qui s'y fait jour pour les institutions lacédémoniennes et surtout pour les coutumes et la religion de l'Orient 3
concorde singulièrement avec ce que nous savons de l'orientation prise

par la pensée de Platon à l'époque où il écrivait les Lois 4. Il y a plus.
Nous y lisons que, arrivés à l'âge de 14 ans, les princes royaux de la

dynastie des Achéménides sont confiés à quatre Perses d'âge mûr,

choisis pour leur éminente vertu, à savoir : le plus prudent, le plus
juste, le plus tempérant et le plus courageux de la nation B. Et l'auteur
poursuit en expliquant le rôle éducatif confié à chacun de ces person
nages. Nous avons donc ici les quatre vertus cardinales bien connues.
Or, avant Platon, la liste n'en était point encore fixée, et, dans les
premiers dialogues, nous constatons qu'elle reste flottante tant pour le
nombre que pour l'individualité des vertus énumérées. Ce n'est que
dans la République qu'elle reçoit sa forme définitive qui, reprise par

Aristote, fut transmise par lui à la Scolastique et figure encore aujour

d'hui dans nos catéchismes et nos traités de morale. On voit donc que
VAlcibiade suppose la République, ce qui, encore une fois, est impossible
dans l'hypothèse de l'authenticité. L'objection a déjà été faite avant
nous. M. Vink croit pouvoir y répondre 6 en signalant des énumérations
semblables dans des dialogues certainement authentiques. Seulement
1 Aie. I, 115 c 1.

' Euth., 10 a 6; Hipp. mai., 297 a 2-3, 7-8.
1 On trouve ici (122 a 1) la plus ancienne mention çrecque de Zoroastre.

' F. Ollier, Le mirage Spartiate (Paris, 1933), pp. 253-262; É. des Places, Platon
et l'astronomie chaldéenne, in : Mélanges Fr. Cumont, Annuaire de l'Institut de Philo

logie et d'Histoire orientales et slaves, 4 (1936), pp. 129-142.
• Aie. I, 121 e 5 - 122 a 1.
• Op, laitd., pp. 81-82.

l'authenticité du premier alcibiade

147

les passages qu'il cite des œuvres de jeunesse témoignent précisément
de l'hésitation dont nous parlons. Il croit pourtant en avoir trouvé un
qui tranche la question : Euthydème 279 b 4 - c 1. En réalité, ce texte
n'est pas concluant. Une liste identique à celle de YAlcibiade ne prouve
rien, à moins qu'elle ne fasse explicitement mention du nombre quater
naire, qui est précisément l'essentiel 1. On pourra s'en rendre compte
en comparant une autre énumération, que M. Vink n'a pas remarquée.

Elle se lit dans le Gorgias 2, et concerne les quatre vices opposés; mais
une douzaine de lignes plus haut 3, nous avions une liste de trois
seulement; plus loin, dans le même Gorgias, nous voyons apparaître
quatre vertus, mais la piété a chassé le courage 4; bientôt celui-ci
reparaît, mais c'est alors au tour de la prudence de lui céder la place B.

Il n'entre d'ailleurs pas dans notre intention de traiter ici en détail
la question des quatre vertus cardinales chez Platon. Nous comptons
le faire à une autre occasion •.

On sait à quelles difficultés mènent chaque fois dans les dialogues

de jeunesse les essais de définitions des différentes vertus. Les inter
locuteurs de Socrate pensent disposer de formules toutes faites qui
donnent pleine satisfaction, mais à l'examen apparaissent bientôt les
difficultés. On n'est donc pas médiocrement étonné de voir ici Socrate
en introduire deux lui-même, sans paraître se rendre compte des

objections auxquelles elles prêtent. Subitement, et sans préparation
aucune, au cours d'une discussion sur la concorde et l'amitié, il glisse

la définition suivante de la justice : « Agit-on suivant la justice ou injus
tement, lorsque chacun fait ce qui le regarde? — Selon la justice,

incontestablement '. » Cet énoncé est celui même auquel, après de longs

détours, aboutit la République 8, et qui y est présenté comme une
découverte considérable et difficile. Quelques pages plus loin, Socrate
examine le sens de la maxime qui recommande de se connaître soimême. Il trouve que ce « soi-même » n'est autre que l'âme, et il en
conclut que celui qui connaît seulement son corps, ou les choses qui
1 Tel n'est pas le cas dans l'Euthydème ; aussi quand, en 281 c 7, la pensée est reprise
pour en donner un résumé et en tirer les conclusions, les quatre vertus sont-elles rem
placées par deux seulement.
1 477 d 4-5.

■ 477 b 7.
« 505 b 2-3.
• 507 c 1-2; cf. déjà a 5 - b 5.

• M. Vink fait erreur quand il croit lire dans Resp., VI, 487 a 5, une énumération
distincte de celle qui sert de cadre à ce dialogue. Grâce à une synonymie bien connue,

rdXTjÔEia remplace ici le voûç, ipQÔvrçaiç ou ooqpia, c'est-à-dire la prudence.
' Aie. I, 127 c 5-6.

• V, 433 a 8 - c 2.

148

LES ÉTUDES CLASSIQUES

ont rapport au corps, ne satisfait pas au précepte delphique. C'est le
cas de tous les gens de métier : médecins, pédotribes, cultivateurs et

autres. Et, au milieu d'une longue série de déductions, entre lesquelles
le trop passif Alcibiade se contente toujours d'insérer ses oui et ses non,

nous lisons : « Si donc le discernement (ocoqpQoawn) consiste à se
connaître soi-même, aucun de ces techniciens ne le possède du fait de sa
profession l. » Alcibiade, sans demander d'éclaircissements, a répondu
par l'affirmative, et Socrate continue de dévider le fil de ses questions.
Ce qui est le plus étonnant, c'est qu'au bout de quelque temps il revient
à sa définition et dit : « Nous sommes tombés d'accord que le discer

nement consiste à se connaître soi-même. — Bien sûr », répond
Alcibiade 2. Ici nous voudrions l'arrêter et lui crier : Mais non, vous
n'êtes pas tombés d'accord du tout! La question subreptice de Socrate
était simplement hypothétique : si telle est la nature du discernement,
telle ou telle conséquence s'ensuit. Mais sur le bien fondé de cette
identification, il n'a pas été dit un mot. On peut reprocher bien des
choses au Socrate des dialogues, entre autres que ses arguments sont

parfois d'un verbalisme inquiétant; mais sur le principe même de la
dialectique comme recherche en commun, sur l'ôu.oXoyi<x nécessaire
à chaque étape de l'argumentation, sur la nécessité d'examiner de
près toute

définition proposée, il est d'une intransigeance absolue.

Sans doute, la définition ici présentée était largement répandue dans le
public 3, mais le Charmide a montré quels traquenards elle recelait,

et il n'est pas dans l'esprit des dialogues de la première ou de la seconde
période de s'y aventurer sans précaution.
L'idée centrale de cette partie de YAlcibiade est l'identification du
« soi-même » à l'âme, à l'exclusion du corps, relégué au rang de pur

instrument. Socrate va plus loin encore, et y va de cette formule para
doxale que « l'homme n'est pas autre chose que l'âme » 4. L'idée,
assurément, a quelque chose de platonicien; mais l'expression est outrée

et appartient plutôt à l'Académie qu'à Platon lui-même. Nous allons
d'ailleurs y revenir à l'instant. Quoi qu'il en soit, elle suppose fermement
établies la distinction du corps et de l'âme et la dénivellation de valeur
qui existe entre eux. Or, quand on se souvient de la peine que Platon
prend dans le Phédon pour démontrer ces deux points, on est peu

disposé à admettre que, dans un dialogue antérieur, il ait voulu les
considérer comme acquis, ou plutôt comme allant de soi et n'ayant
besoin ni de preuve ni même d'explication.
» Aie. I, 131 b 4-5.
» 133 c 18-19.

» Voir p. ex. Phil., 19 c 2 - 3; Tint., 72 a 5.
• 131 c

1-3

l'authenticité du premier alcibiade

149

Continuant son exposé, Socrate recherche de quelle manière l'homme
pourra le mieux se connaître soi-même. Ce sera dans un miroir. Or

l'œil même contient un miroir, la pupille; et c'est en elle que réside la
puissance de vision. Semblablement, l'âme devra considérer en ellemême ce qui fait sa puissance de connaître, l'élément divin, et c'est
ainsi qu'elle arrivera à la véritable connaissance de soil. Cette idée de
la pupille-miroir est originale et gracieuse, et l'auteur l'amène et la
développe habilement. Je dois dire pourtant que cette combinaison
d'éléments métaphysiques et psycho-physiologiques me paraît plutôt
dans l'esprit du Timée que dans celui des premiers dialogues.
La connaissance de soi est indispensable pour pouvoir diriger avec
compétence ses propres affaires, et à plus forte raison celles des autres.

Celui qui ne la possède pas n'est donc qualifié ni pour la politique ni

pour l'économie 2. Cette mise en parallèle de la gestion d'un État et
d'un patrimoine paraît être chez Platon propre à la deuxième moitié
de sa carrière. Dans les dialogues à partir de la République, nous
trouvons treize exemples des mots oîxovouia, oîxov6[ioç et oixovouixoç,

dont neuf contiennent aussi noXiteia ou jtoAitixoç 3; avant la Répu
blique, il n'y a que

deux exemples,

et

ils ne

comportent

aucune

mention de la politique 4. V Alcibiade se distingue donc encore une

fois des œuvres de jeunesse. L'indice est menu, mais mérite d'être
pris en considération à côté d'autres plus importants.

II est temps de conclure. Les critères stylistiques ne nous permettent

pas de dater YAlcibiade de la maturité ou de la vieillesse de Platon.
D'autre part, sur plusieurs points importants, ce dialogue est en
contraste marqué avec ceux des deux premières périodes. La peinture

des caractères manque de vivacité. Socrate ne cherche pas la solution

des problèmes, il la propose toute trouvée à Alcibiade, dans des
questions qui indiquent clairement la réponse à donner.

Il traite

son interlocuteur comme élève et le tance d'autorité. La discussion,
si l'on peut encore l'appeler ainsi, se poursuit selon un rythme uniforme,
sans les incidents dramatiques, les intermèdes ou les changements
1 132 e 7 - 133 c 17.

• 133 e 9 - 134 a 1 : 2Q. Oùx âç' âv Y8VOITO ô toioûtoç àvrje jco^.itix6ç. —
AA. Où ôrJTa. — 2Q. Où jirjv oûô' oîxovou.ixoç yz. — AA. Où ôfjxa.
' Resp., III, 407 b 6; Phaedr., 248 d 5; Polit., 258 e 9, 259 b 7, c 3; Legg., V. 747 b 1;
VII, 808 b 1, 809 c 5; X, 902 d 7. Les quatre autres passages sont : Resp., III, 417 a 7;
VI, 498 a 1; Legg., III, 694 c 7 et VII, 819 c 5.
* Apol., 36 b 7; Lys., 209 d 2.

150

LES ÉTUDES CLASSIQUES

d'orientation qui ailleurs

préviennent la lassitude.

Les points

de

doctrine touchés sont nombreux et peu liés entre eux; de plus, ils se
présentent sous une forme très tranchée. Quelques-uns d'entre eux

semblent porter la marque de la dernière période de la pensée de
Platon.

Ainsi donc, nous ne croyons pas le Premier Alcibiade authentique.

Si nous estimons devoir le condamner, ce n'est pas pour des motifs
esthétiques. Sans doute, comme œuvre d'art, il nous paraît inférieur

aux dialogues de jeunesse. Il est même difficile de le comparer, à ce

point de vue, au Sophiste et au Politique, dont il n'a ni la raideur ni

l'élévation, et beaucoup moins encore l'intérêt philosophique. C'est
néanmoins un ouvrage attrayant, et qui compte des pages bien venues.

Mais nous ne voyons pas à quelle place il pourrait s'insérer dans
l'œuvre de Platon.

Alors d'où vient-il? Burnet y voyait « an early Académie introduction
to the Socratic philosophy1 ». Telle est bien, pensons-nous, la direction
dans laquelle il faut chercher. Le ton très dogmatique, l'identification
outrancière de l'homme à l'âme, semblent trahir l'épigone. On ne
peut s'empêcher de se rappeler ici YEudème d'Aristote, qui nous

fournit un parallèle intéressant. Peu d'années après la mort de Platon,
Aristote allait commencer à critiquer avec vivacité la psychologie
qu'on enseignait à l'Académie; or, dans ce dialogue sur l'âme, écrit
peu après 354, il se montre platonicien non seulement orthodoxe,
mais, si je puis dire, « intégriste ». Il y pousse à l'extrême la doctrine

de son maître 2. Déjà le Phédon, malgré certaines apparences, et plus
encore le Phèdre et les dialogues subséquents traitent l'âme comme une

nature intermédiaire, dont la fonction propre est de faire passer dans
le monde matériel quelque chose de la perfection du monde intelli
gible s, et supposent donc que l'âme et le corps sont faits l'un pour
l'autre. h'Eudème, exagérant certaines formules très fortes du Phédon
sur l'obstacle que l'âme trouve dans le corps à l'exercice de son activité
la plus élevée, la pensée, présente l'union de l'âme et du corps comme
un fait violent et contre nature 4; par une conséquence logique, l'âme

cesse d'être un « démon » et passe elle-même au rang d'Idée 5.
1 Plato's Euthypkro, Apology of Socrates and Crito (Oxford, 1924), pp. 37-38 (note
à Euth., 7 b 6).

2 Sur la psychologie de YEudème, cf. Fr. Nuyens, S. I., Ontwikkelingsmomenten in de
zidkunde van Aristoteles (Nijmegen, 1939), pp. 71-80.

8 L. Robin, La théorie platonicienne de l'amour a (Paris, 1933), pp. 138-153; Platon
(Paris, 1935), pp. 172-192; J. Souilhé, La notion platonicienne d'intermédiaire (Paris,

1919), pp. 191-203.
♦ Eudème, fragm. 7, dans R. Walzer, Aristotelis dialogorum fragmenta (Firenze, 1934).
5 Fragm. 8.

l'authenticité du premier alcibiade

151

On voit ainsi ce que, du vivant même de Platon, sa doctrine pouvait

devenir chez un de ses élèves. L'Alcibiade s'engage dans la même voie,
mais sans s'y avancer aussi loin. On pourrait donc croire qu'il est
l'œuvre

d'un

disciple

qui se

trouvait

davantage sous l'influence

immédiate et personnelle du Maître. Quand on songe de plus à l'heu
reuse vivacité de certaines pages, à l'imitation, parfois fort réussie,
de la dialectique telle qu'on la trouve dans les dialogues authentiques,
à la jolie trouvaille que constitue l'image de la pupille-miroir, on en

vient à soupçonner que Y Alcibiade a été écrit sous l'inspiration de
Platon, vers l'époque de la composition des Lois, et peut-être même
revisé par lui. L'auteur ne sera sans doute pas un des membres de

l'Académie qui ont publié des dialogues sous leur nom personnel,
comme Héraclide le Pontique ou Aristote. Aussi, si l'on tenait abso
lument à proposer un nom, pourrait-on songer à Speusippe. Neveu
de Platon, il l'accompagna lors de son troisième voyage en Sicile, et,

après sa mort, lui succéda dans la direction de l'École. Ces relations
particulièrement intimes

conviendraient assez bien au rôle qu'on

voudrait lui faire jouer ici. Il est d'ailleurs à peine besoin de dire que
ce n'est là qu'une hypothèse, sur laquelle il serait
vouloir insister x.

Tronchiennes.

imprudent

de

É- DE Strycker, S. I.

1 La composition du présent article était déjà fort avancée quand nous eûmes l'idée
d'aller voir ce que disait de 1''Alcibiade Paul Shorey dans son grand ouvrage What
Plato said (Chicago, 1933). Son jugement (p. 415) concorde assez bien avec le nôtre

et il nous paraît intéressant de le reproduire ici : « The first Alcibiades contains no
thoughts that are necessarily un-Platonic. The ancients indeed regarded it as the best
introduction to the Platonic philosophy, and in ancient and modem literature it has
been frequently quoted for two distinctively Platonic ideas that are nowhere else so
fully and clearly expressed —■ the idea that the body is the instrument of the soûl,
which is the true self, and the idea that, as the eye can see itself only by reflection,
so the mind best knows itself through the reflection of its thoughts in another mind.
But if we attribute it to Plato we hâve to assume the improbability that he thought
it worth while to elaborate a tedious, if scholastically convenient, summary of a long
séries of ideas and points that are better and more interestingly expressed in other

dialogues, and that he repeats or quotes himself more often than in any other genuine
work, and we must be prepared to overlook a few expressions which jar on the ear

of any reader who knows intimately Platonic Greek. The opinions of modem scholars
are divided, and it is inadvisable to dogmatize. For there are several passages which
it is hard to attribute to any lesser hand than Plato's. »

UNE COMPARAISON HOMÉRIQUE
DANS HORACE
(Od., 4,

14, 25-32)

Dans cette « épinicie », composée à l'occasion des victoires de Tiberius
Claudius Nero (le futur empereur Tibère) sur les Rètes, Horace
compare son héros, renversant les bataillons barbares, à PAufidus en
crue, déchaînant contre les cultures une affreuse inondation :
Sic tauriformis uoluitur Aufidus,
qui régna Dauni praefluit Apuli,
cum saeuit horrendamque cultis
diluuiem meditatur agris,
ut barbarorum Claudius agmina
ferrata uasto diruit impetu

primosque et extremos metendo
strauit humum sine clade uictor 1 ...
(Od., 4, 14, 25-32)

Rapprocher le guerrier se ruant dans la mêlée d'une puissance de

la nature, vent, vague, incendie ou torrent : c'est un procédé homérique
bien connu. A la façon d'Homère, souvent imité par Virgile, le poète,
embouchant la trompette épique, brode symétriquement deux airs;
le parallélisme, souligné par sic ... ut (dont l'ordre habituel est ici
interverti), accuse le caractère commun aux deux motifs : dans les
deux tableaux, une force impétueusement se déchaîne. Doit-on chercher
dans l'Iliade le passage imité par Horace?
*

L'édition Orelli (et d'autres après elle) renvoie à cette comparaison
du chant V, où le fils de Tydée se précipite dans la plaine, pareil au
fleuve débordé, grossi des pluies d'orage, dont les eaux ont vite renversé
tout obstacle :

Qvve yàç Su ateoîov stoxanct» jr^ô-ovri êoixàç
xeiu«0Dcp, ôç t' à)xa qécov êxéoaaae yecpvçaç ....

" (//., 5, 87-88)

1 Cf. Horace, Édit. F. Villeneuve, Paris, Belles Lettres, 1941, pp. 179-180. (Si l'on
adopte la leçon minitatur, au v. 28,
changement.)

cela n'apporte à notre démonstration aucun

UNE COMPARAISON HOMÉRIQUE DANS HORACE

153

Suit alors une description de ces obstacles impuissants : levées
formant digue, clôtures des vergers : « II va, furieux, par la plaine,
pareil au fleuve débordé, grossi des pluies d'orage, dont les eaux ont

tôt fait de renverser toute levée de terre. Les levées formant digue ne
l'arrêtent pas plus que les clôtures des vergers florissants, quand il
arrive tout à coup, aux jours où la pluie de Zeus s'abat lourdement
sur la terre. Partout, sous lui, s'écroule le bon travail des gars. Ainsi
sont bousculés, sous le choc du fils de Tydée, les bataillons compacts
des Troyens, et, pour nombreux qu'ils soient, devant lui ils ne tiennent
pas 1. »

Mais, dans cette comparaison homérique, l'élément essentiel qui
a ébranlé l'imagination du poète, le trait commun au héros et au fleuve,
c'est moins la ruée furieuse que ses conséquences : les écroulements.
Or, ce n'est pas cela qu'Horace met surtout en lumière dans son croquis
de l'Aufide; le torrent apulien machine contre les cultures une affreuse
inondation; et, de même, Claudius moissonne 2 les rangs des barbares
et en jonche le sol. Chez Homère, un écroulement; chez Horace,
une jonchée.

C'est à un autre passage de l'Iliade qu'il faut, je crois, penser.
Dans la plaine de Troie, les troupes adverses s'entre-choquent,
semblables à deux torrents :

Oî 8' ors ôt) q' êç %û>qov É'va Çuviovteç îxovto,
<ruv q' £|3aXov qivouç, crùv 8' eyxEa xal uévE' av8pcôv
XodxeoftcûQîîxcov ■ âxàg dajûSeç o\i(pakÔ£aaai
ejtÀT]VT' dX^Xxioi, noXvç ô' OQv\iaybbç ôqoûqëi-

e'v&a 8' â'fx' oîp.coY'n te ioù ei>xcoM] nskev àv8ocôv
ôXXtjvtcov te xal oXkv\iév(av, gée 8' canari yoïa.
cQç 8' ôte xeinaoQoi Jtotafioi xat' oosaqpi qéovteç
êç u.iaYaYxeiav ov\i$àXkezov o&qi\lov vbwç
xqodvcôv ex i-ieYotXcov xoiXriç evroCT'&e xotod8QT|ç,

tcdv 8é ts T7]X6ae Soûitov êv oligeaiv suive îtoifiTÎv
œç tcâv nioyoiiêv(ùv yévsTO laxVi te qpô(3oç te.
(IL, 4, 446 sqq.)

(Bientôt ils se rencontrent, et les voilà aux prises, heurtant leurs
bouchers, leurs piques, leurs fureurs de guerriers à l'armure de bronze.
Les écus bombés entrent en contact; un tumulte immense s'élève.
1 Trad. Mazon, Paris, Belles Lettres, 1937.
1 L'image de la moisson n'est ici qu'accessoire; Horace ne la développe pas; c'était

depuis longtemps une métaphore banale; cf. à|i'nTÏJQEç, Hom., //., Il, 67; Cat., 64,

353 sqq.; V rg., Aen., 10, 513.

154

LES ÉTUDES CLASSIQUES

Gémissement et clameur de triomphe montent à la fois; les uns tuent,
les autres sont tués. Des flots de sang couvrent la terre. Tels des torrents,
dévalant du haut des montagnes, au confluent de deux vallées, réunissent
leurs eaux puissantes, jaillies de sources copieuses dans le fond d'un

ravin creux — et le berger dans la montagne en perçoit le fracas au loin.
Telles sont les clameurs, l'épouvante, qui sortent de cette mêlée 1.)
Ici la comparaison porte sur le vacarme de la bataille et sur le fracas
des eaux; elle est beaucoup plus auditive que visuelle. Dans l'antiquité
déjà, elle était célèbre, puisqu'un scholiaste a dit, d'après Aristarque
sans doute, que les vers d'Homère font entendre le fracas des deux

torrents : eotiv âxoûaou ôijo noxa\i(ï)v iixo-u 2On ne s'étonnera pas de voir cette comparaison, classique dès
l'antiquité, utilisée deux fois par Virgile. D'abord, dans Aen., 2,301 sqq.
clarescunt sonitus armorumque ingruit horror

in segetem ueluti... (suit une première comparaison, celle du feu
dévastant la récolte) ..., aut rapidus montano flumine torrens
sternit agros, sternit sata laeta bourrique labores,
praecipitesque trahit siluas; stupet inscius alto
accipiens sonitum saxi de uertice pastor.

Le détail du berger, surpris d'entendre le fracas du torrent, atteste

l'emprunt de Virgile à Homère; encadrée entre sonitus (y. 301) et
sonitum (v. 308), la comparaison est auditive. De même, dans Aen.,
12, 523 sqq., où deux combattants, Énée et Turnus, sont comparés
à deux torrents qui dévalent bruyamment des montagnes (dant sonitum)
et courant à l'océan ravagent tout sur leur passage :

aut ubi decursu rapido de montibus altis
dant sonitum spumosi amnes et in aequora currunt

quisque suum populatus iter : non segnius ambo
Aeneas Turnusque ruunt per proelia ...

A son tour, Horace exploite la comparaison; comme Virgile, il évoque
la dévastation causée dans les champs par le fleuve déchaîné; comme
Homère et comme Virgile, il veut surtout orchestrer, symétriquement,

le bruit du torrent et le vacarme de la bataille; car ses deux strophes
de l'Ode 4, 14 sont beaucoup plus musicales que pittoresques. C'est
1 Trad. Mazon, Ibid.

• Cf. Hom., Iliade, Éd. Pierron, Paris, Hachette, I, p. 152; G. Dindorf, Scholia
Graeca in Homeri lliadem, Oxford, 1877, III, p. 223. On sait quelle place les poèmes
homériques ont tenue dans les études du jeune Horace, à Rome; y faisant allusion
plus tard, c'est à l'explication de l'Iliade chez le grammaticus qu'il pensait : Romae nutriri
mihi contint atque doceri\iratus Grais quantum nocuissel Achilles. (Epist., 2, 2,41-42.)

UNE COMPARAISON HOMÉRIQUE DANS HORACE

155

par l'assemblage des sons que le poète perfectionne les données de ses
devanciers. En effet, lorsque le scholiaste disait que les vers d'Homère

(II., 4, 446 sqq.) font entendre le fracas des torrents, il employait le
verbe dxoûaai, et pensait à l'harmonie imitative que tentait le poète

de l'Iliade : la comparaison abonde en consonnes gutturales ou rocail

leuses, dont la musique roule et cascade : xeifiagooi ... xat' oQEaqpi
qéovteç ... uiaYaYxeiav ... ô'Pqi^ov vôcûo xqovvcôv ex \x.eydk(ov xo(Xt]ç
... xcQaÔQT)ç. De même que, dans les vers grecs, les q vont se multi

pliant, dans les deux comparaisons virgiliennes, la lettre r, la lettre qui
grogne 1... ou qui gronde 2, reparaît fréquemment : dans la première,

clarescunt ... armorum ... ingruit horror ... rapidus ... torrens sternit
agros, sternit ... labores, praecipitesque trahit ... uertice pastor; dans la
seconde, decursu rapido ... aequora currunt.

Avec plus d'ingéniosité, peut-être, Horace « artiste de sons » assemble

dans l'un et l'autre terme de sa comparaison des sonorités rauques
qui se font écho, tauriformis ... régna ... praefluit ... horrendam ...
meditatur agris — barbarorum ...ferrata ... diruit ... primos ... extremos
... strauit... uictor; elles se combinent avec des a, en des mots puissants

par le volume sonore, surtout dans la deuxième strophe : barbarorum ...
agmina ... ferrata ... strauit ... clade; avec des 0 et des u, dans les

deux derniers vers. Ainsi l'orchestration suggérée par Homère et
Virgile devient un crescendo savant : dès l'abord, l'épithète tauriformis
donne le ton; non seulement elle appelle la personnification épique
du fleuve, l'image de la bête qui se roule et se déchaîne, mais elle lance
vigoureusement la note, note brutale qui s'impose; peu à peu ces
jeux de sons éclatent plus bruyants, et le mouvement s'achève sur
un mot claironnant comme sonnerie triomphante : ... uictor s.
*

En essayant de retrouver et de préciser l'histoire d'une comparaison
homérique, j'ai voulu ajouter une notule à nos commentaires du texte
horatien.
1 « Litera canina » (Perse); cf. J. Marouzeau, Horace artiste de sons, Mnemosyne,
1936, pp. 85-94.

* Cf. J. Marouzeau, Ibid., qui oppose au roulement des r dans la description de la
tempête (Epod., 10, 4 sqq.) la fluidité de> l\ pour le mol écoulement d'une eau courante
(Ep., 1, 2, 42-43; Od., 3, 13, 15-16).

» En tenant compte de ces remarques, j'aboutirais à cet essai de traduction :
« Lorsque l'Aufide tauromorphe, qui baigne le royaume de Daunus l'Apulien, se déchaîne
et machine contre les cultures des champs une affreuse inondation, il roule ainsi que
Claudius a renversé d'un choc énorme les bataillons des barbares bardés de fer, et,
moissonnant leurs rangs premiers et derniers, en a jonché le sol, sans que des pertes
déparent sa victoire. »

156

LES ÉTUDES CLASSIQUES

On pouvait déjà se rendre compte que le poète des Odes, introduisant
dans une « épinicie » une comparaison épique, substituait à l'image
générale du torrent l'évocation singulière de l'Aufide natal; Horace,

parmi les Latins si concrets, a besoin de s'appuyer sur un cas parti
culier, sur un exemple familier; ainsi procède-t-il, quand il moralise,
portant la marque d'une éducation toute pratique, de la formation
par l'exemple qu'il a reçue de son père *; son imagination ne procède
pas autrement, ce qui fait que l'exemple géographique ou historique se
substitue si souvent chez lui à l'idée générale. Le fleuve impétueux
et terrible dans ses crues, c'est l'Aufide; le gouffre dangereux où

l'imprudent, trop avide, risque de se noyer en puisant une eau bour
beuse 2, c'est l'Aufide.

Mais en passant de la comparaison homérique (IL, 4, 446 sqq.)
à celle d'Horace (Od., 4, 14, 25-32), par l'intermédiaire de deux
comparaisons virgiliennes (Aen., 2, 301 sqq; 12, 523 sqq.), nous
avons en outre assisté à l'élaboration symphonique d'un crescendo,
plus subtil par les jeux de sons que par les notations visuelles :
petit exemple qui montre, après ceux qui ont été rassemblés par
M. J. Marouzeau, l'ingéniosité d'Horace musicien.
E. de Saint Denis.
1 Cf. Sat., I, 4, 107 sqq.

• Cf. Sat., 1, 1, 57 sqq.

L'ORDRE DE MARCHE DE CRASSUS

LE JOUR DE LA BATAILLE DE CARRHES
Le 6 mai 53 av. J. C, non loin de la ville de Carrhes, en Mésopo
tamie 1, les armées romaines, sous le commandement de Marcus
Licinius Crassus, se mesuraient pour la première fois avec la cava
lerie parthe. L'expérience fut cuisante pour Rome. La fleur de sept
légions fauchée, les aigles tombées aux mains de l'ennemi, plusieurs

officiers en fuite, le général et son fils massacrés : tel fut le bilan de
cette sinistre journée 2 qui devait avoir pour ultime conséquence,

deux ans plus tard, l'invasion de la province de Syrie par le Parthe
vainqueur.

Importante au point de vue des rapports de Rome avec l'Orient, la

bataille de Carrhes ne l'est pas moins dans l'histoire de la tactique.
Elle fournit un des premiers exemples, chez les Romains, de l'action
étroitement combinée de la cavalerie et de l'infanterie lourde contre
un ennemi supérieur en forces montées. Les péripéties du combat
sont racontées avec assez de détails par Cassius Dion et surtout par

Plutarque. Si l'on peut en tirer un tableau fidèle dans les grandes
lignes, un point cependant reste obscur : la disposition des troupes
romaines au début et au cours de l'action. La diversité des hypothèses

émises 3 montre la difficulté de tirer au clair les informations laconiques
des sources. On croit faire œuvre utile en marquant, par l'analyse

des principales solutions proposées, les résultats définitivement acquis.
1 L'emplacement de Carrhae est occupé aujourd'hui par la ville de Harran, située
en Turquie d'Asie, à proximité de la frontière syrienne.

* Crassus ad Euphraten aquilas natumque suosque Perdidit et leto est ultimus ipse

datus. Ovide, Fastes, VI, 465-466, à la date du 9 juin, fête de Vesta, qui correspond,
pour l'année 53, au 6 mai du calendrier julien. Cf. P. Groebe, Der SchlacUtag von
Karrhae, dans Hermès, XLII, 1907, pp. 315-322.

" Drumann-Groebe, Geschichte Roms, IV, Leipzig, 1910, p. 115, note 4, et p. 116;
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(dactylographiée), pp. 28 et suivantes; M. Gelzer, M. Licinius Crassus, dans PaulyW'SSOwaKroll, Real-Encyklopaedie, XIII, 1, 1926, col. 326; Fr. Lammert, Die
rômische Tahtik zu Beginn der Kaiserzeit und die Geschichtschreibung, dans Philologus,
Suppl. Band, XXIII, 2, Leipzig, 1931, pp. 14 et suiv.

158

LES ÉTUDES CLASSIQUES

Les données à concilier tiennent en quelques lignes de Plutarque,
qu'il faut replacer dans leur contexte. Crassus a passé PEuphrate à
Zeugma, avec sept légions, un peu moins de quatre mille cavaliers
et autant de troupes légères (Crass., 20, 1). Il progresse en ordre
normal : des patrouilles éclairent la route; dans la colonne, les cavaliers
forment l'avant-garde, le gros de la troupe suit (20, 2 et 23, 2). Au
premier contact avec l'ennemi, les éclaireurs sont dispersés. A cette
nouvelle, Crassus, pour éviter l'encerclement, déploie sa ligne de bataille
sur un front de petite profondeur et d'extension aussi large que possible,
tandis que la cavalerie se répartit entre les deux flancs 1. Bientôt le
général se ravise. La colonne est resserrée en un profond quadrilatère
à deux fronts opposés, chacun des côtés comprenant douze cohortes,
doublées chacune par un escadron de cavalerie; ainsi l'infanterie s'avan
cera, également couverte de toutes parts. Une aile est confiée à Cassius,
l'autre au jeune Crassus, le général se tenant au centre 2. C'est dans
cette formation que l'armée atteint la rivière Belîch, prend une rapide
réfection et rencontre l'ennemi.

Comment se figurer le profond quadrilatère aux fronts opposés,

le jtXiv&iov âmpiOTOUw xal fiaïïv, la question se pose à quiconque
veut suivre l'action sur le terrain.
*

Pour se garder de toute reconstruction subjective, M. M. Gelzer
se borne à reproduire matériellement les indications de Plutarque en
les interprétant de cette manière : l'armée aura présenté l'aspect d'un

vaste carré de douze cohortes de côté, soit un total de 48 cohortes, deux
des côtés étant placés sous les ordres des deux lieutenants de Crassus
et celui-ci occupant le centre avec le reste des cohortes, les cavaliers,
les troupes légères et le train 3.
Mais ici la traduction la plus littérale risque d'être la moins exacte.

D'abord, le total des légions formant le carré aurait dû être évalué à
46 et non 48, les cohortes d'angle ne devant se compter qu'une fois.
çétatTS jiqgStov \iév ... ÔQaiàv rr)v qjàXavYa tôv ôjiXitcôv,

àvâycov xov jieôiov irçôç xàç xvxl(i>oeiq, xovç, b' utcjieîç ôiavéncov toïç xéçaoiv.
Plutarque, Crassus, 23, 3.

• "EnEita [aetéôoIe xal mjvayaYwv dp.q)îtrto[AOV inoij\ae xai (îaô-ù jAiviHov

Iv ôcoôexa citeiçaiç jtpoaeQxonévnç Tcôv nXeuewv éxâoniç. Ilaçà ôè aneiçav

ÏJlT)v liticÉcov ItaÇev â>ç ... itavraxô#EV à\ixû.û>ç rcQoatpéQOito itECppavuévoç.
Trâv ôè xEpdtiov tô nèv Kaaoîqj, tô ôè rép vécp Kpâoacp napéôcoxEV, oûtôç

ô' elç néaov xatéaxr\ {ibid., 3-4).
• M. Gelzer, M. Licinius Crassus, dans Pauly-Wissowa-Kroll, Real-Encvelopaedic, XIII, 1, col. 326.

l'ordre de marche de crassus

159

Ensuite, si nXivftiov, au sens strict, signifie un quadrilatère aux côtés

égaux l, il sert en fait, dans le contexte, à traduire l'expression tech
nique

latine

quadratum agmen, laquelle, comme l'a observé avec

raison Masquelez, caractérise une formation qui se rapprochait du
carré mais n'en avait pas les proportions rigoureuses 2. Enfin, l'expli
cation de M. Gelzer se concilie mal avec l'épithète d|X(pioTO[j,ov qui
suggère seulement la présence de deux fronts opposés, tandis qu'une

formation en carré proprement dit eût été qualifiée plutôt jteQÎatofiov 3.
*

Force nous est donc de chercher une autre réponse. M. P. Grôbe

imagine l'armée de Crassus sous la forme d'un rectangle comprenant
tant à l'avant qu'à l'arrière deux légions et demie, soit vingt-cinq
cohortes, et sur chaque côté une légion ou dix cohortes; les bagages

et les quatre mille hommes de troupes légères restaient au centre,

à la disposition de Crassus 4. Cette explication peut rendre compte du
texte de Plutarque : Iv ôcoôexa crcieipaiç nQoosQXpyiÉv"f\ç tcov jïÀedqcôv
(Crass., 23, 3), jtXevgd s'entendant des flancs proprement dits,
étant la somme des dix cohortes latérales et des deux cohortes
d'angle de la ligne d'avant et de la ligne d'arrière. Le total des cohortes

ainsi rangées s'élève à soixante-dix, soit sept légions, le contingent
indiqué par Plutarque au passage de l'Euphrate.
En faveur de cette interprétation, on peut citer au moins un exemple
historique, attesté par Josèphe, de jtÂiv&iov à fronts opposés, tournés
vers l'avant et l'arrière du sens de la marche. « Apollonius ayant placé

mille cavaliers en embuscade dans un torrent pour qu'ils prissent
l'ennemi par derrière, lorsque Jonathas s'en aperçut, il ne perdit pas
son sang-froid, mais ayant rangé l'armée en carré, il donna ordre de
ôè ôvou,àÇETai, ôjtotav jiqôç nâaaç tàç jc^sûçaç jtaQatd|T]Taî tiç
èv étéq<j> axr\\iaxi, jiXivfKov ôè ôrav év TSTpaytôvcp oxtumxti xavxà tovco nç>â%r\,
ôitSQ Hevoqpcov ô xov TqvXXov Jtlataiov ioônXevQOv ko1eï. Arrien, Tactica, 29, 7.
1 Masquelez, Agmen, dans Daremberg et Saglio, Dictionnaire des Antiquités

grecques et romaines, t. I, p. 145.

• "Ecxi ô' ôte xoù TETQanEQia jio{)£i5ovTai xarà œioTO|iàç rcavraxôdev
tfvkaxx6\iEvo\, toùç jtcAejuo-uç jcai yîvETai TeTQdbrXeuQov n8QÎaro(j.ov xôxe [lèv
étepônTiJcsç TÔT8 ôè xEXQây<ovov, itavraxodev é^ov ax6\ia.xa, Asclépiodote, dans

H. Koechly - W. Ruestow, Griechische Kriegsschriftsteller, 2« Teil, Die Taktiker, t. I,
p. 186, tandis que la disposition ànqH<ra>|ioç offre un double front de bataille, une
moitié des hommes, dans l'action, tournant le dos à l'autre : Ixi ôè d(i(p£oTO|iOÇ.

|ièv q>âXay% xo&eïtou f| xovç fi(iîo8aç tûv êv toïç Xôxoiç âvÔçiô
vouç Ôjiô oq)tôv ëxouaa, â>ç àvtivaJTOUç elvat. Arrien, Tactica, 29, 1.
' Drumann-Groebe, Geschichte Roms, IV, p. 115, note 4, et p. 116.

LES ÉTUDES CLASSIQUES

i6o

repousser l'ennemi des deux côtés à la fois et fit front à l'attaque vers
l'avant et vers l'arrière *. » Nous voyons ici un urAivôiov d(j,qpiaro(i,ov
en action, sur le champ de bataille. Le général juif adopte par la suite
une tactique qui sera aussi celle de Crassus : « Jonathas lance une

partie de ses troupes, aux ordres de son frère Simon, contre les ennemis;
lui-même ordonne aux autres d'attendre, de pied ferme, les traits de
la cavalerie adverse; et, de fait, ils restent indemnes, couverts par

leurs boucliers et forts de leur masse compacte 2. »

M. F. Lammert propose une explication, inspirée de la confrontation
^

ORDRE DE MARCHE

f

COMBAT

ORDRE DE

Schéma de la disposition d(icpicTO(AOç.
Type de ôwpaXaYYÎa â[iqû<m>|ioç, d'après Fr. Lammert, Philologus, Suppl.
Bd. XXIII, 1931, p. 14.

ax6\ia (front)
ovQayoi (serre-file)
le nombre des rangs reste indéterminé.

1 Toij ô' 'AjcoXXcovîov %û.looç btnsîç xadîoravroç etç Ivéôpav ëv tivi xE
côç âv xarôniv éiuepaveTev toîç ito^e^îoiç, alo'&ôjtevoç ô 'Iawâfhiç où ■x.azenXâfx\,
xdlaç ôè tt)v arçoxiav êv nXw&Ua xat' à(j.q)6Tsea rovç noXsiiiovt; ân.vvea&ai
jtaoexeXeiJaaTo stal xarà nçôamnov wù xaTÔniff&sv înzkeuao]iéyovç évavrîov
dvriT(x|aç. Josèphe, Ant. Iud., 13, 4, 4 (éd. Niese, XIII, 94).
• Josèphe, ibid. (éd. Niese, XIII, 95, 96).

l'ordre de marche de crassus

161

de Plutarque avec les tacticiens. Il voit ici une oicpodaYYta â(xq)(oro(ioç lj
à savoir la réunion de deux colonnes parallèles ayant chacune douze

cohortes de profondeur sur trois en largeur; en cas d'alerte, les hommes
de la colonne de droite, par un simple quart de tour à droite, se seraient
trouvés aussitôt rangés en bataille sur la triple ligne traditionnelle a;

la colonne de gauche aurait réalisé le même dispositif de combat, dans
le sens opposé, par un quart de tour à gauche.
La solution de M. Lammert a sur celle de M. Grôbe l'avantage
d'être inspirée en droite ligne par les règles de la tactique ancienne,

évidemment connues de Crassus et du premier narrateur, source
ultime de Plutarque, le questeur Cassius. Elle tient davantage compte
du principe, sacré chez les Romains, d'assurer à la ligne de combat
une profondeur suffisante pour que les hommes puissent se relayer

aisément dans l'attaque. Elle trouve aussi une confirmation dans
plusieurs exemples historiques. A ceux qui sont cités par l'auteur 3,
on pourrait en ajouter un autre qui s'encadre dans des circonstances
analogues à la situation de Crassus. Ammien Marcellin décrit comment,
dans l'expédition de l'année 363 contre les Parthes, l'empereur Julien,
par crainte d'une embuscade, adopta, à son entrée sur le territoire

assyrien, une formation en carré semblable à celle prêtée par M. Lam
mert à l'armée de Crassus. Quinze cents éclaireurs exploraient le terrain
en avant et sur les côtés de la route à suivre; l'empereur conduisait
en personne le gros des troupes de ligne ainsi distribué : sur la droite,
Névitta avec quelques légions devait longer les coteaux de la vallée
de l'Euphrate; l'aile gauche, avec la cavalerie, aux ordres d'Arinthée
et d'Ormisdas, marchait en rangs compacts dans la plaine unie et
molle; Dagalaïfe et Victor commandaient l'arrière-garde; tout en
queue venait Secundinus, commandant d'Osrhoène. Les bagages et

1 On appelle, dit Arrien, double phalange à deux fronts opposés la réunion de
deux colonnes parallèles où, dans la marche, tous les chefs de file sont disposés en ligne
vers l'extérieur, des deux côtés : dans une colonne sur la droite, dans l'autre sur la
gauche, tandis que les serre-file sont rangés à l'intérieur : SicpaXaYYÎa ôè àu*p£aronoç

■îîtiç êv vFj îtogeîç toùç tiy^ôvoç I/Ei él Ixatépcûv TÔJv uipcov èv itapavcoyaiç
T6TaY|J.évouç, xoiiç [ièv év ôe|î<j naçayatyr^, xovg ôè sv evcovufiep, tovç ôè
oùçayoùç eoco rexay\iévovç,. Arrien, Tactica, 29, 2.
1 Fr. Lammert, Die rômische Taktik zu Beginn der Kaiserzeit, dans Philologus, Suppl
Band, XXIII, 2, pp. 15 et 16.

• Notamment celui de Marius rapporté par Salluste, Bell. Iug., 100, 2 et 3 : Sulla,
cum equitatu ad dextumos, in sinistra parte A. Manlius cum funditoribus et sagittariis,
praeterea cohortes Ligurum curabat ... Simul consul quasi nullo imposito omnia
providere, apud omnes adesse. laudare et increpare merentes.

II

162

LES ÉTUDES CLASSIQUES

tout le train s'avançaient entre les deux flancs des troupes de ligne *.
Qu'on n'objecte pas la différence d'époque entre les deux campagnes :
dans sa relation, Ammien a soin de comparer la tactique de Julien

à celle de Pyrrhus, le roi d'Épire, ce qui revient à noter la continuité
des traditions de l'art militaire antique.
Pour donner à la conjecture de M. Lammert valeur de certitude,

il resterait à démontrer l'équivalence parfaite des termes ôiqjaXayYiot et
jdivfriov, c'est-à-dire à prouver que le quadrilatère formé par Crassus
présentait les côtés les plus longs sur les flancs et non à l'avant et à
l'arrière. On ne peut alléguer de raisons péremptoires en sens contraire;
si les arguments positifs apodictiques font défaut 2, un ensemble

d'indices convergents assurent à la solution proposée une probabilité
voisine de l'évidence.

On connaît des agmina quadrata à deux colonnes parallèles, on en
connaît à division tripartite 3. Laquelle de ces deux dispositions aura
adoptée Crassus? On peut croire avec la plus grande vraisemblance,

d'après le texte même de Plutarque, qu'en confiant deux colonnes à ses
lieutenants, son fils et le questeur Cassius, il ne prit point en personne
un commandement particulier au centre, mais se réserva simplement
la direction générale des opérations, comme firent, avant et après lui,
le consul Marius et l'empereur Julien 4.
Il est curieux de lire chez le tacticien Arrien la description théorique
de la manœuvre par laquelle Crassus réalisa la formation étudiée ici.
Le manuel de tactique peut ici encore aider à comprendre Plutarque.
1 Metuens ne per locorum insolentiam insidiis caperetur occultis, agminibus incedere
quadratis exorsus est. Excursatores quidem quingentos et mille sensim praeire disposuit,
qui cautius gradientes ex utroque latere, itidemque a fronte, ne quis repentinus inrueret,
prospectabant. Ipse vero medios pedites regens, quod erat totius roboris firmamentum,
dextra legiones aliquas cum Nevitta supercilia fluminis praestringere iussit Eufratis.
Cornu vero laevum cum equitum copiis Arintheo tradidit et Ormisdae ducendum confertius per plana camporum et mollia. Agmina vero postrema Dagalaifus cogebat et
Victor, ultimusque omnium Osdruenae dux Secundinus ... Sarcinas vero et calones
et apparitionem inbellem, impedimentorumque genus omne inter utrumque latus
instituit procedentium ordinatim, ne qua vi subita raperentur, (ut saepe contigit)

inprotecta. Ammien Marcellin, Rerum gestarum, 24, 1, 2 et 4.
a II n'y a rien à tirer de la direction suivie après l'arrivée au Belîch. Il semble bien,
comme l'a vu K. Regling, Der Partherkrieg des M. Crassus, dans Klio, VII, 1907,
pp. 381-382, que l'armée tourna vers le sud et eut désormais la rivière sur son flanc
gauche. D'autres estiment (par ex. J. Carcopino, Histoire romaine, t. II, 2, César,
1936, pp. 763-764) que Crassus traversa le cours d'eau et continua dans la même
direction-Est.

• Par exemple, le quadratum agmen de Corbulon, marchant contre les Parthes avec
trois colonnes; à droite, la troisième légion; à gauche, la sixième; au centre, l'élite de la
dixième, les bagages étant disposés entre les lignes. Tacite, Ann., XIII, 40.
• Cf. p. 161, note 3, et p. 162, note 1.

l'ordre de marche de crassus

163

« La légion est rangée dans le sens de la longueur, dit Arrien, quand

elle offre un front aminci, ce qui se fait quand la nature du terrain
s'y prête et que cette disposition offre plus d'avantages. La légion
est rangée en profondeur quand elle offre un front plus dense, ce qui

se fait quand il faut culbuter l'ennemi par la masse et la vitesse (d'une
charge) ... ou quand il faut refouler une attaque, par exemple contre
les Scythes. La concentration consiste à réduire l'armée, d'une ligne
allongée à une masse compacte selon les rangs et les files, c'est-à-dire
en profondeur et en largeur ... Le rapprochement des boucliers —

auvcttfjuafiôç — est une disposition où les hommes sont tellement
massés qu'ils ne peuvent plus opérer de conversion ni à gauche ni à

droite. C'est à partir de cette disposition que les Romains font la tortue,
le plus souvent sous la forme carrée, mais aussi en forme circulaire ou
rectangulaire ou de la façon la plus avantageuse 1. »
Qu'on relise, à la lumière d'Arrien, les phrases de Plutarque citées
plus haut2, on comprendra la justesse des adjectifs doaiàv rfiv (pdXayya
|3a{K> jdiv&iov, du participe av\ayayév et, au n° 24, 2, des substantifs
tÔ (3d-froç toû (Tuvaajrianoû à rapprocher respectivement des termes
du tacticien : dgaiotéga, xatà pdftoç, tï ex xov apaiotégov êç to
jtuxvoteqov ovvaycayr] ; et l'on ne sera point surpris que le premier
mouvement des Parthes au contact de cette masse de bouchers fut
de reculer, dvfjvov ôjuaco (ibid.).

Que pouvons-nous affirmer de certain au terme de cette discussion ?
i° La description de Plutarque n'est pas contradictoire comme
Fr. Smith le prétendit naguère 3; elle l'est si peu qu'elle répond à des
préceptes du tacticien Arrien.

1 TâaoExai ôè fj (pâXa-y! êjiI nîjxoç |xèv cmot) àçaioxépa, el f\ xe x<*>Qa Jtaçéxot
xaï dxpEXinwxEçov eït], xaxà pâ&oç ôè Sjtov jruxvoxéça, eI aûxfj xfj jtuxvôxtjxi
xal xf| qvixq Toiç jto^.E(xîoTjç ê|œaai ôéoi ..., r\ av ei ôéoi xoîiç énE>.ativovxaç
àrcoxQoijaacrdai, xo&àKZQ nçôç xotiç Sauçopuixaç xe xal xovç Hxij'ftaç xQ'h
xdcoEiv, xal Ëcrri nvxvioaiç fièv f| êx xov âpaioxÉçov éç to iruxvôxEeov ouvay<oyi\ xaxà naQaar6.vt]v te xal hiiarâxryv, ôjieq ëaxi xaxà (xfjxoç te xal pâ&oç'
cruvaania|xoç ôè énàv éç tooovôe jruxvwaxiç tt)v (pâXaYY«> (ôoxe ôià tt)v (tuvéxeiov
jiTiôè xXîaiv rf|v È<p' IxdxEça Êx' èyxatçtiv xi\v xd|iv. Kal àjiô toîjôe xoti cruvaajtia\iov tt]v xs^wvT)v Pcofiaïoi noioûvrai, xb noXv (ièv TEToàYCovov, Êcrxi ôè ônov

xal o-tqoyytJ^TV ^ etëçoutixt] t\ oxwç âv jiqoxcooïj. Arrien, Tactica, 11, 1-4.
• Cf. p. 158, notes 1 et 2.

• Fr. Smith, Die Schlacht bei Carrhae, dans Historische Zeitschrijt, t. CXV, 1916,
pp. 249-250.

164

LES ÉTUDES CLASSIQUES

2° Crassus ne forma point ses troupes en un carré proprement dit,

qui eût été qualifié jtEQi0TO(J,ov et non à\iq>iaxo[iov.
3° Les textes ne disent pas formellement de quels côtés se trouvaient
les deux fronts opposés du jdiv&iov d|wpiaTouw, mais tous les indices

portent à se les représenter sur la droite et la gauche de l'armée en
marche, respectivement sous le commandement des deux lieutenants
de Crassus, son fils Publius et le questeur Cassius, le général dirigeant
du centre toute l'armée.

w Der0UAUXj s< j.

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Sainte-Beuve, Causeries du Lundi. 15 vol. Paris, Garnier, 1850-1860.
Recommandons ici toute la collection d'études critiques :
Les grands événements littéraires, publiée à Paris, chez Malfère,
et celle des

Chefs-d'œuvre

de

la

littérature expliqués, publiée à

Paris

chez

Mellottée.

Littérature religieuse

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depuis la fin des guerres de religion. 11 vol. Paris, Bloud, 1911-1933.
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174

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ouvrage du genre est celui de
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et contient une abondante bibliographie.
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officiel de l'Union syndicale des maîtres imprimeurs de France, 1937.
Bibliographie

Bibliographie de la France. Journal général officiel de la librairie
(paraissant tous les vendredis). Paris, Cercle de la librairie. Publie
les thèses depuis 1930.

Bulletin mensuel des récentes publications françaises, par la Biblioth.

Nation, depuis 1882.

Bulletin de la Faculté des Lettres de Lille. Annexe à la Revue d'Histoire

de la Philosophie. Lille.

Notes bibliographiques de la Revue Universitaire, Paris, et celles

de la revue Culture, Neuilly-sur-Seine.

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de

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Collection des Études françaises : État présent des études Verlainiennes,

1938; Rabelaisiennes, 1927; Lamartiniennes, 1932; sur Montaigne]

1935» sur Villon, 1936; sur Fénelon, 1939. Paris, Belles Lettres.
Joindre ici la Collection « Le guide de l'étudiant », excellente pour
l'initiation et la bibliographie. Paris, Boivin, 1939.

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Pour les thèses, voir Bibliographie de la France.
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A. Mourier et F. Deltour, Notice sur le doctorat es lettres, suivi
du Catalogue des thèses/rançaises et latines, admises par la Faculté des
Lettres depuis 1810. Paris, 1881; continué par le Catalogue et analyse

des thèses françaises et latines, 21 vol. Paris, 1882 à 1901.

180

LES ÉTUDES CLASSIQUES

Catalogue des Dissertations et écrits académiques, provenant

des

échanges avec les Universités étrangères et reçus par la Bibliothèque
Nationale, publié annuellement. Paris, Klincksieck, 1884 et ss.

Bibliothèque

Nationale.

Catalogue

général

des

livres

imprimés.

Imprimerie Nationale, 1897 et ss.

Bibliographie par siècles

II n'existe pas de bibliographie de la littérature française au moyen
âge. Il faut donc pour cette partie recourir aux appendices biblio

graphiques des Histoires, surtout G. Paris, K. Voretzsch et Grundriss

de Groeber, ainsi

qu'aux revues, surtout le suppl. bibliogr. de la

Zeitschrift fur romanische Philologie.
XVIe siècle

La croix du Maine et du Verdier, Bibliothèque française. Réédit.
par Rigoley de Juvigny. 6 vol. Paris, Saillant et Nyon, 1772-1773.
XVIIe siècle

Abbé Sallier, Catalogue des livres imprimés de la Bibliothèque du
Roi. 2 vol. consacrés aux Lettres. Paris, 1739-1750.
Bourgeois et André, Sources de l'histoire de France, le XVIIe s.
(tome II). Paris, Picard, 1913.
XVIIIe siècle

J. E. Ersch, La France littéraire. Bibliothèque des auteurs français
de 1771 à 1805. 5 vol. Hambourg, 1797 à 1805.

Ch. du Peloux, Répertoire général des ouvrages modernes relatifs
au XVIIIe s. français, 1715 à 1789. Paris, Grund, 1926.
J. M. Quérard, La France littéraire ou dictionnaire bibliographique
des savants, gens de lettres de la France ainsi que des littérateurs étrangers
qui ont écrit en français pendant le XVIIIe et le XIXe s. 10 vol. Paris,
Firmin-Didot, 1827-1839. Supplément : tomes XI et XII, 1854-1864.
XIXe siècle

H. Thième, Bibliographie de la littérature française de 1800 à 1930.
3 vol. Paris, Droz,

1933.

H. Talvart et J. Place, Bibliographie des auteurs français modernes,

XIXe et XXe s. (textes et références). 6 vol. parus. Paris, Horizons
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G. Vicaire, Manuel de l'amateur de livres du XIXe s. 1801-1893,
8 vol. (les textes). Paris, Rouquette, 1894.
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et impériale. 5 vol. Grenoble, Arthaud, 1938.

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Paris, Berger-Levrault, 1932.
Poésie

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Chanson

G. Raynaud, Bibliographie des chansonniers français des XIIIe et

XIVe s. 2 vol. Paris, Vieweg, 1884.

A. Jeanroy, Bibliographie sommaire des chansonniers français du
moyen âge. Paris, Champion, 1918.

de Beaurepaire-Froment, Bibliographie
français. Paris, Rouart-Lerolle, 1910.

des

chants

populaires

Épopée

L. Gautier, Bibliographie des chansons de geste. Paris, Welter, 1891.
Enfin, les catalogues de livres d'occasion des principaux libraires,
surtout ceux de Melle Droz, Paris, 25, rue de Tournon, parce qu'ils

fournissent des indications sur les nouveautés, intéressant la philologie

romane et l'histoire de la littérature française, qui ont paru en France

et dans les pays étrangers; ou ceux de Otto Harrassowitz, Leipzig.
Collection de textes

Collection des anciens textes, 71 vol. Paris, Droz, 1875 ss.
Classiques français du moyen âge, 75 vol. Paris, Droz, 1910 ss.
Collection des douze pairs, 12 vol. Paris, Techener, 1835-1840.
Sammlung romanischer Uebungstexte, her. v. A. Hilka, 9 vol.

Halle, Niemeyer, 1925 et suiv.

Collection des anciens poètes de la France, 10 vol. Paris, Vieweg,

1859-1870.

Poèmes et récits de la vieille France, 12 vol. Paris, de Boccard,
1923

ss.

182

LES ÉTUDES CLASSIQUES

Romanische Bibliothek, 24 vol. Halle, Niemeyer, 1921 ss.
Bibliotheca Normannica, 9 vol. Halle, Niemeyer,

1879 ss.

Collect. des anc. monum. de l'hist. et de la langue franc., 13 vol.
Paris, Crapelet, 1825-1835.

Gesellschaft fur romanische Literatur, 48

vol.

Halle,

Niemeyer.

The modem philology monographs. Univ. of Chicago, 8 vol. publiés
à la date de 1937.
Les grands écrivains de la France, 166 vol. Paris, Hachette.

Bibliothèque de la Pléiade, 52 vol. Paris, Gallimard.
Les textes français, 48 vol. Paris, Belles Lettres, 1938 ss.

Études romantiques, 12 vol. Paris, Belles Lettres, 1938.
Classiques Garnier, 400 vol. Paris, Garnier.
Textes français modernes, 75 vol. Paris, Droz, 1905 ss.
Bibliothèque elzévirienne, 171 vol. Paris, Jannet, 1853 ss.
Pour les

autres collections,

voir

Lanson, p.

30.

Collection d'études

Sammlung romanischer elementar und Handbùcher, 30 vol. Halle,
Niemeyer, 1907 et suiv.

The Johns Hopkins Studies in Romance literatures and languages.
28 vol. Baltimore.

Eliott Monographs, 36 vol. New Jersey, Princetown Univ.
Yale romanic studies, 6 vol. New^ Haven, Yale Univ.
Romanische Forschungen,

52 vol. Erlangen, Junge.
Beihefte zur Zeitschrift fur romanische Philologie. Halle, Niemeyer,

1905 et suiv.

Collection d'Études françaises, 41 vol. Paris, Belles Lettres.

Bibliothèque de la Revue des Cours et Conférences, 37 vol. Paris,
Boivin.

Gesellschaft fur romanische Literatur, 45 vol. Halle, Niemeyer.
Bibliothèque du XVe s., 37 vol. Paris, Champion.
Bibliothèque littér. de la Renaissance, 24 vol. Paris, Champion.
Revues

Romania, Revue trimestrielle pour l'étude des langues et litté

ratures romanes, 1872 et suiv. 2 tables, I à XXX et XXXI à LX.
Paris, Champion.

Revue belge de philologie et d'histoire. Bruxelles, Lamertin, 1922
et suiv.

Le Moyen Age, Revue trimestrielle d'histoire et de philologie,

1888 et suiv. Bruxelles, Renaissance du Livre.

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Zeitschrift fur romanische Philologie, 1877 W suiv. Halle. Avec
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The Romanic Review.

Quarterly journal. New York, Columbia

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Zeitschrift fur franzôsischen Sprache und Literatur, 1880 et suiv.
Oppeln.

La nouvelle revue française, Paris, Gallimard, 1909 et suiv.
Revue de philologie française et de littérature. Paris, Champion,
1887 et suiv.

Revue d'histoire littéraire de la France, 48 vol. Paris, Colin, 1894
et suiv.

Revue des Deux-Mondes, Paris.

Les Marges, Paris, Librairie de France, 1903 et suiv.
Revue des Cours et Conférences, Paris, Boivin, 1892 et suiv.
Revue de Paris, Paris, 1894 et suiv.

Le français moderne. Paris, Roytex, 1939 et suiv.
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A. Pauphilet, Anthologie du moyen âge. Paris, Édit. de la Pléiade,
1938.

M. Allem, Anthologie de la poésie delà Renaissance, 2 vol. Paris,

Garnier, s.

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Paris, Pion.

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E. Abry et P. Crouzet, Les grands écrivains de France illustrés,

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Anthologie de la nouvelle poésie française. Paris, Kra, 1927.
Anthologie de la nouvelle prose française. Paris, Kra, 1927.
Petite anthologie du surréalisme. Paris, Bûcher, 1934.
Collection des plus belles pages, 20 vol. Paris, Mercure de France.

F. Mazade, Anthologie des poètes français, des origines à Verlaine.

4 vol. Paris, Librairie de France, 1931.

L. Stinglhamber, S. J.

DE L'EXPRESSIONNISME RELIGIEUX AU XVI> SIÈCLE

MATH IAS GRUNEWALD
ET

LA CRUCIFIXION

D'ISSENHEIM

C'est à J. K. Huysmans que le peintre du retable d'Issenhdm
doit sans doute sa célébrité. Depuis la « découverte » qu'en fit le
romancier et critique naturaliste, un intérêt toujours croissant s'est

attaché à l'œuvre et à la personne mystérieuse du maître alsacien *,
Aussi bien était-il à peu près inconnu : son nom même était incertain
et sa vie, on ne la connaissait que sur les rapports bien suspects d'un
historien de l'art du XVIIe siècle 2. Il fallut, ces vingt dernières années,
des recherches patientes et une analyse minutieuse de son œuvre pour

fixer, au prix de quels efforts, les traits essentiels de cette physionomie
attachante.

Cette étude n'apporte donc pas du neuf sur Grùnewald. Elle voudrait
seulement introduire le lecteur à l'un des tableaux les plus connus de
l'artiste, évoquer en même temps une page singulièrement originale
de l'histoire de l'art religieux. De brèves notes biographiques, quelques
textes de la spiritualité médiévale, illustreront le commentaire. A ces
textes, empruntés aux plus grands des mystiques rhénans, on ne vou

drait pas donner d'autre importance que de replacer l'œuvre dans son
climat spirituel. Mais les rapprochements

qu'ils suggèrent ne sont

peut-être pas absolument fortuits, si l'on songe que l'artiste, en contact

avec les cloîtres dominicains de Mayence, leur fournit des tableaux
d'autel et fut employé, croit-on, à l'illustration des Révélations de
sainte Brigitte de Suède 3; ils montrent que le peintre était bien de son
temps, ils ne suffisent pas à l'expliquer tout entier. Cette œuvre puis
sante, qui comprend au moins six tableaux consacrés à la Passion,
1 J. K. Huysmans, Là-bas, Paris, 1891, pp. 9-14, et Trois Églises et Trois Primitifs,
Paris, 1908, pp. 151-213.

1 J. von Sandrart, Academia Nobilissima Artis Pictoriae, Norimbergae, 1683, p. 225.
» En 1500 : cf. H. H. Naumann, Das Grûnewaldproblem und das neuentdeckte
Selbstbildnis des zwanzigjâhrigen Mathis Nithart aus dem Jahre 147;>, Iena, 1930, et
Archives Alsaciennes d'Histoire de l'Art, XIV, Strasbourg, 1935. On consultera aussi
l'étude très fouillée, mais déjà ancienne, de L. Réau, Mathias Grùnewald et le Retable
de Colmar, Paris, 1920.

LA CRUCIFIXION D'iSSENHEIM

se justifie par un tempérament très personnel et une méditation émue
de 1 Evangile : il faut se le rappeler, si l'on veut en comprendre les

violences et les tendresses.

Mathis Gotthart Nithart, plus généralement connu sous le surnom
de Mathias Grûnewald, était originaire de Wurzbourg, où il naquit

vers 1450, d'une génération antérieur à Durer h C'est en Alsace

à Strasbourg et à Colmar, qu'il reçut sa formation artistique dans
1 atelier de Schongauer 2; autour de ces deux villes se déroula toute

sa carrière de peintre. S'il semble avoir visité les Pays-Bas, et peut-être
même l'Italie, il sut maintenir intacte une personnaUté dont le caractère
s affirme en des genres multiples. Peintre religieux, il travaille pour
des églises et des monastères; portraitiste, il laisse quelques figures
de clercs, austères et graves, d'une ressemblance peu flattée; artiste
et homme de cour, on a voulu voir en lui une sorte de Vinci rhénan
architecte et ingénieur, ordonnateur de fêtes, peintre attitré de l'archeveque de Mayence, Albert de Brandebourg. Très vaste, son œuvre
peinte s'échelonne depuis 1475, époque de son accession à la maîtrise
et des premiers retables, jusqu'en 1528, où il achève pour la collégiale
de Halle cette Conversation de saint Érasme et de saint Maurice, encore
toute médiévale par son esprit et son exécution minutieuse. Il meurt
la même année, laissant dans un coffre clouté tout un arsenal hété
rodoxe, douloureux témoignage des inquiétudes des âmes à cette
époque troublée, « les douze articles de la foi chrétienne, vingt-sept
prédications de Luther, le Nouveau Testament, toute une pacotille

d écrits luthériens » *. Sa carrière presque entière avait été consacrée
a des compositions religieuses 4.

Vers 1510, Guido Guersi, précepteur de l'abbaye des Antonites

d lssenheim, en Alsace, commandait à Grûnewald un grand retable

à yolets mobiles (Wandelaltar), destiné au maître-autel de son abba
tiale. Ce devait être le chef-d'œuvre du peintre. Les Antonites, vieil
ordre hospitalier placé sous le patronage de saint Antoine, se vouaient
au soin des malades, de ceux-là spécialement que frappaient la peste
» Nous suivons la chronologie large proposée par Naumann, op. cit., et adoptée dans

on ensemble par L. Réau, Histoire Universelle des Arts, t. II, Paris 1934 Les ™

Td'autres DeftOn°îOgieœUVreS
^^^PlaC6nt
* naiSSanœ 6ntre H7° et U'S5 et àttribLi
J6UneSSe- PARISET- Autour de Grûnewald, Gaz. Beaux
^T dlverses théories-qui — "
Li £7

d'Orfèvre> et lui"m^ plus graveur que peintre, meurt

a Pariset, loc. cit.

JZiïr™"de ses |== lui valut une

' Le catalogue de l'œuvre gravé et des dessins varie selon les critiques.

Ig6



LES ÉTUDES CLASSIQUES

ou le mal des ardents, ces terribles épidémies dont souffrit l'Europe
au xve siècle. Le retable comprenait neuf volets et une predelle,
panneaux de tilleul, recouverts d'une préparation au plâtre blanc.
La Crucifixion en occupait deux; la prédelle représentait la mise au
tombeau
Fac me plagis vulnerari
Fac me Cruce inebriari
Et cruore Filii.

Stabat.

Des ténèbres épaisses enveloppent le Calvaire et la Croix. L'on est

vers la neuvième heure; la foule hurlante, qui tantôt affluait ,usqu au

gibet, peu à peu s'est dispersée : le condamné vient d'expirer dans un
grand cri de détresse et la terre sourdement a frémi. Seuls, quelques

fidèles n'ont pu se résoudre à l'abandonner : sa mère, un ami, et une

âme dévouée, groupe lamentable auquel répond, étrange, 1 apparition
de Jean-Baptiste, le Précurseur.

C'est tout. Mais ce premier regard plonge immédiatement le spec

tateur dans l'atmosphère douloureuse de la Passion. A distance il
s'arrête subjugué, non par le charme harmonieux des lignes ou des
couleurs, mais par la saisissante révélation de cet instant ou la souffrance
racheta le monde. Dominant l'autel, pendant le Carême, ce tableau
avait son éloquence.

Approchons et voyons. Le Christ d'abord, dont la grandeur impose.
La Croix. Deux madriers, à peine équarris, où l'écorce négligée creuse

des taches sombres sur la blondeur du bois. De tout son poids,.sur
la traverse horizontale plus faible qui fléchit et barre le ciel dun
trait impitoyable, le corps pèse, déjeté sur la droite. Dans la même

scène, Velazquez n'a pas eu ce souci réaliste : peintre classique, il

idéalise son sujet et représente Jésus droit, la tête penchée, la chevelure
voilant à demi le visage. Dans la nuit d'où seul émerge 1 ivoire des

chairs, Rubens a également dressé le Christ, les bras tendus tragi
quement seul. Mais, jusque dans la mort, son crucifie garde la maie
vigueur du plus beau fils des hommes 2.
1 Les sept autres volets du retable traitaient les sujets suivants : l'

LA CRUCIFIXION D'iSSENHEIM

187

Rien de pareil ici. Le xve siècle ne voulait rien ignorer des souffrances
de Jésus. Il ne craignait pas de les détailler une à une, avec la tendresse
de la mère pour qui rien de son fils n'est indifférent. L'auteur des
Méditations sur la Vie du Christ invitait déjà, deux siècles plus tôt,
la Clarisse, sa correspondante, à ne rien perdre des gestes du Sauveur
mourant : t toto mentis intuitu te praesentem exhibeas, lui écrivait-il,

et intuere diligenter cuncta ... * » Lui-aussi, Griinewald a tout vu,
a tout dit, et la tension des bras étirés déboîtant les épaules, et les plaies

des mains ouvertes dont les doigts éperdûment griffent l'air, et l'horrible

aspect des pieds tordus, aux chairs déjà verdâtres 2, qui en disent long
sur les brutalités du crucifiement. « Le corps pendait lourdement, et

les pieds étaient contournés comme une porte autour d'un gond »,
soulignait avec un réalisme sans pitié sainte Brigitte de Suède 3.
Sur les membres blêmis, les marbrures des coups, les échardes
échappées aux verges et engagées sous la peau; du côté percé par la
lance, le sang coule sur le linge dont la pudeur chrétienne couvrait,
depuis les Catacombes, la nudité du Christ. Ce voile, grossièrement

noué autour des reins, est en lambeaux : le peintre, dans ses Nativités,

donne à l'enfant des langes déchirés, effilochés; pareil dénuement

sur la Croix. « Le ventre ramené en arrière touchait le dos, comme s'il
n'avait plus d'intestins », disait encore sainte Brigitte 4, et le gril des
côtes ressort durement, ponctué d'ombres.
Levons les yeux. Le crucifié des cathédrales avait généralement
au xme siècle la tête droite, le regard assuré, une couronne royale
sur le front : c'était le Fils de Dieu, vainqueur de la mort... Le voici au
contraire coiffé d'un buisson de longues épines, le chef penché, les
1 Meditationes Vitae Christi, LXXVIII.

» Le corps pourrit sur la croix. Tel l'a voulu le sombre génie du peintre. Aucun de

ses contemporains, croyons-nous, n'osa pousser si loin l'implacable analyse. Le xv«

siècle eut bien sur les tombes de saisissantes évocations de la mort et de ses déchéances.
Mais, justement, il s'agissait alors de mortels. Le Christ, que Grùnewald va dresser,
glorieux ressuscité, sur un des volets du retable, n'a pas connu, lui, la corruption,
incompatible avec sa divinité. « Nec sines sanctum tuum videre corruptionem »,
Ps. XVI, 10. Ce fut, dès l'origine, l'enseignement de l'Église : Act. II, 29-32; XIII,
35-37. Le peintre s'affranchit pourtant de cette tradition : erreur théologique et, peutêtre, manque de goût. S'il fallait juger de sa pensée sur ce point en suivant l'inter
prétation qu'il donne dans la Crucifixion, on pourrait certes la trouver peu
orthodoxe. Mais une œuvre d'art n'est pas un exposé de théologie. Surtout, sa con
ception ne suit pas les voies d'une dialectique rationnelle : l'artiste commente l'idée
qui le frappe avec tout son cœur, avec toute son âme ... Et, quand son tempérament
voisme la furia romantique de Grunewald, il accentue, il souligne pour mieux exprimer.
Autrement dit, son esthétique est à ce moment l'expressionnisme, dont nous parlerons

plus bas.

• Revelationes S. Birgittae, 1. IV, LXX, Coloniae, Anthonii Boetzeri, MDCXXIIX
« Revelationes S. Birgittae, 1. VII, XV.

!88

LES ÉTUDES CLASSIQUES

yeux clos, — « la couronne d'épines lui serra si fort le front qu'aussitôt
ses yeux se remplirent d'un flot de sang » \ — deux gros plis verticaux
prolongent les ailes du nez tuméfié et expriment la tension des dernières

minutes de l'agonie; la barbe, souillée, a été arrachée par endroits 2.

« La mâchoire ne se tord pas, elle pend, décollée, et les lèvres bavent...

L'Homme-Dieu de Colmar n'est plus qu'un triste larron qu'on
patibula 3. »

Et c'est vrai. Dans une réserve instinctive, les évangélistes ont tu

ce qu'Isaïe, des siècles avant le drame, annonçait d'une manière
elle aussi saisissante :
« Méprisé, abandonné des hommes,

homme de douleurs et familier du malheur,
devant qui on se voile la face,

méprisé, et nous n'en avons fait aucun cas 4. »

« Un triste larron qu'on patibula. » J. K. Huysmans aurait raison,
si l'artiste avait représenté le Christ dans cet état, seul sur le Calvaire;
à ne regarder que la croix, on pourrait hésiter à le reconnaître, on
voudrait nier son identité; mais non, désignant l'hallucinante vision,
un homme se tient debout, et son geste incisif ne permet aucun doute :

« C'est bien lui, reconnaissez-le vous tous qui passez, c'est votre Dieu
couvert d'opprobres! »

Jean-Baptiste! Le dernier des prophètes venant déposer son témoi
gnage; le Précurseur, une fois de plus, frayant au Christ la voie :
idée de théologien plutôt qu'invention d'artiste? Idée assurément

chère à Grùnewald, qui fait jouer le même rôle, dans une autre Cruci
fixion, à Longin, le centurion 5.

Pour imprévue qu'elle soit, cette évocation du Précurseur répond

parfaitement à son caractère : celui qui apparaît au seuil de nos évan
giles comme un introducteur à Jésus, vient reprendre sa place à l'avantdernière page de l'épopée messianique. Il est tout entier dans ce geste
tendu du bras, de la main et de l'index acéré comme une flèche. La
sérénité presque impersonnelle de ses traits affirme une certitude au
milieu de cette scène de désolation : la Résurrection, la glorification
prochaine de cette chair meurtrie, que l'artiste interprète d'une manière
magistrale à l'un des volets du même retable. Aucune passion d'ailleurs
dans cette figure rustaude; solidement campé sur des jambes nerveuses,
1 Id., loc. cit.

' « Des filets de sang coulant des épines sur le visage lui remplissaient les cheveux,

les yeux et la barbe ... » Id., 1. IV, LXX.

3 J. K. Huysmans, Trois Églises et Trois Primitifs, Paris, 1908, p. 159.
« Is. LUI, 3.

• Voir la Petite Crucifixion du musée de Bâle, de 1503 ou 1508-12.

LA CRUCIFIXION D'iSSENHEIM

l89

drapé à la diable dans un grand manteau rouge, Jean-Baptiste tient
ouvert le Uvre des Écritures, à la page sans doute où, avant lui, Isaïe
donnait le signalement du Rédempteur : « Comme un agneau pour

la tuerie ...

* »

°

r

Jean-Baptiste. Grâce à lui, l'artiste enseigne, fidèle à cet expres

sionnisme, dont nous relèverons tout à l'heure d'autres exemples
encore. Au chrétien du xv* siècle finissant, dont la foi aurait pu se

déconcerter devant l'homme de douleurs, et chercher vainement

sur ces membres ravagés quelques indices de la divinité, le prophète,

texte en main, déclarait péremptoire : « Ecce Agnus Dei. »

A première vue, on pourrait accuser sa présence inopinée de distraire

1 attention du Christ, le protagoniste du drame. En réalité, le geste

impérieux du Baptiste dérive le regard vers Jésus, à peine l'a-t-il

attire. Tel Jean s'était montré jadis, quand il refusait de s'imposer
devant le Sauveur, - illum oportet crescere, me autem minui, tel il est encore aujourd'hui. Et ce texte, écrit en capitales sur le fond

du tableau, en commentant le geste, prouve la pensée et l'intention

de l'artiste.

Au pied du Calvaire, un agneau, une croix légère dans la patte
droite, répand son sang dans un graal. Souvenir de l'iconographie
du haut moyen âge, qui symbolisait par là le Christ crucifié, il témoigne

de la fidélité du peintre à un motif traditionnel.

L'intervention du Prophète nous faisait sortir du drame : la partie
droite du tableau, avec ses lignes calmes, l'allure assurée de son person

nage, respirait une sorte de sérénité extra-temporelle. Le panneau de

gauche nous replonge en plein dans l'action douloureuse. Le Christ

mort venait de donner l'occasion d'une description réaliste de la souf

france physique. Le thème se poursuit, - il s'agit encore d'angoisse et
d épouvante, - mais dans un autre ton : c'est la détresse intérieure,
la plus difficile, la plus délicate à exprimer, que va maintenant
développer l'artiste.

Chez un peintre de la fin du moyen âge, doué d'une sensibilité

aussi vive, cette reconstitution psychologique est marquée au coin

d un pathétique intense, celui dont vibrent à chaque page les ouvrages
de pieté, et dont les Mystères accentuaient la toujours vivante actualité
du grand drame. Madeleine, Jean et la Vierge vont nous dire comment

la chrétienté d'alors réagissait devant la Croix 2.
1 is. lui.

mort ^nSnCleS myStiqUeS' le Xne et Ie XI"e- ***** sans cesse au drame inoui. Cette
mort d un D.eu, ce mystère des mystères, c'est le fond, c'est l'âme même de l'art du

moyen âge. » É. Mâle, L'art religieux du xme siècle en France, Paris, 1923 p 222

joO

LES ÉTUDES CLASSIQUES

L'attitude de Marie-Madeleine est tragique. Tombée à genoux,

au pied du gibet, elle est minuscule dans sa longue robe d'un rosé
déteint; les reins cambrés, elle tend convulsivement vers le Christ

ses mains crispées dans un geste nerveux de supplication. Tous les
détails propres à souligner l'abandon de la douleur sont ici accumules.

Et, vraiment, elle fait pitié cette pauvre créature vieillotte, ratatinée

et laide comme presque tous les personnages féminins de Grunewald.
Avec ses cheveux blonds dénoués, dont les mèches folles frissonnent
dans le vent, avec son visage défait dont les lèvres grimacent un sanglot,
Marie-Madeleine est bien l'une des Saintes Femmes représentées par
le Pseudo-Bonaventure se lamentant sur le Calvaire : « omnes faciunt
planctum magnum super eum; omnes enim plangunt eum, quasi

unigenitum, amarissime ... 1 » Parmi les nombreux tableaux consacrés
à la Passion par l'art médiéval, nul n'est à ce point significatif; seuls,
peut-être, Carlo Crivelli, avec l'acuité du dessin d'orfèvre des
primitifs vénitiens, et surtout Mantegna, dans les figures de profil
du Christ mort de Milan, ont osé analyser la pitoyable laideur de
ces visages ravagés par les larmes 2. Dans l'art de la Renaissance, la
douleur de Madeleine n'est plus guère qu'un morceau de bravoure

d'un dramatisme assez vide : avec le peintre rhénan, comme on se

sent loin des opulentes pécheresses de Titien!
Mais Marie-Madeleine est encore une néophyte à l'école du Christ.

La souffrance, chez elle, convulsé les traits et retentit dans toute la
personne; son expression se spiritualise, s'intériorise davantage dans
le groupe formé par le disciple et la mère. Une suprême délicatesse
de l'artiste épargne à la Vierge les outrances d'un langage trop brutal.

La Vierge s'évanouit dans les bras de saint Jean. Plus sobre, comme
toujours, le texte évangélique ne contient pas ce détail; il n'appartient
pas non plus en propre au maître d'Issenheim. Les artistes médiévaux
Pavaient souvent employé avant lui et, très tôt, les fidèles s'étaient
apitoyés sur la Compassion de Notre-Dame. « Qui donnera à mes
yeux des larmes aussi nombreuses que les lettres que j'écris ici, afin
de pouvoir dire les larmes et la douleur immense de Notre-Dame »,
s'écrie le bienheureux Henri Suso 3, et le franciscain, auteur des
Méditations, assure qu'au vu du coup de lance, Marie s'évanouit ...
1 Meditationes Vitae Christi, LXXI.

■ Comparer Carlo Crivelli, Déploration Uu Ckrist : le Christ mort la V.erge, sainte

Madeleine et saint Jean, Rome, Vatican; Andréa Mantegna, le Chnst mort, Milan,
• H. Suso, Œuvres Mystiques, Paris, 1899, t. II, p. 119.

LA CRUCIFIXION D'iSSENHEIM

ICI

« tune mater semimortua cecidit inter brachia Magdalenae x ». Cet
épisode inédit, on peut en suivre le développement dans la miniature
siennoise des Martini, d'abord, dans la miniature et la peinture française
ensuite 2 : mais c'étaient les saintes femmes qui soutenaient la mère
défaillante. Ici, à l'encontre de ses prédécesseurs qui, tel son maître

Schongauer, accumulaient les personnages autour de la croix, comme
dans les Mystères, Grûnewald a éliminé de son tableau les figurants
inutiles; ainsi, le rôle, traditionnel dans l'iconographie, des compagnes
de la Vierge est-il attribué à Pévangéliste, écarté par l'intervention
de Jean-Baptiste de sa place accoutumée, à la droite du gibet.
Un grand manteau rouge drape l'apôtre; ses traits sans grâce sont
agités, durement taillés, comme à la serpe. Les cheveux raides encadrent
un visage émarié, vieilli, creusé par la douleur. Le regard, un moment
distrait de la croix, se pose anxieux sur la Vierge, dernier legs du
Maître mourant, et les lèvres frémissantes

laissent échapper une

exclamation d'effroi.
Grûnewald a donné à la Vierge le voile et l'habit des moniales :
c'était ainsi vêtue qu'elle paraissait dans les Mystères3. Le sang a quitté
ses joues pâlies, ses lèvres décolorées au dessin ferme, malgré tout.
« La couleur de la mort envahit son visage », dira d'elle sainte Brigitte 4.
Dans l'ample voile blanc, les traits blêmis disparaissent. N'étaient

les deux mains serrées qui se tendent vers Jésus, comme celles de
Madeleine, la Vierge semblerait apaisée, d'une gravité impressionnante
avec ses paupières baissées. L'artiste, tempérant sa fougue naturelle,

fait comprendre à demi-mot, avec une réserve dont on lui sait gré,
que la Compassion de Marie est déjà tout intérieure. Ainsi n'agissaient
pas toujours les mystiques rhénans, et le réalisme de leur description

manque parfois de discrétion. L'un d'eux, faisant parler la Vierge
à demi-pâmée sous la croix, lui prête ce langage : « Chaque fois que je
revenais à moi, ne pouvant faire autre chose, je baisais le sang qui

découlait des blessures de mon fils, de sorte que mes joues pâlies et
ma bouche étaient devenues toutes rouges 6. »

Sur la prédelle, d'une exécution plus sommaire, l'effrayant mystère
s'achève dans une note plus intime. Le Christ, étendu près du tombeau,
1 Meditationes Vitae Christi, LXXXI.

1 Ê. Mâle, L'art religieux de la fin du moyen âge, Paris, 1925, p. 14, et FierensGevaert, Les Très Belles Heures de Jean de France, duc de Berry, Bruxelles, 1924.
* G. Cohen, Histoire de la mise en scène dans le théâtre religieux français du moyen
âge, Paris, 1926, p. 222.
* Rev. S. Birgittae, 1. IV, LXX.

* H. Suso, Le Livre de la Sagesse Éternelle, Œuvres Mystiques, Paris, 1899, t. II
p. 123.

192

LES ÉTUDES CLASSIQUES

reçoit le dernier adieu de sa mère, le dernier pleur des siens. La Vierge
disparaît, anéantie sous son voile, les

mains

jointes; derrière

elle

Madeleine se lamente. Dans le cadre étroit, où les lignes horizontales
s'allongent reposantes, le grand corps meurtri gît, livide, encore tout
crispé; soutenu à demi par l'apôtre, il est bien tel qu'il se décrivait
lui-même : « La pâleur déplorable de la mort se répandit sur mon
corps jeune et beau ; comme une fleur, il sembla se flétrir et se faner x. »
La nuit descend. Sur la campagne qui se profile au loin, entre les arbres,
des ombres bleues estompent la montagne et la plaine. Tout est calme,
d'un

calme infiniment

triste

et

solennel.

L'on

croirait

entendre,

murmuré dans le vent du soir, le chœur de Bach, d'une si tendre et
si triorrphale gravité, où les anges, réunis sur la tombe, chantent le
repos de leur Seigneur :
Wir setzen uns mit Thrânen nieder, und rufen dir im Grabe zu :
Ruhe sanfte, ruhe sanfte, sanfte Ruh 2!

Griinewald et la peinture de son temps
Pour

rendre

plus

saisissante

l'originalité

de

l'artiste

alsacien,

replaçons-le un instant parmi ses pairs. Rien de plus suggestif qu'un

tel rapprochement. De la Renaissance italienne, qui bat son plein
avec la génération de Botticelli et de Perugino, celle de Vinci, de
Raphaël et de Michel-Ange, un abîme le sépare. Le souci de la forme

parfaite, les préoccupations de l'ordonnance et du balancement des
personnages, l'idéal de l'esthétique platonicienne professée à Florence
et à Rome, sont à l'extrême-opposé de son style et de son tempérament.
Que ces mêmes années où il commençait le retable d'Issenheim,
Raphaël se vit confier à Rome la décoration des Stanze, est instructif :
la Dispute du Saint-Sacrement et la Crucifixion de Griinewald, la
majestueuse assemblée des docteurs autour de l'Eucharistie et cette
solitude enfiévrée de douleur auprès d'un condamné qui vient d'expirer,
quel contraste! Rien ne rappelle l'esthétique nouvelle, tout souligne
plutôt les affinités spirituelles de l'artiste avec le moyen âge, et surtout
ce farouche XVe siècle, si tragiquement dominé par l'idée de la mort
et le spectacle de la Croix. Alors que Durer, — son élève, a-t-on dit, —

revient d'Italie en 1495, acquis à l'idéal du Quattrocento déclinant,
Griinewald reste toujours, en plein seizième siècle, le représentant
d'un « gothique impénitent ».
1 ib., p. 29.

■ Joh.-Seb. Bach, Matthâus-Passion

Chœur Final.

LA CRUCIFIXION B'iSSENHEIM

193

La composition du tableau le montre bien : ce Christ gigantesque,
dont la masse lépreuse accable les assistants, eût sans doute scandalisé
un artiste florentin, qui n'eût pas compris cette sauvage grandeur.

La présence de Jean-Baptiste, anachronisme inadmissible pour tout

autre, trahit une âme volontiers séduite par un rapprochement mystique :
en un temps où les Passions s'ouvraient sur un préambule théologique,
de pareilles allusions devaient-elles étonner?
Cette fidélité à l'esprit du moyen âge, l'iconographie du tableau

la décèle encore; l'agneau, symbole traditionnel du Christ crucifié,
le graal, le vase de parfums, attribut traditionnel de Madeleine dans
les Mystères et dans la peinture, achèvent de situer l'œuvre dans son
véritable contexte.

Que ces points communs avec les contemporains ne fassent pourtant

pas illusion : par la simplicité de la mise en scène et la sobriété du

décor, la Crucifixion d'Issenheim est, en 1510, une nouveauté sur les
bords du Rhin. Sous cet immense ciel romantique, où un fleuve
d'Apocalypse roule des eaux tourmentées, les personnages paraissent
sortis du temps et, conçue sub specie aeternitatis, le scène prend une
ampleur inconnue aux petits maîtres du XVe siècle. Pour eux, la Passion
n'est que prétexte à un récit pittoresque, où l'événement central se
dégage mal des épisodes accessoires, où les acteurs nombreux grouillent
en foule, plus ou moins étrangers au drame. D'emblée, en éliminant
cette figuration inutile, Griinewald atteignait au pathétique l. Dans ses
autres Calvaires, se lisait le même souci de clarté et de puissance
contenue 2; ici, les audaces du dessin et le tragique éclat de la couleur
achèvent de le distinguer de la peinture plate et linéaire des graveurs et
des miniaturistes, ses prédécesseurs 3. L'on admirera la qualité du coloris
qui souligne à sa manière le thème funèbre, énoncé dans une gamme
assourdie par des tonalités brunâtres, verdâtres, à peine rehaussées
çà et là de lumières vitreuses. Seuls morceaux de vie ardente, les rougés,
rouge tuile pour le Baptiste, carmin passé pour l'évangéliste, et les
rosés de la robe de Madeleine. Le reste n'est que teintes froides,
1 « ... Dans cette série d'épisodes (de la Passion), le xv» siècle choisit à son tourde tous ces moments successifs, il en arrête un, il l'isole avec un instinct profond du
pathétique et concentre dans un instant, un groupe, une figure, la somme d'émotion
eparse dans tout le reste. D'épique ou de narratif, l'art tend à devenir lyrique .
L. Gillet, Histoire Artistique des Ordres Mendiants, Paris 1912 p 189

'' PfTS U leHU ?*"fΰ"/U mUSée de Bâle : qUatre Péages;'quatre égale

ment à Issenheim; deux à la Crucifixion du musée de Karlsruhe, en 1519, ou dans une
ébauche de 1328; un seul dans la Plainte de mainte Madeleine. Voir Pariset oi, cU

,,
,™ 6XemPle> Schongauer (+ 1491>' Wolgemut (1434-1519), Holbein 'l'Ancien
(+ 1524) et surtout les petits maîtres anonymes.
13

194

LES ÉTUDES CLASSIQUES

mornes, éteintes. Le grand voile de Marie, tache froide encore, mais
lumineuse, contraste avec la note chaleureuse du manteau de l'apôtre :
et cette surface blanche à l'avant-plan attire, la première, le regard,
aussitôt renvoyé sur la droite, vers Jean-Baptiste, par les courbes
parallèles, série d'arcs infléchis que dessinent le corps de Madeleine
et ceux de la Vierge et de saint Jean, et que reprennent les gestes,

parallèles eux aussi, de leurs mains. Mais Jean-Baptiste ne garde pas
pour lui, nous l'avons vu, l'attention qu'il commande, et c'est en
définitive vers le Christ, centre matériel et psychologique du tableau,

que l'œil ainsi conduit finit par se poser. La composition, les jeux du
dessin et de la couleur, orchestrent tous ce même thème fondamental,
qui fait l'unité du sujet, l'abandon du Christ mort.
Grunewald et l'expressionnisme

Cette unité psychologique, obtenue par un parti pris visible de
violence, est significative; reflet de la réaction vibrante d'un tempé
rament ardent devant le mystère de la Croix, elle donne au tableau
une allure singulièrement moderne. L'esthétique où l'artiste se propose

une totale sincérité, le procédé où il vise à ne laisser subsister des
détails que ceux-là seuls capables de la souligner, la déformation qu'il
impose aux formes et aux couleurs pour mieux l'affirmer, la dominante
spirituelle qui jaillit alors des moindres résonances de son œuvre,
n'est-ce pas là déjà tout le programme de l'expressionnisme contem

porain. De part et d'autre, ce même souci chez l'artiste de traduire
sa forte vision des choses aboutit à un langage synthétique : la défor
mation veut y être éloquence, le climat excessif simple vérité. Et ici
vient sans doute l'erreur de cette esthétique née, après le fauvisme de
Matisse, d'une réaction contre le brillant matérialisme des impres
sionnistes : ce climat extrême où elle se cantonne, la torture à laquelle
elle soumet habituellement la réalité, dans le dessin, dans la couleur
et dans l'intégrité des formes, tendent à ramener cette peinture à une
simple graphie, écriture colorée d'un rêve intérieur. Elle cesse d'être
un art pour devenir un langage, le langage des seuls initiés, où les formes,
symboles de concepts, n'ont d'autre sens que celui choisi arbitrairement
par l'artiste. Humanisme incomplet, l'expressionnisme, — celui tout
au moins de ses théoriciens, — se place peut-être à l'opposé de la
« peinture sans âme » des impressionnistes; mais sa plastique élémentaire
le met tout aussi loin de l'art classique, pour qui une certaine clarté
d'intelligence doit rayonner des formes matérielles.
Ses qualités de coloriste, le réalisme même de son tempérament,
ont préservé Grunewald de telles outrances; comme certains de nos

LA CRUCIFIXION D'iSSENHEIM

I95

expressionnistes belges, trop héréditairement peintres pour renoncer
aux qualités colorées de l'objet, il n'a dédaigné ni les prestiges de la

couleur, ni l'exactitude du dessin. La mise en page, l'interprétation
et le choix des détails l, et surtout cet idéal de superacion, dont seule
on eût pu croire capable l'Espagne de Gréco et de Montanez, suffisent
à rendre sensible le parti qu'il sut tirer de l'expressionnisme à une
fin religieuse, en plein seizième siècle.

L'expressionnisme et l'art religieux

« Pro lectione pictura est » diront à Trente, quelque cinquante
ans plus tard, les Pères du Concile, qui ajoutent, comme pour bien
souligner la mission éducatrice de l'art religieux : « in ipsa legunt,
qui litteras nesciunt 2. » L'éducation religieuse par l'art, voilà qui

n'est pas pour surprendre ceux qui savent l'importance psychologique
d'une représentation figurée.

Éducatif, l'expressionnisme de Mathias Grùnewald l'était déjà.

« Composition, dessin, couleur, tout est sacrifié ou subordonné à
l'expression qui doit être portée à tout prix à son maximum d'intensité.
Le tableau présenté sous sa forme la plus dramatique et la plus pathé

tique doit donner un choc, communiquer un frisson, prendre par
les nerfs et par les entrailles 3. » Et c'est bien ainsi que l'artiste l'a
voulu. Son œuvre n'a rien d'une froide chronique, elle est bien autre

chose qu'une description brutale, évocation douloureuse de la mort
de Jésus et du désarroi des siens : aux religieux et aux malades, hospi
talisés à l'abbaye, le peintre entendait donner autre chose qu'une
satisfaction esthétique, indépendante de leur âme chrétienne. Ces rudes
sensibilités, émoussées par le spectacle quotidien des misères humaines,

ou peut-être raidies par la souffrance, il voulait avant tout les ébranler
et les introduire à la contemplation du mystère de la Charité.
Assurément, une telle esthétique peut être discutable du point de
vue de l'art pur. Une fin aussi utilitaire, l'art peut-il se la proposer
sans déchoir? Non, sans doute, s'il n'est question que d'art; mais là
où celui-ci est subordonné à une fin meilleure, où il doit accepter le

rôTe plus caché et plus humble d'introducteur à un domaine qui le
1 Rappelons seulement les proportions du Christ et la manière caractéristique,
singulièrement expressive, des mains aux doigts tourmentés., ces mains si révélatrices
parfois de nos pensées, et qui font dans l'art oriental le sujet d'une iconographie
complexe.

2 Cité par G. Grappe, Spiritualité de la Peinture espagnole, Revue des Jeunes, 1938.

D'autres textes de même sens : Conc. Trid., sess. XXV.

• L. Réau, Mathias GrUnewald et le retable de Colmar, Strasbourg, 1920.

I96

LES ÉTUDES CLASSIQUES

dépasse, il semble qu'il puisse s'accommoder d'une esthétique où
l'artiste laisse parler son âme et propose à chacun sa méditation.
Compris de cette manière, l'expressionnisme ne serait-il même pas le
langage privilégié de l'art religieux?

L'art médiéval, si souvent considéré comme l'un des plus chargés
de spiritualité, — et par ailleurs si souvent expressionniste avant la
lettre, — pourra peut-être indiquer une réponse. Quant à l'art d'aujour
d'hui *, comment ne pas songer à l'une ou l'autre de ces pages frémis
santes, si voisines parfois de celle d'Issenheim, où George Desvallières,
en France, raconte pour ses contemporains la Passion du Sauveur;
où Servaes, le peintre de la Lys et de la chrétienté au pays de Flandre,
chante avec amour les grandes heures de la Crucifixion. La Charité
du Christ, quelle réalité concrète pour le fidèle qui contemple le
Sacré-Cœur de Desvallières, et comment ne pas se sentir touché, à
méditer au pied de ce chemin de la Croix que Servaes peignait récem

ment pour l'abbatiale d'Orval. Loin de rappeler le schématisme cari
catural qui fit jadis scandale, le Christ, peint à mi-corps, la tête penchée,
les traits réguliers, « construits » à la manière de l'artiste, avec ce grand
front qu'il affectionne, ce nez mince et droit, ces pommettes saillantes
qui semblent brûler de surhumaine passion, cette bouche au dessin
très pur, semble atteindre, entouré de la Vierge, de Madeleine et de
saint Jean, une plénitude d'expression et un équilibre presque classique,
tant il rayonne de spiritualité sereine. A ce moment, l'expressionnisme
rejoint, croyons-nous, la tradition catholique latine et le grand art tout
ensemble 2.

D'un expressionnisme moins conscient, mais avec une ferveur
aussi chaleureuse, Mathias Griinewald montrait aux chrétiens anxieux
de son temps le drame dont le moyen âge eut comme la hantise : à en
voir, dressée au dessus de l'autel, cette évocation, suggestive par

ses violences comme par ses secrètes tendresses, sans doute s'éveillaitil dans ces âmes, troublées par la Réforme, plus de compréhension
et plus d'amour.

A. Ghequiere, S. J.

1 II n'est peut-être pas sans intérêt de noter ici qu'un musicien contemporain,
Paul Hindemith, s'est inspiré du retable d'Issenheim dans un poème symphonique,
intitulé Mathis der Malsr. La seconde partie de cette composition est le commentaire
de la Crucifixion. Beaux-Arts, 1936.

a On joindrait volontiers le nom d'un autre grand artiste belge, disparu récemment,

Georges Minne (1866-1941), si la nature même de son art, tout en nuances discrètes,
ne l'apparentait davantage au symbolisme.

SUR LA GÉNÉRALISATION
DES FORMULES DU TRIANGLE

On sait que la généralisation des formules fondamentales du triangle,
quand on oriente les côtés, se fait en appliquant la théorie des pro
jections vectorielles.

Les trois groupes sont ordinairement établis

isolément, ou du moins sans faire apparaître suffisamment l'origine
qui est commune aux trois groupes. Nous donnons ci-après un exposé
simple dans lequel les trois groupes fondamentaux se déduisent de
la projection de l'équipollence AB + BC + CA = O du contour
fermé constitué par un triangle ABC. Cette méthode nous semble
faire ressortir, de façon saisissante, la notion de l'équivalence des trois
groupes. Cela nous donnera en même temps l'occasion d'approfondir
la question importante du nombre minimum 3 de relations indé
pendantes entre les mesures de trois segments et de trois angles, pour

que ces nombres soient les éléments d'un triangle. Nous supposons

connus les premiers principes de la géométrie dirigée plane relatifs
aux vecteurs et aux angles (notions générales d'angle, d'arc, relations
de Chasles, ...), ceux de géométrie

vectorielle

qui sont

suffisants

pour comprendre la notion d'équipollence et ceux de la théorie des

projections,

notamment

le théorème

fondamental

des projections

orthogonales.
Dans ce qui suit, il ne s'agira que de projections orthogonales.
Nous désignerons par (AB)* le nombre algébrique qui mesure la

projection du vecteur AB sur l'axe x.
Nous emploierons fréquemment la relation de Chasles entre les

angles formés par trois axes a, b, c. D'aucuns l'écrivent :
(ab) + (bc) + (ca) = o

d'autres :

(ab) + (bc) + (ca) = 2k%.

Il est bien entendu qu'à cause de la définition générale de l'angle
de deux axes, toute relation entre angles est vraie à un multiple près
de 2 jt. On peut convenir de ne pas écrire ce multiple qui encombre les
formules. Moyennant cette convention, la première forme de la relation
de Chasles est identique à la seconde, 2kn. étant sous-entendu.

198

LES ÉTUDES CLASSIQUES

Lemme I. — Soit un vecteur AB appartenant à un axe u. Entre les
projections orthogonales du vecteur AB sur deux axes x et y tels que
=

1- 2kn, existe la relation :

(AB)y = (AB), tg (xu)

(1)

En effet, on a :

(AB)* = AB cos (xu)
(AB)y = AB cos (yu)
d'où

(AB)* _ cos (xu)

(AB)y ~~ cos (yu)
or,

Fig. I.

d'où

(2)

(xu) + (uy) + (yx) = o

(yu) = (xu) — (xy) = (xu) — (^

et

cos (yu) = sin (xu).
En substituant dans (2), on a :
cos (xu)

(AB),

sin (xu)

(AB), = (AB)* tg (xu).

d'où

C. q. f. d.

Lemme IL — Si u, v, w, sont trois axes placés arbitrairement et
respectivement sur les trois côtés AB, BC, CA d'un triangle ABC, les
projections orthogonales de Véquipollence AB + BC + CA = O sur
deux axes x et y tels que

(xy) =

\- 2kît sont respectivement :

AB cos (xu) + BC cos (xv) + CA cos (xw) = o

(3)

AB sin (xu) + BC sin (xv) + CA sin (xw) = 0.

(4)

En effet, la première relation résulte immédiatement du théorème

des projections orthogonales et de celui des projections des équipollences; la seconde s'en déduit par application du lemme I. On a :
AB cos (xu) = (AB)*.
D'où

(AB)y = (AB)* tg (xu) = AB cos (xu) tg (xu) = AB sin (xu)
de même

(BC)y = BC sin (xv)
(CA)y = CA sin (xw).

D'où

(AB)j, + (BC)j, + (CA)j, = AB sin (xu) + BC sin (xv) + CA sin (xw) = o.

GÉNÉRALISATION DES FORMULES DU TRIANGLE

199

Théorème. — Si a, b, c, sont trois axes placés arbitrairement et
respectivement sur les côtés BC, CA,

AB d'un

triangle

ABC,

on

a

les

relations

Xfl

BC = BA cos (ac) + AC cos (ab)
I.

CA= CB cos (ba) + BA cos (bc)
AB = AC cos (cb) + CB cos (ca).
BC

II.

CA

AB

sin (bc) ~ sin (ca) ~ sin (ab)
i

AB'
= AB'
+ AC — 2 AB. AC. cos (bc)

Tir"1

CA2 = BC2
RT2 + BÂ2 — 2 BC. BA. cos (ca)
III. | CA'

( ÂB2 = CA2 + CB2 — 2 CA. CB. cos (ab).

i° Projetons

successivement

sur

les

axes a, b, c, l'équipollence

ÂB + BC + CA = o.
Nous obtenons en appliquant la formule (3) :
sur a :

AB cos (ac) + BC cos (aa) + CA cos (ab) = o

sur b :

AB cos (bc) + BC cos (ba) + CA cos (bb) = o

sur c :

AB cos (ce) + BC cos (ca) + CA cos (cb) = o

d'où

(5)

BC = BA cos (ac) + AC cos (ab)
CA = CB cos (ba) + BA cos (bc)
AB = AC cos (cb) + CB cos (ca)

20 Projetons

successivement

la

même

d V d tels que (ad) = (bV) = (cd) —

équipollence

sur

3

h 2kn. Nous obtenons en appli

quant la formule (4) :
sur d

AB sin (ac) ■+■ BC sin (aa) + CA sin (ab) = o

sur b'

AB sin (bc) + BC sin (ba) + CA sin (bb) m 0

sur d

AB sin (ce) + BC sin (ca) + CA sin (ce) = o

c'est-à-dire :

— AB sin (ca) + CA sin (ab) =0

ou

AB sin (bc) — BC sin (ab) =0

ou

1

'

y

'

BC sin (ca) — CA sin (bc) =0

v

'

v

'

axes

ou

AB

CA

sin (ab)

sin (ca)

AR

*RC

sm (ab)

sin (bc)

RC

CA

sin (bc)

sin (ca)

-s—y-^r = -.—jr-r

-.—rr-r = -.—-.—e

ce qui démontre le deuxième groupe de relations.

200

LES ÉTUDES CLASSIQUES

3° Considérons le groupe I comme un système de 3 équations à
3 inconnues cos (ab), cos (bc), cos (ca). Substituons dans la 3e les
expressions de cos (bc) et cos (ca) tirées des deux premières. Nous avons :

AB = AC CA — CB c°s (ba) , CB BC — AC cos (ab)
ou

AB = CA CA ~ CB cos (ba)

ou

CB CB — CA cos (ab)

ÂB2 = CÂ~a +. CB2 — 2CA.CB.cos(aè).

On obtiendrait les autres relations du groupe III par un procédé
identique.

Remarque. — Si les éléments de géométrie vectorielle étaient
poussés un peu plus loin, jusqu'à la notion de produit géométrique
de deux équipollences, on pourrait faire observer que le groupe III
n'est pas autre chose que les égalités des carrés géométriques des
équipollences :

BC = BA + AC,

CA = CB + BA,

AB = AC + CB

lesquelles ne sont autre chose que trois écritures différentes de l'équipollence

,
AB + BC + CA = 0.

En fin de compte, tout ce que l'on peut écrire en fait de relations
algébriques entre les éléments d'un triangle peut se déduire de cette
équipollence, laquelle exprime l'essence même de la figure triangle.
DISCUSSION

1. On remarque sans difficulté, par simple application du principe
des signes relatifs aux segments et aux angles, que ces relations se
conservent si on change, soit le sens positif d'orientation du plan,
soit le sens positif d'orientation des axes.

2. Si on veut déduire de ces relations celles de la trigonométrie
élémentaire, il surfit de choisir un cas déterminé d'orientation des

côtés (il y a 8 cas possibles, nombre d'arrangements avec répétition
de 2 éléments -f- et —, trois à trois) et de remplacer dans les relations
générales :

i° BC CA AB par les nombres positifs a, b, c (longueurs des côtés)
précédés ou non du signe — suivant la figure;

2° (bc) (ca) (ab) par A, B, C (angles du triangle) précédés ou non
du signe — ou remplacés éventuellement par jt — A, jt — B, jt — C

GÉNÉRALISATION DES FORMULES DU TRIANGLE

201

suivant la figure, avec la vérification que la relation (ab) +(bc)+i(ca) = o
devient la relation A + B + C = jt.
Par exemple dans le cas de la figure 2, on poserait dans les formules
générales :

BC = a, CA = b, AB = — c, (fie) = — A, (ca) = — B, (a6) = jt — C,
et on a la vérification :

(ab) + (6c) + (ca) = jr — C — A — B = o.

Ceci nous amène à examiner la question suivante.

3. Équivalence des groupes. — Nous ne nous occuperons pas du

groupe III qui peut être considéré comme une conséquence algé

brique du groupe I obtenue en appliquant un principe d'équivalence
relatif aux systèmes d'équations.

Il pourrait sembler illogique que le groupe I comporte 3 relations
et le groupe II deux relations indépendantes, alors qu'ils sont obtenus
par le même procédé : la projection de l'équipollence"Â~B + BC + CA~
= o sur trois axes. Cette anomalie est plus frappante encore du point

de vue algébrique. Si a, b, c sont 3 axes non parallèles deux à deux,
aucun des coefficients des inconnues AB BC CA qui figurent dans le
système homogène (5) n'est nul, pour un triangle quelconque, ni aucun
des déterminants d'ordre 2 tirés du déterminant :
A =

cos (ac)

1

cos (ab)

cos (bc)

cos (ba)

1

1

cos (ca)

cos (cb)

En effet, les mineurs des éléments I sont en valeur absolue :
| cos2 (bc) — 1 | = sin2 (bc) ^ o

j cos2 (ac) — 1 | = sin2 (ac) # 0

| cos2 (ab) — 1 | = sin2 (ab) ^ 0.

Quant au mineur d'un élément quelconque autre que 1, on a par
exemple pour cos (ac) :

| cos (ba) cos (bc) — cos (ca) | = | cos (6a) cos (6c) — cos [(c6) + (6a)] |
= | sin (6c) sin (6a) | ^ o

les autres mineurs s'obtiennent par permutations tournantes des lettres
a, b, c; aucun n'est nul, car aucun des angles (a6), (6c), (ca) n'a une
valeur nulle. Par contre, le déterminant A lui-même est nul, ainsi
qu'on peut le vérifier en le développant par rapport à une rangée
quelconque et en tenant compte de la relation :
(ca) = o découlant de l'hypothèse.

(a6) + (6c) +

202

LES ÉTUDES CLASSIQUES

Dans ces conditions, le système (5) admet pour solutions des nombres

proportionnels aux mineurs des éléments d'une rangée, par exemple
la première, c'est-à-dire que l'on a :

AB

_

BC

CA

sin (ab) sin (bc) ~~ sin2 (bc) ~ sin (bc) sin (ca)

soit

AB

BC

CA

sin (ab) ~~ sin (bc) ~~ sin (ca)

c'est-à-dire que les solutions du système (5) sont identiques à celles du
groupe II. Le groupe II est donc équivalent algébriquement à deux
équations quelconques du groupe I et on ne peut pas dire que par la
projection sur les trois axes perpendiculaires aux côtés, on aurait
« perdu » une équation. En d'autres termes, les deux groupes présentent
le même degré d'indétermination.

D'où vient alors qu'en trigonométrie élémentaire il est nécessaire
d'adjoindre à la proportion des sinus la relation A + B + C = x
pour constituer un groupe équivalent aux deux autres?
Nous pensons que l'explication suivante est apte à satisfaire la curio
sité des élèves qui réfléchissent.

En géométrie élémentaire, un triangle est déterminé par trois

longueurs a, b, c (dont l'une quelconque est inférieure à la somme des
deux autres) et on déduit nécessairement entre les angles de ce triangle
la relation A + B + C = «. En géométrie dirigée, trois vecteurs
AB, BC, CA (tels que | AB | < | BC | + | CA | ... etc.) définissent
un triangle orienté auquel on peut associer trois axes parallèles aux

côtés et dirigés comme ceux-ci, entre lesquels on a nécessairement la
relation

(ab) + (bc) + (ca) = 0.

Inversement, trois angles dont aucun n'est nul et tels que A + B +
C = » déterminent en géométrie élémentaire une infinité de triangles
semblables entre eux. En géométrie dirigée, trois axes non concourants

et non parallèles deux à deux déterminent une infinité de triangles
orientés à côtés parallèles et de même sens. Si nous admettons le même
degré d'indétermination entre les triangles semblables d'une part et
les triangles à côtés parallèles et de même sens d'autre part, nous

avons que la donnée « 3 angles tels que A + B + C = re » est équi
valente à la donnée « 3 axes non concourants » (si nous exceptons le
cas de l'angle nul et le cas équivalent de deux axes parallèles). Mais la
donnée « 3 angles quelconques » n'a pas d'équivalent en géométrie dirigée,
du moins dans le cas actuel, car on ne pourrait plus restreindre la

donnée : « 3 axes non concourants ». En d'autres termes, il est possible
de se donner 3 angles quelconques, dont la somme n'est pas deux

GÉNÉRALISATION DES FORMULES DU TRIANGLE

20 3

droits, mais il n'est pas possible de prendre 3 axes non concourants
sans avoir la relation (ab) + (bc) + (ca) = 0, laquelle entraîne néces

sairement la relation A + B + C = jt entre les angles de tout triangle
formé par les trois axes. C'est ce qui fait qu'en géométrie élémentaire,
on doit ajouter aux deux relations qui constituent la proportion des

sinus la relation A + B + C = jt pour constituer un groupe qui,
étant équivalent aux deux autres, est suffisant pour déterminer, les
angles étant donnés, une infinité de triangles semblables, tandis qu'en
géométrie dirigée, les deux relations du groupe II sont suffisantes,
étant donnés trois axes non concourants, pour déterminer une infinité
de triangles à côtés parallèles.
4. L'emploi des formules générales du triangle est tout indiqué
au début d'un cours de géométrie analytique, où elles donnent commo

dément toute généralité à la démonstration de certaines formules.
Prenons le cas de la formule de la distance de deux points. Il est toujours
désagréable de devoir interrompre l'étude du point comme on le fait
généralement et d'enseigner les formules de transformation de coor
données pour pouvoir établir cette formule si simple, qui n'est que
la traduction analytique d'une relation du groupe III. Cet inconvénient
peut être évité.

En effet, en menant par A(*y) un axe équipollent à x et par B
(x"y") un axe équipollent à y, on forme un triangle ABC. (Le lecteur
est prié de faire une figure à son choix, ceci dit afin de souligner la
généralité de la méthode).
Dans ce triangle, on a :

AB2 = CA2 + CB2 — 2 CA. CB. cos (yx).
Or,

CA = x1 — x"

CB - y" —y'

cos (yx) = cos (xy) = cos 0

et on a la formule :

AB2 = (x1 — x"f + (y —y"? + 2 (x1 — x") (y —y") cos 9.
L. Mariscal,
Athénée de Soignies.

VARIA SCOLAIRES
RECHERCHES SUR L'ELECTRE DE SOPHOCLE
Chapitre IV : Electre et ses amies
II

Nous avons vu que le chœur, après avoir épuisé tous les motifs
de consolation et de modération et s'être heurté constamment à la
résistance opiniâtre d'Electre, de guerre lasse s'était tu. C'est à peine
si, dans l'épode, il ose lui suggérer, avec une tendresse maternelle,
de ne pas aggraver sa situation.

Electre, épuisée par la discussion, est tombée dans le plus profond
découragement. Comme une condamnée, elle se résigne.

Elle ne croit plus au retour du justicier; déçue dans ses plus fermes
espérances

qui jusqu'alors l'avaient soutenue dans son tourment,

abandonnée de tous et même, pense-t-elle, des dieux, elle se sent

tentée de maudire ceux-ci. Car l'impunité des coupables ébranle sa
foi : pour un peu, elle nierait l'intervention des dieux dans les évé
nements humains, tant leur justice est lente à se manifester.

La passion d'Electre ayant atteint le comble de l'exaltation et presque
le blasphème et d'autre part le chœur ne trouvant plus de parole
efficace pour l'apaiser, il est tout naturel que le chant tumultueux
cède la place au dialogue paisible.

Par les premiers mots que le choryphée adresse à Electre, il essaie

d'un dérivatif : « c'est pour toi que nous sommes venues », et, voulant
mettre Electre parfaitement à l'aise, il ajoute que par leur venue ses
amies recherchaient aussi leur propre intérêt. Il rétracte les reproches

qui dans son discours pourraient avoir froissé Electre et avivé sa
douleur. Il donne même raison à Electre, crû vixct, et prétend être
tellement de son avis, qu'il se déclare prêt à la suivre en tout.

Tout cela est bien psychologique. Ce que les femmes avaient
vainement tenté d'obtenir par le reproche et l'opposition, elles le
réalisent par la conciliation : devant les concessions de ses amies,
Electre ne peut raisonnablement continuer à s'exalter; et voilà qu'à
son tour elle fait des concessions : elle reconnaît son manque de retenue

VARIA SCOLAIRES

205

et ses excès de langage envers les dieux. Ou plutôt, ce n'est pas sa
conduite, c'est l'impression produite sur le chœur, aîaxiJvou.ai et ôoxœ

ôvaqpooeïv, qui la rend confuse. Car si Electre est apaisée, elle n'est
pas pour autant convertie. Elle admet que le chœur, ignorant ses
motifs de tristesse, la trouve immodérée. C'est la raison pour laquelle,
dans son discours, elle dévoile sa situation actuelle et plaide, avec
calme et logique cette fois, les circonstances atténuantes de son manque

de retenue.
Comment tiendrait-elle un autre langage, quand elle voit se multiplier

les malheurs de sa race ? Elle rappelle l'insolence et l'audace des meur
triers, leur luxe et leur impiété, leur terreur mal déguisée sous les
dehors de la colère et le ton de la menace, chaque fois qu'il est question
du retour d'Oreste. Elle parle de la vie qu'elle mène entre cette mère qui
la déteste et la craint et son amant exécré qui la tyrannise. Elle nous
fait assister à une de ses disputes quotidiennes avec sa mère.
Mais ce qui nous intéresse, ce n'est pas tant le récit de ces événements,
que nous soupçonnons ou connaissons déjà; c'est bien plutôt l'état

d'âme d'Electre, révélé dans ses paroles.
Elle reproduit ici les plaintes de la monodie et du chant alterné,
qui n'est que le développement lyrique de la monodie. La forme seule
est toute différente, bien plus descriptive. Mais souvenons-nous que,
la première fois, c'était un chant plaintif (w. 86-120), suivi de strophes
chantées des plus véhémentes (w. 121-250). Et, si la perte des mélodies
du drame antique nous oblige à interpréter par la seule lecture ce qui
était essentiellement une musique, en voyant dans le dialogue présent

Electre répéter ce qu'elle a déjà dit, gardons-nous de porter un jugement
sur l'effet produit, alors que nos éléments d'appréciation sont déficients.
La tragédie moderne elle-même n'a tout son prix qu'à la repré
sentation; à plus forte raison, cela est-il vrai de la tragédie antique
dont certaines parties ressemblent à des livrets d'opéra. Dans le cas
particulier qui nous occupe, la différence du mode d'interprétation

est capitale. Chantées ou parlées, à plus forte raison lues, les mêmes
idées, les mêmes sentiments changent de physionomie et ne font pas
double emploi. Cette diversité se sent encore aujourd'hui, bien que
la musique nous fasse défaut : elle a laissé son empreinte sur le texte.
D'un côté, le sentiment éclate brusque, incohérent, énergique, passionné;

de l'autre, la pensée s'exprime avec suite et précision, réfléchie et
maîtresse d'elle-même.

Dans son long discours Electre s'attache surtout, pour satisfaire
sa haine, à décrire la conduite de Clytemnestre et d'Égisthe. Cette
description est la seule partie vraiment neuve :

en effet, si nous

206

comparons

LES ÉTUDES CLASSIQUES

ses paroles actuelles aux chants qui

précèdent, nous

découvrons les rapports suivants :
1° v. 256

Je suis forcée de me lamenter.

-w. 221 sq.

2" v. 257

Comment une âme noble ne le ferait-

-vv. 145 sqq.,

elle pas ?

3" V. 260
4° v. 262

223 sqq.

Je suis l'ennemie de ma propre mère.
J'habite avec les meutriers de mon père;

-vv. 189 sqq.

ils me tiennent dans une étroite dépen
dance, et me soumettent à des privations
de toute sorte.

5° v. 267

Égisthe occupe le trône de mon père; il
s'est revêtu de la pourpre royale; il ose

même exercer les fonctions sacerdotales :
il accomplit le sacrifice familial au lieu
même où il a tué mon père.

6° v. 271

Pour comble d'insolence, il prend place aux

70 v. 275

Ma mère, loin de craindre les dieux ven

côtés de ma mère sur la couche royale.

geurs, a l'audace de vivre dans l'intimité
d'un homme souillé par le crime; bien
plus, ce crime est pour elle une occasion
de joie; heureuse d'en avoir découvert la
date, elle institue une fête anniversaire.

8° v. 281

A ce spectacle, je pleure mon père dans la

solitude.
90 v. 287

Ma mère m'outrage et s'irrite quand il est

io° v. 299

Égisthe s'unit à elle pour me maltraiter.

-w. 132 sqq.,

185 sqq.

question du retour d'Oreste.

li° v. 303

J'attends Oreste, mais toujours en vain.

-w. 164 sqq.

12° v. 307

En de pareilles conjonctures, la modération

-w. 236 sqq.

est impossible.

On croirait presque que les antithèses, les reprises, les gradations
sont disposées dans ce discours selon les règles de la rhétorique. Mais,
comme les idées découlent l'une de l'autre avec beaucoup de naturel,
le discours ne nous donne pas l'impression d'un travail scolaire, d'une
composition artificielle. Electre garde dans ses paroles cette liberté
de la conversation qui consiste à reprendre soit un détail, soit, sous
un angle particulier, l'ensemble de ce qui a déjà été dit (i° = 8° = 12°;
40 = 90/I0°, etc.).

VARIA SCOLAIRES

207

Ce qui attriste par-dessus tout Electre, c'est l'attitude de sa mère
à son égard; la mère et la fille sont devenues d'irréconciliables ennemies.
Clytemnestre déteste sa fille; mais surtout elle la craint, parce que sans
cesse elle compromet sa sécurité. Clytemnestre n'est plus une mère

pour Élcetre (v. 273, cf. 187), c'est une mère qui a abdiqué sa maternité,

dira-t-elle plus loin (w. 1154, 1194); hantée par le souvenir de son
père assassiné, c'est de lui seul qu'elle veut être la fille. La malice de
Clytemnestre lui suggérera, dans son entrevue avec sa sœur, des raisons
scientifiques pour nier que l'enfant soit véritablement la création de
la mère (v. 341, cf. 1412). Electre est le seul enfant légitime d'Agamemnon qui soit présent au palais; c'est donc à elle que le domaine

revient de droit; or, dans sa propre maison, Ôconacnv êv toïç êixcanfjç,
elle doit subir la tyrannie d'injustes usurpateurs, des meurtriers de
son père.

Égisthe s'est rendu coupable d'un triple crime : d'un crime politique,

l'usurpation; d'un crime d'impiété, l'accomplissement illégitime des
fonctions sacerdotales; d'un crime moral, l'intimité avec une reine
qu'il a séduite. Ce dernier point ramène la pensée d'Electre vers sa
mère; est-ce une mère, celle qui partage la couche d'un homme souillé
par le crime?

A cette réflexion se rattache, comme par hasard, ce qu'il y a de capital
dans le discours d'Electre : elle y montre que la conduite de Clytem
nestre la rend indigne de porter le titre de mère. « Das ist die Redekunst des Sophokles, dit Kaibel \ der das Wichtigste gleich zu Anfang
(v. 261), wo es hingehôrt, kurz erwâhnt hat, aber ausfùhrlich erst dann
behandelt, wenn das unwichtigere erledigt ist. » Sans craindre les
divinités vengeresses du meurtre et de l'adultère (v. 114), Clytemnestre
s'attire, dans son impudence, la souillure qui s'est attachée au meurtrier.
Sa conscience est devenue insensible au point qu'elle a fait des recher
ches 2 afin de découvrir l'anniversaire du crime et de pouvoir instituer

une fête en ce jour-là. Electre en a été témoin : ce sont des réjouissances

publiques, des festins, des sacrifices religieux. Tandis qu'au palais
tout le monde prend part à ces fêtes odieuses et impies, qui portent
le nom de son père, elle, elle pleure dans la solitude. S'envportant,
à ce souvenir, contre sa mère, elle mime devant ses amies une de ces
scènes journalières que lui fait « cette femme si distinguée » (v. 287).
Les paroles qu'elle rapporte sont, en effet, vulgaires et impies. L'apos
trophe du début est de la dernière grossièreté, et ne le cède en rien.
1 L. c, p.

112.

ova' dépeint sa mauvaise joie d'être arrivée au but.

208

LES ÉTUDES CLASSIQUES

aux vocables par lesquels nous entendons de nos jours s'invectiver

les femmes du peuple. Electre met ensuite sur les lèvres de sa mère
les paroles mêmes par lesquelles ses amies avaient tout à l'heure voulu
la consoler : « es-tu seule au monde à avoir perdu ton père ? » (= v. 153).
On sent par là que ces paroles l'avaient vivement attristée : elle le montre
ici de manière indirecte, mais singulièrement habile. Clytemnestre,

remarque le scholiastel, ne dit pas qu'Agamemnon fut tué, mais simple
ment : « il est mort », voulant par là voiler sa culpabilité. Mais quand
on lui parle du retour d'Oreste, elle ne se possède plus : folle de rage,

elle crie à sa fille « en plein visage » (jtaoacrcâa') : « De tout cela, c'est
toi qui es la cause; mais sache-le, tu le paieras cher », menace bien
vaine,

qu'expliquent

l'inquiétude

de

conscience

de

Clytemnestre

et la fureur qui obnubile sa raison. Voilà, ajoute Electre, ce qu'elle
hurle.

Pendant ces scènes, « son fameux fiancé » se trouve à ses côtés et
l'excite contre moi, comme l'on excite un chien à aboyer. Ce détail
typique, bien observé, éclaire le sens de ■uXccxteI : Clytemnestre, dans

sa fureur, perd contenance et vocifère; Égisthe, tout près d'elle, l'exite
à crier encore plus fort.

Telles sont les souffrances quotidiennes qu'Electre endure; il n'est

pas un acte ou une parole de sa mère impudente, grossière et impie,

et de son lâche complice, « cette peste » (v. 301), qui ne l'ait blessée
dans sa tendresse filiale et ne ravive l'affront infligé au mort. Ses

privations matérielles et les mauvais traitements qu'elle subit ne
seraient rien, si du moins son père n'était pas outragé; les humiliations
qu'on lui inflige, elle les endurerait volontiers, si elle pouvait espérer
qu'un jour Oreste reviendra, mais Oreste l'a cruellement déçue. Ainsi,

à la longue, il n'y a plus moyen d'être sage; elle croit en avoir maintenant

convaincu ses amies, ovv (v. 307); il n'est plus même possible de
s'abandonner à la volonté des dieux. Lorsqu'on est victime de pareilles
injustices, on est forcé de rendre le mal pour le mal.
Alors le chœur, curieux d'apprendre plus en détail ce qui se passe
au palais, s'empresse de demander, mais à voix basse (qpég' eliré), si
Égisthe est là. Heureusement, il est absent. C'est donc le moment de

questionner Electre, prête à dire tout ce qu'elle sait (v. 316). On le
sent, les femmes sont pressées d'apprendre les petites nouvelles, avant
qu'un importun ne survienne.
1 oûx àvnpéÛTi

cpualv àXXà tsôvtixev, t(ji jcçoa^nnaTi tfjç à,é|ecoç itaça-

fiv Jtaeavojnav.

VARIA SCOLAIRES

209

Le CHŒUR : Que dis-tu au sujet de ton frère, qu'il va venir?
qu'il est là? Je voudrais le savoir.

ELECTRE : II le dit du moins, mais, malgré ses affirmations, il
ne tient pas parole.

Le pessimisme d'Electre perce dans cette réponse : elle insiste

sur la discordance qui existe entre les paroles d'Oreste et sa conduite :
cpr\ai, qpdcxcov, léyEi — oijôèv jtoisï.
Le chœur, pour l'encourager, lui répond par une de ces banalités,
dont la contradictoire est aussi plausible : « une grande entreprise

demande quelque délai ». Electre fait aussitôt ressortir la futilité de

cette remarque : « pourtant je n'ai pas tergiversé, moi, quand il s'est

agi de le sauver ». Le chœur reprend : « Soit, mais aie confiance en lui :
il est assez brave pour soutenir les êtres qui lui sont chers. »

Electre accorde que son frère est vaillant; elle ne souffrirait même

pas qu'on dise le contraire. Elle va jusqu'à déclarer, affirmation assez
inattendue au milieu de ses plaintes découragées, qu'elle a pleine
confiance en lui. Ce revirement soudain paraîtra moins étrange si nous
en examinons la raison psychologique : les paroles de ses amies ont
agréablement flatté sa fierté de sœur aînée. Aussi, loin de les démentir,
veut-elle renchérir : « J'ai pleine confiance en lui; c'est cette confiance
dans son courage qui a soutenu si longtemps mon existence. »
Sur ces entrefaites, Chrysothémis sort du palais, les mains chargées
d'offrandes funèbres. Les femmes, qui ne désirent nullement la voir
prendre part à la conversation, qui, au contraire, veulent lui en cacher

le sujet, engagent avec insistance (|xt) vvv eV e'îjrflç \ir\bev) Electre à ne
plus dire un mot.

Le passage essentiel de cette scène, nous l'avons vu, c'est le portrait

animé qu'Electre trace de Clytemnestre. Le résultat en est que, lorsque

celle-ci paraîtra (v. 516), les spectateurs seront parfaitement renseignés
sur son compte. Est-ce une faute de la part de Sophocle? La Clytem

nestre qu'il produit sur la scène a perdu toute la dignité que, malgré
son forfait, elle gardait chez Eschyle. Poussé par le souci de mettre
son héroïne en relief, il lui oppose une mère aussi peu digne, aussi
peu vertueuse que possible, afin que, dès son entrée en scène, les

spectateurs, d'emblée indisposés contre elle, réservent toute leur

sympathie à Electre. Lorsque Clytemnestre apparaîtra sur la terrasse

du palais, le public, dont la curiosité se trouve piquée par la scène
présente, s'écriera d'instinct : « Ah! la voilà, cette femme méchante
et impie. » Le but de Sophocle sera atteint.

Le poète a recouru à un autre moyen encore pour soutenir l'attention
des spectateurs. Les questions du chœur, les réponses imprécises

210

LES ÉTUDES CLASSIQUES

d'Electre, son découragement, suivi brusquement de confiance, tout

cela est de nature à captiver le public. Tandis que les personnages

en scène sont censés ne rien savoir de précis au sujet d'Oreste, tandis
qu'Electre ne soupçonne pas que son frère est tout près, le public
sait que les vengeurs sont à Mycènes, qu'ils rôdent autour du palais,
occupés à s'informer, à épier le moment propice. Il sait que les craintes
d'Electre sont vaines. Qu'elle ait donc confiance; le justicier, guidé
par la main sûre de la divinité, est là. L'instant de la vengeance est
imminent. Les spectateurs attendent avec impatience le moment
où les vengeurs reparaîtront. Ils l'attendent de scène en scène; de là
une curiosité renouvelée, chaque fois qu'un nouveau personnage paraît.

(A suivre.)

P. Suys, S. J.

POUR LE VAISSEAU DE VIRGILE x
HORACE ET J. M. DE

HEREDIA

I. Le poète latin devait exercer son attirance sur J. M. de Heredia.
Ce sont deux artistes d'une même lignée : même netteté de conception,
même souci d'érudition, même scrupule de précision, même achar
nement à la tâche de par la haute idée qu'ils se font de la poésie, elle
qui, suivant Lamartine, saisit l'homme dans son humanité tout entière :
idée pour l'esprit, sentiment pour l'âme, image pour l'imagination et
musique pour l'oreille.

On ne trouvera ni, dans l'un ni dans l'autre, ces larges et vifs courants
d'inspiration où l'âme, sous une pression incoercible, jaillit d'ellemême et laisse déborder, en manière de libération, tous les sentiments
qui l'oppressent, en une langue, colorée de lumineuses et pittoresques
images, soutenue par un sens instinctif d'harmonie que disciplinent
des habitudes de travail et de métier.

Hommes d'études et, dirions-nous, vrais chartistes tous deux par la
richesse et la sûreté de leur érudition, leur poésie, dans son fond et
dans sa forme, révèle deux artisans, rivés avec conscience à leur établi,
et de leurs doigts rien ne tombera qui pensé, pesé, amenuisé n'atteigne
la plus grande netteté de conception et le fini de l'expression, et qui,
dans le cadre restreint où se confine leur inspiration, ne soit fête pour
l'esprit, féerie pour l'imagination et harmonie pour l'oreille.
Après avoir recueilli tous les éléments à même d'enrichir, d'illustrer
la matière du sujet choisi, leur originalité commune sera de maîtriser
1 Sic te diva potens Cypri, Horace, Odes, I, 3.

VARIA SCOLAIRES

211

tout cet apport extérieur, de le coordonner, de le soumettre à l'idée qui

se doit d'être claire, de le plier, sans défaillance ni cheville, à la mesure
d'une minutieuse métrique, de le fondre en un rythme réclamé par

la juste expression du sentiment.

II. Voyons-les à l'œuvre tous deux penchés sur le même sujet.
Virgile est sur le point de prendre la mer pour voguer vers la Grèce.
Horace, d'une amitié inquiète, craint tout naufrage possible; il adresse
une prière aux divinités protectrices des traversées pour qu'elles
sauvegardent celui qu'il dénomme « la moitié de son âme ». Nous
avons analysé par ailleurs le procédé d'Horace* : deux strophes où un art

consommé ne trahit pas la sincérité de l'émotion sont seules consacrées
au sujet lui-même; puis le poète, s'autorisant des lois du lyrisme
grec, s'abandonne au lieu commun d'école, le genre et l'espèce, et,
grâce à l'élasticité de ce topique, il a tout loisir pour vitupérer contre

l'espèce humaine qui, sous couleur de progrès, multiplie pour les
individus les occasions de catastrophe, si bien qu'à travers ce dévelop
pement impétueux, Virgile n'apparaît plus qu'à l'état de fantôme

esquissé en filigrane. Ce procédé d'école, que rien ne masque, donne
à la presque totalité de l'ode un caractère artificiel qu'atténue la sincérité
d'intention; à cette remarque Horace pourrait nous riposter qu'il

songeait plus à satisfaire le goût de son ami que le nôtre et qu'en

l'adressant à Virgile, le premier critique de l'époque, au dire d'Horace,

il avait la certitude que son poème répondait à la plus pure esthétique'
de son temps.

III. Pour mieux juger de Heredia, replaçons-le dans le cadre de

son parrainage littéraire. Nul doute que l'idée première de ses Trophées
ou recueil de sonnets où s'intercale la poésie présente, ne provienne

de la Légende des siècles de Victor Hugo; dans la série de toutes ces
épopées fragmentaires qui embrassent toute l'histoire des temps
révolus, Hugo tendait à la résurrection du passé; Leconte de Lisle,

à la même époque, dans ses Poèmes antiques et barbares, poursuivait

un même dessein, mais dans une conception toute différente :
a) Un lyrisme débordant s'insère tumultueusement dans les gran
dioses visions épiques du premier; convaincu du sérieux de sa
fonction de poète, Hugo croyait devoir à lui-même de prôner ses idées
personnelles sur Dieu, la Justice, la bonté native du peuple, et de

déclamer ses haines contre la royauté et tout sacerdoce ou religion
qui ne répondait pas à ses propres conceptions de Mage des temps
1 Les Études classiques, VIII, 1939, p. 88.

212

LES ÉTUDES CLASSIQUES

nouveaux : intrusion perpétuelle de son Moi dans les flots de ses
opulents récits et de son irrépressible lyrisme.

b) Ce que Hugo demandait à sa puissante imagination et à l'inspi
ration de ses préjugés plus qu'à l'histoire, Leconte de Lisle et les
tenants de l'école parnassienne le réclameront de l'érudition; ils visent
à la seule objectivité; un parti pris d'impassibilité les cuirassera contre

les indiscrétions du lyrisme; mais Leconte de Lisle eût beau faire,
son pessimisme de tempérament n'en apparaîtra pas moins à travers

ses tableaux successifs où les grands rêves de l'humanité s'effacent
tour à tour dans l'effritement de toute civilisation et de toute religion,
si éclatantes qu'elles aient brillé dans un fugitif instant de l'épique
évolution humaine.

c) A son tour, Heredia édifie sa Légende des Siècles, mais il y apporte
l'originalité de son propre tempérament. Chartiste d'éducation, il
sera un érudit scrupuleux : tout sera pesé, chaque détail contrôlé, mais
ses tableaux ne seront que des tableautins; il ne les élargira pas en de
larges fresques, à l'instar de ses devanciers, mais il les casera, d'un
doigté délicat, dans les limites étriquées d'un sonnet; est-ce par habitude
de manœuvrier qui se joue en manière de sport, dans la difficulté
et y mesure ses forces? Est-ce crainte de trop calquer l'œuvre des
deux maîtres? Ou simplement tournure d'esprt qui, n'osant se
risquer à prendre du champ, se passionne autour d'un jeu de
patience ? Il y a quelque chose de ces différentes raisons dans le choix
du genre.

Rivés des mois entiers à la confection de ses sonnets, il n'y aura pas
d'expression et de vers qui ne passera et repassera par le fameux
gueuloir, pour prendre le mot consacré de Flaubert, afin de plier son
verbe poétique au rythme approprié. Aucune grande échappée lyrique,
mais, à l'opposé de son maître, Heredia apparaîtra comme un optimiste;
on remarquera à travers ses compilations poétiques le créole, l'œil

encore rempli de mirages éclatants et de visions ensoleillées et cédant
à l'enthousiasme qui saisit l'artiste au chatoiement de ses tableaux
qu'il campe avec relief et bonheur.
IV. La pièce présente sert de sonnet liminaire à la seconde partie des
Trophées, intitulée Rome et les Barbares; il peint les différents aspects
de la civilisation romaine. Ses préférences d'artiste le portent immé
diatement vers les deux noms les plus représentatifs de l'époque
d'Auguste et il reprend à son compte l'ode d'Horace à son ami Virgile;
il ne pouvait rencontrer meilleur document pour nous peindre ce
qu'était l'amitié entre âmes d'élite; il emprunte le langage de l'époque,

VARIA SCOLAIRES

213

étale la même érudition que le poète latin et nous révèle, par son bagage
mythologique d'emprunt et d'imitation, la survivance du vieil esprit
religieux qui, en dépit du scepticisme à la mode, imposait encore

aux lettrés d'alors et à leurs écrits ces symboles mythologiques, vestiges
des anciennes croyances religieuses et langage persistant de l'antique
piété : c'est donc bien vers une résurrection du passé que tendent ses

intentions.
Mais il ne pouvait suivre l'original latin à travers tous les dévelop
pements d'un lyrisme démodé; la tradition française d'une plus stricte
unité le lui interdisait, et de plus l'exiguïté d'espace que lui laissaient
les 14 vers du sonnet est une raison tout aussi péremptoire. Il emprun
tera le sujet au poète latin, traduira le plus fidèlement qu'il est possible
à un versificateur français les deux premières strophes 1, puis il se

livrera à sa propre initiative pour pasticher savamment la tournure
horatienne,

fondant

l'expression

des sentiments d'un ami.

comme

lui

les

souvenirs

mythologiques

à

Son originalité personnelle

apparaîtra encore en ce qu'aux sentiments intimes d'Horace pour

Virgile, il mêlera les siens, de sorte que son Virgile, que la nef fragile
porte vers la terre des dieux, ne sera pas seulement l'intime d'Horace,
mais le grand poète tel qu'Heredia le conçoit à vingt siècles de distance,

celui dont le souvenir se rajeunit toujours, magnifié, et presque déifié
par la légende éclose autour de son nom. Et par là, Heredia est fidèle
à la grande tradition classique qui se fait une loi d'imiter les chefs-

d'œuvre définitifs du passé, en les adaptant aux idées personnelles et
à l'esthétique contemporaine.

V. Vocabulaire et mots traduits directement d'Horace :
Que vos astres plus clairs: lucida sidéra y — gardent mieux du danger:
reddas incolumem ; — Dioscures: Castor et Pollux, deux frères jumeaux changés
en étoiles dans la constellation des Gémeaux; ils étaient fils de Léda, femme de
Tyndare, roi de Sparte. Zeus pour se faire aimer de Léda se métamorphosa en
Cygne : de cette union naquirent les deux jumeaux : de là, l'appellation de fils du
Cygne donnée aux deux étoiles (vers 11); — frères d'Hélène: fratres Helenae :

Léda eut encore deux filles jumelles, Clytemnestre, femme d'Agamemnon, roi de
Mycènes et d'Argos, et Hélène, femme de Ménélas, roi de Sparte, dont l'enlè
vement par Paris, fils de Priam, détermina la guerre de Troie ; — au ciel
Hellène : finibus atticis; — Cy cl a de s : îles de l'Archipel, du mot grec xvx>oç,
ainsi nommées parce que ces îles sont disposées en cercle autour de l'île de Délos,

la plus petite île du groupe de Cyclades, célèbre par le sanctuaire d'Apollon; —
Iap yx : vent du N.-O., soufflant de l'Iapygie, région S.-O. de l'Italie et prenant
1 L'essai qu'Heredia s'imposait de traduire du latin en français est conforme à sa
laborieuse virtuosité; la difficulté est grande de rendre en vers français, langue analy
tique, la concision horatienne à laquelle s'ajoute la concision du latin synthétique.

214

LES ÉTUDES CLASSIQUES

en poupe les vaisseaux qui cinglaient vers la Grèce; ce fut le même vent qui,

d'après Virgile {En. VIII, 710), favorisa la fuite de Cléopâtre vers l'Egypte. —
Archipel : partie de la Méditerranée orientale baignant les côtes de Grèce et
de Turquie, parsemée d'îles habitées par les Hellènes; d'où le nom d'archipel

donné à un groupe d'îles;— Dauphin : grand cétacé, vivant ordinairement en
groupe; il passait chez les Anciens pour être un ami de l'homme; — le chantre

de Mantoue : Virgile naquit sur le territoire de Mantoue, au village d'Andes;
on le surnomma le Cygne de Mantoue; — fraternel rayon: on comprend l'allu
sion voulue par le poète français : que les fils du Cygne protègent en frères le
Cygne de Mantoue; — la moitié de mon âme : dimidium animae meae; —

nef fragile : fragilem ratem; — mer sacrée : qui baigne la mer divine où
se dressent l'Olympe, le Parnasse, etc.; — Arion : célèbre poète du VIIe siècle
av. J.-C. : sur le point de naufrager, voulant jouer une dernière fois de sa lyre,

il charma un dauphin qui le reçut sur le dos et le sauva de la mort.

VI. Le Ier quatrain est d'une plus stricte imitation :
Horace invoque en premier lieu Vénus, déesse de Chypre; Heredia
laisse ce détail de côté, peut-être par manque d'espace et surtout sans
doute dans un dessein d'unité et de réalisme : sa prière, d'un bout à
l'autre, s'adresse aux seules divinités stellaires qui, la nuit, suivront

d'une manière effective le navire privilégié

qui porte

Virgile;

de

plus, la mention de Chypre nous eut égarés loin de la Grèce, jusqu'aux

proches rivages de Syrie l.
Les Cyclades dont l'inspiration revient au poète lui donnent l'occasion
de frapper un de ces vers qui portent bien sa marque par la surprise
du détail, l'a propos du choix, la richesse d'expression, leur force
de suggestion et leur tonalité harmonieuse :
Voir les Cyclades d'or de l'azur émerger ...

tout le bleu mériterranéen qui reflète la chaude lumière dorée de
l'Orient.

Nous retrouvons le génie inventif du poète dans la seconde strophe
à qui l'ode ne fournit qu'un seul mot suggestif : praeter Iapyga, l'unique
vent favorable; la période est bien balancée, les membres s'y déroulent
avec ordre et clarté, les mots sont endimanchés; qu'on relise toute
la strophe : le poète souhaite que Iapyx fasse toilette pour escorter

le premier poète du temps dans une traversée baignée d'harmonie;
il n'est que de relire les deux premiers vers et de saisir leur musique
d'enchantement et d'incantation; que l'on note la persistance de la
1 II est presque regrettable, d'après nous, que, par souci de la richesse de la rime,
Heredia ait fait rimer Hélène avec Hellène, deux homonymes presque; ces sortes de
calembours auraient leur place mieux marquée dans les odes funambulesques de
Banville ou les tours de force rostandesques.

VARIA SCOLAIRES

215

diphtongue ou : sorte de rappel des mélopées marines aux tonalités
assourdies.

Que des souffles de l'air, de tous le plus léger,
Que le doux Yapix redoublant son haleine ...

Les deux vers suivants prennent l'allure d'un adagio pour irarquer une

marche lente, sûre et solennelle comme s'il s'agissait d'une expédition
propre à la Théorie sacrée : ne s'agit-il pas en effet d'un pèlerinage
vers la terre des dieux accompli par l'homme que le ciel lui-même
inspire?

D'une brise embaumée enfle la voile pleine
Et pousse le navire au rivage étranger.

Les deux tercets apparaissent riches d'allusions, glissées avec aisance,
transparentes de délicatesse et de clarté; aucun mot risqué au hasard;

aucun qui ne soit justement orchestré : il ira par les flots de l'Archipel
où le dauphin sauva Arion, et lui, le Cygne de Mantoue, auréolé
fraternellement par la clarté des fils du Cygne, n'aura, en cas de danger,
qu'à laisser tomber de sa lyre un fragment de son poème pour que se
renouvelle le miracle d'un dauphin qui le sauve.

Heredia mettait tout son art à ce que le dernier vers fût le digne
couronnement de l'œuvre : finis coronat opus, à ce que la chute, suivant

l'expression reçue, fût plaisante à l'esprit et à l'oreille; la finale, à la
fois majestueuse et recueillie, suggestive par la plénitude des mots
qui donnent à penser, parachève avec justesse cette prière d'un
liturgique aspect :
Vers la terre des dieux, porte le grand Virgile.

Le poème est heureusement fini : le bonheur d'expressions, la
justesse de la cadence efface toute trace de labeur : la difficulté vaincue

disparaît sous l'apparence d'une aisance naturelle; après une réclusion
absorbante, Heredia, impatiemment attendu, peut aller de salon en
salon littéraire pour déclamer 1 son minuscule chef-d'œuvre et recueillir
les approbations méritées par son talent, son goût d'artiste et son
travail.
VII. Résumons d'une brève synthèse cette analyse :

A. Le sonnet est de composition classique : une idée par strophe,
et les quatre s'enchaîna nt par des transitions naturelles : i° Que les

astres président au voyage; 2° que les vents vous soient

favorables,

1 Un léger bégaiement de nature aurait pu faire obstacle à la perfection de sa diction;
Heredia en tirait parti pour en tirer des effets; il accentuait son défaut avant de pro
noncer les mots de valeur. (Cf. Léon Daudet, Morts et Vivants.)

216

LES ÉTUDES CLASSIQUES

3° quand cinglant vers la Grèce, 40 Vaisseau, vous portez Virgile, la
moitié de mon âme. — Un point central, la vision du navire, toutes
voiles gonflées, au sein des flots; au dessus, un scintillement d'étoiles

dans le velours des nuits attiques; à l'horizon, à l'aube naissante, les
Cyclades émergeant de l'azur que le soleil du Levant fera briller sous
un poudroiement d'or. — Une vision nettement dessinée est un procédé
familier, propre aux compositions du poète.
B. Le sonnet est épique : i° il nous reporte vers une civilisation
perdue qu'il fait revivre avec relief et couleur; 2° épique par l'emploi

du merveilleux, inspiré directement par un document de ces âges
lointains où la légende a droit de cité, où les forces de la nature (étoiles,
vents) s'incarnent en des personnalités conscientes, où les créations
mythiques si gracieuses dans leur symbolisme (Arion, le dauphin)
ajoutent leur charme poétique; et le poète donne à Virgile lui-même

un aspect légendaire d'un demi-dieu, évoluant comme en traversée
triomphale, entouré de divinités protectrices.
C. Le sonnet est lyrique : il s'inspire d'un thème humain, le sentiment
d'amitié; toutes les expressions sont chargées de sensibilité : la nature
ardente de Heredia y communique une chaleur d'accent et une viva
cité de coloris qui dénonce une conception optimiste de la vie et de

plus il y mêle son admiration pour Virgile.
D. Le sonnet est artistique, conçu suivant le goût de l'école parnas
sienne : a) par le souci de la perfection dans la plénitude d'une forme
expressive et belle; b) par la somptuosité d'un vocabulaire toujours
précis; c) par sa richesse documentaire donnant une véritable objec

tivité au poème; d) par le sens du rythme qui montre en Heredia un
fervent disciple de V. Hugo et de Leconte de Lisle; e) par la richesse

indéfectible de la rime.

p

CoLMANTj S. j.

QUELQUES VERSIONS DE COLUMELLE
Habitués à ne trouver dans leurs auteurs qu'histoire, politique ou

poésie, nos élèves préfèrent souvent un peu de variété dans leurs

devoirs de version latine. C'est le but de cette cueillette dans les douze
livres de Columelle sur l'agriculture.

Un choix s'imposait pour être utile dans ce sens. Les morceaux ne
devaient pas être trop longs, tout en traitant complètement une partie

d'un sujet. Ensuite, destinés à des élèves de grammaire, il convenait
de prendre de préférence des morceaux où se retrouvent quelques
applications grammaticales.

Celles-ci seront indiquées pour chaque

VARIA SCOLAIRES

217

version proposée. Enfin, nous n'avons pas voulu dérouter les élèves
par le vocabulaire. C'est ainsi que nous n'avons rien pu cueillir dans
les longues dissertations de Columelle sur les différentes espèces de
vignes, et a fortiori sur les remèdes à apporter aux diverses maladies
des chevaux et du bétail.

Qu'on nous permette d'abord de présenter l'auteur. L. Junius
Moderatus Columelle nous est peu connu. Il n'a pas l'honneur de
figurer parmi nos grands classiques. La pureté et l'élégance de son

style méritent cependant que l'on fasse sa connaissance. Ne croyez pas
trouver en lui le cultivateur affairé, plus soucieux de diriger le soc de
sa charrue et d'engraisser ses porcs qu'à vous parler son beau latin.
Columelle est un lettré. Il suffit, pour s'en convaincre, de lire la longue
introduction de son premier livre. C'est un admirateur enthousiaste
d'Homère et de Phidias, il a lu Hésiode, Démocrite et Aristote et
saura vous citer tous les auteurs grecs et latins qui ont apporté leur

tribut au progrès de la science agricole. Columelle n'est donc pas le
premier en son genre. Pour ne citer que les principaux, Caton le
Censeur et Varron l'ont devancé depuis bien longtemps déjà et, sur

l'ordre du sénat, les vingt-huit livres du Carthaginois Magon avaient
été traduits en latin. Malgré tout, Columelle ne croit pas inutile de nous
présenter ses douze livres De re rustica. Économie rurale, culture
des champs et des vignobles, calcul des surfaces, entretien des bestiaux,
basse-cour et abeilles, tout cela se trouve amplement traité dans la
prose de Columelle. Son dixième livre est en vers et parle des jardins.
L'auteur lui-même nous en donne la raison : c'est dans le but de
compléter les Georgiques, puisque Virgile a déclaré n'avoir omis la

culture des jardins que pour laisser à la postérité le soin de les traiter
après lui 1.

En voilà de l'ambition! Cependant, à côté d'un Virgile, les vers de
Columelle sont plutôt ... modestes, et quant à sa prose, même s'il est
vrai qu'elle est plus agréable à l'homme de lettres qu'utile au culti
vateur, elle est presque tombée dans l'oubli. Mais heureusement,
je pense qu'il ne s'en offusquera pas, puisqu'il nous dit qu'après avoir
aspiré au premier rang, nous recueillerons toujours assez d'honneurs
si nous n'arrivons qu'à la seconde place : « Summum culmen affectantes,
satis honeste vel in secundo fastigio conspiciemur. »
Neveu d'un grand cultivateur, il était tout naturel qu'il s'intéressât
aux travaux des champs. Il naquit au milieu des vignes et des moissons
1 Verum haec ipse equidem spatiis exclusus iniquis
Praetereo atque aliis post me memoranda relinquo. Virgile, Géorg. IV, 148-149.

218

LES ÉTUDES CLASSIQUES

près de Cadix, vers l'an 15 ou 20 de notre ère, et dans cette province

de Bétique, les bœufs et les moutons de son oncle Marcus Columelle
furent les témoins de son jeune âge. Mais c'est dans la capitale de

l'Empire que L. Columelle devait passer sa vie. Nous ignorons le but
de ce départ pour Rome et quelles furent ses occupations, mais ce qui
est certain, c'est qu'il ne peut s'empêcher de déplorer l'insouciance
et la négligence des Romains dans leurs travaux champêtres.
« On enseigne à Rome tous les arts et toutes les sciences, nous avons des écoles
pour les professions même les plus viles, et ce n'est qu'en fait d'agriculture qu'il
n'y a ni professeur ni élève. Nous avons confié la culture de nos terres au dernier
de nos esclaves, maladroit et sans expérience. Nous avons abandonné la faux et
la charrue pour aller nous établir dans l'enceinte des villes et (ce que Varron
reprochait déjà à nos ancêtres) les mains qui applaudissent dans les cirques et
les théâtres laissent en friche les moissons et les vignobles. »

On comprend que, devant un tel spectacle, Columelle regrette un

peu la compagnie de son oncle Marcus, « cet homme très instruit

dans les beaux-arts et l'agriculteur le plus attentif de la province de
Bétique ». C'est auprès de cet homme « au génie pénétrant » qu'il
apprit à aimer la terre et les animaux, et c'est en souvenir de cet ancien
bonheur qu'il veut rendre service aux paysans de l'Italie, car ils sem
blent bien oublier le mot du Cygne de Mantoue : O fortunatos nimium
sua si bona norint agricolas!
*

C'est par cette version que débute l'œuvre de Columelle. La ire
partie nous fournit trois belles périodes latines dont l'analyse logique
sera intéressante à faire. La 2e partie, au milieu des subjonctifs, nous
donne des applications du complément de l'adjectif au génitif.
effetus : usé;

noxa : dommage, dégât; noxae : application du double datif;
consultes : expérimenté.

CAUSE DE L'INFÉCONDITÉ DE LA TERRE
Saepe civitatis nostrae principes audio culpantes modo agrorum infecunditatem,
modo caeli per multa iam tempora noxiam frugibus intemperiem, quosdam etiam
praedictas querimonias velut ratione certa mitigantes quod existiment ubertate nimia
prions aevi defatigatum et efietum solum nequire pristina benignitate praebere morta-

libus alimenta. Quas ego causas procul a veritate abesse certum habeo, quod neque fas
est existimare humi naturam quam primus ille mundi genitor perpétua fecunditate

donavit, quasi quodam morbo sterilitate affectam, neque prudentis credere tellurem
quae divinam et aeternam iuventam sortita, communis omnium parens dicta sit,
quia et cuncta peperit semper et deinceps paritura sit, velut hominem consenuisse.

VARIA SCOLAIRES

219

Nec post haec reor intemperantia caeli nobis ista, sed nostro potius accidere vitio,

qui rem rusticam pessimo cuique servorum noxae dedimus quam maiorum nostrorum
optimus quisque et optime tractaverit.

Atque ego satis mirari non possum quomodo dicendi cupidi seligant oratorem cuius
imitentur eloquentiam, vocis et cantus modulatorem nec minus corporis gesticulatorem

scrupulosissime requirant saltationis ac musicae studiosi, iam qui aedificare velint,
fabros et architectos advocent, qui navigia mari concredere, gubernandi peritos, qui
bella moliri, armorum et militiae gnaros, et, ne singula persequar, ei studio quod quis
agere velit, consultissimum rectorem adhibeat; sola res rustica quae sine dubitatione

proxima et quasi consanguinea sapientiae est, tam discentibus egeat quam magistris.

(I. 1)
LA FENAISON

Nous avons ici des propositions subordonnées introduites par ut,
et dont la nature diffère. La proposition conditionnelle, qui régit
tantôt l'indicatif, tantôt le subjonctif, trouve ici ses applications.

Vocabulaire : Quelques verbes inchoatifs : inarescere, putrescere,
concalescere, permadescere.

demetere : couper, faucher.
stramenti vicem obtinere : tenir
lieu de litière.

in siccanda [foeno]

udus : mouillé.
tabulatum : plancher.
meta : cône, meule.
excoquere : purifier.

Foenum demetitur optime antequam inarescat, nam et largius percipitur et iucundiorem cibum pecudibus praebet.

Est autem modus in siccando ut neque peraridum neque rursus viride colligatur;
alterum quod omnem succum si amisit, stramenti vicem obtinet, alterum quod si
nimium retinuerit, in tabulato putrescit, ac saepe cum concaluit, ignem créât et incendium. Nonnumquam etiam cum foenum caedimus, imber oppressit, quod si permaduit,
inutile est udum movere, meliusque patiemur superiorem partem sole siccari. Tune
demum convertemus et utrimque siccatum in manipulos vinciemus. Nec omnino
cunctabimur quominus sub tectum congeratur, vel si non competit ut in villam foenum
portetur, in metas exstrui conveniet easque ipsas in angustissimos vertices exacui.
Sic enim commodissime foenum defenditur a pluviis, quae etiam si non sint, non alienum
tamen est praedictas metas facere ut si quis humor herbis inest excudet atque excoquatur in acervis.

(II, 19)

Très utile pour revoir les noms de nombre ou pour s'y exercer, la
version suivante nous montre comment on calculait la surface d'un
cercle et d'un hexagone. Les professeurs de mathématiques ne seront

pas d'accord avec Columelle, mais l'erreur ne sera pas considérable.
Vérifiez si cela vous amuse.
CALCUL DES SURFACES

Si rotundus ager erit, ut circuli speciem habeat, sic pedes sumito. Esto area rotunda
cuius diametros habeat pedes septuaginta. Hoc in se multiplicato : septuagies septuaginta fiunt quattuor millia et nongenti. Hanc summam undecies multiplicato, fiunt
pedes quinquaginta tria millia nongenti. Huius summae quartam decimam subduco,
scilicet pedes tria millia octingenti et quinquaginta. Hos esse quadratos in eo circulo dico.

220

LES ÉTUDES CLASSIQUES

... Esto hexagonum quoquoversus lineis pedum triginta. Latus unum in se multiplico. Tricies triginta fiunt nongenti. Huius summae tertiam partem statuo trecenti,
eiusdem partem decimam nonaginta. Fiunt trecenti et nonaginta. Hoc sexies ducendum
est, quoniam sex latera sunt, quae consummata efficiunt duo millia trecenti et quadraginta. Tôt igitur pedes quadratos esse dicemus.

(V, 2)

DOMPTAGE DES BOUVILLONS

Le texte qui suit n'est pas difficile. Pigeât, iungantur, récusent,

sont trois applications intéressantes du subjonctif.

contumax : entêté, rebelle.

inhibêre : contenir, arrêter.

efferatus : furieux.

obsequi : céder, se soumettre.

prosilire : s'élancer, sauter en avant.
Ubi plaustro aut aratro iuvencum consuescimus, ex domitis bubus valentissimum
undemque placidissimum cum indomito iungimus. Is et procurrentem retrahitLet cunc-

tantem producit. Si vero non pigeât iugum fabricare quo très iungantur hac machina-

tione consequemur ut etiam contumaces boves gravissima opéra non récusent. Nam ubi
piger iuvencus médius inter duos veteranos iungitur, aratroque iniuncto terram moliri
cogitur, nulla est imperium respuendi facultas. Sive enim efferatus prosilit, duorum
arbitrio inhibetur, seu consistit, duobus gradientibus etiam invitus obsequitur, seu
conatur decumbere, a valentioribus sublevatus trahitur. Propter quae undique neces-

sitate contumaciam deponit et ad patientiam laboris paucissimis verberibus perducitur.
(VI, 2)

l'ane d'arcadie

Si l'on veut maintenant de belles applications du complément de
l'adjectif et du verbe, nous voilà servis.
volunt rationem esse : veulent que

palea : paille.

l'on ait égard à, que l'on

gliscëre : s'engraisser.

tienne compte de.

armentum : bétail, animal domes-

pascuum (rare au sing.) : pâturage.

tique.

Mihi de minore pécore dicturo principium tenebit Arcadiae vilis hic vulgarisque
asellus,

cuius plerique rerum rusticarum periti,

in emendis

tuendisque iumentis,

praecipuam rationem volunt esse, nec im'uria. Nam eo rure quod pascuo caret, contineri potest, exiguo et qualicumque pabulo contentus; quippe vel foliis spinisque alitur,

vel obiecto fasce sarmentorum. Paleis vero, quibus paene omnes regiones abundant, etiam
gliscit. Tum imprudentis custodis neglegentiam fortissime sustinet, plagarum et penuriae tolerantissimus. Propter quae tardius déficit quam ullum aliud armentum, nam

laboris et famis maxime patiens raro morbis afficitur. Quare omne rus tamquam maxime
necessarium sibi desiderat asellum.
'VII, 1)

CHOIX D'UN BON CHIEN DE GARDE

Nous allons maintenant présenter une version remplie d'exemples

du complément du substantif, les uns au génitif, les autres à l'ablatif
de qualité.

VARIA SCOLAIRES

canorus : sonore, retentissant.

221

hirtus : hérissé.

crassus : épais, gras.
In primis canem mercari tuerique débet agricola quod et villam et fructus familiamque et pecora custodit. Villae custos eligendus est amplissimi corporis, vasti latratus

canorique, ut maleficum prius auditu, deinde conspectu terreat, et nonnumquam, ne
visus quidem, horribili fremitu suo fuget insidiantem. Sit autem coloris unius, isque
magis eligatur albus in pastorali cane, niger in villatico, nam varius in neutro est laudabilis. Pastor album probat quoniam est ferae dissimilis magnoque discrimine interdum
opus est in propulsandis lupis sub obscuro mane vel etiam crepusculo, ne pro bestia
canem feriat. Villaticus, qui hominum maleficiis opponitur, si luce clara fur advenerit,
terribilior niger conspicitur, sive noctu, ne conspicitur quidem propter umbrae similitudinem, quamobrem tectus tenebris cam's tutiorem accessum habet ad insidiantem.

Probatur quadratus potius quam longus aut brevis, capite tam magno ut corporis
videatur pars maxima propendentibus auribus, nigris vel glaucis oculis, amplo pectore,
cruribus crassis et hirtis, cauda brevi, unguibus amplissimis.

(VII, 12)

l'élevage des poules

Même genre d'applications.

fuscus : brun.

partum edere : pondre.

Gallinas mercari nisi fecimdissimas non expedit. Eae sint rubicundae vel fuscae
plumae, nigrisque permis, ac si fieri poterit, omnes huius et ab hoc proximi coloris
eligantur. Sin aliter vitentur albae, quae fere cum sint molles ac minus vivaces, tum
ne fecundae quidem facile reperiuntur, atque etiam conspicuae propter insigne candoris,
ab aquilis saepius abripiuntur.

Cibis idoneis fecunditas earum elicienda est, quo maturius partum edant. Optime
praebetur ad satietatem ordeum semicoctum, nam et maius facit ovorum incrementum
et frequentiores partus. Sed is cibus condiendus est interiectis cytisi foliis ac semine
eiusdem quae utraque maxime putantur augere fecunditatem avium.
(VIII, 2)

Les deux dernières versions sont moins « spécialisées », elles ne
manqueront cependant pas d'intérêt pour des élèves de grammaire.
LES OIES

solers : habile, sûr.

consitis, satae : de (con)serere,
semer.

Venio nunc ad eas aves quas Graeci â|i<pi|3î(njç vocant, quia non tantum terrestria

sed aquatilia quoque desiderant pabula, nec magis humo quam stagno consueverunt.
Eius generis anser praecipue rusticis gratus est quod nec maximam curam poscit et
solertiorem custodiam quam canis praebet. Nam clangore prodit insidiantem sicut
etiam memoria tradidit in obsidione Capitolii, cum adventu Gallorum vociferatus est,
canibus silentibus.

Is autem non ubique haberi potest, ut existimat verissime Celsus qui sic ait : « Anser
neque sine aqua, neque sine multa herba facile sustinetur, neque utilis est locis consitis,
quia quidquid tenerum contingere potest carpit. Ubi vero flumen aut lacus est herbaeque copia nec nimis iuxta satae fruges, id quoque genus nutriendum est. » Quod
etiam nos facere censemus non quia magni sit fructus, sed quia rninimi oneris.
(VIII, 13)

222

LES ÉTUDES CLASSIQUES
POSITION D'UNE RUCHE

pàbulari : prendre sa pâture, sa

nourriture.
editus (part, passé de edere) : (lieu)
élevé.

prodivis : en pente, incliné.

maceria : muraille.
sterquilinium : fosse à fumier.
fructices : plants.

utensilia, ium : provisions.
Sedes apibus collocanda est contra meridiem, procul a tumultu et coetu hominum
ac pecudum, nec calido loco nec frigido, nara utraque re infestantur. Haec autem sit
ima parte vallis ut et vacuae cum prodeunt pabulatum apes facilius editioribus advolent et collectis utensilibus cum onere per proclivia non aegre dévoient. Si villae
situs ita competit non est dubitandum quin aedificio iunctum apiarium maceria circumdemus, sed in ea parte quae tetris latrinae sterquiliniique libéra est odoribus.

Conseri deinde circa totum apiarium debent arbusculae incrementi parvi, cytisi,
pini et rosmarinus, quin etiam thymi fructices, item violarum vel quaecumque utiliter deponi patitur qualitas terrae.

(IX, 5)

M. HONDERMARCQ, S. J.

BIBLIOGRAPHIE

DE GÉOGRAPHIE ANCIENNE
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a été résumé par l'auteur lui-même dans les deux articles suivants :

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j

y. O.

REVUE DES REVUES
FORMATION GÉNÉRALE ET PÉDAGOGIE
M. Barbera, S. L, La metodica délia istruzione religiosa (La Civiltà
cattolica, 19 juillet 1941, pp. 111-122).

Le P. Barbera s'insurge contre l'expression « activisme catéchétique », employée
par quelques auteurs en Italie. Il préfère parler de « catéchisme méthodique ».
La méthode est l'art d'employer les moyens à la fin et consiste, dans le cas de

l'enseignement religieux, à trouver les moyens d'exciter l'intérêt des élèves.
Dans ce but, des techniques fort utiles ont été mises au point par le mouvement
de l'école active. L'emploi de moyens intuitifs, récits, projections, etc. est excellent,
mais ne dispense pas le maître de faire apprendre par cœur aux enfants les formules
du catéchisme.

H. Lubienska de Lenval, La place de Maria Montessori dans l'histoire
de la pédagogie (L'Éducation, juillet-août 1941, pp. 66-69).
Melle Lubienska de Lenval distingue dans la pédagogie du XIXe siècle un
courant sentimental représenté par Pestalozzi et Froebel et un courant scienti

fique, au point de départ duquel se trouvent trois médecins français, Itard
Seguin et Bourneville.

Seguin fut « le premier à distinguer une éducation motrice et une éducation
sensorielle qui doivent précéder et accompagner l'éducation intellectuelle.
Il élabore un matériel didactique, grâce auquel l'enfant développe la mémoire
musculaire des formes et acquiert une appréciation expérimentale des différences
dans la longueur, le poids, le volume des objets ».

Lorsque M"» Montessori parle de la liberté que l'éducateur doit toujours

respecter chez l'enfant, il ne s'agit pas d'une liberté illimitée, mais seulement

de la liberté de se mesurer avec la réalité d'un milieu préparé à cet effet.

G. Bertier, La réforme Carcopino (L'Éducation, décembre 1941,
pp. 217-223).

Une loi du 15 août 1941 a modifié l'organisation générale de l'enseignement
public en France. Le numéro de décembre de la revue « L'Éducation » est entiè

rement consacré à ce problème. Il nous donne d'abord, avec de larges extraits

de l'exposé des motifs de M. J. Carcopino, secrétaire d'État à l'éducation
nationale et à la jeunesse, une appréciation d'ensemble de M. G. Bertier.
La réforme de l'éducation vise à donner aux enfants « une éducation virile

et sérieuse ayant pour base de fortes études spéciales ». Les programmes ont

été allégés de façon à donner plus de place à l'éducation physique, aux travaux
manuels et aux disciplines qui développent le sens de la collectivité.

Aussi bien les écoles primaires supérieures que les écoles normales d'insti

tuteurs ont été supprimées. Les premières s'étaient révélées aussi impropres à
procurer une culture générale qu'une culture professionnelle. Désormais les
16

242

LES ÉTUDES CLASSIQUES

instituteurs seront munis du baccalauréat et passeront par un institut profes
sionnel avec stage pratique dans une école et initiation aux méthodes actuelles
d'éducation physique.

La gratuité est supprimée à partir de la 5e année de l'enseignement secondaire

(moment où cesse l'obligation scolaire), mais des bourses seront mises à la dispo
sition des enfants qui le méritent.

L'éducation physique reçoit sa place même dans le programme du baccalauréat.
A tous les degrés une éducation morale est imposée, qui n'est plus la morale
sociologique ou une morale sans sanction ni obligation, mais qui s'inspire des
traditions chrétiennes et souligne fortement les devoirs envers la patrie.

S. et J. Russier, Le nouveau régime de l'enseignement secondaire
(L'Éducation, déc. 1941, pp. 235-238).

J. R. Le nouveau régime du baccalauréat (L'Éducation, déc. 1941,
pp. 239-243).

P. Fabre, Le passage de l'enseignement secondaire à l'enseignement

supérieur (L'Éducation, déc. 1941, pp. 244-245).
Deux cycles divisent l'enseignement secondaire : le premier, de quatre ans,

conduit au certificat d'études secondaires classiques ou modernes; le second,
de deux ans, à la première partie du baccalauréat classique ou moderne.

L'enseignement classique comprend trois sections : latin-grec, latin-langues,
latin-sciences. Dès la 6e, les élèves étudient le latin et une langue vivante,

anglais ou allemand. A partir de la 4e, ils ont le choix entre le grec et une seconde
langue vivante. En seconde, une section C vient se juxtaposer aux deux autres :

la seconde langue y est facultative et l'enseignement des sciences plus développé.
L'horaire réservé aux disciplines intellectuelles a été comprimé pour faire place
à d'autres activités : action morale, travaux manuels, dessin, musique, sports.

Dans chaque classe, un professeur principal sera chargé des branches littéraires.
Désormais les lycées seront réservés aux études classiques et seront seuls
à avoir les classes de philosophie et de mathématiques élémentaires. Les collèges

donneront l'enseignement moderne, technique et agricole, ainsi que parfois

l'enseignement classique, mais jusqu'à la première inclusivement.

Au baccalauréat, à côté des épreuves habituelles, figureront des épreuves

facultatives dont la note n'entrera en ligne de compte que pour autant qu'elle
dépassera la moyenne.

Après la seconde partie du baccalauréat (philosophie ou mathématiques) sont
instituées des classes spéciales de préparation à l'entrée à l'université, classes
de lettres supérieures, de mathématiquss supérieures, de sciences supérieures.

Le programme de la classe de lettres supérieures comprendra le français et le

latin, plus une matière à choisir entre le grec, une seconde langue vivante,
l'histoire et la géographie ou la philosophie.

Chan. Gouget, Position de l'enseignement libre devant la réforme
de l'enseignement (L'Éducation, déc. 1941, pp. 246-248).
Tout en approuvant les grandes lignes du projet Carcopino, le chanoine Gouget
fait deux réserves importantes, la première à propos de l'enseignement d'une
langue vivante dès la 6e, la seconde au sujet du maintien de la gratuité jusqu'en 3e.

REVUE DES REVUES

243

Les difficultés des débuts du latin paraissent suffisantes au supérieur de
àainte-Croix pour retenir toute l'attention de l'élève, sans le distraire par l'étude
simultanée des éléments d'une autre langue.

La gratuité se faisant aux frais des contribuables, M. le chanoine Gouget voit
dans son maintien une injustice à l'égard des usagers de l'enseignement libre,
obliges de soutenir à la fois les frais de l'enseignement officiel et de celui qu'ils
reclament pour leurs enfants.

R DE LE c

E. Herrera Oria, S. J., Colegios mayores y menores modemos
(Atenas, juillet 1941, pp. 201-203).

L'avenir de l'Espagne dépend de l'élite qu'elle formera. C'est donc une question

d éducation. Trois types de collèges se présentent :

i" Collèges supérieurs : ils n'existent pas encore; leur mission serait de

préparer les meilleurs éléments de l'élite aux plus hautes charges du gouver

nement. Les étudiants, au point de vue disciplinaire, seraient maîtres d'euxmêmes. Il s'agit de jeunes gens ayant déjà leurs grades universitaires : on leur
donnerait l'occasion de prendre contact, même en dehors du collège, avec les
réalités sociales et politiques. Le choix des étudiants serait sévère. Et, pour garder
un cachet espagnol à cette institution de type anglais, chaque jour la messe
serait obligatoire, méditation d'une demi-heure, retraite annuelle pendant 8 jours
2° Collèges mineurs : ils diffèrent des précédents par le choix des étudiants

moins fortunés.

3° Le dernier type que l'auteur appeUe « résidences » correspond à nos
« pédagogies ». Elles auraient pour but de fournir aux universitaires un milieu

familial.

Dans chacun de ces collèges, on aménagera des plaines de football, de tennis

et des bassins de natation, le sport étant un grand moyen éducatif pour la vie

On n oubliera pas de créer une ambiance patriotique. Pour cela, il est important
de mettre en bonne place le portrait des anciens élèves qui rendirent quelque
service signalé à l'Église et à la Patrie.

j. D

GREC ET LATIN

G. Daux, Œdipe et le Fléau (Sophocle, Œdipe-Roi, 1-275). (Sev.

des Etudes grecques, avril-juin 1940, pp. 97-122).
Nous avons publié ici naguère (1940, pp. 236-238) un compte rendu sévère

du livre de Mme Delcourt : Stérilités mystérieuses et naissances maléfiques Ceux

que nos remarques n'auraient pas convaincus feront bien de lire l'article de

M. Georges Daux.

Au sujet du début de VŒdipe-Roi, il montre que « le Fléau qui s'est abattu
sur Thebes n est pas simplement stérilité, mais aussi peste humaine, qu'il ne
comporte aucune naissance d'êtres anormaux, que l'importance de la version

sophocleenne comme document religieux n'a aucunement été méconnue, que
1 auteur en revanche méconnaît la valeur dramatique et poétique du début de

1 Œdipe-Rot ». Il ajoute : « La vie romancée est un genre légitime, ou défendable-

et ,e crains que l'histoire des religions ne se prête encore, auprès d'un large

public, a la même forme littéraire. Mais la syntaxe ni le vocabulaire grecs ne se
laissent plier aux caprices de l'imagination » (pp. ïo5-IO6). Plus loin, il dit encore •
« Démontrer que les humanistes se sont trompés depuis toujours sur la nature

LES ÉTUDES CLASSIQUES

du Fléau â'Œdipe-Roi était une entreprise ambitieuse; j'ai ouvert le Uvre avec
beaucoup de curiosité et d'intérêt; j'ai été déçu moins par l'échec de la tentative
que par le faux brillant de la méthode. »

Ce n'est pas seulement le début de VŒdipe-Roi qui a été traité par M™ Delcourt
, avec une désinvolture parfaite ». M. Daux estime qu' « engagée sur une fausse

piste » elle a abouti dans toutes ses recherches à des conclusions fantaisistes,

si bien qu' « il n'y a rien de positif à retenir de l'étude de Marie Delcourt ».

A. Mentz, Die Entzifferung der altgriechischen Kurzschrift
schungen und Fortschritte, 10 et 20 août 1941, pp. 259-260).

(For-

Les papyrus et tablettes de cire tirés du sol de l'Egypte ont fourni un certain

nombre de textes grecs sténographiés. L'étude de la sténographie grecque a ete

entreprise il y a longtemps déjà, mais elle a fait de grands progrès en ces derniers
remos En 1914, H. T. M. Milne publiait un ouvrage intitule Greek shorthand

manuals, syllabary and commentary, et en !94° M. Arthur Mentz, professeur à

Koenigsberg, faisait paraître une collection de textes sténographiques grecs en
Uetat de conservation, que possédait l'Université de Halle. On est parvenu

à déchiffrer une bonne partie de ces textes, contenant des extraits des epitres
de saint Paul, que les élèves sténographiaient par manière d'exercice. On peut

espérer que, grâce à la collation d'un plus grand nombre de documents de
l'espèce, la sténographie grecque ne gardera bientôt plus de secrets.

E. de Saint-Denis, La vitesse des navires anciens (Revue archéo
logique, juill.-sept. i94i> PP- 121-138)-

Le commandant Lefebvre des Noëttes a prétendu, il y a quelques années,

nue faute d'un bon gouvernail, la marine antique était frappée d infirmité,

vouée au cabotage et que les voyages en Méditerranée étaient très lents.
L'invention du gouvernail d'étambot au xm» siècle aurait révolutionne lait
nautique, permis de construire des vaisseaux de gros tonnage et de tenter des
traversées rapides.

..

,

Cette thèse fut combattue aussitôt par M. G. La Roëne : il montra que la

rame-gouvernail de l'antiquité n'était pas si débile et que le gouvernail d etambot
ne pouvait pas être considéré comme un progrès si considérable.

A son tour, M. E. de Saint-Denis, qui est un spécialiste en la matière, —

il a publié en 1935 un important ouvrage intitulé Le rôle de la mer dans la poésie
latine - entreprend de réfuter l'argumentation de M. Lefebvre des Noattes.
Il met en lumière l'inanité des conclusions tirées de trois exemples de navi
gation antique, le voyage de saint Paul en 61 ap. J.-C, le voyage de Ciceron
à Éphèse, le voyage de Rutilius Namatianus en 417 ap. J-C. : tous ces voyages

furent lents en effet, mais pour des raisons indépendantes de la qualité du
eouvernail. Il montre ensuite, à l'aide d'un texte de Pline l'Ancien (N. H., 19, 3)
et d'autres documents anciens, que M. Lefebvre des Noettes a eu tort de consi

dérer la marine antique en bloc, ce qui l'a empêché de constater une vitesse

croissante des navires, des marines primitives à la marine romaine. C est à
l'invention du hunier, signalée par Lucain, Sénèque et Stace, qu'il faut rapporter
cet accroissement de la vitesse : cette trouvaille pourrait bien avoir marqué,

dans l'histoire de la marine, un progrès plus considérable que celle du gouvernail
d'étambot au xm6 siècle.

REVUE DES REVUES

245

E. de Saint-Denis, Les Romains et le phénomène des marées (Rev.
de philol., juill.-oct. 1941, pp. 134-162).
L'érudit professeur de Dijon poursuit inlassablement ses recherches dans le
domaine de la navigation antique.

On sait que Newton a, le premier, rattaché le phénomène des marées à une
loi de la nature, la gravitation universelle. Jusqu'à la fin du IVe siècle avant J.-C,
les Grecs, enfermés dans une mer intérieure peu sensible au flux et au reflux,
ne se sont guère préoccupés d'observer attentivement et encore moins d'expliquer
ce phénomène. L'auteur montre comment les expéditions navales qui eurent
lieu au cours des guerres puniques, puis les descentes des Romains en GrandeBretagne, forcèrent les amiraux à mieux connaître les modalités des marées;
en même temps le thème de la marée fut utilisé en littérature où il avait le double
attrait du grandiose et du mystérieux. Au Ier siècle ap. J.-C, on trouve chez

Pline l'Ancien (N. H., 2, 97, 212 sqq.) la théorie des marées la plus précise
et la plus exacte que l'antiquité nous ait léguée : le phénomène est lié à l'action
lunisolaire, avec ses périodes diurne, mensuelle et annuelle. — Pour terminer,
le savant auteur étudie l'évolution sémantique du mot aestus.

U. Knoche, Die geistige Vorbereitung der Augusteische Epoche durch
Cicero (Forschungen und Fortschritte, 20 juillet 1941, pp. 236-238).
De nombreux ouvrages ont été consacrés à l'activité politique de Cicéron,
à ses mérites comme orateur et avocat. L'auteur de cet article regrette que l'on
n'ait pas jusqu'ici mis en relief le fait que Cicéron, plus que tout autre, prépara

la rénovation spirituelle et morale de l'État romain tentée par Auguste. Pourtant
les écrits philosophiques de Cicéron contiennent tout le programme futur du
premier empereur, programme dont on trouve des éléments chez Virgile et
Horace. M. Ulrich Knoche signale les idées de haut idéal politique et de réforme
morale que contiennent notamment le De re publica et le De officiis.

J.

De Reymaeker, De laatste dag van Troje, Aeneis, II, 13-335
(Nova et vetera, 1941, pp. 240-257).

L'auteur complète, au point de vue psychologique et esthétique, le commen
taire philologique de A. Geerebaert, S. J., Virgilius, Vit Bucolica en Georgica,
Aeneis.
j. V. O.

F. A. D., Viviendo los clasicos. Tito Livio, paduano, orador (Atenas,
juillet 1941, pp. 211-214).
L'histoire pour Tite-Live était matière à éloquence. Aussi les 142 livres de
son Histoire romaine sont-ils, d'après l'expression de Taine, une « sublimation »
de son talent oratoire. Les 400 discours conservés en sont une preuve. Toute
son histoire est un drame, où se succèdent les personnages historiques en tenue
d'orateurs. Ainsi la seconde guerre punique est une scène où se détache Hannibal,
joutant d'éloquence avec Hannon. Ce n'est plus le murmure de l'histoire, ce sont
des échos cicéroniens. L'auteur nous les fait entendre en résumant le xxie livre,
passant avec Tite-Live d'un bout du théâtre à l'autre, de Sagonte à Rome,
regrettant de ne pouvoir satisfaire toujours son « insatiable désir » de tout traduire.
D.

246

LES ÉTUDES CLASSIQUES

LANGUES
F. Wagner, Le Bjarkamal

VIVANTES

(Revue belge de philologie et d'histoire,

juillet-décembre, 1941, pp. 599-613).
Les épopées antérieures au Xe siècle ne sont pas tellement nombreuses, que
la reconstitution de celle-ci ne soit bienvenue. Le philologue danois Axel Olrik
fixe la naissance du poème au Ve siècle et sa rédaction vers l'an 900.
Le chant de Bjarki, composé de 35 strophes, célèbre un des exploits sensa
tionnels accomplis par les Vikings. Il dépeint le dernier combat livré par Hrolf
à Lejre, l'ancienne résidence des rois de Danemark en Seeland.

Cesco Vian,

R.

Menendez

Pidal,

Poesia

arabe y poesia

europea

(Aevum, oct.-déc. 1941, pp. 484-492).
Il est intéressant de noter la réaction des savants italiens, à propos des récentes
théories sur l'origine andalouse de la poésie provençale. Après E. Asin Palacios,
J. Ribera, A. R. Nykl, le maître de la philologie espagnole, M. Pidal, abandonnant
ses anciennes positions, a fini par adopter la thèse de l'influence arabe. Cette
influence se serait imposée non seulement à la forme extérieure par le zejel, mais
aux thèmes, c'est-à-dire notoirement à l'idéal de l'amour courtois.
C'est ici qu'intervient le critique italien, pour faire remarquer que le tercet
monorime avec ritournelle pourrait bien être une forme de la lyrique populaire
latine qui se serait glissée dans la poésie andalouse, d'autant, ajoute-t-il, qu'on
ne la trouve pas dans la lyrique primitive sicilienne, exposée, elle aussi, semblet-il, à subir l'influence arabe.

Quant à l'idéal de l'amour courtois, s'il est vrai qu'on le rencontre dans la
poésie arabe andalouse, c'est en vertu d'une exception qui pourrait, aussi bien
que dans le cas du zejel, représenter un hommage rendu aux conceptions de
l'amour entre chrétiens.

Je me permettrai toutefois de faire remarquer à M. C. Vian, qu'il ne paraît
pas avoir eu connaissance du dernier article de Nykl, publié par le Bulletin
Hispanique (oct.-déc. 1939, pp. 305-316, analysé ici-même), où c'est par l'inter
médiaire des poètes syriens et persans, que l'auteur fait remonter la conception
de l'amour courtois à l'Inde et à la Grèce de Platon.

Jean Marchand, A propos

d'une édition récente des Cahiers de

Montesquieu (Rev. Univ., nov.-déc. 1941, pp. 344~357)La récente publication faite par M. A. Grasset des pensées choisies de
Montesquieu, n'a rien d'un inédit. A sa mort, en 1755, Montesquieu laissait,
entre autres manuscrits, trois volumes intitulés : Mes Pensées. Notes de tout
genre, préparées en vue de ses grandes compositions. Le prix de ces documents
n'apparut pas dès l'origine. Ce n'est qu'en 1826 que le baron Prosper de
Montesquieu chargea Laine d'entreprendre leur publication, qui demeura
d'ailleurs suspendue, jusqu'au moment où le baron Gaston de Montesquieu
(1889) en remit le soin à la Société des Bibliophiles de Guyenne. M. H.
Barckhausen fut chargé d'établir le texte des Pensées, qui parurent en deux

forts volumes, les années 1889 et 1901. Lors de la vente^des archives de La Brède
(1939), le manuscrit des Pensées fut acquis par la Bibliothèque Municipale de
Bordeaux, où il tombait dans le domaine public.

REVUE DES REVUES

247

On voit tout de suite l'abîme qui sépare les Pensées des Cahiers. De 1200 pages,
l'ouvrage se réduit à 264. « Quant au choix que j'ai fait, continue M. Grasset,
il vaut ce que vaut mon goût. »

Sans doute, Barckhausen lui-même n'avait pas cru devoir tout publier, puisque
sur 2251 fragments, il n'en reproduisait que 2204, les autres étant omis pour
raison de double emploi ou pour motif de convenance. (C'est également pour

ce scrupule qu'il a écourté certains passages, ainsi que fit Wheatley pour le journal
de Samuel Pepys. Principe discutable quand il s'agit d'une publication restreinte,
destinée à deux cents érudits.) Toutefois il donnait une publication à peu près
globale. Celle de M. Grasset, tout en retenant les meilleurs morceaux, ne présente
plus qu'une œuvre tronquée, à laquelle on refuse même le titre que lui imposait
son auteur, ainsi que le classement, l'index et les notes qu'y avait introduits le
premier éditeur.

Il est vrai que M. Grasset ne professe aucun respect pour les bibliophiles,
qu'il traite de maniaques. Cependant, pour défectueuse qu'elle soit, son édition

révélera à beaucoup de gens cultivés un Montesquieu insoupçonné.

Marcel Bataillon, Pérégrinations espagnoles du juif errant (Bulletin
Hispanique, avril-juin 1941, pp. 81-123).
L'Espagne connaît au xve siècle, sans qu'on puisse préciser depuis quelle

époque, la légende protoévangélique du disciple immortel du Christ, qui attend
sur terre \e retour de son Maître. Ce personnage mythique a nom Juan, comme

l'Apôtre bien-aimé. Les uns le surnomment Devoto a Dios, les autres Espéra
en Dios. Quelque ingénieux conteur a donné à ce pèlerin, pour son interminable
voyage en cette vallée de larmes, une bourse miraculeuse où il trouve toujours

cinq menues pièces de monnaie. Un autre a inventé qu'il rajeunit périodiquement
en allant se baigner dans le Jourdain.

Au XVIe siècle, on commence à lui rapporter l'histoire de Jean Boutedieu ou
Giovanni Buttadio, l'homme qui repoussa Dieu, et qui, parce qu'il avait dit au Christ

d'aller vers son supplice, fut condamné à rester sur terre jusqu'au Jugement.
Cette histoire est colportée en Espagne, comme elle le fut en Italie, par de
faux pèlerins qui se font passer pour l'insulteur de Jésus. Le vagabond qui
raconte cet outrage prétend qu'à l'époque de la Passion, il était cordonnier dans ,

la « rue de l'Amertume », et que, voyant Jésus passer vers le Calvaire, il sortit
sur le pas de sa porte, tenant en sa main droite une forme de bois avec laquelle
il frappa dans sa main gauche en même temps qu'il disait au Sauveur de passer
son chemin. Le narrateur montre la marque sur sa main.

Au xvne siècle, la légende du cordonnier s'attache au personnage de Juan,
mais elle n'inspire qu'une médiocre pièce de théâtre. Elle se perd au XVIII0 siècle
et au XIXe. F. Caballero la retrouve en Andalousie, à Séville, et l'insère dans son
Estrella de Vandalia.
Visiblement, il a manqué à l'Espagne, si féconde en romances, une ballade du
Juif errant, qui eût incorporé ce type littéraire dans son folklore, comme la
complainte d'Isaac Laquedem l'a fait pour le folklore belge.

Quoiqu'il en soit, ce qu'il faut retenir de l'histoire du Juif errant en Espagne,
c'est que, si le livret d'Ahasvérus a une source livresque dans VHistoria Major
de Matthieu de Paris (publiée à Londres en 1671), il doit avoir aussi une source
vivante dans les échos éveillés à travers l'Europe par les récits des vagabonds,
tels que nous les présente le Crotalon (Valladolid, 1553).

L. S.

REVUE

DES

FORMATION GÉNÉRALE

LIVRES
ET PÉDAGOGIE

R. Benjamin, Vérités et rêveries sur l'éducation, 244 pp. in-12, Paris,
Pion, 1941.
L'esprit d'utilitarisme et de facilité a fait un tort énorme à l'éducation française.
M. R. Benjamin rappelle avec fierté l'atmosphère de sévérité qui autrefois
favorisait le travail de l'esprit. Il met à nu les méfaits de la gratuité, de l'orien
tation prématurée, de la multiplication des professeurs spécialisés, etc.
Pour lui, toute vraie éducation suppose un milieu cultivé : les découvertes
faites au jardin de la vieille demeure de famille et les bribes de conversation
entendues à table disposent plus l'esprit à la culture qu'une initiation scienti
fique prématurée.

M. Benjamin n'aime pas les collèges surpeuplés, il admire les écoles d'abbayes
et rêve d'un programme où « le français serait pris à haute dose, le latin étudié

à force, l'Évangile aimé pour lui-même, la cathédrale admirée comme la vraie
maison de la famille et du peuple, Rembrandt et Cervantes vénérés ». Il lui paraît
indispensable, au moins si l'on veut relever le niveau de la culture française, de
réserver à une minorité l'accès aux humanités et de confier à un même professeur
dans chaque classe l'enseignement des lettres et celui de l'histoire.
R. de le Court.

Histoire Sainte, Manuels du troisième degré :
L'Ancien Testament, par les Sœurs de Vorselaar, 100 pp. in-8° illustré,
10 fr. Partie du maître, 188 pp. in-8° ill., 40 fr.

Le Nouveau Testament, par les Sœurs de Huldenberg, 234 pp. in-8°
ill., 20 fr.

Paris-Bruges, Desclée De Brouwer, 1941.
Publiée sous la direction de M. le chanoine Coppens, professeur à l'Univer
sité de Louvain, et rédigée par des maîtresses d'école qui s'étaient déjà signalées
par des publications antérieures, cette Histoire Sainte se recommande à tous
points de vue. Le grand souci a été non pas de raconter beaucoup de faits mais
de bien mettre en lumière dans les faits importants les vérités religieuses qui
sont le fondement de la révélation. On n'a donc gardé que les traits essentiels
qui marquent d'âge en âge le soin qu'a Dieu de se faire connaître et de préparer

la venue du Rédempteur promis. Cet enseignement devra se faire dans une
atmosphère toute spéciale, qui non seulement éclairera l'intelligence mais pourra

émouvoir la volonté.
Le Nouveau Testament a été rédigé avec un souci similaire. Chaque passage

d'Évangile est présenté dans un commentaire approprié et bien adapté aux
enfants. Il est suivi de quelques réflexions qui prêteront à une courte méditation.

REVUE DES LIVRES

249

Et enfin l'application sous forme de questionnaire permettra à l'élève de contrôler
ses connaissances.

Nous pensons qu'il n'existe pas à l'heure actuelle de manuel qui puisse être
comparé à cet ouvrage de toute première valeur.
P. De Baenst.

Mgr Chevrot, Notre Messe, Instructions paroissiales, 292 pp. in-12,
Paris-Bruges, Desclée De Brouwer, 1941, 32 fr.
Mgr Chevrot n'a pas eu l'intention de faire entendre du nouveau sur un sujet,
où, d'ailleurs, il ne conviendrait pas d'innover. Mais, au cours de l'enseignement
que tout pasteur est tenu de donner aux fidèles, le curé de Saint-François-Xavier

eut l'occasion d'exposer à ses paroissiens les richesses du sacrifice eucharistique.
Pendant un an, le prédicateur expliqua tout bonnement la théologie, les rites
et l'histoire de l'action liturgique par excellence. Il n'avait pas songé à « écrire »
un livre.

C'est à la demande pressante de cet auditoire « actif », désireux de posséder
le texte des prônes liturgiques qui lui furent adressés, que Mgr Chevrot s'est
décidé à les publier.

La note dominante de ces exhortations est celle que suggère le titre même
de ce recueil homilétique. Notre Messe est la grande prière des chrétiens, la prière
collective de la famille catholique, celle où tous prient « au pluriel », ensemble
et pour tous, prière « respectueuse de la personnalité et qui sacrifie seulement
le subjectivisme avec ses lacunes et ses abus ».
J. P.

R.

C. McCarthy, Geestelijk gezond zijn en blijven, nederl. van
A. W. M. Oomen, 256 pp. in-8°, Utrecht, Het Spectrum; Courtrai,
Zonnewende, relié 70 fr.

L'intention de l'auteur est de nous apprendre à développer notre faculté
d'adaptation sociale. Toutefois, il ne faut pas seulement entendre par là l'art
de se gagner des amis; cette faculté comporte en outre et avant tout l'art de
garder sa sérénité d'âme dans les adversités et les luttes.

Cette maîtrise de la sensibilité est le grand facteur de la réussite dans la vie.
Or, l'auteur constate que, si tous les efforts ont été faits pour assurer à l'homme

son développement physique et intellectuel normal, par contre un grand nombre
d'adultes n'arrivent jamais à une maturité affective. Cependant la sensibilité,
pas plus que l'intelligence, ne peut être laissée sans formation. Il faut apprendre

à l'enfant et au jeune homme le courage et la loyauté envers soi-même, qu'exige
une attitude saine en face de la vie. Particulièrement, il faut leur apprendre
à approcher la réalité, en surmontant les obstacles sans détours ni mensonges.
Ce n'est que cette éducation active de la sensibilité, qui produira des adolescents
équilibrés et des adultes sains physiquement. Ce livre est donc un manuel
d'hygiène mentale.

Sans prétention scientifique, le livre analyse d'une manière concrète et vivante

l'influence bonne ou néfaste de l'éducation familiale et de l'école sur la santé
psychique de l'individu.

C'est à ce titre que nous voudrions en recommander la lecture aux parents
et aux éducateurs. Ne sont-ce pas souvent leurs maladresses en ce domaine,
qui sont la cause de beaucoup d'échecs dans la vie, ou tout au moins de caractères
malheureux? Cette maladresse est, pour une grande part, affaire d'ignorance,
à laquelle le livre veut porter remède.

250

LES ÉTUDES CLASSIQUES

Nous voudrions particulièrement

féliciter l'auteur pour la franchise

avec

laquelle il proclame la nécessité de la formation affective des parents eux-mêmes

et les bienfaits d'une vie religieuse, solide et sincère, pour la santé de l'esprit.
W. Smet.

Dr A.

Kriekemans,

Sociale

psychologie,

Grondbegrippen,

coll.

De

Seizoenen, nr 10, 106 pp. in-12, Antwerpen, Nederlandsche Boekhandel, 1941, 12 fr.
M. Kriekemans s'est déjà fait connaître par quelques autres ouvrages de psy
chologie vulgarisée : Inleiding tôt de Karakterkunde et Het Leven der Verbeelding.
La psychologie sociale étant peu connue dans notre pays, une introduction
à la matière vient à point. Il ne faudrait toutefois pas y chercher un exposé complet
de l'état actuel de cette science.

Les proportions réduites du volume, imposées à l'auteur, l'ont décidé à se
borner à un essai d'exposition des principes et des notions à la base de cette

branche de la psychologie : la nature de l'homme, les relations élémentaires
avec « l'autre », le langage, les instincts, la haine et l'amour, etc. De ce point de
vue, il était inévitable de rencontrer la métaphysique. L'auteur en convient et
ne cache pas qu'en ce domaine il se met sous la direction sûre de saint Thomas.
Les références multiples démontrent que l'ouvrage est le fruit d'une étude
approfondie de la bibliographie récente sur la matière.
W. Smet.

P. F. van Overbeeke,

Hedendaags paedagogisch réveil, voorw. van

L. Welling, 216 pp. in-8°, Utrecht, Bijleveld, 1941, FI. 3,50.
Critiquer l'école traditionnelle, son organisation, ses programmes est devenu
chose banale; par ailleurs, les enthousiasmes naïfs pour les grandes innovations
pédagogiques se sont modérés depuis longtemps.

Néanmoins l'auteur intitule, à bon droit, son ouvrage : le renouveau péda
gogique. Il est indéniable en effet que partout, sous l'impulsion du mouvement
pour l'école nouvelle, le monde enseignant est à la recherche de méthodes neuves.
Mais nous reprocherions à l'exposé, que nous fait l'auteur, des tendances

modernes en pédagogie, de ressembler trop à ceux qui ont paru avant lui.
Il aurait fallu, pensons-nous, se mettre davantage au point de vue de l'éducateur
actuel, déjà plus que persuadé des réformes nécessaires et possibles et en
quête de remèdes à sa portée. Pour lui, beaucoup de systèmes, pour ne citer
que l'essai de Kerschensteiner, le Daltonplan et tant d'autres, n'ont plus
qu'une valeur historique. Mais si certaines tentatives d'éducation nouvelle ont
perdu de leur intérêt, d'autres au contraire se sont montrées viables et ont inspiré
certaines réalisations intéressantes à l'intérieur même de l'organisation scolaire
traditionnelle. N'aurait-il pas fallu mettre ces systèmes plus à Pavant-plan, pour
ne maintenir des autres que ce que la critique et l'expérience en ont épargné ?
A ce point de vue, signalons tout de suite que nous avons été très intéressé
par l'analyse détaillée que nous donne l'auteur, au dernier chapitre, d'une synthèse
entre les principes nouveaux et les cadres anciens, réalisée par lui à l'école
primaire de la ville de Delft. Beaucoup de choses y sont dignes d'attention.
Cet essai, d'inspiration nettement Decrolienne, est un exemple de l'intérêt
porté à l'étranger à certaines innovations pédagogiques, réalisées dans notre
pays, mais, hélas ! restées trop inconnues et trop peu appréciées de bon nombre

d'éducateurs.

W. Smet.

REVUE DES LIVRES

251

R. Mueller-Freienfels, Kindheit und Jugend, VIII-264 pp. in-8°,
Leipzig, Quelle und Meyer, RM. 5,80.
A plusieurs points de vue, cette étude présente des aperçus nouveaux sur la
psychologie de l'enfant et de l'adolescent. Essayons d'en résumer les princi
pales thèses.

En premier lieu, l'auteur démontre avec insistance la nécessité de ne pas
envisager, sous l'angle exclusif de la psychologie, l'étude de la conscience, mais
de considérer sa dépendance foncière de la totalité de la vie humaine, y compris
ses déterminants biologiques et sociaux. Adaptée à la psychogenèse, cette façon
de voir inclut la nécessité de distinguer nettement dans le développement de
l'enfant la part due à la « nature » et l'apport social. Souvent on tombe dans
l'un ou l'autre extrême, soit en ne voyant dans le petit enfant que le pur produit

de la nature, soit en surestimant dans l'écolier et l'étudiant l'influence de la
société. L'originalité de l'auteur consiste à montrer que le comportement de
l'enfant et de l'adolescent n'est pleinement intelligible que si on tient compte
de l'attitude de défense active, adoptée spontanément par la nature, à l'égard
de l'influence sociale.

Ici nous touchons à une autre idée chère à l'auteur. La personnalité humaine
est une totalité organique et active, qui tend à se déployer dans la société et
malgré elle, selon un plan de vie inconscient. Au sujet de la puberté, l'auteur
défend une thèse s'écartant de la conception traditionnelle. La prépuberté serait
une période d'introversion ; la puberté elle-même serait caractérisée essentiel
lement par Pextraversion et la volonté de se réaliser. L'auteur ne nie pas
l'existence d'un romantisme juvénil introverti; mais celui-ci ne serait généralisé
que dans la jeunesse estudiantine, chez qui les conditions sociales empêchent la
libre réalisation du besoin d'action. Cette thèse nous semble reposer sur des
arguments peu probants; en outre, elle perdrait peut-être de son originalité,
si l'auteur voulait préciser à quel âge il situe la prépuberté et la puberté. S'il
consent à faire coïncider le stade introverti avec la période qui s'étend de la
12e à la 16e année, et à faire débuter le stade extraverti à la 16e ou la 17» année,
beaucoup de psychologues se rallieront à son avis.
W. Smet.

W. Flitner, Die vier Quellen des Volksschulgedankens, coll. Volkstum und Erziehung, I. Band, 126 pp. in-8°, Hambourg, Hansischer
Gildenverlag, 1941.
M. Flitner étudie les fondements historiques et l'évolution des théories sur
l'école « populaire ». Ces théories ont subi le contre-coup de tous les mouvements
religieux, philosophiques et politiques qui se sont succédé en Allemagne, de la
Réforme surtout, puis du rationalisme de l'Aufklârung et enfin du retour aux
traditions nationales durant tout le XIXe siècle.

Au début du moyen âge, il n'était question que d'apprendre la technique de

la lecture, de l'écriture et du calcul. L'Église, dès l'époque des grandes abbayes,
puis la Réforme virent dans l'instruction élémentaire un moyen indispensable
de faire vivre leur foi aux chrétiens. Survinrent les pédagogues du XVIIe siècle,
Radtke et Comenius surtout. Convaincus de la toute puissance de la raison,
ils voulurent, à l'aide de manuels rédigés dans la langue maternelle des enfants,
communiquer à ceux-ci une « pansophia », une science complète du monde
et de la vie. Puis on se rendit compte des limites de la raison et de l'importance

252

LES ÉTUDES CLASSIQUES

des facteurs « irrationnels », de l'activité

matérielle, des traditions

familiales

et nationales, des coutumes populaires avec lesquelles l'enfant devait rester
en contact.

L'école populaire d'aujourd'hui laissera donc à la famille sa part; ouverte
à tous, elle visera à donner à chaque enfant une formation générale, en se servant

non seulement de livres, mais des multiples activités où subsiste l'esprit d'une
région et d'une nation.

Parfaitement au courant de l'histoire de la pédagogie en Allemagne, M. Flitner
est parvenu à retrouver H ans la conception actuelle de l'école « populaire »

l'influence des courants idéologiques les plus variés.

R. de le Court.

Fr. Jossa, Rorate Coeli, film fixe, 41 images, Linkebeek (Brabant),
Stopfilm-Service, 1941, 25 fr.; texte, 8,50 fr.
Si quelque professeur ou directeur d'œuvre est en quête d'un moyen excellent
de préparer un jeune auditoire à l'émouvante fête de Noël, nous ne pouvons

que lui conseiller ce film fixe que vient d'éditer le Stopfilm-Service.

D'une présentation et d'un fini technique tout à fait remarquables, ce film
permettra de retracer dans les grandes lignes l'histoire de la chute, du salut
promis et réalisé par la descente sur terre du Dieu fait homme. Mieux encore,
il préparera les âmes, suggérant ce que doit être l'Avent pour tout baptisé. Nous
ne pouvons que féliciter les éditeurs d'un tel film et les engager à continuer
dans la voie qu'ils se sont tracée d'une adaptation bien moderne et d'une présen
tation technique qui dépasse ce à quoi nous étions habitués en Belgique.
Des envois à vue permettent de se rendre compte de visu de la haute qualité
de ce film.

P. De Baenst.

Films fixes. Éditions « Heures Libres », Stopfilm-Service, 10, Square
des Braves, Linkebeek; 25 fr. le film; texte, 8,50 fr.
La collection « Heures Libres » continue à se développer et à s'enrichir de
très beaux films fixes qui se distinguent par une présentation impeccable, un soin
technique et un choix de photos remarquables.

Signalons tout d'abord, pour ceux qui désirent expliquer concrètement la
vie de Notre-Seigneur Jésus-Christ, les films nos 178 Nativitas et 179 Epiphania,
accompagnés chacun d'un texte-conférence dû à M. Francis Jossa. Ces deux
films retracent les débuts de la vie de Jésus et les replacent dans un cadre à la
fois historique, géographique et artistique. Les auteurs ont voulu donner un
aspect réel à la vie du divin enfant. Ils corrigent ainsi les déformations créées
dans l'imagination par une imagerie pieuse, mais sans aucun souci d'exactitude
historique. Beaucoup de vues sont reprises dans les fameuses illustrations dues
à J. Tissot. Les œuvres des grands maîtres n'ont pourtant pas été écartées et
l'on retrouvera des scènes célèbres de Fra Angelico, Raphaël, Vinci, Rubens,
etc. Elles forment le cadre artistique qui ne pouvait manquer.

L'explication du saint Sacrifice de la Messe nous est offerte en deux films
(n0B 156 et 157) « Mysterium Fidei » dont le montage est dû à M. E. Pellenbergh
et le texte de conférence au R. P. Nimal, S. J. L'Introduction de la conférence
fait très opportunément remarquer que « photographier les cérémonies de la
messe peut sembler une tâche relativement simple. Par contre, son montage

en Stopfilm n'est pas aisé si, au heu d'une succession monotone et quelconque
de clichés, on ambitionne une présentation artistique, capable d'éveiller l'attention

REVUE DES LIVRES

253

quelque peu émoussée d'avance par l'accoutumance à ces saintes cérémonies. »
Disons de suite que le montage a été parfaitement réussi et permettra l'expli
cation aisée des gestes extérieurs et démarches du célébrant. Le beau texte de
la conférence ne sera pas moins apprécié que les clichés et nous espérons que

sans tarder nous viendront les bandes ultérieures pour l'explication liturgique,
historique et dogmatique de la sainte Messe.

P. De Baenst.

LITTÉRATURE GÉNÉRALE ET BEAUX-ARTS
Camille Melloy, Requiem, préf. de M. Lobet, 2e édit., 74 pp. in-12,
Bruxelles, Cahiers des poètes catholiques, 1941, 18 fr.
La mort du poète Camille Melloy a suscité une telle curiosité autour de son

Requiem que la première édition de ce recueil a été rapidement épuisée.
Voici une réédition de cette œuvre où Melloy a chanté par anticipation sa
sa mort et ses obsèques. La pensée de la mort lui était familière depuis des années,
et ce n'était point du pessimisme : il fallait, au contraire, un solide optimisme
pour célébrer la mort comme il l'a fait.
Le poète ne s'en dissimulait pas les horreurs : il a décrit avec un réalisme

courageux, voire un tantinet d'humour macabre, l'effroi des derniers moments,
la toilette funèbre, le lit de parade, les obsèques, le séjour au tombeau.

Mais ici, comme dans le Dies irae de l'Église, l'espérance triomphe des terreurs,
et l'ensemble est un poème noble et beau, réconfortant, aux longues résonnances
salutaires.

M.

Lobet,

p. D.

Chercheurs

de

Dieu,

préf. de

D. Rops, coll. Essais,

144 pp. in-12, Bruxelles, Les Écrits, 1941.
Sous ce titre s'enchaînent onze études sur Pascal, Racine, Baudelaire, Rimbaud,
Péguy, Bloy, Rivière, Bernanos, Rilke, Dostoïevski, Claudel, dont le critique

nous livre l'essentiel et jusqu'au secret, c'est-à-dire, pour certains d'entre eux,
même ce qu'ils n'ont pas avoué.

S'il est vrai que l'effort de Pascal a été d'humaniser la religion en rattachant
la foi au dynamisme intellectuel, il n'est pas moins sûr qu'il a par ailleurs porté,
dans les Provinciales, un coup mortel à la liberté spirituelle.
S'il est incontestable que Racine a touché le problème du mal, il est moins
certain qu'il soit le père du roman psychologique, issu plutôt de Laclos, puisque
la Princesse de Clèves ne connut aucune progéniture.
S'il est évident que Rilke ouvre les portes du mystère, il est douteux qu'il
y trouve un Dieu personnel, vu que ce Dieu c'est l'homme qui le fabrique.

On juge de l'intérêt que suscite un ouvrage aussi farci de dynamite et qui
fait flamme de toutes ses charges vers le ciel. La question qui reste à résoudre,
est de savoir si en réalité tous les coups partent, s'ils éclatent dans la même
direction, et si, généreusement, le magicien de ce feu d'artifice très impres
sionnant n'a pas un peu arrangé les choses.
L. Stinglhamber.

G. Thils, Pour mieux comprendre saint Paul, 152 pp. in-12, ParisBruges, Desclée De Brouwer,

1941, 12 fr.

Voici un excellent petit livre qui permettra à de nombreux chrétiens, cherchant
à approfondir leurs notions religieuses, de s'initier aux Épîtres de l'Apôtre des

254

LES ÉTUDES CLASSIQUES

Gentils. Ce n'est pas un commentaire ni une biographie de saint Paul que l'auteurj

professeur d'Écriture sainte au grand Séminaire de Malines, leur offre, mais une
étude brève et claire du comportement intellectuel, du mécanisme de la pensée
et du caractère de l'Apôtre, pour autant que celui-ci influença sa manière d'écrire.
Dans une seconde partie, l'auteur étudie les concepts et le vocabulaire pauliniens.
M. Thils a fait ici œuvre de réflexion judicieuse et saine. Il ne demande pas
au lecteur de le suivre dans un furetage habile et fatigant des textes laissés
par l'Apôtre, mais il se tourne résolument vers celui-ci et s'efforce de faire
comprendre l'homme, de pénétrer sa personnalité, grande et originale, avant

de permettre qu'on s'attaque à la lecture de ses écrits. D'avoir éclairé ainsi la
source, tout le flot qui en jaillit semble illuminé et plus transparent.

G. PlERAERTS.

Chan. J. Dermine, La famille au service de la personne, 64 pp. in-12.
G. Hoyois, Famille et profession, 64 pp. in-12.
A. Muller, S. J., Famille et société, 80 pp. in-12.
Coll. Bâtir, Tournai, Casterman, 1941, 7 fr. le vol.
La morale chrétienne n'est pas d'abord nataliste, elle est avant tout personnaliste,

elle exige dans l'œuvre génésique le respect intégral de la personne humaine, tant
chez le rejeton que chez les générateurs. Tel est le principe que met fortement

en lumière M. le chanoine Dermine dans la première brochure d'une collection
qui prend à tâche d'exposer les exigences

de la famille chrétienne reconnue

enfin comme indispensable à la société.
M. Hoyois passe en revue les diverses formes de vie

professionnelle

avec

leurs répercussions bonnes ou mauvaises sur l'existence des familles. Le P. Muller
montre comment toute la législation libérale, issue de la Révolution française,
devait conduire à l'étouffement de la famille; il expose les mesures radicales qui

faciliteraient à beaucoup de parents chrétiens l'accomplissement intégral de leur
devoir.
C'est devenu un lieu commun que de proclamer un redressement familial

indispensable. Mais combien d'hommes se rendent-ils compte de toutes les
conséquences de ce beau principe? Les brochures de la collection « Bâtir »,
en mettant nettement le doigt sur les plaies, éclaireront les esprits sur les change
ments à introduire dans notre législation, mais ne leur laisseront pas l'illusion
de croire en la toute-puissance de la loi. La famille restera toujours l'école des

vertus et supposera toujours au point de départ un don de soi qui ne s'accomplit
pas sans courage et abnégation.

R. de le Court.

J. Cappe, Un choix de livres pour les jeunes filles, 42 pp. in-8°, Bruxelles,

Édition universelle, 1941, 6 fr.
La surcharge des programmes ne laisse guère le temps aux professeurs de
littérature d'orienter les lectures de leurs élèves. Madame Jeanne Cappe, qui
s'est beaucoup occupée de la jeunesse, qui connaît ses besoins et ses réactions,
a réuni en

un

plaisant

livret

un

choix

de

livres

capables

de constituer le

fonds d'une bibliothèque telle qu'une jeune fille, telle qu'une jeune
devrait

posséder.

l'indication

Le

répertoire

du volume,

ne

comprend

avec la référence

pas

moins

de

137

femme
titres;

à l'éditeur, est suivie d'une brève

notice critique qui est comme une introduction amicale auprès des futures lectrices.
G. Ramet.

REVUE DES LIVRES

255

L. Quarles VAN Ufford, Les terres cuites siciliennes, Van Gorcum's
Historische Bibliotheek, deel XXIV, 148 pp. de texte et 16 pp. de
planches in-8°, Assen, Van Gorcum, 1941, FI. 4,10.
Le sujet traité par Melle L. Quarles van Ufford n'est pas entièrement neuf :
il avait déjà été touché par MM. P. Marconi, B. Pace, A. délia Seta, G. E. Rizzo>
B. Ashmole, V. H. Poulsen dans leurs études sur l'art archaïque et préhellénique
de la Sicile, mais aucun d'entre eux n'avait « réussi à donner une vue d'ensemble
dans laquelle on puisse suivre le développement du style, ni à trouver une
explication persuasive des éléments divers qui ont formé l'art indigène ».
Après un premier chapitre d'introduction, MeIle L. Quarles van Ufford
rassemble dans le second chapitre toutes les données capables de fixer la chrono
logie de la coroplathie sicilienne jusque vers le milieu du Ve siècle avant J.-C.
La plus importante de ces données est le trésor archéologique mis au jour par
es fouilles de M. Gabrici dans le sanctuaire de la Malophoros à Sélinonte, encore
que l'auteur aboutisse à une chronologie assez différente de celle qu'avait proposée
M. Gabrici.

Le troisième chapitre recherche les types fondamentaux des terres cuites
siciliennes et examine la question de savoir si ces types sont originaux ou importés.
Dans la quatrième, l'auteur traite des variantes locales, qu'il tente de ramener
à un des cinq types établis au chapitre précédent. Le chapitre V est un pèlerinage
aux sites artistiques de l'île : Sélinonte, Mégara Hyblaea, Syracuse, Gela,

Agrigente, Grammichele, Aerae : de cette promenade, on retient que l'art sicilien
se troupa autour de trois centres : Syracuse, Sélinonte et le couple de colonies

rhodiennes : Gela et Agrigente, mais, tandis que Syracuse exerça une immense
influence non seulement sur le pays qui l'entourait, mais même sur des contrées
lointaines, l'influence de Sélinonte, située à peu près à la limite du monde grec,
fut presque nulle, bien que sa production artistique fût considérable.
Dans le VIe et dernier chapitre, l'auteur complète l'image qu'elle a esquissée
jusqu'ici des centres artistiques siciliens par l'examen d'autres trésors archéo
logiques, notamment les statues en marbre, les figurines en bronze et les monnaies.
Dans la conclusion enfin, elle résume la part d'originalité qu'il convient de

reconnaître à la coroplathie sicilienne : l'art sicilien n'a pas réussi à créer un type

vraiment original. Les œuvres les plus anciennes représentent le style du continent
grec; puis, vers le dernier quart du vi° siècle, se fait sentir une forte influence

ionienne, qui suscite, par le contact avec les produits locaux, un style composite;
enfin, au début du Ve siècle domine l'influence de l'Italie méridionale. Toutefois,
si les coroplastes indigènes n'ont pas possédé l'instinct créateur du génie, ils

ont prêté à leurs statuettes un caractère nettement original : les terres cuites
de Sélinonte en particulier ont un air personnel, individuel, qu'on ne retrouve

même pas en Grèce.

L'étude de Melle L. Quarles van Ufford constitue une bonne mise au point
d'un important chapitre de l'art sicilien. Elle est écrite en un français sinon

élégant, du moins généralement correct.

M. Burlet.

H. Luetzeler, Die Kunst der Vôlker, XVI-388 pp. in-8°, 379 fig.
dans le texte et 4 pi. en couleurs hors texte, Fribourg, Herder,
19415 RM. 9,80.

Voici un livre riche de suggestions, d'images, d'idées. Le but est de définir

par ses composantes artistiques l'unité européenne de l'Occident. Ce qui conduit

256

LES ÉTUDES CLASSIQUES

l'auteur à faire des comparaisons stylistiques intéressantes. Quand il applique
pour sa part les méthodes de Wôllflin et qu'il dégage de l'œuvre

elle-même

les caractères de forme et de style, d'âme et de civilisation, le travail est objectif.

Ses vastes synthèses sont plus sujettes à caution. Sans doute trouverait-il trop
naïf de déterminer la valeur artistique d'une nation par je ne sais quelle biologie
matérialiste, mais il est, malgré tout, dans sa recherche de facteurs spirituels,
trop féru d'à priori. Deux fois, affirme-t-il, l'art d'Occident a tourné autour
de deux pôles, dans l'antiquité, autour de la Grèce et de Rome; depuis les temps
chrétiens, autour de l'Italie et de l'Allemagne. Notez qu'il ne parle point de
musique, mais des arts plastiques. 284 pages du livre sont consacrées à ces quatre
pays; l'Espagne, les Pays-Bas, l'Angleterre sont honorés, ensemble, de 35 pages;

au chapitre VII, la France est, en proportion, mieux partagée. Cette réduction
de l'influence des Pays-Bas dans les arts plastiques vient par exemple de l'annexion
à l'art allemand d'un Memling. Nous savons qu'il est du pays de Mayence, mais
personne ne conteste son assimilation artistique par l'art flandro-bourguignon
de Bruges et qu'il soit foncièrement différent même des Rhénans ses contem

porains. Elle vient aussi de l'escamotage presque complet d'un Roger de la
Pasture et d'une transposition à la France de l'atelier bourguignon de Claus
Sluter à Dijon; elle vient surtout de synthèses hâtivement organisées autour
de formules littéraires. Une vue chronologique plutôt qu'une partition géogra

phique conduirait à une vérité plus approchée. L'auteur signale le parti de
sagesse auquel il aurait dû tenir davantage : « es ist nicht môglich ailes und jedes
in der Kunstgeschichte rassisch, vôlkisch, religiôs usw. mit Eindeutigkeit .zu
begriinden. »

Relevons quelques menues distractions : n'y a-t-il pas confusion du Grand
Dauphin avec le grand Condé à propos du buste par Coysevox, de saint Vital
avec saint Apollinaire le Neuf à Ravenne pour les panathénées chrétiennes?
Malgré les réserves faites et les imperfections, elle reste intéressante, cette
analyse spectrale de l'Europe artistique.

F. Liénaux, Pratique

du

croquis

Jos. Streignart.

rapide (Les familles de formes),

Cours I, 36 pp. in-40, et Le croquis-langage, Cours II, 60 pp. in-40,

Coll. pédagogique de l'enseign. du dessin, La Louvière, Éditions
Studio, 24,50 fr. et 27,50 fr.
Il est des livres que l'on ferme avec un regret, celui de les découvrir trop
tard. Les deux livres de M. Liénaux sont de ceux-là.

A l'école ou dans des cours spéciaux de dessin, que d'heures perdues devant
les plâtres poussiéreux et les paysages sur papiers jaunis ... à reproduire avec
servilité! Le résultat d'efforts nombreux était ce dessin sans caractère, sans
vigueur, sans imagination. Dès que l'on s'écartait de la copie laborieuse, pour

croquer la vie et surtout le personnage humain, l'on retombait dans la gaucherie
symbolisée par le « bonhomme » enfantin.
M. Liénaux nous présente, en ces deux premiers volumes d'une série qui s'avère

riche de leçons, une méthode nouvelle et intelligente d'enseignement du dessin.
Proche d'une école qui s'annonçait partout sous le titre « Pouvoir écrire, c'est
pouvoir dessiner », M. Liénaux nous paraît, de son côté, avoir retrouvé, appro
fondi et amplifié le thème avec une grande originalité.
L'éducation du sens graphique, pour être complet, nous dit-il, doit comprendre
à la fois l'enseignement du dessin et celui de l'écriture.

REVUE DES LIVRES

257

Le sens du dessin se développe, chez l'enfant, avant le sens de l'écriture.
Profitons de ces dispositions innées pour établir, par une méthode adaptée,
un moyen d'expression naturel et complet. C'est le Croquis-Langage : expression
intuitive de la pensée par le dessin, secondant sa reproduction abstraite par

l'écriture.

Il s'agit d'abord d'initier le débutant. Il faut assouplir sa main et surtout

éduquer son œil. Il faut l'habituer à chercher ses réactions sur la matière pour
exprimer son idée. Enfin, il doit enrichir sa mémoire visuelle en procédant par
le groupement des formes en familles. C'est le but du Cours I, qui se termine
par une série de planches, petit dictionnaire des formes principales tirées de la
nature et qui n'est pas la trouvaille pédagogique la moins remarquable de cet
ouvrage. Après cet entraînement, nécessaire pour le dessin comme pour l'écriture
commence l'étude du croquis-langage proprement dit. C'est le cours II.

Deux parties : i° Étude du personnage et de l'animal, qui interviennent le

plus souvent dans la pratique du croquis. — Préambule et 18 leçons.
2° Application de ces études déjà très fouillées dans les différentes branches
de l'enseignement. — Préambule et 2 leçons.

Nous n'entreprendrons pas d'exposer plus en détail la méthode de M. Liénaux.
Qu'on le lise pour en peser tout l'intérêt. Des exposés très clairs, accompagnés
d'une foule de dessins suggestifs, qui sont eux-mêmes des petits chefs-d'œuvre
de croquis débordants de vie, un dosage remarquablement gradué de l'effort
dans une présentation attachante et pleine de goût, telles sont quelques-unes
des qualités de ces volumes. Nous espérons pouvoir présenter complètement cette
collection : belle entreprise pour rendre au dessin vraiment artistique toutes ses
qualités : la spontanéité, la vérité, le sentiment.

Nous ne pouvons que recommander chaudement ce volume à tous ceux
qu'intéressent la pratique du dessin et son enseignement.
G. Dubois.

A. Colling, Musique et spiritualité, coll. Présences, VIII-240 pp.
in-12, Paris, Pion, 1941.
Il y a d'excellentes choses dans cet essai, notamment une large esquisse de
l'histoire de la musique où ressort la figure divine de J. S. Bach. Dans aucun
développement de l'activité humaine on n'aura vu l'importance décisive du rôle
d'un seul homme comme en musique. On dirait qu'il absorbe tout et qu'il
contient tout. Il n'y a plus eu progrès depuis lors.

Mais pourquoi confondre, dans la même notion de musique pure, Chopin,
Beethoven et Bach, en mélangeant confusément les écoles?
Comment aussi n'avoir pas tenu compte, en parlant de philosophie, des pages
mémorables consacrées par Schopenhauer aux rapports de la musique et de la

forme du temps?

Ces légères réserves faites, admirons pour finir l'intelligence de ce jugement
sur la musique française : « Si la musique exprime l'essence des choses ... ce
mystère transparaîtra d'autant plus nettement que la musique sera plus cristalline;
et c'est par là que la musique française est plus musicale qu'une autre. Les vertus
de notre école sont élégance, fluidité, transparence. La fluidité est la composante
de notre vie intérieure. La subtilité de la musique française épouse celle de notre
affectivité. Par sa transparence elle laisse rayonner le mystère. »
Ceci ne rappelle-t-il pas l'esprit de finesse de Pascal, qui pourrait bien être
le véritable esprit français, plus encore que l'esprit de géométrie?
L. Sttnglhamber.
17

258

LES ÉTUDES CLASSIQUES

J. et R. FoATELLl, Méthode
in-40,

nombr.

dessins

de

et

danse

photogr.,

religieuse

chrétienne,

Paris-Bruges,

98

pp.

Desclée

De

Brouwer, 35 fr.
Le XXe siècle a vu le renouveau du chant liturgique et du théâtre chrétien

dans ses Passions et ses Mystères. Verra-t-il la résurrection de la danse religieuse?
Mesdames J. et R. Foatelli nous présentent une méthode de danse religieuse
chrétienne. On trouve en ce livre d'excellentes indications sur le costume et la

technique de la danse religieuse, développée surtout dans un cours très complet
de gymnastique esthétique. De nombreuses photographies de gestes et de poses
artistiques ornent le volume.

On y puisera d'intéressantes suggestions

pour

l'organisation de danses et de ballets sur les thèmes des chants religieux grégoriens
ou modernes.

Leurs auteurs espèrent grouper de nombreux disciples autour de leur but
aussi original que louable : donner à la chorégraphie cet « esprit » qui anime

déjà le théâtre chrétien.

G. Dubois.

GREC

ET

LATIN

Sophokles, Die Tragôdien, iïbersetzt und eingeleitet von H. Weinstock,
XLIII-468 pp. in-12, Stuttgart, Krôner, 1941, RM. 4,75.
On connaît l'ouvrage magistral de M. Weinstock : Sophokles, dont la deuxième

édition a paru en 1937. L'auteur y exprimait l'opinion que Sophocle est intra
duisible. Il n'admettait ni la version trop libre de H. Schnabel, parue à cette
même librairie Krôner, ni la traduction de Hôlderlin, intelligible seulement à la
condition d'être confrontée constamment avec le texte grec.

Les loisirs forcés du service militaire et l'impossibilité de réaliser un travail
plus fructueux l'ont amené néanmoins à entreprendre cette traduction de
Sophocle. Estimant que la version d'un poète grec est infidèle, si elle n'est pas
faite en vers, il a rendu les dialogues en vers blancs de cinq pieds et les chœurs
en vers imitant d'aussi près que possible le rythme de l'original.
En tête de chaque pièce figure une introduction qui fournit les renseignements
nécessaires à l'intelligence de la tragédie : M. Weinstock demande de la lire une
fois avant la lecture de la pièce; par contre, il conseille de lire deux fois l'intro
duction générale qui ouvre le volume : une première fois avant la lecture des
pièces, pour s'initier à la notion même de la tragédie antique, si différente de la
conception moderne, une seconde fois en manière de conclusion, après la lecture
de l'œuvre, lorsqu'on est mieux à même de comprendre la technique et l'art
du poète tragique.

Avec raison, M. Weinstock estime que Sophocle est le plus grec des tragiques
grecs : il juge donc la lecture de Sophocle indispensable à qui prétend se faire
une idée vraie de l'esprit grec. De plus, le tragique des événements que nous
vivons lui paraît être une invitation à la méditation des tragédies antiques. Nous
pensons comme lui que la lecture du poète de Colone est particulièrement
adaptée aux circonstances présentes.
J. Delande.

L. Roussel, Sophocle, Œdipe, Texte, traduction, commentaire, 534 pp.
in 8°, Paris, Les Belles Lettres, 1940, 120 fr.
C'est un ouvrage peu ordinaire que nous présente M. Louis Roussel. Au
premier coup d'œil, on est frappé de l'absence de certaines parties que l'on

REVUE DES LIVRES

259

a coutume de trouver dans les publications de ce genre : introduction et conclusion,
examen de la tradition manuscrite, bibliographie, mais bien vite on admire la
richesse incomparable de ce qui nous est fourni, à savoir :

a) Le texte de l'Œdipe-Roi, accompagné d'une traduction nouvelle, serrant
de très près le texte original, dont elle suit le mouvement et jusqu'à l'ordre des
mots, dans la mesure du possible ;

b) un commentaire critique, grammatical, exégétique, prosodique, artistique,
où figurent toutes les observations que peut susciter le texte de Sophocle;

c) enfin une analyse du passage étudié, au point de vue des idées et du déve
loppement de la tragédie.

Pour donner aux professeurs une juste idée de cette dernière partie, la plus
intéressante d'après nous, nous nous permettrons de transcrire l'analyse qui
est faite des vers 345 à 379 :

(362-369). — Tu es aveugle et aveuglé. — C'est ce qu'on dira de toi. »
Ces quelques vers sont très remarquables :
Les caractères s'y précisent. Comme tous les rois de Sophocle, sauf Thésée,
Œdipe est le tyran peu sûr de la solidité de son trône, et, malgré des années
de règne paisible, très soupçonneux (347, 357, 378). Il est vite irrité (345), prompt
aux vaines menaces (355, 363, 368) et aux injures (371, 373). Il est quelque
peu vulgaire (359), un peu puéril (365). Tirésias se révèle peu maître de lui,

peu digne même : c'est un irritable vieillard (350, 364). Mais il est fort de la vérité

(356, 369), et il garde toujours un peu de la majesté inhérente au devin qui vit
dans le surnaturel (377).
L'action fait assurément un grand pas, à cause de la triple prédiction du devin
(353 « 362; 366-367; 372-373). Il faut faire cette grosse réserve que Sophocle
freine d'une manière arbitraire le procès du drame, qui normalement serait déjà
très près de sa fin.
La valeur dramatique est très grande. Elle a pour source le mélange d'un
réalisme très poussé et d'une très exacte psychologie.
Le réalisme est évident. La scène est très naturelle, et affecte un apparent
désordre. On voit se répéter des menaces (355, 363, 368), des idées (356, 369).
Œdipe fait répéter à Tirésias ce qu'il vient de dire, du reste, assez clairement
(359) 361)- II y a du désordre et de la vulgarité dans cette scène : c'est une vraie

scène d'injures, un vrai xa^yàç grec, comme on en entend encore sur la pente

nord de l'Acropole ...

Mais, sous ce désordre, la pensée du roi chemine, agissante. Tout en versant
l'injure, il réfléchit. Au vers 345, il s'est déjà fait une opinion : Tirésias fut autrefois
l'instigateur du meurtre de Laios. Mais Tirésias est aveugle : il faut donc qu'il
ait eu un complice. C'est à quoi il pense, et c'est même ce qu'il exprime au vers
357. La cécité de Tirésias ramène alors, aux yeux du roi, ce Tirésias au rang de
comparse. Alors, qui est le coupable? Mais Tirésias parle d'Apollon. Et c'est

un trait de lumière : Créon arrive de Delphes! La mission dont on l'avait
chargé lui a permis de réaliser ses projets. Œdipe a maintenant son siège fait.
L'effet scénique est accru par l'expression : les termes sont forts (347, 353,
354) 367) 37i) 373) 378); l'affrontement de deux personnalités très marquées
est bien noté par le jeu continu des pronoms personnels (349, 352, 358, 362,
366, 370, 372, 374, 376, 378, 379). La versification contribue à l'effet. Partout
où elle n'est pas absolument normale, il y a une intention artistique : un tribraque,
le seul du passage (377), l'unique anapeste initial (362), l'unique dactyle (353),

un accent d'emphase sur un temps faible (355), les accents musicaux coïncident
tous avec les temps forts (371), les vers tripartites (347, 359, 361, 370, 371, 372,
375) 376, 378), les enjambement et rejets ou contre-rejets (347, 351, 354, 361,
37°) 375) 376). Ces effets sont encore accrus par le dialogue haché, la stichomytbie
et l'absence fréquente de particules de liaison.

26o

LES ÉTUDES CLASSIQUES

Les défauts ont été notés :

io Le roi justicier et le sage devin apparaissent sous un jour que les graves

décisions de l'un et la haute dignité de l'autre ne faisaient pas prévoir.

2° La pièce est encombrée et la psychologie gênée par la présence d un homme

qui sait le passé et l'avenir.

a° Ici, comme souvent, Sophocle, pour ne pas arriver tout de suite au terme

d'une route trop courte, s'engage dans un cul-de-sac, sachant qu'il lui faudra
revenir sur ses pas.

On le voit, M. Roussel signale les défauts, les déficiences de la pièce de Sophocle;
on dirait même que c'est là ce qu'il note de préférence. Ainsi, au sujet des vers
316-344 qui précèdent immédiatement ceux dont nous avons cité l'analyse,
M. Roussel observe :

En ce qui concerne Tirésias, la scène est bien moins bonne.
Le devin nous donne, de son imprudente venue, une justification par trop

maigre et irrecevable. Dans une enquête dont le développement fournit de la
_?&«. à io ™^. Vinrroduction d'un devin qui sait tout est terriblement dangereuse.
traire de

Sophocle. Pourquoi, a 1 égara ue ia <_nc, t-c ™mu«.»« we«—.~

^___

lui reproche justement, sans qu'il s'en défende un instant? Il n'a, du reste,

absolument rien à craindre : la catastrophe le laissera indemne aussi bien que

le plus humble citoyen de Thèbes. On ne voit pas pourquoi il chercherait a la
retarder un peu en faveur d'Œdipe, pour qui il n'a pas un seul mot d estime
ou d'amitié. On ne comprendra pas davantage pourquoi, au moins quatre fois,

et peut-être cinq fois, il se met en parallèle avec Œdipe, d'une façon totalement

frtffidelle et justifiée. Enfin, puisqu'il parle de ses malheurs, et de «a.

d-Œdipe on cherche pourquoi, si ce n'est parce que Sophocle l'a voulu, Œdipe

ne MdèmLde pas, très nettement : « Mais enfin, quels malheurs t'attendent ?

Et quels malheurs m'attendent, moi? » Par la volonté du poète, Œdipe fait la

fourde orSle Mais le caractère mal venu et un peu saugrenu de cette très courte

portion de scène passait sûrement inaperçu. Les spectateurs contemplaient avec
une crainte religieuse l'aveugle surnaturel, lourd de science, de prescience
douloureuse; ils partageaient la surprise et la colère d Œdipe.

Nous croyons que tous les professeurs n'accepteront pas telles quelles toutes

les critiques de M. Roussel : d'aucuns préféreront la manière plus constamment

élogieuse dont feu le P. Pierre Suys met en lumière, dans cette revue, la psycho
logie de l'Electre de Sophocle. Mais on ne pourra refuser à l'éminent exégète
de Montpellier le mérite d'avoir posé, au sujet de la tragédie de Sophocle, toutes
les questions qu'elle comporte et de contraindre le lecteur à réfléchir à chaque
vers qu'il lit.

....

Sous la rubrique « Travaux qui manquent », le P. L. Laurand signalait dans
son Manuel des Études grecques et latines « des commentaires résumant l'état

actuel de la science sur les auteurs classiques et permettant de les lire avec plus
de fruit ». « Là, presque tout est à faire, notait-il. Il y a peu d'auteurs pour lesquels

il existe un commentaire français récent. Pour beaucoup on n'en a aucun, m en

français, ni en langue étrangère. » On regrettait depuis longtemps que la Société
d'édition Les Belles Lettres publiât si peu de commentaires d'auteurs anciens :

elle a heureusement débuté par cette importante étude le l'Œdipe-Roi : les conti

nuateurs pourront s'inspirer de ce remarquable modèle. Ils feront bien toutefois
d'ajouter une conclusion où ils porteront un jugement d'ensemble sur 1 œuvre
étudiée Ils tâcheront aussi de laisser subsister moins de fautes d'impression
lors de la correction des épreuves.
J- Van Ooteghem.

REVUE DES LIVRES

261

Euripides, Iphigeneia in Tauris, in het nederlandsch vertaald door
Dr J. Humble, 94 pp. in-12, Antwerpen, Nederlandsche Boekhandel, 1941.
C'est une heureuse idée qu'a eue M. J. Humble, professeur à l'Athénée royal
d'Anvers, de publier une traduction néerlandaise de ï'Iphigénie en Tauride :
elle permettra au grand public et aux élèves flamands d'Humanités de mieux
apprécier les beautés du chef-d'œuvre d'Euripide. Basée sur le texte de notre
éminent collaborateur, M. H. Grégoire, dans la Collection des Universités de
France, elle se tient constamment aussi près que possible de l'original grec.
Quelques notes facilitent l'intelligence de passages obscurs ou fournissent oppor

tunément un détail d'érudition. Ainsi, à la page 22, nous apprenons que Pontos
Axeinos (devenu par antiphrase Pontos Euxeinos) est la transcription de l'iranien
«< achshaëna », « bleu foncé », ainsi que l'a établi M. Boisacq dans la Rev. belge
de philol. et d'histoire (1924, pp. 315 ss.).

En tête de l'opuscule figure une excellente notice sur l'origine et le dévelop
pement de la tragédie grecque jusqu'à Euripide, et en fin de la plaquette, un index
annoté des noms propres. Il faut remarquer que celui-ci ne fournit que la

conception euripidienne des personnages tragiques : ainsi il est dit qu'Electre

a été donnée en mariage à un paysan pauvre, alors qu'elle est demeurée vierge
dans la tragédie de Sophocle.

Nous souhaitons à la • Klassieke Gallerij », brillamment inaugurée par
J. Van Ooteghem.

M. Humble, le franc succès qu'elle mérite.

H. Wersdoerfer, S. J., Die qnÀoacxpia des Isokrates im Spiegel ihrer

Terminologie, Klass.-philol. Studien, Heft 13, 164 pp. in-8°, Leipzig,
Harrassowitz, 1940, RM. 7.
En sous-titre, cet ouvrage porte : UntersuchungenzurfrÛhattischenRhetorikund

Stillehre. Il peut sembler à première vue que, même chez Isocrate, la cpiXoao<p£a
ne puisse simplement être réduite à la rhétorique et à la stylistique. Et pourtant

on donnera raison au P. W. de les avoir mises en rapport très étroit. Ce qu'Isocrate

voulait communiquer à ses élèves, c'était l'art de bien penser et de bien dire,
et par là d'exercer une action réelle sur le public. Cet idéal n'a rien de spéculatif.
La « pensée juste » ne repose point sur une connaissance théorique, mais sur
une appréciation judicieuse des circonstances concrètes. Aussi ses critères fonda
mentaux sont-ils ce itoéiiov, ce kouqôç qui, avec l'aptitude à renouveler un
sujet par le xaivôv et à l'illustrer par les lôéou, rendent précisément la parole
efficace. Ces vocables, consacrés par la rhétorique postérieure, proviennent en
réalité d'Isocrate, chez qui leur signification est d'ailleurs moins exclusivement

oratoire. Et, encore que les Discours ne s'étendent guère ex professo sur des
questions de style, on peut constater que c'est encore au même auteur que remonte
une bonne partie de la terminologie d'Aristote et de Denys d'Halicarnasse et

plusieurs des idées que sur ce point exprime VOrator de Cicéron. L'exposé
clair, consciencieux, un peu prolixe, du P. W. se clôt par l'examen des rapports

entre Isocrate et Alcidamas, question depuis longtemps débattue et sur laquelle

il ne prétend pas jeter une lumière nouvelle.

Aristote, Les

Météorologiques,

Nouvelle

É. de Strycker.

traduction

et

notes

par

J. Tricot, Bibl. des textes philos., XVIII et 302 pp. in-12, Paris,

Vrin,

1941.

262

LES ÉTUDES CLASSIQUES

Dans les écrits physiques d'Aristote, les Météorologiques font suite au de Generatione et Corruptione : dans ce traité, il expliquait la génération des éléments
et leurs transformations;

dans les Météorologiques, il passe à

l'examen

des

combinaisons passagères des quatre éléments, des météores, engendrés par la
double exhalaison que la chaleur du soleil dégage de la terre. Ces phénomènes
sont, pour les couches supérieures de l'atmosphère, les étoiles filantes, les comètes,
la Voie lactée, pour les régions inférieures, la pluie, la grêle, le brouillard.
L'exposé du Stagirite est avant tout déductif et systématique : ce n'est pas

qu'il répugne à l'observation, bien au contraire : « Aristote, qui est médiocre
mathématicien, est, par contre, un excellent naturaliste. Il sent vivement toute

la complexité du réel; la relativité des explications qu'il propose ne lui échappe
pas, et ses exposés abondent en formules prudentes qui ne sont pas seulement
de modestie et de convenance. Ses déductions, dès qu'il franchit les frontières

de la logique, se déroulent rarement dans l'abstraction pure : il avance pas à
pas, en s'appuyant à tout instant sur le témoignage des sens, l'observation courante

et contrôlée. Il fait, en outre, de fréquents appels aux sciences de son temps
et aux opinions des sages. L'expérimentation ne lui est même pas inconnue,
et on en trouvera des exemples dans le présent traité. »

M. J. Tricot avait publié précédemment des traductions hautement appréciées
de divers traités d'Aristote, notamment de la Métaphysique, du traité De la

génération et de la corruption, du Traité de l'âme, de l'Organon. Dans celle-ci
comme dans les précédentes, il s'est efforcé de serrer de près le texte d'Aristote,
sans hésiter pour cela, quand la clarté l'exigeait, à « paraphraser discrètement
la pensée de l'auteur ». Sa traduction est basée sur la collation de F. H. Fobes
(Aristotelis Meteorologicorum libri quattuor, Cambridge Mîss., 1919).
Dans son Introduction, M. Tricot discute sommairement la question de
l'authenticité du IVe livre des Météorologiques : il ne lui semble pas que les
arguments — de style ou de fond — invoqués jusqu'ici contre l'authenticité
soient convaincants. L'introduction est suivie d'une bonne bibliographie de
l'œuvre (éditions, commentaires, traductions, études).
La clarté de la disposition typographique est parfaite : elle fait grand honneur

à l'éditeur et facilite l'intelligence de ce traité ardu.

Jacques Delande.

M. Rat, Anthologie grecque, IIe vol., 605 pp. in-12, Paris, Garnier,

I94i> 37.50 fr.
Ovide, Les amours, suivis de L'art d'aimer, les remèdes d'amour, De la

manière de soigner le visage féminin, trad. nouv. de É. Ripert, VIII440 pp. in-12, Paris, Garnier, 1941, 23,40 fr.
Nous avons signalé dans le numéro d'avril 1939 (p. 285) la publication du
premier volume de l'Anthologie grecque de la Collection Garnier. De cette vaste

compilation, qui mit de nombreux siècles à se former, M. Rat présentait les
épigrammes amoureuses et les épigrammes votives (livres V et VI de l'Anthologie
palatine).

Le nouveau volume qui sort de presse contient les épigrammes funéraires
et les épigrammes descriptives. Le premier de ces deux groupes, qui représente
le livre VII de l'Anthologie palatine, vient d'être édité par M. P. Waltz, en deux
volumes de la Collection des Universités ds France (Anthologie palatine, tomes IV
et V, 1938-1941) : à côté de cette édition enrichie d'une savante introduction

REVUE DES LIVRES

263

et de notes critiques abondantes, le dernier-né de M. Rat fait assez pauvre figure,
mais on ne peut oublier que la Collection Garnier est destinée surtout au grand
public qui se soucie moins de l'original grec et demande seulement un texte
français clair et élégant, reproduisant fidèlement la pensée antique : en quoi
le traducteur a parfaitement réussi.
M. Ripert est un spécialiste d'Ovide. Il a traduit précédemment dans la
collection des Classiques Garnier les Héroïdes, les Fastes, les Tristes et les
Pontiques et a fait paraître à la librairie Colin un ouvrage intitulé Ovide, poète
de l'amour, des dieux et de l'exil.
En écrivant les Amours, Ovide évoquait pour nous « une Rome amoureuse,
petite fille de Vénus, au moment le plus radieux de son histoire, quand, à la
faveur de la paix enfin revenue, toute une société élégante et riche se livre aux
joies de l'amour, sans tomber encore dans la vile débauche qui marquera de
plus en plus la décadence de l'Empire romain ». Ce faisant, le poète aspirait

à l'immortalité « sur laquelle seule un païen pouvait compter, la renommée
posthume, le nom qui vole de ville en ville et de siècle en siècle sur les lèvres
humaines ».
Dans les Amours comme dans l'Art d'aimer, la liberté que le poète prend
avec la morale est grande : à part le souci qu'il a de respecter la famille, rien
ne l'arrête et l'indécence des expressions cause en maints endroits bien du tracas
au traducteur. « J'ai préféré traduire avec exactitude tout ce qu'Ovide a voulu

exprimer, avoue M. Ripert, en essayant toutefois d'imposer plus particulièrement
à ces passages sinon le rythme du vers — ce qui eût été artificiel — au moins
une certaine allure de prose rythmée, qui les sauve de la vulgarité, où ces libertés
dépourvues de toute musique poétique risqueraient de sombrer. Je crois que
le rythme a une vertu purificatrice, qui exclut la grossièreté et même la perver
sité. L'allégresse du chant donne aux paroles une sorte d'élan, et, mieux encore,
de vol, qui élève l'âme dans un air supérieur. »
Jacques Delande.

M. T. Ciceronis in M. Antonium Philippica secunda, édition classique
et préparation par X. M. Delbecq, 2 vol. de 60 et 140 pp. in-12,
Liège, Dessain, 1939-1941, 4 et 10 fr.
Voici, mis à la portée des élèves de rhétorique, l'un des plus célèbres parmi
les discours non prononcés de Cicéron.

Le texte — celui de Schoell (Teubner), avec quelques variantes et les
suppressions requises par le caractère scolaire de cette édition — est clairement
présenté, et jalonné de titres et de sous-titres qui facilitent la compréhension
du discours.

Le volume « préparation » comporte tout d'abord une introduction abondante
et solidement documentée; celle-ci retrace les événements qui ont fait de Cicéron
le leader de l'opposition contre Antoine, précise le but polémique de la Deuxième
Philippique et le caractère des adversaires; enfin, elle étudie le discours au point
de vue de la technique oratoire. Les notes exégétiques, qui composent la majeure
partie du volume, ont les qualités qu'on retrouve dans les autres préparations
de l'auteur : explications historiques éclairantes, concepts plutôt définis que
traduits, mise en relief du rôle des particules de liaison. Certains y découvriront
peut-être des superfluités (par ex. la traduction de fax, numerus, studiosus, etc.),
d'autres regretteront quelques lacunes (sens précis, en critique littéraire, de termes
comme plenus ou uber ) ; pures vétilles dans un travail excellent au total.

264

LES ÉTUDES CLASSIQUES

L'élève puisera dans cette préparation une connaissance suffisante de la crise
où sombra la République romaine. La violence des passions et l'agressivité du
ton dans le discours lui-même l'effaroucheront sans doute un peu; au professeur
de faire le point.
S. Patris.

Cicéron, Caton VAncien (De la vieillesse), Texte établi et traduit
par P. Wuilleumier, 189 pp. in-12 en partie doubles, Paris, Les
Belles Lettres, 1940, 25 fr.
Cicéron était près de terminer sa carrière quand il composa le De senectute :
il avait 62 ans; Atticus à qui l'ouvrage est dédié avait trois ans de plus que lui
et Caton l'Ancien, chargé de plaider la cause de la vieillesse dans le dialogues
est supposé en avoir quatre-vingt-quatre, la scène du Cato se déroulant en 150.

M. Wuilleumier est un spécialiste du Cato maior : depuis plusieurs années
il en étudie le texte et a publié plusieurs articles sur ce sujet dans la Revue de
Philologie. L'édition qu'il présente aujourd'hui est précédée d'une imposante
introduction qui occupe environ la moitié du volume (pp. 1 à 126). Il y passe
en revue les principaux problèmes que pose cette œuvre, la date, le but, les
personnages, les sources, la composition, le style, le texte même du dialogue.

Signalons les principales conclusions de son examen.
Cicéron a écrit le De Senectute en 44 — ce dont tout le monde convient —
mais avant la mort de César, interrompant pour cela la composition du De
Divinatione. Son but était de servir sa patrie, en instruisant la jeunesse, à une
époque de grave décadence morale. Il a fait effort pour conserver à Caton sa
physionomie historique et l'a fait revivre dans son époque, mais il l'a quelque
peu dénaturé en l'idéalisant : cette déformation n'était pas tant le fait de Cicéron
lui-même que de ses prédécesseurs, agissant peut-être sous l'influence du cercle
aristocratique des Scipions; il suit d'ailleurs en cela l'exemple de Xénophon,
qui représente Cyrus « non pas selon la vérité de l'histoire, mais selon l'image
d'un juste règne ». Autour de Caton gravitent d'autres personnages historiques
du monde politique, militaire, scientifique, si bien que le dialogue se présente
comme une évocation de la grandeur passée de Rome. Quant aux sources dont

Cicéron s'est inspiré, « il a tiré de ses souvenirs, en les précisant par la lecture
de Caton et d'Atticus et en y mêlant ses propres sentiments, des faits de l'histoire
romaine et des vers de la poésie latine. Il a de même repris de son œuvre antérieure
un grand nombre d'idées et d'expressions. Il a traduit plusieurs passages de

Platon, de Xénophon, d'Isocrate, sans doute d'Hérodote et d'un auteur pytha
goricien, en les adaptant à l'esprit romain et à sa propre thèse. Enfin, il semble
avoir utilisé deux traités consacrés à la vieillesse par le philosophe stoïco-cynique
Ariston de Chios et le péripatéticien Théophraste ».

Pour l'établissement du texte, six manuscrits surtout, du IXe, Xe, XIe siècles,
entrent en ligne de compte, sans qu'on puisse d'ailleurs affirmer la supériorité
absolue d'aucun de ces témoins de la tradition

: l'éclectisme s'impose

donc.

La préface se termine par une copieuse bibliographie, signalant les éditions
et les études que la Cato maior a suscitées depuis la fin du XVe siècle.
La traduction est entrecoupée de titres, rappelant le plan du dialogue; elle
est accompagnée de notes plus abondantes qu'on n'a coutume d'en trouver
dans les éditions Budé : on ne pourra que s'en réjouir.

J. Van Ooteghem.

REVUE DES LIVRES

265

Salluste, Catilina, Jugurtha, Fragments des Histoires, Texte établi
et traduit par A. Ernout, 316 pp. in-12 en partie doubles, Paris,
Les Belles Lettres, 1941.
L'édition de la Conjuration de Catilina et de la Guerre de Jugurtha avait déjà
paru en 1924 dans la Collection des Universités de France sous la signature

de MeUe B. Ornstein et de M. J. Roman. Cette édition est remplacée aujourd'hui
par celle de M. A. Ernout, qui diffère assez sensiblement de la précédente.
Le nom de M. J. Roman, le traducteur précédent du texte, n'est pas même
prononcé dans l'introduction de M. Ernout, celui de MelIe Ornstein l'est deux
fois, à propos d'un manuscrit d'Avignon collationné par elle et à propos des
sigles employés dans l'édition précédente pour la désignation des manuscrits.
L'introduction de M. Ernout, sans être aussi étendue que la magistrale mono
graphie de M. Funaioli dans la Real-Encyclopaedie de Pauly-Wissowa, entre
cependant dans plus de détails sur la vie et l'œuvre de Salluste que ne le faisait
M. Roman. Pour le professeur de Paris, Salluste avait eu tort de s'engager dans
la politique, où il réussit cependant à acquérir, on sait comment, une fortune
immense : « homme de lettres plutôt qu'homme d'action, voluptueux aussi,
il est probable que les luttes et les intrigues du forum et du sénat n'ont pu le
passionner au point de le faire renoncer à jamais à ses études comme à ses
penchants. » En écrivant l'histoire, Salluste ne faisait donc que revenir à une
vocation dont les événements seuls avaient dirféré l'exercice : cette vocation,
jointe aux facilités d'information que lui fournissait le récit d'un drame dont
il avait été le témoin et à l'occasion qui s'offrait à lui de s'exprimer sans ména
gements sur un régime qui ne lui avait pas permis de jouer le rôle politique

auquel il aspirait, furent les motifs qui guidèrent le choix de son activité littéraire

bien plus que son animosité contre l'aristocratie et contre Cicéron ou sa sympathie

à l'égard de la démocratie et de César.

Pour l'établissement du texte, là où l'accord des manuscrits n'existe pas,
M. Ernout donne la préférence à deux manuscrits mutili du ix8 siècle, le P ou
Cod. Parisinus 16024, Ie A ou Cod. Parisinus 16025; il n'utilise qu'à titre acces
soire les integri, plus tardifs, et les citations d'auteurs. Sous le texte, on trouve

en premier lieu les testimonia anciens, puis l'apparat critique proprement dit.

A la suite du
été conservés des
il a paru inutile à
et de reproduire

Catilina et du Jugurtha, figurent les fragments qui nous ont
Histoires dans le Vat. 3864, du moins les lettres et les discours :
l'éditeur de refaire le travail de Maurenbrecher (Teubner, 1891)
les autres citations généralement très brèves et incohérentes
qui nous sont parvenues par tradition directe ou indirecte. Quant aux PseudoSallustiana, qui ont suscité ces dernières années une littérature particulièrement
abondante, M. Ernout a jugé plus sage de ne pas les faire figurer parmi les œuvres

authentiques.

Souhaitons que cette édition remarquable donne un nouvel essor aux études
sallustiennes aussi bien dans le monde savant que dans les classes d'humanités :
la lecture de certaines pages est tout à fait de saison à l'époque où nous vivons.
J. Van Ooteghem.

Albert Willem, Virgile, Les Bucoliques et les Géorgiques (Extraits),
83 pp. in-12, Bruxelles, Office de Publicité, 1941.
L'auteur a placé en tête de son édition une courte bibliographie signalant les

ouvrages principaux. Pour la bibliographie des Bucoliques, il y a lieu d'ajouter
E. Remy, La première églogue de Virgile (Louvain, 1910).

266

LES ÉTUDES CLASSIQUES

La biographie de Virgile, l'étude sur les Bucoliques et les Géorgiques donnent
l'essentiel à connaître avant d'aborder la lecture du texte.

Des Bucoliques, la ire, la 4e et la 5e, les plus célèbres, sont celles qu'on étudie
généralement dans les classes d'humanités. L'auteur a choisi les passages des
Géorgiques qui donnent une idée exacte du poème, « œuvre utile autant que
poétique ». L'édition comprend en outre des explications succinctes, des notes

de grammaire, les figures de style, la métrique et la prosodie, un index des noms
propres. On voit qu'il ne manque rien à cette édition classique pour intéresser

les élèves à l'œuvre de Virgile.

R. Scalais.

Tibulle, Choix d'élégies, Textes et traductions par Fr. De Ruyt,

coll. Lebègue, 104 pp. in-12, une planche hors-texte, Bruxelles,
Office de Publicité, 1941, 9 fr.
On lit peu Tibulle dans les classes d'Humanités : ses amours, qu'il célèbre
dans ses vers, y sont un sérieux obstacle. Pourtant plusieurs élégies du poète
de Pedum mériteraient de retenir l'attention des jeunes gens.
M. Franz De Ruyt, professeur de littérature latine à l'Université de Louvain,

présente ici aux élèves et au public cultivé un choix de poèmes de Tibulle qui
sont caractéristiques de sa manière. Tout d'abord la 10e élégie du Ier livre,
la première en date, où le poète déplore qu'il doive prendre part à l'expédition
de Messala en Aquitaine. Il y décrit les horreurs de la guerre et les charmes
de la paix en des termes qui sont particulièrement de saison. Vient ensuite la
3e élégie du livre I : dans ce beau poème d'amour, un des plus caractéristiques
du romantisme latin, Tibulle évoque la paix de l'âge d'or, le bonheur des ChampsElysées, séjour enchanteur des amants, le Tartare qu'il souhaite à qui oserait
attenter à son amour, enfin les charmes de Délia qu'il ira surprendre un jour
prochain. Du Uvre II enfin, il reproduit les élégies 1, 2, 5, si instructives au
point de vue de la religion et des mœurs romaines.
Le texte est accompagné de notes critiques qui ne sont pas un simple apparat,

mais une justification des leçons adoptées dans les passages controversés.
La traduction est nouvelle aussi : elle est aussi littérale que le permet la version
en un français élégant et conserve le rythme charmeur de l'original latin. Enfin
le commentaire, outre qu'il explique les passages difficiles, fait ressortir les
beautés du style, des images, de la pensée.
Nous souhaitons une très large diffusion à ce précieux opuscule, fruit d'un
cours professé à l'Université de Louvain en 1940-1941, et formulons l'espoir
que le savant professeur publie d'autres commentaires d'auteurs latins aussi
bien conçus et aussi instructifs. Nous tenons à féliciter aussi l'Office de Publicité
qui a magnifiquement réussi la mise en page du commentaire sous le texte et
la traduction des élégies.
J- Van Ootbghem.

Apulée, Les Métamorphoses, texte établi par D. S. Robertson et
traduit par P. Vallette, tome I, Livres I-III, LXIV-88 pp. in-12

en majeure partie doubles; tome II, Livres IV-V, 102 pp. doubles,
Paris, Les Belles Lettres, 1940, 25 fr. le vol.
MM. Paul Vallette et D. S. Robertson sont deux spécialistes des questions
apuléennes. Le premier a publié précédemment dans la Collection des Univer
sités de France l'Apologie et les Florides d'Apulée (1924), ainsi que chez
Klincksieck une thèse de doctorat sur VApologie d'Apulée (1908); le second est

REVUE DES LIVRES

267

l'auteur, dans le Classical Quarterly, d'une série d'articles sur la tradition manus
crite des Métamorphoses et, dans le Classical Review, d'articles de critique textuelle
sur Apulée.

M. Vallette a traité de la vie d'Apulée dans la préface de YApologie et Florides.
Dans l'introduction de ce nouveau volume, il examine en détail les questions
de source, de composition et de genre des Métamorphoses. Le problème de source
est dominé par le témoignage de Photius, témoignage « qui pose plus de questions
qu'il n'en résout, mais propre cependant, s'il ne la satisfait en tout point, à orienter

du moins la curiosité ». Dans sa Bibliothèque, le patriarche de Constantinople
dit avoir lu un ouvrage grec attribué à Lucius de Patrae et aujourd'hui perdu,
qui, sous le nom de Métamorphoses, racontait la même histoire que l'Ane, conservé
jusqu'à nous parmi les œuvres de Lucien. M. Vallette établit tout d'abord que
ni les Métamorphoses grecques de Lucius ni celles d'Apulée ne sont un dévelop
pement de l'Ane : au contraire, celui-ci est un abrégé, procédant d'une source
qui est aussi celle du roman d'Apulée. Ensuite, contre Dilthey et Cocchia,
le professeur de Paris estime que l'auteur des Métamorphoses grecques ne peut
être Apulée lui-même, qu'on aurait tort par conséquent de considérer les Méta
morphoses d'Apulée comme une relation personnelle, où puiser des renseignements
pour une biographie du rhéteur de Madaure.

Il n'est pas plus facile de définir le genre d'écrit dans lequel il convient de
ranger les Métamorphoses. Les anciens l'appelaient un « conte milésien » : « recueil
d'histoire fabuleuses, écrit M. Vallette, roman erotique, symbole philosophique ;
œuvre licencieuse, œuvre satirique, œuvre d'édification, les Métamorphoses ne
sont rien de tout cela et sont tout cela en même temps ... Manque de cohésion,
variété d'inspiration, mélange indéfinissable de sérieux et de frivolité, de mysti

cisme et de libertinage, de dévotion et d'irrévérence, tout Apulée est là, tel qu'il

se montre à nous dans ses discours, avec ses brusques contrastes et

cette

indiscipline d'esprit qui, tout compte fait, ne le sert pas trop mal et dont il a
l'air de s'amuser le premier ».

H. Keil a démontré en 1849 que le Laurentianus 68, 2 (xi8 siècle) est notre
seule autorité pour le texte des Métamorphoses; tous les autres manuscrits connus
dérivent de ce manuscrit F, ainsi qu'en témoigne une mutilation de ce manuscrit

au livre VIII, mutilation qui a laissé des traces dans la plupart des manuscrits
postérieurs.

M. D. S. Robertson a engagé la critique textuelle d'Apulée dans une voie
nouvelle en établissant en 1924 que, parmi les manuscrits du xive et du XVe siècles,
il faut distinguer un groupe, comprenant surtout YAmbrosianus A (xive s.), qui
remonte à une copie de F antérieure à la déchirure. Le professeur de Cambridge
établissait ainsi que YAmbrosianus A est, autant et plus que le ms. <p (le plus
ancien après F), un complément hors pair du Laurentianus F.
Basant son texte sur une collation nouvelle de F, la plus complète qu'on ait
réalisée jusqu'ici, M. Robertson exprime l'espoir d'avoir fait un pas nouveau
vers l'idéal d'une présentation complète de ce « témoin irremplaçable ». Les philo
logues sauront gré aux savants critiques de Paris et de Cambridge de n'avoir

rien négligé pour nous donner une édition d'Apulée aussi parfaite que possible.
J. Van Ooteghem.

H. Edmonds, O. S. B., Zweite Auflage im Altertum, Klass.-philol. Studien,
Heft 14, XVI-402 pp. in-8°, Leipzig, Harrassowitz, 1941, RM. 15.

Dans un premier chapitre (pp. 1-23), Dom E. donne une introduction métho
dique à son sujet. Les conditions de la librairie étaient tout autres avant qu'après

268

LES ÉTUDES CLASSIQUES

l'invention de l'imprimerie; il faut, pour l'Antiquité, classer sous l'étiquette

seconde édition toute modification que subit un texte depuis le moment où il
commence à circuler dans le public jusqu'à celui où, éventuellement, les héritiers
en font connaître une dernière forme d'après les papiers laissés par l'auteur.
Le chapitre II (pp. 24-135) étudie les ouvrages pour lesquels les mss. contiennent

des rédactions divergentes au point de vue du contenu; ce sont : l1'Histoire
ecclésiastique d'Eusèbe, la Chronique de saint Jérôme, les Institutions divines de
Lactance, le Contra Parmenianum d'Optat de Milève, les Poésies d'Ausone, le De
re rustica de Columelle. Le chapitre III (pp. 136-233) est consacré aux cas où

les variantes n'affectent pas le fond et sont donc purement stylistiques; il est
ici particulièrement délicat de décider si elles remontent réellement à une revision

du texte par l'auteur, ou seulement à l'intervention d'un remanieur; les ouvrages
intéressés sont l'Apologétique de Tertullien et les Métamorphoses d'Ovide. Viennent

ensuite, dans le chapitre IV (pp. 234-305) les rééditions que n'attestent plus les

variations de la tradition manuscrite mais uniquement des témoignages externes;

ce sont celles des Amours et des Fastes d'Ovide, de l'Adversus Marcionem de

Tertullien, des Académiques de Cicéron, des Nuées d'Aristophane et des Argonautiques d'Apollonius de Rhodes. Enfin le Ve chapitre (pp. 306-384) contient,
avec discussion sommaire, une liste d'environ 125 autres ouvrages antiques qui
semblent avoir existé en diverses éditions, mais à propos desquels manquent
des renseignements circonstanciés; signalons entre autres la Règle de saint

Benoît, le De unitate Ecclesiae de saint Cyprien, le Théétète et la République de
Platon, le IVe Uvre des Géorgiques de Virgile.

Le livre de Dom E. fait honneur à l'école de Bonn dont il procède. En réalite
il est déjà d'un maître. On y admire la précision et la souplesse de la méthode
et la sûreté du jugement. L'auteur est parfaitement à l'aise dans chacun des
sujets si divers qu'il étudie. Il en possède à fond toute la « littérature », mais

sans jamais s'en laisser imposer par le poids du papier imprimé. Nous regrettons

que les limites imposées à ce compte rendu ne nous permettent pas de détailler
les intéressantes et solides conclusions de cet ouvrage, le premier qui traite

d'ensemble cette difficile question.

É. de Strycker.

G. Thévenot, Textes gradués pour la version latine, classe de Première,
80 pp. in-8°, Paris, École et Collège, 1941.
Les versions qui forment ce recueil sont réparties en trois groupes. Chaque
groupe comprend deux sortes de textes : les textes accompagnés de notes et

de conseils, les textes sans commentaires, moins nombreux que les premiers.
L'auteur a cherché à graduer les textes selon leurs difficultés; c'est une tâche
assez délicate et on n'oserait pas dire qu'il a toujours réussi.

Comme ces versions sont destinées à des élèves de Première, il semble que

certains rappels de grammaire pourraient être supprimés. Les conseils pour la

traduction, adaptés à la nature de chaque version, paraissent en général beaucoup

plus utiles. C'est là une innovation heureuse introduite dans ce genre de recueil.
R.

Scalais.

F. Depienne et R. Lefèvre, Cent textes choisis d'auteurs latins pour
la quatrième, 82 pp. irt-12, Liège, Dessain, 1941, 8 fr.
Ce petit livre sera bien accueilli des professeurs de quatrième désireux de
varier leurs sujets de version latine. Il comprend cent textes pris dans vingt-trois

REVUE DES LIVRES
auteurs différents, surtout Cicéron, Tite-Live, César,

269
Ovide et Quinte-Curce'

Mais d'autres textes sont empruntés aux deux Pline,

à

Sénèque,

Suétone,

Valère-Maxime, Justin, etc. Ainsi les élèves pourront étendre leur connaissance
de la littérature latine. Les versions sont disposées en trois groupes d'après le
programme de grammaire de la quatrième : répétition de la syntaxe des
syntaxe des modes, revision et discours indirect.

cas,

J. Hauzeur.

FRANÇAIS
Vautre monde au moyen âge, Trois récits traduits par J. Marchand,

coll. Poèmes et récits de la vieille France, vol. XVII, XXXIV184 pp. in-12, Paris, de Boccard, 1940, 15 fr.
On trouvera dans ce petit volume la traduction du Voyage de saint Brendan,
du Voyage au puits de saint Patrice et de la Vision d'Albéric. Le premier texte

est traduit d'un poème anglo-normand du XIIe siècle, dû à un moine nommé
Benoît qui s'est inspiré d'une Navigatio sancti Brendani en prose dont le plus
ancien manuscrit date du rx" siècle. Le deuxième est tiré d'une version en prose
française publiée à Lyon en 1506 du Tractatus de purgatorio sancti Patricii du

cistercien H. de Saltrey (XIIe s.). Le troisième est emprunté à la Visio Alberici,
rédigée au xiie siècle par le bénédictin Albéric au monastère du Mont-Cassin.
On peut regretter que M. Marchand n'ait pas cru devoir, pour les deux premiers
récits, recourir directement aux originaux. S'il nous objecte que la collection qui
a accueilli son ouvrage s'intitule « Poèmes et récits de la vieille France », nous
lui ferons remarquer qu'il n'a pas hésité cependant à y incorporer — et à juste
titre — la Vision d'Albéric, écrite en latin par un religieux italien : il aurait pu
dès lors, pour le plus grand profit du lecteur français, agir de même pour les autres
textes.

'

Cette restriction faite, l'introduction érudite, la bibliographie bien informée,

la traduction heureusement adaptée à l'allure des différents récits rendent des
plus attachante la lecture de YAutre monde au moyen âge dont, par ailleurs,
certains passages évoquent curieusement la Divine Comédie.

Ch. E. Kinch, La poésie satirique de

Clément

Marot,

J. Fonsny.

X-288

pp.

in-8°, Paris, Boivin, 1940, 45 fr.
Il serait peut-être téméraire de soutenir que l'ouvrage apporte

beaucoup

d'inédit. L'inédit devient une denrée rare sur le sujet, depuis les travaux de
Becker, de Guy, de Villey, de Plattard et de Guiffrey.

Il restait à tracer un

tableau d'ensemble du genre propre au poète, cette satire des femmes, des moines,
de la Sorbonne qu'il a traitée à sa manière, personnelle, amusante, mordante
et superficielle, parfois grossière et toujours indifférente à la morale.

On la retrouve successivement dans l'Enfer, les Épigrammes, les Épîtres, les
Ballades.

Elle est loin de la satire de Boileau, de Rabelais, ou même de Ronsard dans
ses Discours, parce que ceux-ci parlaient en connaissance de cause ou au nom de
la vertu; et c'est dans ce sens restreint qu'il faut sans doute interpréter une phrase
où M. Kinch nous fait remarquer que Marot n'a pas, comme Ronsard, fondé

la poésie sur la vertu.

Je ne sache pas en effet qu'en dehors des Discours,

Ronsard ait jamais fait fond sur la vertu.

270

LES ÉTUDES CLASSIQUES

Ce qui ressort de la lecture de cette analyse substantielle, c'est que le meilleur
de l'œuvre de Marot doit se chercher ailleurs, mais où? Dans la Chanson, dans
l'Épigramme, dans l'Épître personnelle où « c'est la vie du poète avec ses aspi
rations, ses amitiés, ses haines, ses amours, ses mésaventures qui se déroulent ».
Il a quelque chose de Racine. Insaisissable et captivant. On ne sait par quel
trait définir son originalité, sinon par le don de faire vivant, exprimé dans une
langue qui a déjà tous les caractères de la prose classique tardive.
L. Stinglhamber.

M. Rat, Les beaux textes de l'antiquité, traduits enfrançais, 190 pp., 14 fr.

M. Rat et P. Guth, Extraits des œuvres de Chateaubriand. 164 pp., I2^TP. Martin, Extraits des romanciers du XIXe siècle, 192 pp., 14 fr.
P. Richard, Textes sur la civilisation contemporaine, 222 pp., 15,50 fr.
Vol. in-12 illustrés de la Collection nouvelle d'Humanités françaises,
Paris, Nathan, 1940-1941.

Le premier fascicule rend accessibles à des élèves d'Humanités modernes
des textes de l'antiquité classique. L'expérience a montré que c'était possible.
Grâce à ces pages brièvement et clairement commentées, ils pourront prendre
contact avec ce que l'antiquité avait de plus noble et se rendre familières l'âme
de Socrate, les histoires merveilleuses d'Antigone et d'Orphée; des notes judi
cieuses les aideront à retrouver dans la littérature française des traces de la civi
lisation-mère.

Les extraits des œuvres de Chateaubriand sont composés de deux parues :

la première retrace la vie de l'enchanteur, à Saint-Malo, ou à Combourg, dans
ses voyages, dans ses amitiés et dans ses derniers rêves, d'après les Mémoires
d'outre-tombe, la Correspondance ou l'Itinéraire de Paris à Jérusalem. La seconde
partie parcourt les autres œuvres, en cherchant à donner une idée juste et une
vue d'ensemble de l'écrivain. Chaque extrait est suivi de questions, de suggestions,
de rapprochements possibles qui aideront les professeurs à diriger les exercices
oraux.
LauA.

Le but du troisième fascicule est moins de donner un tableau historique du

roman au xixe siècle que d'exciter la curiosité des élèves et de leur faire aimer

la lecture. L'auteur n'a pas cru devoir passer sous silence certains morceaux
moins « faciles » consacrés à l'analyse personnelle des sentiments. Là encore,
les élèves seront guidés par les questionnaires succincts et nets. Ils verront que
bien lire un roman est chose difficile. Peut-être aurions-nous souhaité un grou

pement des extraits d'après les écoles littéraires (romantique, naturaliste ...) ou
d'après les genres : romans d'analyse, de peinture des mœurs, d'évocation
historique, etc.

Le quatrième fascicule fait suite aux Textes sur la Civilisation du moyen âge

et des temps modernes, déjà recensés (Et. class., 1940, p. 453)- L'idée est originale
d'initier les élèves à l'étude de la société. Ils pourront ainsi enfiler, de Louis XVI

à Clemenceau, des volontaires de 92 au poilu de 1914, du gentilhomme cam

pagnard au machinisme, de Bougeaud à Lyautey, le chemin que la civilisation
a parcouru. Tantôt par des mémoires, tantôt par des romans ou dis essais, tantôt

aussi par les illustrations, ils parviendront à se rendre compte du sens et de la
vitesse, du courant qui les porte. Au questionnaire habituel, l'auteur a ajouté
une précieuse bibliographie où sont indiquées des lectures complémentaires.
J.

Doucet.

REVUE DES LIVRES

27I

J. Calvet, Bossuet, l'homme et l'œuvre, coll. Le livre de l'étudiant,
180 pp. in-12, Paris, Boivin, 1941, 21 fr.
Mgr Calvet avait consacré à Bossuet un excellent chapitre de sa Littérature
religieuse de François de Sales à Fénelon. Le présent petit livre lui doit quelque
chose (il est juste que Lucullus dîne chez Lucullus) et se recommande par les

mêmes qualités de l'information et de la méditation.

Dans une première partie, l'auteur montre en Bossuet l'homme, dans ses
origines et sa jeunesse, dans ses études, dans ses expériences vécues de Metz,
dans son apostolat national à Paris, dans son épiscopat de Meaux, et pendant

les années de triomphe que suivront celles où Bossuet assiste à la désagrégation
de l'édifice qu'il a tant contribué à construire. Une seconde partie étudie l'œuvre :
le prédicateur, l'historien, le moraliste, le docteur, l'écrivain.
L'étudiant, et le maître, apprendront ici plus vite et plus sûrement qu'ailleurs
ce que tout le monde devrait savoir sur Bossuet, ce que tout le monde ne sait
pas. Non seulement l'auteur a su embrasser et condenser une vaste matière sans

trop de simplifications et de sacrifices, mais il l'a renouvelée, avec modération
et discrétion : par exemple, en retirant Bossuet à la littérature pour les restituer,
sa littérature et lui, à la vie doctorale et à la vie tout court; en insistant sur l'impor
tance, en effet primordiale, des années de formation à Metz; en mesurant la place

aux Oraisons Funèbres, etc. Et soit dans la première, soit dans la seconde partie,

il est parvenu à consacrer à chacune des œuvres principales de Bossuet une

page ou peu de pages, mais d'une exactitude, d'une mesure, d'une densité et
d'une mise au point parfaites.

La réussite d'un livre comme celui-ci constitue un tour de force discret, auquel
rendront hommage les bossuétistes chevronnés aussi bien que les bossuétistes

en puissance auxquels il est destiné.

Nous ne songeons pas à diminuer les mérites de Lanson, de Baumann. Mais
désormais, quand nos étudiants voudront connaître Bossuet, c'est Mgr Calvet
qu'on chargera de faire la présentation.

Charles De Trooz.

A. Bellessort, XVIII" siècle et romantisme, 418 pp. in-12, Paris,.
Fayard, 1941.

On connaît les brillantes qualités de M. Bellessort comme vulgarisateur et

comme conférencier. On les retrouvera en ce volume où il prétend montrer
certains aspects romantiques du xviii" siècle et quelques traits particuliers du

romantisme français. Il étudie successivement : la dernière année de Louis XIV;

un personnage romantique : le Régent; la comédie où l'on pleure; une Orientale :

Mademoiselle Aïssé; Madame du Deffand; le théâtre de Marie-Antoinette;
un ancêtre du naturalisme : Rétif de la Bretonne; Madame Roland; Bernardin

de Saint-Pierre; comment Balzac faisait un roman (Une ténébreuse affaire);
le théâtre d Alfred de Musset; les voyages de Dumas père et Gautier; l'héritage

cte

1830.

Je ne sais si toutes ces études ont été d'abord présentées au public sous forme
de conférences. Pour plusieurs d'entre elles, le doute n'est pas possible : elles

y gagnent en esprit et en piquant et elles y perdent souvent en profondeur.

Toutes n ont pas la même.valeur critique, mais toutes sont intéressantes; je signale

particulièrement .celles qui touchent aux questions de théâtre et celles sur
Bernardin de Saint-Pierre, Alexandre Dumas et Gautier.
J. Hanse

272

LES ÉTUDES CLASSIQUES

L. Maury, Opinions sociales et politiques de Balzac, Textes choisis
et préfacés, coll. Études françaises, 192 pp. in-12, Paris, Stock,

i94i) 19,50 &•

La collection des « Études françaises » dont voici le troisième volume est une
série d'examens de conscience en vue d'une réforme de vie. On constate les
ruines et on chante les raisons d'espérer. Les trois premiers petits volumes sont

des textes choisis destinés à être médités, les autres « recueilleront l'examen des
divers esprits ».

Aujourd'hui, la méditation est tirée de la Comédie Humaine. L'époque (18001850) est bien choisie : dans la première moitié du XIXe siècle comme à l'heure
actuelle, la France essaie d'arrêter la débâcle de la Révolution et de combler
les ruines glorieuses de l'Empire. L'œuvre de Balzac, par son imagination et
sa curiosité inlassables, est le heu géométrique d'un passé tumultueux et d'un
avenir bouillonnant mais sombre. En contrepoint des victoires éclatantes et
inutiles de Napoléon, il écoute les premiers accords d'un ordre nouveau, cette

cacophonie de la société bourgeoise et capitaliste, de la finance, de la banque,

de l'industrie, de la presse, de la basse politique et de la démagogie. Effrayé
par cette musique infernale que font la liberté et le libéralisme, il se réfugie
alors sur les positions traditionnelles de la monarchie et de la religion, seules
capables de sauvegarder l'honneur, la famille et la justice.

M. Maury a voulu tirer de l'œuvre de Balzac autre chose qu'un florilège
d'opinions. Il a essayé de nous faire prendre contact avec l'homme bien plus
qu'avec l'écrivain. Il a eu raison. Et Balzac, dans son domaine, est un maître.
Il possède une plénitude, une puissance de communion avec l'universel concret
qui entraînent et encouragent. Espérons que cette santé sera contagieuse.
J. Doucet.

Les Romans de la Table Ronde, Notice et notes de G. Sneyers, 60 pp.
C. Goldoni, La belle Hôtesse, Introd. de R. Vivier, 62 pp.
Molière, L'École des Femmes, Introd. de M. Gauchez, 80 pp.
Corneille, Horace, Notice et notes de J. Hanse, 60 pp.
Bossuet, Sermons, Notice de J. Valschaerts, 66 pp.

Bossuet, Oraisons funèbres, Notice de J. Valschaerts, 62 pp.
Prince Ch. J. de Ligne, Souvenirs et réflexions, Notice de A. Duchesne,
48 pp.

C. Lemonnier, Pages choisies, Notice de G. Rency, 64 pp.
E. Verhaeren, Poèmes choisis, 88 pp.

Vol. in-12 de la Collection nouvelle des Classiques, Bruxelles, Labor,
2,50 le volume.
La Belgique aura donc à son heure sa collection de classiques populaires.
Ce qui la recommande, outre le choix généralement judicieux et les notices
compétentes, c'est l'heureuse innovation de ce tableau chronologique préli
minaire.

Signalons parmi les plus intéressantes, les pages choisies de Lemonnier,

de Verhaeren, du prince de Ligne, de Goldoni.

REVUE DES

LIVRES

273

Nous voudrions pouvoir en dire autant des Romans de la Table Ronde. Le sujet
se présentait avec l'attrait de la nouveauté et de la fantaisie, et c'est une très
heureuse inspiration qu'a eue Melle Sneyers d'en offrir le plus beau morceau,
je veux dire le Roman du Graal, ce poème de la Messe et de l'idéalisme mystique.
Mais pourquoi avoir choisi, pour la moitié, le texte de Jacques Boulanger, qui
est un rifacimento moderne, sans rapport avec celui du vieux roman ? Peut-on
même le proposer comme un témoin du XIIIe siècle? Autant vaudrait faire

passer le roman d'Énéas pour du Virgile. Je chicanerai aussi la préface, un peu
livresque

sur

quelques

détails.

Est-il

juste

d'appeler Wace un traducteur?

Son Brut est bien autre chose qu'une simple traduction. N'y a-t-il pas une

coquille dans la date de 1250 assignée à Geoffroy de Monmouth (p. VI) ? Est-il
sûr que la France d'oïl ait vu chômer sa création épique après la Chanson

de Roland?

Vétilles, on le voit, qui n'ôtent rien à la générosité de l'idée, ni à l'originalité
de la publication.

L. Stinglhamber.

Molière, Les Précieuses ridicules, Les Femmes savantes, Scènes choisies
par E. Wasnair, Coll. Lebègue, 82 pp. in-12, 1942, 9 fr.
L. Paquot-Pierret, L'art du portrait chez La Bruyère, Coll. Lebègue,
76 pp. in-12, 1941, 9 fr.
G. Charlier, Œuvres choisies du Prince de

Ligne, Coll. nationale,

92 pp. in-12, 1941, 9 fr.

R. Depau, Pages choisies

des Mémoires de

Grétry,

Coll. nationale

86 pp. in-12, 1941, 9 fr.
H. Liebrecht, Iwan Gilkin, Coll. nationale, 82 pp. in-12, 1941, 9 fr.
G. Rency, Georges Eekhoud, l'homme, l'œuvre, Coll. nationale, 74 pp.
in-12, 1942, 9 fr.
M. Reichert, André

Van

Hasselt,

pages

choisies,

Coll.

Lebègue,

100 pp. in-12, 1942, 9 fr.
R. Lejeune, Histoire sommaire de la littérature wallone, Coll. Nationale,

118 pp. in-12, 1942, 9 fr.
Bruxelles, Office de Publicité.
A part le petit essai, fort didactique, mais précis et bien composé, de
M. L. Paquot-Pierret sur La Bruyère et les scènes choisies de Molière que nous

présente avec bon sens M. E. Wasnair, les premiers opuscules que nous offrent
la Collection Nationale et la Collection Lebègue sont destinés à célébrer nos
gloires nationales. Les extraits choisis de Van Hasselt, du Prince de Ligne et
surtout des Mémoires de Grétry — surtout, parce que ces dernières œuvres sont

relativement peu connues et plus difficiles à se procurer — plairont par leur
diversité. Quant aux essais sur Iwan Gilkin et Georges Eekhoud, s'ils sentent
un peu trop l'apologie, ils sont composés, en revanche, par des auteurs parfai
tement au courant de leur sujet et qui, ayant connu personnellement les écrivains

dont ils parlent, éma illent de souvenirs personnels et de traits inédits les pages
émues qu'ils leur consacrent.

18

274

LES ÉTUDES CLASSIQUES

On doit une mention spéciale à l'Histoire sommaire de la littérature wallonne .•
dans cette centaine de pages, Mme R. Lejeune a prodigué des trésors d'érudition
et de finesse et réussi à tracer un tableau concis et pourtant nuancé, de notre
littérature patoisante de langue romane.
J. Fonsny.

P. Van Tieghem, Histoire

littéraire

de

l'Europe

et

de

l'Amérique

de la Renaissance à nos jours, 422 pp. in-8°, Paris, Colin, 1941.
L'entreprise s'annonçait intéressante, de présenter le tableau d'ensemble de
la littérature européenne; intéressante d'ailleurs autant que dangereuse. L'écueil,
que l'auteur avait parfaitement reconnu, menaçait de faire de cette histoire, une
sèche nomenclature. Malgré son talent, il n'y a pas complètement échappé, et
l'amplitude du champ l'a forcé à le survoler trop rapidement, parfois même un
peu négligemment. Comment en une page livrer le secret de Shakespeare, de
Racine, de Dostoïevsky? Les érudits risquent de s'en retourner déçus, et les

apprentis n'y apprendront rien, à moins qu'il n'y cueillent des notions insuffi
santes, souvent superficielles, parfois fausses. Peut-on en effet qualifier Luis de
Léon de grand mystique et de disciple de sainte Thérèse, lui, le pur humaniste,
le moins mystique des moines ? Où sont les « pages exquises » du Diable-monde,
ce fétus monstrueux? Qui a jamais vu dans le Traité de l'amour de Dieu une
instruction à l'adresse des mondains pieux? Pourquoi parler des Cantiques spiri
tuels de saint Jean de la Croix, quand il s'agit du Cantico?
La meilleure portion est celle qui traite du romantisme européen. Mais là encore,

combien plus solide et cohésive me paraît l'étude de l'évolution de chaque litté
rature dans son cadre particulier'et ses couleurs nationales. Nous touchons ici
au point sensible. A instituer le règne de la comparaison, ne supprime-t-on pas,
dû* coup, l'élément individuel, ineffable, la matière même de la création artistique,
avTprofit des abstractions et des catégories, vidant ainsi l'enseignement littéraire

de ce qui en fait la vie? La tentative de l'éminent comparatiste a le mérite de
poser le problème.

L- Stinglhamber.

G. Rouzet, Dans l'ombre de Léon Bloy, Bibl. de la Cigale, 138 pp.
in-12, Liège, Édit. L'Horizon nouveau, 1941, 18 fr.
L'auteur groupe autour de Léon Bloy quelques auteurs sur lesquels il s'attarde
parfois avec une complaisance excessive à propos de quelques lettres inédites
qu'il publie et commente. Tel est l'intérêt principal des études où il est question
d'Eugène Demolder, Rodolphe Darzens, Robert Caze, J.-K. Huysmans.
Une autre étude, et une des plus longues, est consacrée à Anne-Catherine
Emmerich : il faut avouer qu'elle est aussi superficielle que touffue et obscure.
Plus intéressant est le travail d'approche Autour du secret de Léon Bloy, encore
qu'il soit aussi encombré d'éléments étrangers qui embrouillent la question au
lieu de l'éclairer : Bloy se considérait comme un Témoin, un précurseur semblable

au prophète Élie.

Enfin les dernières pages, intitulées Défense de Léon Bloy, répondent, avec une

passion qui n'est pas toujours convaincante, à quelques-uns des reproches faits
habituellement à Léon Bloy. Nous ne voulons pas suivre M. Rouzet sur ce terrain
où il a d'ailleurs maintes fois raison, mais il nous sera permis de relever deux
endroits vraiment trop désinvoltes : l'un (p. 105) sur le manque absolu de rapports
entre une vie de débauche et une œuvre saine, l'autre (p. 126) qui considère
« le pétulant Abbé (Bethléem) plutôt comme un maniaque plus ou moins
inoffensif ».
J- Hanse.

REVUE DES LIVRES

275

F. Desonay, Le Grand Meaulnes <TAlain-Fournier, Essai de commen

taire psychologique et littéraire, 256 pp. in-12, Bruxelles, Éditions
des Artistes, 1941, 30 fr.
Seurel, Frantz de Galais, Augustin Meaulnes, autant d'avatars d'Alain-Fournier
lui-même. Ce lien personnel ou romantique de l'œuvre est indispensable à son
unité. Seurel représentera le thème de la pureté, le rêve idéal et créateur qui
avait transfiguré l'adolescent le jour où il fit la rencontre fugitive de la déesse
à la taille mince. Fr. de Galais, l'organisateur de la fête enfantine, c'est le thème

des souvenirs, de l'enfance et de l'aventure. A. Meaulnes nous offre le secret
enfoui, la conscience et le remords du romancier. Il personnifie à la fois cette
quête fiévreuse et nostalgique du bonheur, qui fut l'aiguillon de sa vie, et

le

sentiment de la réparation qui s'imposait, pour tant de déviations à l'honneur,
à l'amour et à l'idéalisme. Ne pourrait-on pas ajouter que tous les trois n'incarnent
pas seulement Alain-Fournier, mais qu'ils impliquent le cas tragique de toute une

jeunesse, leur insatisfaction, ce besoin de plénitude, de dépassement et d'au
delà, cette impossibilité de se reposer dans le passé et dans la femme, cette course
à la mort libératrice ?

Loué soit le magicien qui a si intelligemment ouvert à nos yeux l'écrin féerique
aux ressorts compliqués, pour en dégager le flacon « qui se souvient ».
L. Stinglhamber.

G. Sneyers, Romanciers d'entre deux guerres, 326 pp. in-12, Bruxelles,

Édition universelle; Paris, Desclée De Brouwer, 1941, 28 fr.

La place nous manque pour analyser et discuter les idées et les jugements
groupés par Mademoiselle Sneyers en ces pages parues d'abord dans la Revue
générale, de 1934 à 1940, au hasard de la production littéraire. Signalons du moins
l'intérêt et la diversité de ces études portant sur les principaux romanciers français
et belges « d'entre deux guerres ». L'habileté et la subtilité de Mademoiselle
Sneyers apparaissent surtout dans ses résumés et ses analyses des œuvres; ses
synthèses nous paraissent beaucoup moins sûres et ses groupements sont parfois
artificiels. Du moins ne laisse-t-elle jamais dans l'ombre sa conception chrétienne
du roman et son désir de voir la littérature romanesque s'orienter vers le domaine
de la grâce et, d'une manière générale, vers les problèmes spirituels.
J. Hanse.

M. Grevisse, Précis de grammaire française, ire édit., et Exercices
sur la grammaire française, 3e édit., 2 vol. 213 pp. et 342 pp. in-12,
Gembloux, Duculot, s. d., 15 fr. et 20 fr.
Conscient que son traité précédent, Le bon usage, était plutôt un livre de consul
tation qu'un manuel scolaire, M. Grevisse a conçu un Précis destiné aux élèves
des classes inférieures de l'enseignement moyen. Il ne s'est pas contenté de
résumer son premier et excellent ouvrage; il l'a vraiment adapté aux exigences
et à la capacité des classes auxquelles il s'adressait. Les définitions et les exemples
sont simplifiés, les commentaires sont réduits à l'essentiel, les cadres même sont
parfois modifiés. Tel qu'il est, ce Précis est clair, bien présenté et suffisamment
développé. Pourquoi cependant n'avoir pas conservé quelques pages sur les
défauts de prononciation les plus répandus? Pourquoi aussi affirmer maintenant
que la complément d'agent du verbe passif désigne nécessairement un être

animé ou une chose personnifiée ? Je signale aussi à M. Grevisse qu'il y aurait lieu

276

LES ÉTUDES CLASSIQUES

d'introduire, dans le tableau des verbes irréguliers, le verbe ressortir (dans le
sens « être du ressort de »)Quant au recueil d'Exercices, il contient près de 600 exercices très judicieux

et fort variés, dont beaucoup sont longs. Mieux eût valu d'ailleurs en présenter
un plus grand nombre encore, mais plus courts, avec une indication typographique
permettant au professeur d'en réserver un certain nombre pour la revision ou

pour les classes de 40 et de 3e.

AUTRES

J- Hanse.

LANGUES VIVANTES

Shakespeare, Les Tragédies, Nouv. traduction franc, avec remarques

et notes, par P. Messiaen, 1558 pp. in-12, Paris-Bruges, Desclée
De Brouwer,

1941, 90 fr.

Après les Comédies, voici les Tragédies réunies en un volume, le deuxième de
cette monumentale entreprise, en attendant les drames historiques, les poèmes
et l'ouvrage de critique.

Il n'y a pas à renchérir sur l'accueil fait à la valeur de la traduction. Il est
visible cependant qu'elle s'inspire de celle de la collection bilingue des Belles
Lettres, en serrant le sens de plus près, sans parvenir toutefois à remplacer
l'avantage offert par le texte en regard.
Mais cet handicap est compensé par la présence de notices historiques, litté
raires, critiques, grammaticales, en guise d'introduction à chacune des pièces;
de manière à composer de ce recueil un indispensable livre du maître.
On ne possédait pas, on ne pouvait pas compter avoir jamais une somme aussi
complète sur un poète étranger, alors que Racine lui-même n'en est point favo
risé. Mais le vrai culte, celui qui ressuscite les morts, ne connaît ni les frontières
du temps, ni celles du pays. M. P. Messiaen doit être amoureux de Shakespeare.
L. Stinglhamber.

R. M. Rilke, Le livre de la vie monastique, Trad. originale par

H. Ferrare, préface de P. Flouquet, Bruxelles, Édit. des Cahiers
du « Journal des Poètes », 10 fr.

Le Livre du Pèlerinage suivi du Livre de la Pauvreté et de la Mort, puis
le Livre de la vie monastique, quelle sûreté de goût et quel sens de la vie
profonde ont fixé le choix du Journal des Poètes, dans la présentation des

recueils du plus pur des poètes! Tellement pénétrant qu'il est le seul à conserver
son parfum à travers la traduction.

La musique de la langue a disparu, mais il reste les images, ce surréalisme

enchanteur et la pensée.

Les amis de Rilke, petite église fervente, se réjouissent de toucher ici
de leur idole. Ce cœur, à la fois si religieux et si athée, qui se répand en
chant sur Dieu. Mais son Dieu c'est l'homme qui le fabrique. « Que
quand je mourrai; en me perdant tu perds ta signification. Tu es le
inconscient. La conscience n'est que dans le temps. »

le cœur
un long
feras-tu
sombre

Cette métaphysique ne se ressent-elle pas d'Hegel, de Renan ou de
Schopenhauer? Si la conscience n'est que dans le temps, pur phénomène,
comment pense-t-elle Dieu?
L- Stinglhamber.

REVUE DES

LIVRES

277

HISTOIRE

J. Capart, Le message de la vieille Egypte, Coll. Lebègue, 84 pp.
in-8°, Bruxelles, Office de Publicité, 1941, 9 fr.

Id., La beauté égyptienne. Coll. Lebègue, 82 pp. in 8°, Bruxelles,
Office de Publicité, 1942, 9 fr.
Depuis près d'un demi-siècle, M. Capart a le rare privilège de suivre d'année
en année le merveilleux développement de l'égyptologie.

Douze séjours dans la vallée du Nil, de multiples voyages à tous les musées
du monde, lui ont permis de récolter une ample et riche moisson de documents
et de souvenirs.

Avec un cœur toujours jeune, une plume enthousiaste, des yeux souriants et
ravis, il nous livre, en de charmants récits, les pages les plus belles de ses grands
ouvrages, richement illustrés, édités par la Fondation Égyptologique Reine

Elisabeth.

Avoir révélé au grand public les merveilles de cette civilisation prodigieuse
et initié la jeunesse au culte de tout ce qui est beau et annoblit l'intelligence
restera le mérite de ce savant chrétien qui, dans le Message de la vieille Egypte,

a reconnu celui de l'Éternelle Vérité.

Tony Severin.

M. Renard, Initiation à l'étruscologie, 94 pp. in-8° et XIV pi., Collec

tion Lebègue, vol. 6, Bruxelles, Office de Publicité, 1941, 9 fr.
En ces temps difficiles de la guerre, l'édition belge fait preuve d'une vitalité
extraordinaire et d'initiatives nouvelles, que favorise assurément l'effondrement
de la concurrence parisienne, mais qui prouvent la possibilité pour les auteurs
et les éditeurs belges de s'établir solidement sur le marché national. Le succès
de la « Collection Lebègue », lancée tout récemment, en est un exemple frappant.
Ces petits livres se recommandent à tous les professeurs et humanistes tant par
l'intérêt des sujets traités que par la valeur des collaborations exclusivement belges.
L'ouvrage de M. Renard constitue une somme précise et complète de nos
connaissances actuelles en matière d'étruscologie. Il est honoré d'une préface
flatteuse de M. Albert Grenier et illustré de 37 photos bien choisies pour donner
quelque idée des caractères et de l'évolution de l'art étrusque. L'auteur développe
en cinq chapitres bourrés de faits et qui supposent un examen fouillé de toutes
les sources d'information : l'origine et l'histoire des Étrusques; la langue; la reli
gion; la vie publique, économique et sociale; l'art. Pour les questions controversées,
il se range nettement parmi les partisans de l'origine orientale de la civilisation
étrusque, importée en Italie vers le vme siècle par des colons égéens et combinée
sur place avec les tendances propres aux indigènes, tant ceux de race méditer
ranéenne que ces « villanoviens » de race indo-européenne, venus en Italie avec
l'âge du fer, au Xe siècle avant J.-C. Cette thèse très raisonnable et qui trouve
un appui sérieux dans le développement parallèle de la colonisation grecque en
Méditerranée occidentale est admise aujourd'hui par de nombreux savants, dont

M. Ducati est le coryphée (voir Pericle Ducati, Le problème étrusque, Paris,
Leroux, 1938).

C'est décidément aussi la position adoptée par les étruscologues belges et

notamment le premier en date, M. Franz De Ruyt, créateur de la première

chaire belge d'étruscologie, en 1936, à notre Université de Louvain. Dans une

278

LES ÉTUDES CLASSIQUES

collection nationale, on eût aimé voir souligner cette initiative. On s'étonne
d'ailleurs de ne pas trouver dans la liste bibliographique le gros ouvrage consacré
à Charun par M. De Ruyt en 1934, alors que ce livre est signalé pourtant avec

éloge dans le chapitre sur la religion étrusque. La bibliographie de M. Renard
est d'ailleurs tout à fait incomplète et c'est très dommage pour les lecteurs qui
voudront se servir de son initiation comme livre d'étude. Les multiples faits,
textes, controverses énoncés à grands traits, malgré toute la clarté du style,
resteront ainsi pratiquement inutilisables pour qui n'est pas un « initié » déjà.
Seul, le spécialiste très averti pourra tout reconnaître au passage. C'est recueil
d'une richesse d'érudition très abondante.

Mais ceci ne doit pas nous empêcher de recommander vivement la lecture
de ce beau petit livre, où maint lecteur découvrira des horizons insoupçonnés.
J. Van Ooteghem.

Lv Homo, Nouvelle histoire romaine, coll. Les grandes études histo
riques, 588 pp. in-12, Paris, Fayard, 1941, 32 fr.
Le principal mérite de ce livre, c'est de faire comprendre les causes du dévelop
pement, de la grandeur et de la ruine de Rome et de mettre en évidence les leçons
qui se dégagent de son histoire.

Les nombreux ouvrages que l'auteur a publiés sur Rome et qui touchent à
tous les problèmes de son existence, lui ont permis de traiter le sujet en profond

connaisseur. C'est l'œuvre d'un historien qui tient sa science de longues et
patientes recherches et qui a pu se faire sur la matière un jugement personnel
et sûr. Il n'y a pas un chapitre dans ce livre, qui englobe les destinées de Rome
depuis sa naissance jusqu'à la chute de l'Empire d'Occident, qu'on ne lise avec

intérêt.

Nous ne pouvons mieux faire saisir l'esprit de ce livre qu'en citant les dernières
lignes : « Rome, au nom de son incomparable histoire, nous parle par la voix
de ses morts. A l'écouter, nous ne saurions, nous autres modernes, perdre ni
notre temps, ni notre peine. »
R- Scalais.

A. Ferrabino, Cesare, coll. I grandi Italiani, 246 pp. in-8°, 5 pi. hors
texte, Turin, U. T. E. T., 1941. L. 21.
Ceci n'est pas un ouvrage de recherche proprement dite, car, s'il est basé sur
une étude attentive des sources, il n'en fait pas la critique suivant les méthodes
habituelles de la philologie et de l'histoire. Ce n'est pas non plus une biographie
du fameux conquérant et dictateur de la République romaine, mais une disser
tation éloquente et enthousiaste de philosophie politique, où la personnalité de
César se trouve exaltée à travers les péripéties de son ascension au pouvoir, de ses

conquêtes prestigieuses et de son influence profonde sur les destinées de l'État
romain.

L'auteur analyse avec beaucoup de finesse les attitudes politiques de César
et son esprit dominateur fondé à la fois sur l'audace confiante en la Fortuna et la
majesté souveraine de sa clementia, un esprit justement défini « césarisme »
et qui trouvera son application la mieux réussie dans le régime d'Auguste.
L'interprétation difficile de ce césarisme à travers les âges et le jugement porté

sur lui par les grands esprits de tous les temps ont été la préoccupation dominante
de l'auteur et fournissent les meilleures pages de ce livre, où sont relevées non
seulement les opinions des Anciens à ce sujet, tels Cicéron, Sénèque, Lucain,

REVUE DES LIVRES

279

Plutarque, Suétone, Denys, Appien, Dion Cassius, mais encore Dante, Montaigne,

Shakespeare, etc.
Sans doute, les appréciations de l'auteur reflètent-elles parfois un chauvinisme

assez simpliste; ainsi, à la p. 37, les initiatives romaines en vue de l'expansion
impérialiste sont considérées

uniquement comme l'application

d'un principe

moral : l'aide à un peuple faible, qui demande la protection de Rome. Les aspects

privés de la vie de César ont été aussi assez négligés au profit de l'éclat extérieur
du personnage militaire et politique.

Il n'en reste pas moins que cet ouvrage de haute culture se laisse lire agréa
blement; il est admirablement présenté et illustré d'excellentes reproductions
des portraits de César. Un tableau chronologique figure en appendice; mais
on regrette l'absence d'un index nominum.

Franz De Ruyt.

S. J. De Laet, De samenstelling van den romeinschen senaat gedurende

de eerste eeuw van het principaat, Rijksuniv. te Gent, Werken uitgegeven door de Fac. van Wijsbeg. en Lett., 92e aflev., 338 pp. in-8°,
Anvers, De Sikkel,

1941.

Nous possédions déjà toute une série d'études relatives à la composition du
sénat romain : celle de P. Willems sur Le sénat de la république romaine (Louvain,
1883-1885), celle que M. F. Fischer a consacrée à la composition du sénat sous
Auguste (Diss. Berlin, 1908), celle de M. B. Stech pour la période qui va de
l'avènement de Vespasien à la mort de Trajan (Klio, Beiheft, 1912), celles de
M. P. Lambrechts sur La composition du sénat romain de l'accession au trône
d'Hadrien à la mort de Commode (Gand, 1936) et de Septime-Sévère à Dioctétien
(Budapest, 1937). Et voici que M. S. J. De Laet vient combler très heureusement
la lacune qui subsistait en publiant ses recherches sur la composition du sénat
romain de 28 av. J.-C, date de sa réorganisation par Auguste, jusqu'à 68 ap. J.-C.,
date de la mort de Néron. Il estime que l'ouvrage de M. Fischer est dépourvu
d'esprit critique et que la période du principat d'Auguste devait être réexaminée.
Se basant sur les sources littéraires, épigraphiques et numismatiques,
M. De Laet dresse la liste des sénateurs pour chacun des règnes importants
de la dynastie julio-claudienne, séparant chaque fois les certi des incerti : dans
cette dernière catégorie sont rangés les sénateurs dont la présence au sénat n'est
pas certainement attestée, mais qui y siégeaient vraisemblablement, d'après ce
principe qu'un sénateur demeure en vie pendant 15 ans en moyenne après son
consulat. Dans ces listes, les sénateurs prennent place dans l'ordre alphabétique
des noms gentilices et des surnoms : chaque nom est accompagné d'une brève
notice biographique, qui n'est souvent qu'un résumé de l'article correspondant
de la Prosopographia Imperii Romani ou de la Real-Encyclopaedie.
Dans une seconde partie, l'auteur fournit quelques listes complémentaires,
notamment un essai de reconstitution des albums sénatoriaux ou listes officielles
du sénat pour les années 20 av. J.-C, 14, 37, 42, 54, 68 ap. J.-C, la liste des
sénateurs patriciens, la liste des sénateurs d'après leur lieu d'origine, enfin une
reconstitution des fastes provinciaux pour les années 27 av. J.-C. à 68/69 ap- J--C
La troisième partie enfin contient les conclusions, que l'auteur croit pouvoir

déduire des documents rassemblés, sur la politique des empereurs de la dynastie
julio-claudienne à l'égard du sénat.

Un premier fait qui saute aux yeux est l'élimination progressive du patriciat
au sein du sénat, élimination due à la dénatalité qui atteignit plus particulièrement

280

LES ÉTUDES CLASSIQUES

cette classe de la société et à la désaffection dont témoignèrent les empereurs
à son endroit; néanmoins, sous Auguste comme au temps de la République,
le patriciat continue à exercer au sénat une influence considérable. Par contre,
les adlectiones de familles plébéiennes se firent de plus en plus nombreuses, encore

que ces nouveaux promus n'aient pas toujours joué au sénat un rôle proportionné
à leur nombre. L'admission de provinciaux dans les rangs des sénateurs demeura

une exception sous Auguste, Tibère et Claude, mais sous Néron le sénat compta
42 membres non-italiens.

Un autre fait sur lequel M. De'Laet attire l'attention est la longue durée du
mandat des gouverneurs de provinces sous Tibère : rejetant les motifs d'ordre
psychologique par lesquels Tacite a expliqué cette manière de faire, l'auteur la
Justine par le désir qu'eut Tibère, d'améliorer la qualité et le rendement de l'admi
nistration provinciale et par le nombre restreint de sénateurs qui jouissaient de
la confiance de l'empereur : cette politique contribua à transformer les sénateurs
en fonctionnaires impériaux, tels qu'ils le seront sous le Bas-Empire, mais Claude
et Néron revinrent à une politique plus constitutionnelle.

Ce que nous avons dit suffira à donner quelque idée de la grande richesse de
l'ouvrage de M. De Laet. De-ci de-là, on pourrait relever une vétille : ainsi p. 169
(n° 1146), il est dit que L. Verginius Rufus fut partisan de Galba : tel n'est certai
nement pas l'avis de Tacite qui dit que Galba se défiait de lui et le rappela de
Germanie per simulationem amicitiae (Hist., I, 8); à cette biographie, l'auteur
aurait utilement ajouté que l'éloge funèbre de Verginius fut prononcé par Tacite ;
p. 185 (n° 1355), l'auteur aurait bien fait de mentionner que Cluvius Rufus (qui
devint gouverneur de l'Espagne citérieure en 68 et non pas en 69) écrivit un
ouvrage historique sur les empereurs, qui fut peut-être une des sources de Tacite.

De pareils détails ne nuisent en rien à la valeur de l'ensemble. M. De Laet
a écrit un ouvrage d'une érudition considérable et sûre, que consulteront avec

profit tous les historiens de l'Empire romain.

J. Van Ooteghem.

J. RoujON, Conti, l'ennemi de Louis XIV, 320 pp. in-12, Paris, Fayard,
1941, 25 fr.
L'ennemi de Louis XIV! Ce n'est ni Guillaume d'Orange, ni Malborough,

ni l'empereur d'Autriche, ni le roi d'Espagne, ni le Prince Eugène; il ne faut
aller le chercher dans aucun des nombreux pays que les armées de Condé, de
Turenne et de Luxembourg ont transformés en champs de bataille permanents.

L'ennemi de Louis XIV vit à Versailles, à Fontainebleau, à Marly; il se déplace
avec la cour, à l'ombre même du Roi Soleil. Il s'appelle François-Louis de
Bourbon, prince de La Roche sur Yon, puis, après la mort de son frère aîné,
prince de Conti.

Une seule fois dans sa vie, il a osé désobéir au roi, en allant rejoindre l'armée
impériale qui combattait les Turcs en Hongrie; son esprit frondeur lui a fait
rédiger sur le compte de son souverain plus d'un billet clandestin; spéculant sur

la mauvaise santé du roi et sur les bonnes grâces du dauphin, il a exprimé un
peu trop hautement les espoirs qu'il en concevait, et en voilà assez pour faire
de lui l'ennemi auquel Louis XIV ne pardonnera jamais.
Malgré un ensemble unique de qualités : beau, brave, spirituel, cultivé, remar
quablement instruit, bon tacticien, rompu aux subtilités des affaires et de la
procédure, jamais le roi ne lui offrit un poste de confiance, toujours Conti fut
« oublié ». C'est qu'il est le neveu du Grand Condé, il en a le tempérament de

REVUE DES LIVRES

281

fauve, porté aux revirements les plus soudains et les plus nuisibles à l'intérêt du
royaume. Jamais le roi n'oubliera la Fronde. Or, Conti c'est une nouvelle Fronde
possible.

Une seule fois Conti paraît sur le grand échiquier international : lors de l'aven
ture mi-tragique, mi-burlesque, qui faillit faire de lui un roi de Pologne.
Il fallut le désastre de Ramillies pour que le roi, en désespoir de cause, songe

à faire appel à ses talents. Mais il est trop tard : atteint du mal qui devait l'emporter,
Conti meurt, à peine âgé de 45 ans (1709).
Il avait été l'idole de Versailles. Aussi est-ce toute la vie de la Cour dorée que

le lecteur voit se profiler devant lui, vie d'intrigues sournoises et de délices fre
latées, labyrinthe mondain, où il pénètre de plain-pied à la suite de Saint-Simon,
de Madame de Sévigné, du Marquis de Sourches, du Marquis de la Fare, de
Mme de Caylus, de l'abbé Fleury, d'Ézéchiel Spanheim et de nombreux autres
témoins dont M. Roujon a su habilement collectionner les témoignages.
Roger Mols.

J. Chastenet, William Pitt, 352 pp. in-12, Paris, Fayard, 1941.
La vie de William Pitt est instructive : elle montre ce que peut le talent et
l'énergie d'un homme faible de santé et sans fortune, même quand il doit lutter
contre une opposition tenace dans son parlement, contre un ennemi génial tel

que Napoléon Ier, et qu'il se voit entravé par l'insuffisance lamentable de l'armée
nationale et les accès de démence auxquels son souverain était sujet. Ayant
besoin d'une majorité stable, Pitt comprit qu'il devait assurer la prospérité du
pays en voie de s'industrialiser. Aussi, lors de la coalisation contre l'Angleterre,
il mesura à leur nombre l'étendue des colonies que sa flotte pouvait conquérir;
et les bénéfices réalisés servaient à payer les alliés qui combattraient pour lui
sur le continent.

Une clause du traité de 1786 avec la France montre combien le droit des
gens a évolué depuis un siècle et demi. Il y était stipulé qu'en cas de geurre,

les nationaux de chacun des deux pays pourraient librement continuer à résider
et à commercer dans l'autre, et que toute expulsion devrait être précédée d'un

préavis de douze mois.

Non moins caractéristique des idées et des mœurs de cette époque est le fait

que William Pitt, si habile pour diriger les finances et le commerce de son pays,

était d'une lamentable insuffisance pour gérer les dépenses de son ménage. Aussi
fut-il souvent harcelé par ses créanciers. Mais quand ses amis voulurent solder
ses dettes, il refusa, préférant la gêne à l'aumône. Il y avait du Diogène en
William Pitt.
H. Moretus Plantin.

Fr. Duhourcau, Henri IV, libérateur et restaurateur de la France,
IV-274 pp. in-8°, Paris, Pion, 1941, 32,50 fr.

M. Duhourcau aime les pilotes qui, aux heures critiques de la patrie française,

ont su opérer le redressement nécessaire.

Après la sainte et le surhomme, après Jeanne d'Arc et Bonaparte, voici Henri,
le petit roi de Navarre, devenu providentiellement « le libérateur et le restau
rateur de la France », qui vient achever le triptyque de sa figure simplement

humaine.

Récit naturel, bien enlevé, enchâssé à chaque page de nombreux témoignages
épistolaires. Trésor d'anecdotes mettant à nu les traits d'un caractère que sa
richesse et ses contrastes rendent quelque peu énigmatique : bonhomie gasconne

282

LES ÉTUDES CLASSIQUES

et malice pétillante prompte à la répartie, entrain infatigable au combat et à la
chasse, dévouement incessant à la chose publique, véritable sincérité religieuse
sachant s'allier pourtant à l'opportunisme politique et par dessus tout un sens
de la conciliation poussé parfois jusqu'au vaudeville.
Toute grandeur humaine a ses ombres. Celles du Vert-Galant ne sont que

trop connues pour qu'il y faille insister : deux épouses, quatre maîtresses en

titre, sans parler des astres de moindre éclat (plus de deux douzaines) : il y a
là de quoi justifier un mot sévère de l'ambassadeur de Florence décrivant la
cour de France. Il y a là aussi de quoi déconseiller cette biographie à nos enfants
qui à onze ans n'ont pas encore toute la précocité de la petite Margot.

Roger Mols.

L. Bertrand, Un grand Africain : le Maréchal de Saint-Arnaud,
258 pp. in-12, Paris, Fayard, 1941.
Il peut bien se vanter d'avoir de la chance : après une carrière brillante menée
jusqu'au bâton de maréchal, voici qu'il trouve un biographe académicien : grâce
à M. Louis Bertrand, il prend place en Ubrairie aux côtés de Louis XIV, de saint

Augustin et de sainte Térèse. Cette biographie est aussi une réhabilitation :
faisant état de la correspondance du maréchal récemment publiée par M. Quatrelles
l'Épine, M. Louis Bertrand lave son héros des calomnies dont il fut la cible et
il nous le restitue dans toute sa beauté de self-made man africain.
Quand il s'embarque à Toulon, lieutenant à la légion étrangère, Alger est

française depuis sept ans seulement. Rien n'a été fait. Treize ans plus tard,
Saint-Arnaud est maréchal. Il a conquis chacun de ses grades par sa ténacité

ambitieuse et par un mépris héroïque de la mort. Ses actions d'éclat se comptent

par douzaines : il est le premier Français à pénétrer dans le désert par delà
Laghouat, le premier à l'assaut de Constantine, le premier à franchir le défilé
de la Petite Kabylie. Un va et vient de treize ans entre les avant-postes et les
hôpitaux, car cette âme de fer est au service d'un corps débile. Treize ans de
labeur « ense et aratro », qui transformèrent le visage de l'Algérie; une main de
fer quand il le faut, mais un cœur de père pour ses hommes.
Pages suprêmement bienfaisantes qui apprendront à nos aînés comment une

vie de discipline et d'héroïsme peut racheter une jeunesse volage.

Roger Mols.

Mgr J. Cuvelier, J. Boon, C. SS. R., Het oud-koningrijk Kongo,
418 pp. in-8°, nombr. grav. et cartes hors texte, Paris-Bruges,

Desclée De Brouwer, 1941, 35 &•

L'intérêt croissant que nous inspire notre colonie doit s'étendre aux origines

de cette terre qui est nôtre. On ne conçoit pas une histoire du Congo belge qui
ne rappellerait pas les premiers actes de l'épopée blanche en Afrique.
Pour les raconter, l'érudition livresque ne suffisait pas. Il fallait une connaissance

familière de la langue, des mœurs et des traditions de ces peuples, où le passé

est resté plus palpable qu'ailleurs. S. E. Mgr Cuvelier, missionnaire au Congo
pendant trente ans, s'était voué à cette étude; il y avait conquis, avec une science

consommée de la langue du Bas-Congo, un trésor de traditions locales. Oblige
par son état de santé de rentrer en Europe, il a trouvé à Rome, dans les archives
de la Propagande et à la Vaticane, une quantité de documents qui lui ont permis

de reconstituer, dans ses débuts, l'histoire du christianisme congolais. Ensuite,
pendant trois ans, il a complété ses recherches par l'étude des travaux antérieurs.

REVUE DES LIVRES

283

Le résultat de cette triple documentation a été présenté par le R. P. Boon
sous une forme littéraire qui fait de l'ouvrage un modèle. Il raconte les destinées
du royaume congolais (Bas-Congo belge, une partie du Congo français et une
partie de l'Angola portugais) depuis les premières découvertes des Portugais
jusqu'à la mort du roi Alfonso en 1541.
L'annotation abondante (pp. 291-407) et une riche bibliographie offrent une
synthèse de nos connaissances sur ces problèmes ardus; elles servent de support
à un récit pittoresque plein de chaleur, où l'on sent vibrer, à travers l'âme d'un
grand Africain, la vie intense de cette lointaine chrétienté.
Souhaitons que les Pères Rédemptoristes complètent leur œuvre patriotique
en donnant au pays une traduction française de ce remarquable travail.
L. Wiixaert.

GÉOGRAPHIE

É. Baron, Géographie générale, classe de 6e, 2e édit., 316 pp. in-8°
ill., Paris, École et Collège, 26 fr.

É. Baron, L'Europe, classe de 4e, 2e édit., 458 pp. in-8° ill., Paris,
École et Collège, 32,50 fr.

É. Baron, La France Métropolitaine et d'Outre-Mer, classe de 3e,
478 pp. in-8° ill., Paris, École et Collège, 34,50 fr.

Ë. Baron, Géographie générale, classe de 2e, 484 pp. in-8° ill., Paris,
École et Collège, 44 fr.

É. Baron, La France et ses colonies, classe de ire, 342 pp. in-8° ill.,
Paris, École et Collège, 41,50 fr.

É. Baron, Les principales puissances économiques du monde, classes
de Philosophie et de Mathématiques, 552 pp. in-8° ill., Paris, École
et Collège, 48 fr.
Ce cours de géographie mérite l'attention toute spéciale des professeurs. Il est
conçu suivant une formule à laquelle nous n'étions plus habitués : en effet, les

beaux et nombreux manuels de ces dernières années nous ont un peu fait oublier
qu'ils étaient composés pour ... des élèves : par leur ampleur d'abord, par l'ordon
nance dans l'exposé, rédigé souvent sans grand souci didactique; par le niveau
trop haussé de l'enseignement. Dans ses manuels, M. Baron « a essayé de revenir
à la conception ancienne du précis » de géographie. En y revenant, il a bien mérité

de la géographie et des élèves. Nous l'en félicitons chaudement. Sans se contenter
de leur donner un aide-mémoire, c'est à des élèves qu'il parle, ce sont des élèves
qu'il cherche à instruire. Grand, très grand mérite assurément, qu'on ne pourrait
trop souligner.

Nous voudrions pouvoir être aussi formel dans la louange en ce qui concerne
le fond même du texte et son exactitude dans certaines de ses parties. Au risque
d'être rangé dans la catégorie des « esprits précis » dont il est question dans la
préface, nous voudrions que la tendance, excellente en soi, vers la généralisation
et la simplification, qui a guidé l'auteur, respectât la vérité fondamentale, et
qu'elle ne cède pas à un esprit d'invention un peu surprenant parfois. Voici
quelques passages justifiant notre remarque : les pages sur la Belgique d'abord;
les géographes belges qui les parcourront, comprendront ce que nous voulons

284

LES ÉTUDES CLASSIQUES

dire; ils ne reconnaîtront qu'avec peine leur pays, soit du point de vue physique,
soit du point de vue humain, soit du point de vue économique et social. Le Congo
belge n'est guère mieux servi que la métropole : on nous présente un Congo
anthropophage, presque sans communications, sans traces encore d'une action
civilisatrice bien sensible. Les géographes hollandais, eux, en lisant les pages qui
concernent les dunes, les polders, la vie économique de leur pays, réprimeront
avec peine, pensons-nous, un petit sourire sceptique, sinon narquois.

Tout cela, dira-t-on, est affaire de mise au point, question de détails. Soit,
mais à condition d'une revision attentive. Retenons surtout la valeur et le souci
pédagogiques de ces livres, et flattons-nous de voir, dans une prochaine édition,
ces précieuses qualités au service d'un texte que les « esprits précis » eux-mêmes
loueront sans réserve.

A. de Ghellinck.

Ch. Roger, Atlas-Manuel de Géographie, Le Monde moins VEurope,
L'Europe, coll. Alexandre et de Nève, 2 vol. in-40 de 112 et 100 pp.,
nombr. cartes et grav., Liège, Dessain, 1940-1941.
15» et 18e éditions fortement remaniées d'un manuel destiné aux classes de 6°
et de 5e (première et seconde moyenne).

Le contenu est un tour de force : en une centaine de pages, le fasc. I contient,
outre l'étude in extenso de l'Europe et de tous ses pays, un ensemble de notions
générales de géographie mathématique, physique, politique et économique;
le fasc. 2 donne une vue d'ensemble de toutes les autres parties du monde.
A elle seule cette énumération nous avertit que nous ne devons pas nous

attendre à voir la matière traitée avec beaucoup d'ampleur. Aucun pays n'y
occupe plus de 5 pages. L'auteur ayant gardé malgré tout un louable souci de
la nomenclature, le résultat donne parfois une pénible impression de « comprimé ».
On peut se demander ce que les élèves en retiendront. Prévoyant cette difficulté,
l'auteur a cru pouvoir y remédier en résumant chaque alinéa en une phrase-type;
beaucoup de ces phrases sont fatalement fort vagues et leur collection n'exprime
que de loin la réalité géographique qu'elles sont censées inculquer. L'édition

tient compte des dernières modifications antérieures à la guerre actuelle :
Abyssinie, Autriche, Tchéco-Slovaquie. Les statistiques sont à jour.
La présentation est soignée; sans parler des graphiques, 48 et 85 illustrations

(paysages et faune); questionnaires et exercices dirigés très intéressants, surtout

les questionnaires récapitulatifs sur toute une partie du monde. Enfin, réservons
un éloge spécial pour les cartes. Elles dépassent de loin ce que nous avions coutume
de rencontrer dans des ouvrages similaires. 12 et 22 cartes physiques à 9 teintes,
d'une lisibilité parfaite, doublées de cartes annexes économiques et climatériques.

Quand donc les professeurs pourront-ils faire le tour du monde autrement

qu'à la manière de Phileas Fogg?

Kog&c MOLS.

MATHÉMATIQUES ET SCIENCES

E. Hovine, Trigonométrie, 134 pp. in-12, Tournai-Paris, Casterman,
1941, 15 fr.
Ce Uvre sera certainement apprécié des élèves qui se préparent aux examens

d'entrée aux Écoles Spéciales des Universités et à l'École Militaire. Ils y trou
veront une étude plus complète des équations trigonométriques et de la résolution
des triangles, que celle qu'ils pourraient trouver dans la plupart des manuels.

REVUE DES LIVRES

285

L'auteur commence par donner un tableau récapitulatif des formules les plus
usuelles de la trigonométrie rectiligne et démontre même certaines identités condi
tionnelles choisies parmi les plus classiques. Le livre se termine par la solution
d'un certain nombre de questions posées aux examens d'admission à l'École

militaire et aux Écoles spéciales des Universités. Le tout est exposé avec beaucoup

de méthode et une très grande clarté. La présentation typographique est parfaite.
Nous recommandons vivement cette étude à l'attention des professeurs et des

élèves-

P. Loze.

G. Leboucq, André Vésale, Coll. Nationale, 102 pp. in-12, Bruxelles,
Office de Publicité, 1941, 9 fr.

J. Pelseneer, Zénobe Gramme, Coll. Nationale, 82 pp. in-12, Bruxelles,
Office de Publicité, 1941, 9 fr.
Ces deux petits volumes de la Collection Nationale exposent, en moins d'une
centaine de pages, ce qu'il convient de savoir de l'œuvre et de la vie de deux
Belges célèbres : Vésale et Gramme.

André Vésale qui, au XVIe siècle, découvrit l'anatomie humaine, corrigea Galien
et dont le principal titre de gloire est « d'avoir introduit la méthode scientifique
dans l'étude de la médecine ». M. le professeur Leboucq retrace la vie et l'œuvre
du célèbre anatomiste, recherche son influence sur la science contemporaine. Son
excellente étude, fort bien écrite, est vraiment complète et d'un intérêt excep

tionnel.

Le second volume, consacré à une étoile de beaucoup plus faible grandeur, est
aussi beaucoup moins intéressant. Habile ouvrier, Gramme, guidé par l'intuition,
parvint à réaliser pratiquement la machine dynamo-électrique. L'accent est bien
mis sur la ténacité qu'il lui fallut déployer, faute d'une science certaine, pour
arriver à ses fins. Pour étoffer la plaquette, on lui a mis trois appendices (44 pages)
d'un intérêt à peu près nul.
j. Belfroid.

P. Vérola, La combustion et les combustibles, 224 pp. in-16, 22 fig.,
Paris, Colin, 1941, 19 fr. 50.

Toute la vie matérielle dépend, à notre époque, des combustibles et de la
combustion; et si, jusqu'ici, leur importance était surtout connue des techniciens,
elle est ressentie par tout le mande, maintenant que les restrictions paralysent
progressivement notre activité.

L'auteur nous entretient d'abord des matières premières de la combustion,
des combustibles naturels, artificiels, des combustibles de synthèse, et de leurs

pouvoirs caloriques. Puis, il étudie les combustibles solides et la combustion
industrielle ; la liquéfaction et la gazéification du carbone; les gaz et sous-produits
de la distillation de la houille; les gazogènes, hauts fourneaux. Il traite ensuite
du pétrole brut, du dégazolinage des gaz naturels, des gaz butane et propane.
Il aborde enfin la question du moteur : moteur à explosion, moteur à combus
tion interne, et il nous documente sur les carburants de remplacement, le car
burant national, etc.

Les spécialistes, les étudiants goûteront particulièrement dans cet ouvrage
une documentation abondante et précise, des données, des formules, des schémas
qui leur seront précieux. Le grand public y trouvera ce qu'il souhaite : un exposé
substantiel des combustibles, de leur fabrication, de leurs propriétés, une
description claire des phénomènes de la combustion.
E. Druet

286

LES ÉTUDES CLASSIQUES

K. Michel, Grundzûge der Mikrophotographie, 192 pp. in-12 ill.,
Jena, Fischer,

1940.

Cette publication, parue dans les «Zeiss Nachrichten », Sonderheft 4, juillet 1940,
expose les principes de la microphotographie : les principes optiques fonda

mentaux, l'éclairage et les appareils d'éclairage, les objectifs et les oculaires micros
copiques les plus divers, divers appareils microphotographiques (le tout en

appareillage Zeiss) et enfin la prise de vues microscopiques sont expliqués simple

ment et de façon suffisamment complète. Les nombreuses figures et les micro
photographies-modèles ne laissent rien à désirer. Nous craignons cependant que
les adeptes de plus en plus nombreux de la microphotographie sur petit format
ne trouvent ce champ particulier relativement négligé.
P. Henrard.

A. Schipper, Erfolgreicher Formobstbau, 86 pp. in-8°, nombr. grav.
hors texte, Francfort, Trowitzsch, 1940.

K. J. Maurer, B. Hildebrandt, Frostsicherer Obstbau, 88 pp. in-8°,
nombr. illustr., Francfort, Trowitzsch, 1941.

J. Luckan, Winterfrostschàden an Obstbàumen, 38 pp. in-8°, Francfort,
Trowitzsch, 85 Pf.
Voici trois nouveaux ouvrages, bien illustrés, de vulgarisation, sur la culture
fruitière, présentés par une maison d'édition spécialisée.
Le premier est un plaidoyer pour l'introduction de la culture d'arbres fruitiers

en espaliers; partout elle peut utilement se pratiquer. En outre, un vétéran pra
ticien vous prodigue ses conseils autorisés sur les soins requis et sur les variétés
productives dans ces conditions spéciales de culture.

Le second ouvrage et le troisième traitent un problème qui est chez nous
moins aigu qu'en Allemagne, où les hivers très froids 1928-29 et I939"4O ont
été désastreux par le nombre d'arbres fruitiers en plein rapport tues net
par le froid.

Très sagement l'auteur insiste sur le fait qu'il faut absolument tenir compte

de ces extrêmes climatiques, comme d'une constante locale ... Il ne faudrait

donc cultiver en chaque région que des espèces fruitières connues pour pouvoir
résister aux froids extrêmes locaux.

Des indications précieuses sont données, tant pour le choix des sujets que

pour celui des variétés à greffer.

La question, plus délicate pour nos régions, des gelées tardives, qui chez nous
détruisent si souvent tant d'espérances, est à peine touchée. P. Henrard.

A. Knauth, Dos Einsâuern von Gemûse, 38 pp. in-8°, Francfort,
Trowitzsch, 85 Pf.

Inutile de souligner l'intérêt actuel, pour l'économie domestique, de la

méthode de conservation des légumes les plus divers, par le procède de
fermentation lactique. Cette brochure met ces méthodes, trop peu connues chez
nous à la portée des ménagères ... Mais pourquoi l'auteur repète-t-d dix fois

les mêmes choses au détriment de précisions utiles que l'on aimerait a maint

endroit trouver?

P- H11^

REVUE DES LIVRES

287

PUBLICATIONS NOUVELLES ADRESSÉES A LA REVUE
A. Hublet, S. J., Le ménestrel, roman, coll. Belle Humeur, 184 pp.
in-12, Paris-Bruges, Desclée De Brouwer, 1941, 16 fr.
L'histoire se passe en Possylvanie. Ethelred a détrôné son frère, Pierre IV,

et recherche par tout le pays Harold, fils du roi, atteint de cécité. Un jeune

ménestrel découvre l'enfant royal, l'aide à fuir, se substitue à lui pour se faire

capturer à sa place et ramener enfin son petit protégé auprès de son père, rentré
en possession de son trône.

Le récit, où les situations dramatiques abondent, intéressera au plus haut

point tous ses jeunes lecteurs.

S. Dollé, Un mystère au bord de Veau, roman, coll. Belle Humeur,
204 pp. in-12, Paris-Bruges, Desclée De Brouwer, 1942.
On serait bien en peine de ranger ce roman dans une catégorie définie : c'est
à la fois un conte scoute, une histoire de fantôme logé dans un vieux château
désert et du roman policier, qui rappelle Le Chien des Baskerville de Conan Doyle.
Il y a là de quoi faire se dresser les cheveux sur la tête et donner de terribles
cauchemars aux dormeurs les plus paisibles ... L'histoire se passe au bord du
lac Léman, ce qui ajoute un charme de plus à ce roman agité.

S. Saint-Clair et G. Steff, Captain Kidd, coll. Horizons, 214 pp.
in-12, Paris-Bruges, Desclée De Brouwer, 1941, 14 fr.
Un corsaire des plus fameux dont on ait conté les exploits : Captain Kidd,
et que la légende avait doté du trésor le plus fabuleux, se trouve retracé dans
ce livre sous la forme du dernier de ses descendants. Par un hasard, dû toujours
à la mer, ce dernier descendant du réputé corsaire, qui vivait tranquillement dans
son île lointaine, réapparaît aujourd'hui parmi nous avec des buts bien définis :
venger la mémoire de son aïeul injustement condamné, retrouver le fabuleux
trésor de l'ancien Captain Kidd pour en faire don à celle qu'il aime.
Mais, tandis que le héros du livre se meut dans le présent, il incarne vérita

blement l'aïeul du temps passé, et c'est un singulier et captivant mirage que

nous offrent là les auteurs, pour le plus vif plaisir de notre imagination.

P. PlRARD, Tempête de printemps, roman, 248 pp. in-12, Paris, Pion,
1941, 24 fr.

Jean-Loup Renaud, que son extérieur et sa timidité paralysent, n'ose pas
avouer son amour à Michèle. Pendant qu'il hésite et se construit des félicités

imaginaires, son propre frère, ignorant tout, comme la jeune fille, se déclare à
Michèle et l'épouse.

Le malheureux prend en haine son pays et, sur les péniches aux lents voyages,
par les fleuves et les canaux, cherche le travail abrutissant qui tue le souvenir,
jusqu'au jour où une autre jeune fille s'offre à lui sans qu'il ait à faire les avances.
Tel est le drame à la fois très simple et très humain qu'a traité l'auteur. Il l'a

placé dans le cadre des horizons meuziens, chantés par Theuriet, où se manifeste,

à tout instant l'harmonie de l'homme et du sol.

ÉDITIONS "LABOR,, BRUXELLES
192, RUE

C. Ch. P. 20.86.80

ROYALE

Collection nouvelle
des Classiques
Ont déjàgparu :
Molière : L'Avare.

I.

2. Corneille : Le Cid.

Racine : Andromaque.

3.

4. Vigny : Choix de Poèmes.
5.

Corneille : Polyeucte.

6. Molière : Les Précieuses Ridicules.
7. Bossuet : Oraisons funèbres.
8. Molière : Le Misanthrope.

Hugo : Poésies I.
10. Hugo : Poésies 11.
II. Lamartine : Choix de Poèmes.
9.

12. Prince de
13.
14.

15.
16.
17.

Ligne : Souvenirs et

Réflexions.
De Coster : Ulenspiegel.
Dante : La Vie Nouvelle I.
Dante : La Divine Comédie II.
V. Hugo : Hernani I.
V. Hugo : Hernani II.

18. Cicéron
19.

: Extraits des œuvres
morales.
Anthologie des Genres Lyriques.

20. Ronsard : Poèmes choisis.

21. G. Eekhoud.

22. J.-J. Rousseau : Morceaux choisis.

32. Beaumarchais

Le

Barbier

de

33. Beaumarchais

Le

Mariage

de

34. Beaumarchais

Le

Mariage

de

Séville.

Figaro I.

Figaro II.

35. Baudelaire : Les Fleuri du Mal.
36. Bossuet : Sermons.

37. Racine : Athalie.
38. La Bruyère : Caractères.
39. La Fontaine : Fables I.

40. La Fontaine Fables II.
41. George Sand : La Mare au Diable.

42. Molière : Le Malade Imaginaire.
43. Molière : Les Femmes Savantes.
44. Van Bemmel : Dom Placide.

45. Hugo : Prose I.
46. Hugo : Prose II.

47. Racine : Iphigénie.
48. Racine : Les Plaideurs.
49. Sénèque : Extraits des

50. Carlo Goldoni : La Belle Hôtesse.
51. J.-J. Rousseau : Pages choisies.
(La

(Extraits des Discours.)

23. Racine :
24.
25.

26

27 .

28

29 .
30 .

31 .

Nouvelle

Héloïse.

Les

Confessions.)

Britannicus.

Musset : Choix de Poèmes.
Marivaux : Le Jeu de l'Amour
et du Hasard.
E. Verhaeren : Poèmes choisis.
A. Chénier : Poèmes choisis.
Sophocle : Antigone.
Cervantes : Don Quichotte I.
Cervantes : Don Quichotte II.
Balzac : Extraits.

Œuvres

morales.

52.
53,
54 ,
55
56 ,
57 .
58 .

Jean

Froissait :

Extraits choisis.

Malherbe en son temps.

Corneille : Le Menteur.
Corneille : Horace.

C. Lemonnier : Pages choisies.

Les Romans de la Table ronde.

Molière : L'École des Femmes.

59 Augier : Le Gendre de M. Poirier.
60 . Musset : Théâtre.

Quarante titres sont actuellement à l'impression.
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Fondés en 1797

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ZAKWOORDENBOEK

Deel I : Ned.-Duitsch, 256 blz., Deel II : Duitsch-Ned., 240 blz. Formaat

125 x 85 mm. Prijs 12,50 fr. voor het volledig werkj 7,50 fr. voor elk deeltje

afzonderlijk.
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Dit woordenboek is vooral bestemd voor het groote pubhek en înzonderneid

voor de leerlingen van den lageren cursus in de Duitsche taal, de handelsreizigers, de toeristen, enz. Bijzondere kenmerken : handig formaat, duidelijke
letter, praktische bruikbaarheid.

BREPOLS'

ENGELSCH

ZAKWOORDENBOEK

Nederlandsch-Engelsch enEngelsch-Nederlandsch. 516 blz. Formaat 125 x 85 mm.
Prijs : 15 fr.
Dit handig woordenboek is geheel bijgewerkt en bevat talnjke actueele woorden

en uitdrukkingen. Om den gebruiker het opzoeken te vergemakkelijken, wordt
in aile mogelijke gevallen de nuanceering der woorden aangeduid.

MODERN HANDWOORDENBOEK
Vooral ten dienste van het onderwijs, uitgegeven door Prof. Dr. J. Verschueren
S. J. met medewerking van Dr. E. Spaey en Dr. L. Brounts. Taalkundig en
geïllustreerd. Formaat : 190 x 133 mm., 1656 blz. Prijs : 120 fr. voor de gewone

uitgave; 150 fr. voor de luxe-uitgave.

Dit woordenboek is een betrouwbare gids in aile gevallen die zich voordoen
op taalkundig gebied. Het is het eenige verklarend woordenboek dat naast de
definitie der trefwoorden ook de plaatjes geeft ter verduidelijking van die definitie.

MODERN

WOORDENBOEK

en wetenschappelijke Encyclopédie, door J. Verschueren S. J. met medewer
king van Dr. L. Brounts. Vierde druk : Deel I 986 blz.; Deel II 1034 blz.
225

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145 mm.

Een standaardwerk dat op de schrijftafel moet liggen van aile leeraars, onder-

wijzers en studenten. Prijs 250 fr. voor het volledig werk in twee
Ook in één deel, in lederen luxe-band, verkrijgbaar : Prijs : 350 fr.

deelen.

HET JUISTE WOORD
2e zeer vermeerderde druk ter perse.

ONKRUID

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DE

TARWE

Proeve van Taalzuivering door H. Meert. Uitgave bezorgd door C. H. Peeters.
Formaat : 215 x 150 mm., 316 blz. Prijs : gewoon ex. gecartonneerd, 60 fr.; met

schrijfpapier doorschoten gecartonneerd ex. 70 fr.
Deze uitgave waarvan de tekst werd bijgewerkt door den bekenden taalkundige

Const. H. Peeters dient het handboek te worden voor elken Vlaming, die er
prijs op stelt zijn taal zuiver te gebruiken. Het is tevens een veilige gids voor
leeraars en leerlingen, die een praktische handleiding wenschen voor het gebruik
van het algemeen beschaafd Nederlandsch.